Préoccupations des médecins au sujet du sort de M. Julian Assange

Plus de 65 éminents médecins du Royaume-Uni et du monde entier ont rédigé la lettre qui suit.Elle appelle à une action urgente pour protéger la vie du fondateur de WikiLeaks et journaliste Julian Assange.

Nous écrivons cette lettre ouverte, en tant que médecins, pour exprimer nos graves préoccupations concernant la santé physique et mentale de Julian Assange. Nos préoccupations professionnelles font suite à la publication récente des témoignages poignants de Craig Murray et John Pilger lors de l’audience sur la gestion de l’affaire le lundi 21 octobre 2019 au tribunal de première instance de Westminster. L’audition concernait une autre audition à venir en février 2020. Celle-ci portera sur la demande d’extradition de M. Assange vers les États-Unis, que le gouvernement américain a présenté au sujet de son travail en tant qu’éditeur d’informations, qui apporte des informations sur des crimes présumés du gouvernement américain.

Nos préoccupations ont été aggravées par la publication, le 1er novembre 2019, d’un nouveau rapport de Nils Melzer le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Dans ledit rapport il déclare: « À moins que le Royaume-Uni ne change d’urgence de cap et n’améliore sa situation inhumaine, l’exposition continue de M. Assange à l’arbitraire et aux abus pourrait bientôt lui coûter la vie ».

Entré à l’ambassade d’Équateur à Londres le 19 juin 2012, M. Assange a demandé et obtenu l’asile politique du gouvernement équatorien. Le 11 avril 2019, il a été renvoyé de l’ambassade et arrêté par la police métropolitaine. Il a ensuite été détenu à la prison de haute sécurité de Belmarsh, dans ce que M. Melzer a qualifié de « conditions oppressantes d’isolement et de surveillance ».

Au cours des sept années passées à l’ambassade dans des conditions de vie confinées, M. Assange a reçu la visite et l’examen d’un certain nombre d’experts dont chacun a exprimé son inquiétude quant à son état de santé et a demandé qu’il soit admis dans un hôpital. Cet accès n’a pas été autorisé. M. Assange n’a pas été en mesure d’exercer son droit à l'évaluation de son état de santé et aux traitements médicaux d'experts qualifiés, gratuits et nécessaires, pendant toute la période de sept ans.

Voici une chronologie, fondée sur l’information mise à la disposition du public, des visites, des événements et des rapports pertinents d’un point de vue médical :

• Le 31 juillet 2015, un dentiste a rapporté que « la première prémolaire supérieure droite (UR4) de M. Assange s’était fracturée ainsi que l’obturation qui s’y trouvait la pulpe dentaire de la dent se trouvait ainsi exposée ». De plus, « le fait de ne pas la traiter rapidement entraînerait une infection de la racine entraînant à son tour un abcès dentaire et des douleurs ». Le dentiste a expliqué que « sauver cette dent nécessiterait un traitement du canal », mais que « en raison de l’équipement spécialisé et des exigences radiographiques, ce traitement ne pourrait pas être effectué à domicile ». On avait proposé « L’extraction de la dent » comme « une autre option, mais… elle peut nécessiter une extraction chirurgicale ». Ceci « n’était pas recommandé dans un contexte domiciliaire, d’autant plus que nous aurions besoin de radiographies préopératoires pour évaluer la forme de la racine et la proximité de la racine avec le plancher du sinus maxillaire. Les extractions dans cette zone comportent un risque de création d’une communication entre la bouche et le sinus qui pourrait nécessiter une fermeture chirurgicale, d’où l’importance des radiographies pour évaluer ce risque ». Le dentiste « a conseillé à M. Assange de se faire soigner dans un cadre clinique afin d’empêcher la progression de ses symptômes le plus rapidement possible ». [1]

• Le 4 décembre 2015, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire (UNWGAD) a officiellement adopté et publié un avis le 5 février 2016. Elle a conclu à la détention arbitraire de M. Assange par les gouvernements du Royaume-Uni et de la Suède. À cette époque, a été aussi établi que toute continuation de la détention arbitraire de M. Assange constituerait une torture. Le groupe a conclu que « l’ambassade de l’Équateur à Londres est loin d’être une maison ou un centre de détention équipé pour une détention provisoire prolongée et manque des équipements ou d’installations médicales appropriées et nécessaires — on peut valablement supposer, après cinq ans de privation de liberté, que la santé de M. Assange pouvait s'être détériorée à un tel niveau que toute maladie qui ne soit pas bénigne, ferait courir à sa santé un risque grave, sachant qu'on lui refusait l’accès à une institution médicale pour un diagnostic approprié, notamment un examen par résonance magnétique ». [2]

