Le NPA et LO s’en remettent aux syndicats pour étouffer les grèves pour défendre les retraites

Vendredi dernier, les travailleurs de la RATP ont exprimé la profonde opposition ouvrière à l’attaque de Macron contre les retraites en paralysant les transports à Paris et en Île-de-France. Mais les travailleurs se trouvent en lutte non seulement contre le gouvernement Macron, mais aussi contre des partis petit-bourgeois, hostiles aux «gilets jaunes» et à toute lutte politique contre Macron, et qui épaulent les appareils syndicaux qui négocient les attaques sociales avec lui.

L’éruption de mouvements indépendants des syndicats, comme ceux des «gilets jaunes» et des «stylos rouges», témoignent de l’immense défiance parmi les travailleurs contre eux. Les syndicats, financés par le patronat et par l’État, sont en fait débordés par une résurgence internationale de la lutte des classes. Les grèves de l’automobile aux USA et au Mexique, les mouvements en Algérie et au Soudan contre les dictatures militaires, et la mobilisation de larges couches de travailleurs secouent profondément les coquilles vides de ces appareils nationaux sclérosés.

Lutte ouvrière (LO) et le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) sont terrifiés à l’idée qu’un mouvement ouvrier pourrait déborder les syndicats, où ces partis obtiennent la manne dirigée vers eux par le patronat et les partis de gouvernement. En tant qu’organisations nationalistes faisant le silence sur la lutte des classes internationale, le NPA et LO confient aux syndicats et en particulier la CGT la tâche de contrôler les luttes. Ils savent bien, en même temps, que les syndicats tentent de canaliser la colère contre Macron derrière leurs négociations avec l’État.

Dans «Comme les travailleurs de la RATP, le 24 septembre, faisons-nous respecter», LO appelle ses lecteurs simplement à se ranger derrière les opérations de la CGT: «Tout au long du mois, de nombreuses professions vont se faire entendre. Mais la force des travailleurs est dans leur capacité à se battre le plus unis possible. Alors, profitons de l’appel de la CGT et mardi 24 septembre, soyons très nombreux en grève et en manifestation.»

Le NPA lui appelle à une mobilisation «unitaire» organisée par CGT incluant les «gilets jaunes», que le NPA et la CGT ont pourtant dénoncés au début de leur mouvement. Le NPA écrit, «Gilets jaunes, jeunes, retraitéEs, forces de la gauche sociale et politique - pour imposer le retrait de ce projet de réforme par point, en se donnant les moyens de réussir, face à un pouvoir dont chacun connaît la détermination. Après la journée de grève qui s’annonce massive à la RATP demain, la journée de grève et de mobilisation du 24 septembre à l’appel de la CGT et de Solidaires doit en être la première étape.»

Leur propagande obscurcit la question principale: que les travailleurs doivent prendre en main leurs propres luttes, et pour cela tendre la main à leurs frères et sœurs de classe à l’international. Ils ne peuvent le faire sans rompre avec le cadre étriqué des tractations nationales entre les appareils syndicaux et les États capitalistes. Ils ont besoin de construire leurs propres comités d’action en défense des retraites et des salaires, et contre la poussée vers un État policer, et pour organiser leurs luttes internationalement et préparer le transfer du pouvoir politique aux travailleurs.

Ils ont également besoin de leur propre parti politique pour s’opposer à la propagande menée par des partis comme LO et le NPA, en défense du dialogue avec Macron mené par les bureaucraties syndicales, et lutter pour une perspective révolutionnaire, socialiste et internationale. LO et le NPA sont étroitement liés à la CGT et à d’autres syndicats dans lesquels leurs militants tiennent des postes de bureaucrate et négocient depuis 18 mois la réforme des retraites avec Macron. Le Parti de l’égalité socialiste, section française du mouvement trotskyste, le Comité international de la IVe Internationale, s’avance en tant qu’avant-garde ouvrière révolutionnaire qu’il faut construire.

