Pamela Anderson défend Assange et défie la fille de McCain à la télévision américaine

L'actrice et mannequin de renommée mondiale Pamela Anderson a livré une puissante défense de l'éditeur persécuté de WikiLeaks Julian Assange lors de l'émission de télévision américaine «The View» vendredi dernier.

Au même moment, des nouvelles étaient publiées selon lesquelles la santé d'Assange se détériore à la prison à sécurité maximum de Belmarsh, en Grande-Bretagne, où il est incarcéré depuis avril.

Il s'agissait d'une rare violation d'un black-out de la situation d'Assange par les grands médias du monde entier dans la perspective d'une procédure judiciaire en février prochain visant à l'extrader de Grande-Bretagne vers les États-Unis. Le fondateur de WikiLeaks risque la prison à vie pour avoir dénoncé des crimes de guerre américains.

Anderson a commencé par répondre à une question sur sa visite à Assange à Belmarsh en mai dernier. Elle a déclaré qu'il n'allait «pas si bien», ajoutant: «Il a perdu environ 30 livres depuis que je l'ai vu et il était déjà très maigre à ce moment-là. Il portait deux pantalons de jogging, essayant d'avoir l'air fort.»

Anderson a poursuivi: «C'est la personne la plus résistante que j'ai rencontrée. Tout ce qui lui est arrivé, il m'a dit que ça allait arriver, donc il n'y a pas de surprises. Mais c'est dévastateur que des gens soient tombés dans le piège de cette campagne de diffamation, surtout en Amérique.»

Pamela Anderson (à gauche) avec Sunny Hostin, coanimatrice de «The View» (Crédit: capture d'écran/ABC)

L'actrice a condamné la «propagande» contre Assange et déclaré: «J'espère juste qu'il ne sera pas extradé. Je ne pense pas qu'il s'en sortira.» Elle a averti qu'il ne serait «pas protégé» dans une prison américaine et a évoqué le cas du trafiquant d'enfants Jeffrey Epstein, qui est mort dans des circonstances suspectes dans une prison américaine le mois dernier.

Anderson a expliqué qu'Assange l'avait «inspirée à être une meilleure militante.» Elle a dit qu'il avait «manifestement contrarié certaines personnes très puissantes, et les gens puissants veulent le faire taire.»

C'est alors que Meghan McCain, l'une des panélistes régulières de l'émission, et la fille de l'ancien sénateur républicain John McCain, l’a interrompu pour déclarer qu'Assange avait été «prétendument expulsé de l'ambassade d'Équateur pour avoir déféqué partout.» Comme Anderson l'a fait remarquer, il s'agit d'une calomnie utilisée par le gouvernement équatorien corrompu pour renier illégalement l'asile politique d'Assange et le remettre aux autorités britanniques et américaines.

McCain a déclaré qu'Assange est un «cyberterroriste», qui a «piraté des informations» et «divulgué des documents classifiés qui mettent en danger notre sécurité nationale, nos militaires et la vie d'espions et de diplomates.» Elle a répété les arguments de la CIA et de l'administration Trump, qui cherchent à rendre illégales toutes les activités de publication qui dénoncent les mensonges du gouvernement et les crimes commis par l'armée américaine.

Anderson a répondu de façon tranchante en posant la question: «Combien de personnes innocentes le gouvernement américain a-t-il tuées, et combien WikiLeaks en a-t-il tuées?» «L'armée a mis de nombreuses vies innocentes en danger,» a-t-elle déclaré.

Un certain nombre de membres de l'auditoire ont applaudi les déclarations factuelles franches d'Anderson, qui sont si rares à la télévision commerciale. McCain, visiblement en colère, leur a dit de «se calmer».

Anderson, malgré l'intervention provocatrice de McCain, a continué: «Des crimes de guerre on tété commis et ils doivent être punis et ils ne l'ont pas été. Personne ne s’est occupé des crimes de guerre qu'il a exposés, mais ils l'ont mis en prison pour le faire taire.»