• Le 8 décembre 2015, un médecin qui a vu M. Assange a rapporté: « une inflammation progressive et une raideur de l’épaule droite. Cela nécessite une IRM pour déterminer le diagnostic exact afin d’informer un physiothérapeute dûment qualifié de la meilleure façon de le traiter dans un établissement médical bien équipé. Sa situation actuelle compromet considérablement la capacité d’évaluer son état et de le traiter de manière satisfaisante ». [3] M. Assange s’est vu refuser l’accès à un hôpital par le « Foreign and Commonwealth Office ». [4]

• Le 11 décembre 2015, un autre médecin, spécialiste des traumatismes et des questions psychosociales, a fait un rapport: « M. Assange a obtenu 15 points sur 20 au questionnaire sur la santé des patients (…), un instrument polyvalent pour le dépistage, le diagnostic, la surveillance et la mesure de la gravité de la dépression. Une note de 15 indique que M. Assange souffre de dépression majeure (modérément grave) » ; « Au minimum, il est recommandé que ses plaintes médicales urgentes concernant la douleur à l’épaule soient examinées avec le matériel approprié »; « L’ambassade n’est pas un établissement médical. Le seul moyen pour M. Assange d’avoir accès à des soins médicaux urgents ou à des investigations serait de se remettre entre les mains des autorités britanniques. M. Assange se trouve dans la position peu enviable de devoir choisir entre sa santé physique et le risque d’être extradé vers les États-Unis. Son incapacité à accéder à des soins médicaux et à une évaluation appropriés — sans se mettre entre les mains des autorités — transforme chaque plainte physique, aussi simple soit-elle, en quelque chose qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour sa santé ou sa liberté. Il vit dans un état d’insécurité sanitaire chronique » ; et « Les circonstances inhabituelles placent M. Assange dans une situation précaire. Les effets de la situation sur la santé et le bien-être de M. Assange sont graves et les risques vont très certainement s’aggraver, avec le risque de mettre sa vie en danger si les conditions actuelles persistent ». [5]

• En octobre 2017, les docteurs Sondra S. Crosby, et Sean Love ont rendu visite à M. Assange. [6] Le groupe l'a examiné pendant 20 heures sur une période trois jours. Dans un article pour The Guardian publié le 24 janvier 2018, ils écrivent: « Nous avons examiné Julian Assange, et il a grand besoin de soins — mais il n'y a pas accès »; « Nous demandons à la British Medical Association et à nos collègues britanniques d'exiger un accès sûr aux soins médicaux pour M. Assange et de s'opposer publiquement aux violations continues du droit humain aux soins » [7] [8].

• Le 19 juin 2018, Dinah PoKempner, avocate générale de « Human Rights Watch », a déclaré: « Les préoccupations croissent au sujet de son accès aux soins médicaux. Son asile devient de plus en plus difficile à distinguer de la détention. Le Royaume-Uni a le pouvoir de résoudre les problèmes liés à son isolement, à sa santé et à son enfermement en supprimant la menace d’extradition pour avoir publié des fuites dignes d’intérêt ». [9]

• Le Dr Sean Love, au cours de l’année précédente, avait rendu visite à M. Assange à plusieurs reprises à l’ambassade. Le 22 juin 2018, il a réitéré ses préoccupations concernant la santé de M. Assange et a réitéré son appel pour que lui soit donné accès aux soins dans le British Medical Journal. Le Dr Love a écrit que « la détention d’Assange continue de causer une détérioration précipitée de son état général ». Il a ajouté que: « En raison de ses problèmes de santé, en 2015, les autorités équatoriennes ont demandé qu’il soit autorisé à se rendre en toute sécurité dans un hôpital à Londres. Le Royaume-Uni a toutefois refusé ». [10] Le Dr Love a déclaré: « Jusqu’à ce jour, Assange n’a toujours pas accès aux examens de diagnostic et aux traitements en milieu hospitalier, même en cas d’urgence médicale. En fait, il n’a pas eu accès à des soins appropriés pendant ses six années d’incarcération. »

• Le 21 décembre 2018, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire (UNWGAD) a publié une autre déclaration s’opposant au maintien en détention illégale de M. Assange. Selon celle-ci, « Les États qui se fondent sur la primauté du droit et en font la promotion n’aiment pas être confrontés à leurs propres violations du droit, ce qui est compréhensible. Mais lorsqu’ils admettent honnêtement ces violations, ils honorent l’esprit même de l’État de droit, gagnent un plus grand respect pour ce qu’ils font et donnent des exemples louables dans le monde entier ». Elle ajoutait que : « Le Groupe de travail est en outre préoccupé par le fait que les modalités de la privation arbitraire de liberté de M. Assange continuent de porter atteinte à sa santé. Ils risquent de mettre sa vie en danger étant donné le niveau disproportionné d’anxiété et de stress qu’entraîne une telle privation prolongée de liberté ». [11]