En dehors de la construction de pareilles organisations indépendantes, les syndicats finiront par imposer la signature d’une réforme des retraites, alors que la CGT estime qu’elle réduira le montant des retraites des travailleurs à la RATP d’entre 15 et 36 pour cent. Comme la casse du statut des cheminots déjà réalisée et de l’assurance-chômage, en chantier, la réforme serait approuvée par les syndicats.

Ceux-ci, quand ils parlent plus franchement avouent qu’ils n’ont pas l’intention d’organiser une lutte des travailleurs contre une réforme qu’ils sont en fait en train de négocier. Fabrice Lerestif de FO explique que « certaines fédérations ne veulent pas entendre parler d'unité d'action et incitent (le secrétaire de FO Yves) Veyrier à de la mesure, de l'atermoiement ».

L’Unsa qui a organisé la grève à la RATP insista par l’intermédiaire de son secrétaire Laurent Escure, dans une interview à la radio France Inter, que le syndicat «n’a pas l’habitude de faire la politique de la chaise vide. Si jamais, à la fin, le projet ne nous convient pas, mais qu’on a quand même réussi a l’améliorer... c’est quand même une bonne chose.».

Quant à Philippe Martinez de la CGT, il fait les yeux à Macron en se plaignant de l’absence de discussion avec le Président de la République auprès de Libération: «On nous reproche de ne pas vouloir discuter, mais on n’est pas invités! En tête-à-tête, Macron, je l’ai vu pour la dernière fois en juin 2017.»

Le NPA, LO et tout leur milieu de pseudo-gauche sont complices de la politique réactionnaire des syndicats. Dans une réunion publique pour le 50ème anniversaire de la grève générale de Mai 68, pendant la lutte contre la casse du statut des cheminots, le dirigeant du NPA Alain Krivine a fait remarquer: «On ne les fera pas reculer avec des grèves à saute-mouton comme ça tous les 15 jours, les manifs tralala tous les 15 jours.».

Le NPA a néanmoins encouragé les travailleurs à se ranger derrière les syndicats lors de la grève des cheminots, et après la casse du statut des cheminots, elle refait la même chose à tous les travailleurs en les poussant à s’aligner sur des appareils qui n’organiseront que des défaites.

L’orientation du NPA et de LO vers la bureaucratie syndicale et le PS n’est pas une erreur d’appréciation de la situation de leur part mais plonge dans leurs racines sociales et historiques. LO rejetait la IVe Internationale et une perspective internationaliste comme petite-bourgeoises prétendant que seule une organisation nationale pourrait s’ancrer parmi les travailleurs.

Le NPA descend de tendance pabliste qui a rompu avec la IVe Internationale en provoquant une scission avec les trotskyste en 1953. Dirigés par Michel Pablo et Ernest Mandel, ils rejetaient l’héritage de Trotsky et de sa lutte pour l’indépendance politique de la classe ouvrière contre le stalinisme comme erronée. Pour les pablistes, les trotskystes devaient se liquider dans les organisations syndicales, nationalistes bourgeoises, staliniennes et sociales-démocrates afin d’essayer de les pousser à gauche.

Un quart de siècle après la dissolution de l’URSS par les staliniens, la marche des évènements a discrédité leur perspective. Ces organisations, issues des couches bureaucratiques et universitaires dépendant de l’état sont incapables de proposer autres choses aux travailleurs que des mesures ou des mobilisations symboliques intégrées dans le processus de l’imposition des réformes.

Alors que pour aller de l’avant, les travailleurs doivent rompre avec les syndicats et créer leur propre organisation de combat, la perspective du NPA est un piège mortel pour les travailleurs. La lutte des travailleurs doit s’organiser avec les ouvriers des autres pays créant leurs propres organisations de combat sur une perspective révolutionnaire et internationaliste. Cette perspective nécessite une lutte politique consciente des tâches auxquelles sont confrontés les travailleurs, passe par la construction du PES.

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