Des dizaines de milliers de travailleurs défilent sur Marseille contre la réforme des retraites

Alors que les syndicats négocient avec le gouvernement une réforme des retraites qui vient d'être envoyé devant le Conseil d'Etat, 220 000 manifestants selon les syndicats et 22 000 d'après la police se sont rassemblés sur Marseille pour dénoncer l'obstination de Macron à mener cette réforme.

La CGT des ports et docks a appelé à une grève de 72 heures faisant cesser les activités sur les terminaux à containers de Marseille ainsi que chargement et le déchargement des pétroliers sur le terminal pétrolier géré par Fluxel, filiale du GPMM. Par ailleurs, le mouvement se poursuit au sein des raffineries Total à La Mède, Esso à Fos et Petroineos à Lavéra, où quatre unités sur dix sont à l'arrêt depuis cet après-midi. Enfin, le dépôt pétrolier DPF de Fos qui aujourd'hui n'était pas en mesure d'autoriser le chargement des camions chargés du ravitaillement des stations services, sera lui aussi en grève demain.

Outre Marseille, des rassemblements ont eu lieu Aix-en-Provence, Istres, Toulon, Brignoles. La CGT, FO, SNES FSU et Sud organisaient cette journée d'action mobilisant les travailleurs des ports et des raffineries. On pouvait y voir les cheminots, les enseignants, des pilotes d'Air France, des travailleurs du milieu hospitalier et de la RTM, des étudiants ou encore des gilets jaunes.

Juliette en prépa et militant aux jeunesses écologistes qui est venue sur Marseille pour «dénoncer la précarité dans laquelle se trouve les étudiants. Avec un système par point, il y a un risque que le gouvernement baisse la valeur du point et donc que l'on se retrouve avec des retraites qui baissent chaque année. Avec le système par point on va prendre en compte l'ensemble de notre carrière pour déterminer notre pension mais ce qui vont avoir de bonnes retraites seront ceux qui auront pu travailler toute leur vie, avoir un emploi stable ce n'est pas une réalité aujourd'hui. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, les carrières sont coupées, les gens qui vont se retrouver au chômage et les femmes qui partent en congés maternité seront pénalisées. Dans l'ancien système dans certaines professions ont prenait en compte les 6 meilleurs mois où 25 meilleurs années ce qui était mieux.»

Juliette dénonce Macron et le système capitaliste qui s'effondre: «Macron est au service des riches, le représentant de l'ultralibéralisme, les questions écologiques qu'on nous suggère sont impossibles sous le système capitaliste. Macron est toujours dans la compétition, il en veut toujours plus mais le système capitaliste ne marche plus, il est à bout de souffle. Il faut plus de solidarité, de partage et une réorientation de la production pour les besoins et plus sur le superflus. Cela passe par un système plus démocratique, il faut réduire le temps de travail.»

Interrogée sur les luttes internationales impulsées par l'hositilité envers les inégalités sociales qui montent, Juliette a dit au WSWS: «On n'a des riches toujours plus riches et des pauvres toujours plus pauvres. Nous on pense qu'il y a une dimension écologique aux questions sociales, les deux se rejoignent. Il faut une convergence des luttes. Je pense que la lutte doit être internationale si l'on doit résoudre la question de l'écologie. Je pense que l'on n'est de plus en plus conscient de cette nécessité.»

Laura a expliqué au WSWS pourquoi elle avait décidé d'être gilet jaune: «J'attendais ce mouvement des gilets depuis plus de vingt ans. Je n'ai jamais trouvé ma place dans ce système contre lequel je suis contre depuis le collège. On nous apprend la même chose, les mêmes idées qui sont orientées pour défendre les intérêts des riches. Les ‘gilets jaunes’ pour moi, c'était la possibilité de créer un mouvement qui ne soit pas corporatiste, qui puisse relier tout le monde dans le but de satisfaire l'humanité. Je veux un changement du système.»

Laura a dit au WSWS qu'elle souhaite que le peuple prenne les décisions politiques et non les élites dirigeantes: «Le peuple doit décider de ce qu'il veut faire avec le RIC pour mettre fin à la domination de l'oligarchie dans le monde. Il faut nationaliser les banques pour que cela soit géré par l'état dirigé par le pouvoir du peuple. Il faut développer la formation politique des citoyens, dans les lycées les lieux de travail.»

Pour elle, si le mouvement veut aller de l'avant, «Il va falloir abandonner les anciens slogans, la CGT on n'en veut pas, il faut des organisations populaires. La problématique de ce que nous vivons est mondiale, il va y avoir une intelligence collective, il va se passer quelque chose, j'espère que cela ne sera pas un beau rêve. Il faut révolutionner le monde pour cela il faut y réfléchir.»

Enfin le WSWS a rencontré Norbert lui aussi gilet jaune venu dénoncer le recul social: «On est là pour les retraites, on retourne des siècles en arrière quand on dit que l'on va supprimer les régimes spéciaux c'est faux, on en créé d'autres pour les hauts fonctionnaires qui ne vivent pas de la même manière que les salariés. Je suis devenu gilet jaunes car il n'y a pas d'égalité fiscale, pas d’égalité sociale on voit la France. Les organisations syndicales, ça fait 50 ans qu'on les voit on en peut pas s'y fier non plus.»

Norbert est sceptique sur la volonté des syndicats du lutter contre Macron: «Les fédérations syndicales trainent des pieds, même si depuis un mois et demi il y a des travailleurs en grève malgré l'appel à la trêve de Noël. Ils sont financés par les patrons et les entreprises, financés aussi par les pubs dans leur presse.»

Norbert a indiqué vouloir «le pure retrait de ces réformes, les majorités qui composent les syndicats veulent le retrait c'est pour cela que nous les gilets jaunes on est là aujourd'hui avec eux pour une convergence. Si on met la pression sur le gouvernement on peut arriver à faire retirer cette réforme, on l'a fait en 1995 même si cela n'a pas permis d'empêcher ensuite la politique contre les salariés par les gouvernements successifs. On a perdu beaucoup d'acquis des projets qui était dans le conseil national de résistance.»

Norbert fustige les violences policières qui ne sont que la seule réponse de Macron face à l'opposition sociale: «Macron utilise la police, il n'a que ça, c'est devenu une milice d'état on tape sur les gens, on leur tape sur le portefeuille et puis on fait peur aux gens qui veulent aller dans la rue. Il y a des amendes, des gardes à vues, des blessés.»

Norbert a fait part de son hostilité envers la classe dirigeante et rejette le capitalisme: «On souffre tous du même mal, le capitalisme libéral et une mafia internationale. Ce sont des élites à travers des structures européennes ils font leur manœuvre on est dépossédé du pouvoir. On ne sert plus à rien il n'y a pas de démocratie. Ils nous mentent sans cesse. C'est difficile de s'organiser internationalement même si on peut avoir une coordination sur des questions précises.»

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