• Le 5 avril 2019, Nils Melzer, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, a fait une déclaration à la suite d’informations selon lesquelles M. Assange pourrait bientôt être expulsé de l’ambassade de l’Équateur. Il a déclaré: « D’après les informations que j’ai reçues, M. Assange est exposé à un risque extrême de vulnérabilité et sa santé est en grave déclin. J’en appelle donc aux autorités équatoriennes pour qu’elles continuent de lui offrir, dans toute la mesure du possible au vu des circonstances, des conditions de vie adéquates et un accès à des soins médicaux appropriés ». [12] Le 11 avril 2019, M. Assange a été expulsé de l’ambassade et arrêté par la police métropolitaine.

• Le 1er mai 2019, on a décrit M. Assange comme souffrant de « dépression modérée à sévère » lors d’une audience devant le tribunal de la Couronne de Southwark, au cours de laquelle on l’a condamné à 50 semaines d’emprisonnement pour une violation de caution qui remonte à 2012. [13]

• Le 3 mai 2019, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a publié une déclaration dans laquelle il se déclarait « profondément préoccupé » par les 50 semaines d’emprisonnement d’Assange. Le Groupe de travail regrette que le Gouvernement ne se soit pas conformé à son avis et qu’il ait encouragé la privation arbitraire de liberté de M. Assange. [14]

• Le 9 mai 2019, M. Melzer, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, s’est rendu à la prison de Belmarsh en compagnie de deux experts médicaux spécialisés dans l’évaluation des victimes de torture. Il s’agissait d’une conversation de 60 minutes avec M. Assange, d’un examen physique d’une heure et d’un examen psychiatrique de deux heures.

• Le 23 mai 2019, le gouvernement américain a porté plainte en vertu de la loi sur l’espionnage de 1917 contre M. Assange pour ses activités de publication au nom de WikiLeaks. Le 29 mai 2019, M. Assange a été transféré dans l’aile hospitalière de la prison de Belmarsh à la suite d’une détérioration significative de son état de santé. Le 30 mai 2019, M. Assange était trop malade pour comparaître devant le tribunal, même par liaison vidéo, pour une audience préliminaire d’extradition. [15] Il est à noter que les caractéristiques des installations médicales et du personnel de « l’aile hospitalière » de la prison de Belmarsh n’ont jamais été divulgués au public.

• Le 31 mai 2019, M. Melzer, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, a rendu compte de sa visite à M. Assange le 9 mai 2019. « Nous sommes tous arrivés à la conclusion qu’il présentait tous les symptômes typiques d’une personne qu’on a exposée à la torture psychologique pendant une longue période ». [16]

• Le 22 octobre 2019, Craig Murray, ancien ambassadeur britannique, a publié un témoignage détaillé et choquant de l’audition de M. Assange la veille, déclarant qu’il « présentait exactement les symptômes d’une victime de torture ». Le récit du témoin oculaire, John Pilger, journaliste d’investigation et cinéaste de renom, a corroboré le rapport de Murray. [18]

• Le 1er novembre 2019, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Nils Melzer, a réitéré son inquiétude face à la détérioration continue de la santé de Julian Assange depuis son arrestation et sa détention plus tôt cette année. Il affirmait que la vie de ce dernier était désormais en danger. M. Melzer a déclaré: « Ce que nous avons vu de la part du gouvernement britannique est un mépris total des droits et de l’intégrité de M. Assange ». Il a ajouté: « Malgré l’urgence médicale de mon appel et la gravité des violations alléguées, le Royaume-Uni n’a pris aucune mesure d’enquête, de prévention et de réparation requise en droit international ». M. Melzer conclut : « À moins que le Royaume-Uni ne change d’urgence de cap et n’améliore sa situation inhumaine, l’exposition continue de M. Assange à l’arbitraire et aux abus pourrait bientôt lui coûter la vie ». [19]

Les médecins ont l’obligation professionnelle de signaler les cas présumés de torture dont ils ont connaissance, où qu’ils se produisent. Ce devoir professionnel est absolu et doit être exercé, quel que soit le risque pour les médecins déclarants. En tant que médecins, nous souhaitons faire part de nos graves préoccupations collectives et attirer l’attention du public et du monde entier sur cette grave situation.