L'un des autres panélistes a demandé à Anderson si elle faisait référence à la vidéo «meurtre collatéral» (Collateral Murder), publiée par WikiLeaks en 2010, qui montrait des troupes américaines dans un hélicoptère Apache abattant des civils et deux journalistes de Reuters en Irak. Anderson a dit: «Oui, c'est une chose, mais il y a tellement de choses qu'il a exposées, et ce n'est pas seulement les États-Unis qu'il a exposés, c'est la Russie et toutes sortes de pays.»

Anderson a rejeté l'affirmation d'un autre panéliste selon laquelle Assange était responsable de l'élection de Donald Trump, parce que WikiLeaks a publié des courriels dénonçant la corruption d'Hillary Clinton et du Comité national démocrate. «Hillary Clinton est responsable de Trump,» a-t-elle déclaré. Anderson a dit qu'Assange «n'aidait pas Trump», mais qu’il «essayait de montrer au peuple américain ce que faisait vraiment Clinton».

En réponse à d'autres questions hostiles, de la part de McCain et de Whoopi Goldberg, partisane du Parti démocrate, Anderson a insisté sur le fait que «Chelsea Manning et Edward Snowden sont des héros et Julian Assange est un éditeur.» Elle a déclaré que le but d'Assange est «d'arrêter ces guerres insensées. La guerre est une business.» Anderson a dit que les gens dans le monde entier étaient de plus en plus hostiles aux guerres et à l'«ingérence» des États-Unis.

La discussion s'est terminée sur des cris hystériques de McCain disant qu'Assange était un «cyberterroriste.»

Les commentaires d'Anderson ont clairement touché un nerf sensible. McCain est une ardente défenseure de l'héritage de son père, malgré le fait qu'il soit impliqué dans toutes les guerres criminelles menées par les États-Unis au cours des quatre dernières décennies.

Sa réaction apoplectique a souligné l'hostilité intense de l'appareil politique et étatique américain à toute représentation objective et favorable à Assange, alors que le gouvernement américain tente de l'envoyer en prison.

Des séquences vidéos de l’apparition d'Anderson ont été largement diffusées sur les médias sociaux. Des milliers de commentaires ont été publiés sur Facebook, Twitter et d'autres plateformes, félicitant Anderson pour sa défense calme d'Assange et dénonçant l'explosion agressive de McCain.

La réponse souligne la raison pour laquelle les grands médias ont instauré un black-out quasi universel sur Assange, et en particulier sur ceux qui le défendent. Ils savent bien que si les partisans d'Assange pouvaient apparaître régulièrement à la télévision et dans les journaux télévisés, ils discréditeraient rapidement les calomnies utilisées pour justifier sa persécution et gagneraient du soutien sur les questions fondamentales de principe impliquées dans la lutte pour sa liberté.

Dans des conditions de soutien de masse latent pour Assange, l'establishment politique et médiatique est terrifié à l'idée que toute expression publique de soutien au fondateur de WikiLeaks puisse galvaniser un mouvement politique pour sa défense.

L'urgence de la lutte pour la libération d'Assange a été soulignée par les commentaires de son frère, Gabriel Barber-Shipton, au journal australien Herald-Sun, samedi.

Barber-Shipton, qui a visité Assange le mois dernier, a lancé un avertissement: «Il avait l'air affligé, la façon dont il parlait donnait l'impression qu'il commençait à devenir désespéré. Il passe 21 heures par jour isolé dans sa cellule, il n'a pas le droit de communiquer avec les autres détenus.»

Barber-Shipton a déclaré que les conditions dans le service médical, où se trouve Assange, étaient «difficiles.» Il a continué: «Les gens s'automutilent, il y a des schizophrènes, il ne reçoit pas de traitement spécial... Il a des médicaments, des antidépresseurs.»

Dans les commentaires cités dans le même article, Anderson a déclaré: «Le gouvernement australien devrait demander sa libération, ce n'est pas juste, il s'agit de politiciens qui jouent avec la vie des gens parce qu'il les a embarrassés.» Elle a appelé à une campagne internationale de masse pour libérer Assange.

(Article paru en anglais le 9 septembre 2019)

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