La Constitution de l’Organisation mondiale de la santé de 1946 prévoit que « le meilleur état de santé susceptible d’être atteint est un droit fondamental de tout être humain ». Nous sommes redevables à ceux qui ont cherché à faire respecter ce droit dans le cas de M. Assange.

D’un point de vue médical, sur la base des preuves actuellement disponibles, nous avons de sérieuses inquiétudes quant à l’aptitude de M. Assange à être jugé en février 2020.

Nous sommes d’avis que M. Assange a besoin d’urgence d’une évaluation médicale par des experts qualifiés de son état de santé physique et psychologique. Tout traitement médical prescrit devrait être administré dans un hôpital d’enseignement universitaire (soins tertiaires) bien équipé et doté d’un personnel qualifié. En l’absence d’une telle évaluation et d’un tel traitement d’urgence, nous craignons réellement, sur la base des témoignages actuellement disponibles, que M. Assange ne meure en prison. La situation médicale est donc urgente. Il n’y a pas de temps à perdre.

ANNEXE

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, Nils Melzer, a rendu visite à M. Assange à la prison de Belmarsh le 9 mai 2019, il y a six mois. Deux experts médicaux spécialisés dans l’examen des victimes de torture et autres mauvais traitements ont accompagné M. Melzer. L’équipe a pu s’entretenir en toute confiance avec M. Assange et procéder à une évaluation médicale approfondie.

Le rapport de M. Melzer a été publié le 31 mai 2019 :

« C’était évident que la santé de M. Assange s’est trouvée gravement atteint du fait de l’environnement extrêmement hostile et arbitraire auquel il fut exposé pendant de nombreuses années », a déclaré l’expert. « Plus important encore, en plus des affections physiques, M. Assange présentait tous les symptômes typiques d’une exposition prolongée à la torture psychologique, y compris le stress extrême, l’anxiété

« Les preuves sont accablantes et claires », a déclaré l’expert. « M. Assange a été délibérément exposé, pendant plusieurs années, à des formes de peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, dont les effets cumulatifs ne peuvent être qualifiés que de la torture psychologique ».

« En 20 ans de travail avec les victimes de la guerre, de la violence et de la persécution politique, je n’ai jamais vu un groupe d’États démocratiques s’unir pour isoler, diaboliser et maltraiter délibérément un seul individu, depuis si longtemps et avec si peu de respect pour la dignité humaine et l’État de droit » a déclaré M. Melzer. « La persécution collective de Julian Assange doit cesser ici, et maintenant ! »

Rapport de Nils Melzer, daté du 31 mai 2019:

https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=24665

M.Melzer a présenté son rapport annuel le 14 octobre 2019 à la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York. Lors de son rapport, il a déclaré: « En outre, je voudrais remercier le Gouvernement du Royaume-Uni d’avoir facilité ma visite à M. Julian Assange à la prison de Belmarsh à Londres en mai 2019. Cela comprend son examen par deux experts médicaux expérimentés. M. Assange présentait des symptômes typiques d’une exposition prolongée à la torture psychologique. Toutefois, j’ai le regret de signaler qu’aucun des États concernés n’a accepté d’enquêter sur leur implication présumée dans les abus dont il a été victime ou d’y remédier, comme l’exige la législation sur les droits humains ».

Rapport de Nils Melzer à la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies le 14 octobre 2019 :

https://peds-ansichten.de/wp-content/uploads/2019/11/FinalSRTStatementGA14Oct-2019.pdf

Témoignage de Craig Murray (ancien ambassadeur britannique) sur les événements qui se sont déroulés à Westminster Magistrates Court le lundi 21 octobre 2019 :

https://www.craigmurray.org.uk/archives/2019/10/assange-in-court/

Témoignage de John Pilger (journaliste d’investigation) sur les événements qui se sont déroulés au tribunal de première instance de Westminster le lundi 21 octobre 2019 :

https://www.youtube.com/watch?v=GLXzudMCyM4

Rapport de Nils Melzer, daté du 5 avril 2019:

https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=24454&LangID=E

Rapport de Nils Melzer, daté du 1er novembre 2019 :

https://ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=25249&LangID=E

ADDENDUM

Il convient de noter que trois des médecins dont nous avons utilisé les rapports ne sont pas identifiés, leurs noms ayant été caviardés. Dans ce contexte, un passage révélateur du rapport de 26 pages de l’expert daté du 11 décembre 2015 donne un aperçu du climat de peur et d’intimidation qui entoure la fourniture de soins médicaux à M. Assange. À la page 20 du rapport, sous la rubrique « Préoccupations des médecins concernant l’examen et le traitement de M. Assange à l’ambassade », le chargé de l’expertise psychologique non nommé a noté :

«L’un des collègues de M. Assange a déclaré qu’il avait eu beaucoup de difficultés à trouver des médecins disposés à examiner M. Assange à l’ambassade. Les raisons invoquées étaient l’incertitude quant à savoir si l’assurance médicale couvrirait l’ambassade (une juridiction étrangère) ; l’association avec M. Assange pouvait-elle nuire à leurs moyens de subsistance ou attirer l’attention non désirée sur eux et leurs familles ; et l’inconfort concernant l’exposition de cette association en entrant à l’ambassade. Un médecin a fait part de son inquiétude à l’une des personnes interrogées après que la police eut pris note de son nom et du fait qu’il rendait visite à M. Assange. Un médecin a écrit qu’il acceptait de produire un rapport médical à la seule condition que son nom ne soit pas mis à la disposition du grand public, par crainte de représailles ». [21]

Le climat de peur et d’intimidation susmentionné a probablement gravement compromis les soins médicaux dont disposait M. Assange, même au sein de l’ambassade. Compte tenu de toutes les autres difficultés entourant le traitement extraordinaire de M. Assange, il est difficile de conclure autre chose que ce que la création de ce climat de peur et d’intimidation était délibéré. Si c’était délibéré, nous, les médecins, condamnons un comportement aussi imprudent, dangereux et cruel. Le fait que tout cela se déroule au cœur de Londres depuis de nombreuses années est une source de grande tristesse et de honte pour beaucoup d’entre nous.

SIGNÉ :

Dr Mariagiulia Agnoletto MD Spécialiste en psychiatrie ASST Monza San Gerardo Hospital, Monza (Italie)

Dr Vittorio Agnoletto MD Università degli Studi di Milano Statale, Milano (Italie)

Dr Sonia Allam MBChB FRCA Consultant en anesthésie et évaluation préopératoire, Forth Valley Royal Hospital, Ecosse (UK)

Dr Norbert Andersch MD MRCPsych Consultant en neurologie et psychiatrie, South London and Maudsley NHS Foundation Trust (retraité); Professeur de psychopathologie à l'Université privée Sigmund Freud, Vienne-Berlin-Paris (Allemagne et Royaume-Uni)

Dr Marianne Beaucamp MD Fachärztin (Spécialiste) en neurologie et psychiatrie Psychanalyste et psychothérapeute (retraitée), Munich (Allemagne)

Dr Thed Beaucamp MD Fachärztin (Spécialiste) en neurologie, psychiatrie et médecine psychosomatique Psychanalyste et psychothérapeute (retraité), Munich (Allemagne)

Dr Margaret Beavis MBBS FRACGP MPH MPH General Medical Practitioner (Australie)

Dr David Bell Consultant Psychiatre et psychanalyste, Londres (Royaume-Uni)

M. Patrick John Ramsay Boyd (signé John Boyd) MRCS LRCP MBBS FRCS FRCS FEBU Consultant Urologue (retraité) (Royaume-Uni)

Dr Hannah Caller MBBS DCH Pédiatre, Homerton University Hospital, Londres (Royaume-Uni)

Dr Franco Camandona MD Spécialiste en obstétrique et gynécologie E.O. Ospedali Galliera, Genova (Italie)

Dr Sylvia Chandler MBChB MBChB MRCGP BA MA MA Médecin généraliste (retraité) (Royaume-Uni)

Dr Marco Chiesa MD FRCPsych Psychiatre consultant psychiatre et professeur invité, University College London (Royaume-Uni)

Dr Carla Eleonora Ciccone MD Spécialiste en obstétrique et gynécologie AORN MOSCATI, Avellino (Italie)

Dr Owen Dempsey MBBS BSc MSc MSc PhD General Medical Practitioner (retraité) (Royaume-Uni)

Dr H R Dhammika MBBS Medical Officer, Dehiattakandiya Base Hospital, Dehiattakandiya (Sri Lanka)

Dr Tim Dowson MBChB MBChB MRCGP MSc MPhil Médecin généraliste spécialisé en toxicomanie, Leeds (Royaume-Uni)

Miss Kamilia El-Farra MBChB FRCOG MPhil (Medical Law and Ethics) Consultant Gynécologue, Essex (Royaume-Uni)

Dr Beata Farmanbar MD Médecin généraliste (Suède)

Dr Tomasz Fortuna MD RCPsych (affilié) Psychiatre légiste pour enfants et adolescents, psychothérapeute et psychanalyste d'adultes, British Psychoanalytical Society et Tavistock and Portman NHS Foundation Trust, Londres (UK)

Dr C Stephen Frost BSc MBChB Spécialiste en radiologie diagnostique (Stockholm, Suède) (Royaume-Uni et Suède)

Dr Peter Garrett MA MD FRCP Écrivain indépendant et médecin humanitaire; Chargé de cours invité en néphrologie à l'Université d'Ulster (Royaume-Uni)

Dr Rachel Gibbons MBBS BSc MRCPsych. M.Inst. Psychanal. Mem.Inst.G.A Consultant Psychiatre (Royaume-Uni)

Dr Bob Gill MBChB MRCGP General Medical Practitioner (Royaume-Uni)

Elizabeth Gordon, chirurgienne conseillère en SP, FRCS (retraitée); cofondatrice de Freedom from Torture (Royaume-Uni)

Professeur Derek A. Gould MBChB MRCP DMRD FRCR Consultant en radiologie interventionnelle (retraité): Médaille d'or BSIR, 2010; plus de 110 publications évaluées par des pairs dans des revues et chapitres (Royaume-Uni)

Dr Jenny Grounds MD Médecin généraliste, Riddells Creek, Victoria; trésorière, Medical Association for Prevention of War, Australie (Australie)

Dr Paul Hobday MBBS FRCGP DRCOG DFSRH DPM General Medical Practitioner (retraité) (Royaume-Uni)

M. David Jameson-Evans MBBS FRCS Consultant orthopédiste et chirurgien traumatologue (retraité) (Royaume-Uni)

Dr Bob Johnson MRCPsych MRCPsych MRCGP Diplôme en Psychothérapie Neurologie & Psychiatrie (Psychiatric Institute New York) MA (Psychol) PhD (Med Computing) MBCS DPM MBCS MRCS Consultant Psychiatre (retraité); anciennement Chef de thérapie, Ashworth Maximum Security Hospital, Liverpool; anciennement Consultant Psychiatre, Unité spéciale, Aile C, Parkhurst, Île de Wight (Royaume-Uni)

Dr Lissa Johnson BA BSc(Hons, Psych) MPsych(Clin) PhD Psychologue clinicien (Australie)

Dr Anna Kacperek MRCPsych Consultant en psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, Londres (Royaume-Uni)

Dr Jessica Kirker MBChB DipPsychiat MRCPsych MRCPsych FRANZCP MembreBPAS Psychanalyste et psychothérapeute médical consultant (retraité) (Royaume-Uni)

Dr Willi Mast MD Facharzt für Allgemeinmedizin, Gelsenkirchen (Allemagne)

Dr Janet Menage MA MBChB General Medical Practitioner (retraité); conseillère psychologique qualifiée; auteur de recherches publiées sur le syndrome de stress post-traumatique (Royaume-Uni)

Professeur Alan Meyers MD MPH Professeur émérite de pédiatrie, Boston University School of Medicine, Boston, Massachusetts (États-Unis)

Dr Salique Miah BSc MBChB FRCEM DTM&H ARCS Consultant en médecine d'urgence, Manchester (UK)

Dr David Morgan DClinPsych MSc Fellow of British Psychoanalytic Society Psychoanalyst, Consultant Clinical Psychologist and Consultant Psychotherapist (UK)

Dr Helen Murrell MBChB MRCGP General Medical Practitioner, Gateshead (Royaume-Uni)

Dr Alison Anne Noonan MBBS (Sydney) MD (Rome) MA (Sydney) ANZSJA IAAP AAGP AAGP IAP Psychiatre, Psychanalyste, Spécialiste Outreach Northern Territory, Executive Medical Association for Prevention of War (NSW) (Australie)

Dr Alison Payne BSc MBChB MBChB DRCOG MRCGP prev FRNZGP General Medical Practitioner, Coventry; intérêt particulier pour la santé mentale/traumatisme et santé des réfugiés (Royaume-Uni)

Dr Peter Pech MD Spécialiste en radiologie diagnostique (sous-spécialité en radiologie pédiatrique), Akademiska Sjukhuset (Uppsala University Hospital), Uppsala (Suède)

Dr Tomasz Pierscionek MRes MBBS MRCPsych PGDip (Royaume-Uni)

Professeur Allyson M Pollock MBChB MSc FFPH FFPH FRCGP FRCP (Ed) Professeur de santé publique, Newcastle University (Royaume-Uni)

Dr Abdulsatar Ravalia Ravalia FRCA Consultant Anesthésiste (Royaume-Uni)

Dr méd. Ullrich Raupp MD Spécialiste en psychothérapie, pédopsychiatrie et neurologie de l'enfant; Psychodynamic Supervisor (DGSv) Wesel, Allemagne (Allemagne)

Professeur Andrew Samuels Professeur de psychologie analytique, Université d'Essex (récemment retraité); Professeur honoraire/visiteur aux Universités Goldsmiths et Roehampton (Londres), New York et Macao City; ancien président du UK Council for Psychotherapy (2009-2012); membre fondateur du conseil d'administration de l'Association internationale de psychanalyse et de psychothérapie relationnelles; fondateur de Psychotherapists and Counsellors for Social Responsibility (Royaume-Uni)

M. John H Scurr BSc MBBS FRCS Consultant Général et chirurgien vasculaire, University College Hospital, Londres (Royaume-Uni)

Dr Peter Shannon MBBS (UWA) DPM (Melb) FRANZCP Psychiatre adulte (retraité) (Australie)

Dr Gustaw Sikora MD PhD F Inst Psychoanalysis Fellow of British Psychoanalytic Society Specialist Psychiatrist (diploïdes obtenus en Pologne et enregistrés au Royaume-Uni); Psychanalyste; actuellement en pratique privée (Royaume-Uni et Pologne)

Dr Wilhelm Skogstad MRCPsych BPAS IPA Psychiatrist & Psychoanalyst, Londres, Royaume-Uni (Royaume-Uni et Allemagne)

Dr John Stace MBBS (UNSW) FRACGP FACRRM FRACMA MHA (UNSW) Country Doctor (retired), Perth (Australia)

Dr Derek Summerfield BSc (Hons) MBBS MRCPsych MRCPsych Maître de conférences clinique honoraire, Institute of Psychiatry, Psychology & Neuroscience, King's College London (UK)

Dr Rob Tandy MBBS MBBS MRCPsych Psychiatre consultant en psychothérapie et psychanalyste; Chef d'unité, Unité de traitement psychanalytique, Tavistock and Portman, Londres; City & Hackney Primary Care Psychotherapy Consultation Service, St Leonard's Hospital, Londres (UK)

Dr Noel Thomas MA MBChB DCH DobsRCOG DTM&H MFHom Médecin généraliste; homéopathe; a participé à des projets de santé/éducation dans six pays en développement Maesteg, Wales (UK)

Dr Dr Philip Thomas MBChB DPM MPhil MD Ancien professeur de philosophie, diversité et santé mentale, Université de Central Lancashire; psychiatre officiellement consultant (Royaume-Uni)

Dr Gianni Tognoni MD Istituto Mario Negri, Milano (Italie)

Dr Sebastião Viola Lic Med MRCPsych Consultant Psychiatre, Cardiff (Royaume-Uni)

Dr Peter Walger MD Consultant, spécialiste des maladies infectieuses, Bonn-Duesseldorf-Berlin (Allemagne)

Dr Sue Wareham OAM MBBS MBBS Médecin généraliste (retraité) (Australie)

Dr Elizabeth Waterston MD Médecin généraliste (retraitée), Newcastle upon Tyne (Royaume-Uni)

Dr Eric Windgassen MRCPsych PGDipMBA Psychiatre consultant (retraité) (Royaume-Uni)

Dr Pam Wortley MBBS MBBS MRCGP General Medical Practitioner (retraité), Sunderland (Royaume-Uni)

Dr Matthew Yakimoff BOralH (DSc) GDipDent General Dental Practitioner (Australie)

Dr Rosemary Yuille BSc (Hons Anatomy) MBBS (Hons) General Medical Practitioner (retraité), Canberra (Australie)

Dr Felicity de Zulueta, psychiatre émérite consultant en psychothérapie, South London et Maudsley NHS Foundation Trust; maître de conférences clinique honoraire en études traumatiques, King's College London (Royaume-Uni)

Dr Paquita de Zulueta MBBChir MA (Cantab) MA (Cantab) MA (Droit médical et éthique) MRCP FRCGP PGDipCBT CBT Thérapeute et coach; tuteur principal en éthique médicale; maître de conférences clinique honoraire, Dept of Primary Care & Population Health, Imperial College London (UK)

Pour ajouter votre signature à la lettre ouverte, veuillez envoyer un courriel:

doctors4assange@gmail.com

Veuillez inclure votre titre de poste, vos qualifications médicales et votre expertise.

NOTES DE FIN

[1] Le Dr [expurgé], BChD MFGDP(UK) MSc, Dental Surgeon, a effectué un rendez-vous dentaire d'urgence à l'ambassade le 8 mai 2015: https://file.wikileaks.org/file/cms/Dentist%20report%20310715.pdf

[2] Avis adoptés par le Groupe de travail sur la détention arbitraire à sa soixante-quatorzième session, 30 novembre-4 décembre 2015, Avis №54/2015 concernant Julian Assange (Suède et Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord): http://www.ohchr.org/Documents/Issues/Detention/A.HRC.WGAD.2015.docx https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=17012&LangID=E https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=17012&LangID=E

[3] Dr [expurgé] MA MB MB BChir DCH MRCGP a évalué M. Assange le 12 août 2015 et le 2 décembre 2015: https://file.wikileaks.org/file/cms/Medical.pdf

[4] https://www.theguardian.com/media/2015/oct/15/ecuador-asks-britain-to-allow-julian-assange-safe-passage-for-mri-scan; https://www.theguardian.com/uk-news/2015/oct/15/julian-assange-shoulder-pain-mri-scan-embassy-metropolitan-police; https://www.theguardian.com/uk-news/2015/oct/15/julian-assange-shoulder-pain-mri-scan-embassy-metropolitan-police; https://www.telegraph.co.uk/news/wikileaks-files/11932732/Wikileaks-Julain-Assange-refused-safe-passage-for-MRI-scan.html

[5] Le Dr [expurgé], traumatologue et expert psychosocial, a interrogé M. Assange à cinq reprises entre juin 2014 et juin 2015 et a interrogé M. Assange à deux autres reprises pour valider des résultats antérieurs: https://file.wikileaks.org/file/cms/Psychosocial%20Medical%20Report%20December%202015.pdf

[6] Le Dr Sean Love est médecin résident en anesthésiologie et boursier en médecine des soins intensifs pour adultes à la Johns Hopkins University School of Medicine. Le Dr Sondra S. Crosby est docteur en médecine et professeur de médecine à l’Université de Boston, spécialisé en médecine interne. Elle est également membre du corps professoral du département de droit de la santé, de bioéthique et des droits de la personne de la Boston University School of Public Health. Le Dr Brock Chisholm est psychologue clinicien consultant, titulaire d’un diplôme en psychologie, d’une maîtrise en méthodes de recherche psychologique et d’un doctorat en psychologie clinique et possédant une vaste expérience du travail avec les victimes de traumatismes.

[7] https://www.theguardian.com/media/2018/jan/24/julian-assanges-health-in-dangerous-condition-say-doctors; https://www.theguardian.com/commentisfree/2018/jan/24/julian-assange-care-wikileaks-ecuadorian-embassy; https://www.theguardian.com/commentisfree/2018/jan/24/julian-assange-care-wikileaks-ecuadorian-embassy; https://blogs.bmj.com/bmj/2018/06/22/sean-love-access-medical-care-must-guaranteed-julian-assange/#_ftn1

[8] https://www.theguardian.com/commentisfree/2018/jan/24/julian-assange-care-wikileaks-ecuadorian-embassy

[9] https://www.hrw.org/news/2018/06/19/uk-should-reject-extraditing-julian-assange-us

[10] https://blogs.bmj.com/bmj/2018/06/22/sean-love-access-medical-care-must-guaranteed-julian-assange/

[11] https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=24042

[12] https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=24454&LangID=E

[13] https://www.express.co.uk/life-style/health/1121387/julian-assange-depression-symptoms-mental-health-treatment

[14] https://www.ohchr.org/en/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=24552&LangID=E

[15] https://metro.co.uk/2019/05/30/wikileaks-grave-concerns-julian-assange-moved-prison-hospital-9738883/; https://www.theguardian.com/media/2019/may/30/julian-assange-too-ill-appear-court-via-video-link-lawyers-say; https://www.theguardian.com/media/2019/may/30/julian-assange-too-ill-appear-court-via-video-link-lawyers-say; https://news.sky.com/story/julian-assange-moved-to-medical-wing-in-belmarsh-prison-over-significantly-deteriorated-health-11731364

[16] https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=24665

[17] https://www.craigmurray.org.uk/archives/2019/10/assange-in-court/

[18] https://youtu.be/GLXzudMCyM4

[19] https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=25249&LangID=E

[20] https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/human-rights-and-health

[21] Le Dr [Expurgé], traumatologue et expert psychosocial, a interrogé M. Assange à cinq reprises entre juin 2014 et juin 2015 et a interrogé M. Assange à deux autres reprises pour valider des résultats antérieurs: https://file.wikileaks.org/file/cms/Psychosocial%20Medical%20Report%20December%202015.pdf.

(Article paru d’abord en anglais le 25 novembre 2019)

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