Joseph Kishore, candidat du SEP à la présidence des États-Unis, intervient à une réunion électorale de l'IYSSE à l'université Humboldt de Berlin

Joseph Kishore, candidat du Parti de l'égalité socialiste (US) à la présidence, s'est exprimé lors de la troisième réunion de la campagne de l'International Youth and Students for Social Equality International Students and Youth for Social Equality (IYSSE: Etudiants et jeunes pour l'égalité sociale) pour les élections du parlement étudiant à l'Université Humboldt de Berlin le 28 janvier.

Plus de 60 étudiants ont assisté à la réunion, intitulée «Les nouvelles luttes de classe et la perspective du socialisme international.»

Helmut Wolff, candidat de l' IYSSE pour les élections du parlement étudiant de cette année, a présenté la réunion. «Je suis très heureux que les membres de notre parti mondial puissent prendre la parole à cette réunion par vidéo ce soir. Dans notre campagne électorale, nous avons souligné que les travailleurs et les jeunes ne peuvent réaliser leurs intérêts que s'ils s'unissent à l'échelle mondiale. À la logique capitaliste de l'inégalité et de la guerre, ils doivent opposer la perspective socialiste de l'unification mondiale de tous les travailleurs.»

Le premier orateur de la soirée était Alex Lantier, secrétaire national du Parti d'égalité socialiste (PSE), la section française du Comité international de la Quatrième Internationale.

«Depuis près 15 mois, les protestations de masse de millions de travailleurs et de jeunes se poursuivent contre la réduction des retraites de Macron, ce qui est devenu la plus longue grève de France depuis la Grève générale de Mai 1968. Les appels à la chute du gouvernement Macron se multiplient.»

Les développements en France ont mis en évidence le caractère profondément réactionnaire des syndicats et de la pseudo gauche, a-t-il poursuivi. La Confédération générale du travail (CGT), le Parti communiste, les sociaux-démocrates, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) pabliste et le populiste de gauche Jean-Luc Melenchon ont tous affirmé que le conflit pouvait être résolu par des négociations syndicales avec Macron, ce qui a conduit les travailleurs dans une impasse.

Mais Macron et toute l'élite au pouvoir sont déterminés à faire respecter les attaques sociales avec une violence impitoyable face à l'opposition populaire, a rapporté Lantier, avant de fournir un résumé choquant de l'ampleur de la violence policière en France.

«L'ampleur de la répression policière en France est sans précédent depuis l'occupation nazie», a-t-il expliqué. «Utilisant des voitures blindées, des canons à eau et des gaz lacrymogènes contre les manifestants, la police a arrêté plus de 10.000 personnes depuis le début des manifestations des "Gilets jaunes" en 2018. Macon, qui honore avec effronterie les policiers dont des unités responsables des atrocités commises lors des manifestations, comme les meurtres de Zineb Redouane et Steve Caniço, ou l'agression presque mortelle sur la manifestante âgée Geneviève Legay-Macron, utilise les policiers comme chiens d'attaque pour les banques.»

Joseph Kishore, qui est également le secrétaire national du Parti de l'égalité socialiste aux États-Unis, s'est adressé à la réunion deux jours seulement après que le PES eut annoncé sa candidature avec la candidate à la vice-présidence Norissa Santa Cruz.

Kishore, qui s'est exprimé par liaison vidéo depuis Detroit, a déclaré: «La distance qui nous sépare est d'un peu moins de 7000 kilomètres. Cependant, les problèmes politiques auxquels sont font face les travailleurs ici et là, et d'ailleurs les travailleurs et les jeunes du monde entier, sont fondamentalement les mêmes.»

Kishore a déclaré qu'il était «tout à fait approprié et même correct» de s'exprimer lors d'une réunion à Berlin au début de sa campagne.

«Dans notre déclaration annonçant la campagne», a noté Kishore, «nous avons souligné que son orientation ne concerne pas seulement les travailleurs et les jeunes aux États-Unis, mais aussi les travailleurs du monde entier. En effet, il n'y a pas un seul problème social auquel des masses de personnes font face qui puisse être résolu sur une base nationale. Le danger croissant de guerre mondiale, qui menace l'avenir même de l'humanité; les inégalités sociales, qui ont atteint des niveaux sans précédent dans l'histoire; le virage des élites dirigeantes vers le fascisme et la dictature; la menace accélérée du changement climatique et de la catastrophe écologique; maintenant la propagation rapide du coronavirus - ce sont tous des problèmes mondiaux qui nécessitent une solution mondiale.»

Kishore a rapporté que les travailleurs de l'automobile aux États-Unis ont mené la première grève nationale l'automne dernier en plus de 40 ans. Avant cela, des dizaines de milliers d'enseignants et d'autres catégories de travailleurs avaient également fait grève. Il y a une profonde hostilité envers l'ensemble de l'establishment politique, un soutien croissant au socialisme et une opposition croissante au capitalisme, a-t-il ajouté.

«La radicalisation politique des travailleurs en Amérique est d'une importance internationale immense», a-t-il déclaré. «Comme vous le savez, l'impérialisme américain est une force de destruction partout dans le monde. La volonté de la classe dirigeante américaine de contrôler le monde, de maintenir son hégémonie mondiale par la force militaire, met en péril la planète entière...

«La classe dirigeante américaine cherche à contrôler le monde, mais elle trouvera et trouve qu'elle ne peut pas contrôler sa propre maison. L'impérialisme entre en conflit avec l'éruption révolutionnaire de la lutte des classes.»

Kishore a également souligné que la tâche essentielle était la construction d'une direction révolutionnaire. «Les travailleurs et les jeunes ne peuvent pas se laisser détourner derrière l'une ou l'autre des factions de l'élite dirigeante», a-t-il souligné. «Il n'y a pas de tendance progressiste à l'intérieur des partis capitalistes.»

C'est particulièrement évident aux États-Unis. Alors que Trump tente consciemment de cultiver un mouvement fasciste basé sur le nationalisme extrême, le chauvinisme anti-immigration et la haine du socialisme, les démocrates de l'opposition n'ont rien de progressiste à offrir, a-t-il poursuivi. «En utilisant les méthodes d'un coup d'État de palais, les démocrates cherchent à mettre Trump en accusation uniquement parce que, selon eux, il a sapé la campagne américaine contre la Russie et la guerre par procuration en Ukraine», a déclaré Kishore.

Kishore a conclu: «Ce qu'il faut, ce n'est pas un rafistolage sur les bords, des réformes futiles dans le cadre de la politique capitaliste. Nous vivons à une époque révolutionnaire, et la classe ouvrière a besoin d'une politique révolutionnaire. Il faut construire un mouvement politique qui soit profondément enraciné dans les expériences historiques du passé, qui ait tiré de ces expériences les leçons critiques qui doivent éclairer la politique du présent. Non pas une politique de vœux pieux, de manœuvres pragmatiques, mais une politique fondée sur la science de la perspective, sur l'analyse de classe, sur le marxisme.»

Kishore a terminé son intervention en soulignant l'importance du travail effectué à l'université Humboldt. «Je voudrais à nouveau faire référence à l'immense importance pour le monde entier du travail effectué par le Sozialistische Gleichheitspartei [Parti de l'égalité socialiste] en Allemagne et l'IYSSE à l'Université Humboldt», a-t-il déclaré. «Vous avez rendu un immense service à la classe ouvrière internationale en identifiant la signification du révisionnisme historique et son lien avec la promotion de l'extrême droite et la remilitarisation de l'État allemand.»

Sven Wurm, porte-parole de l'IYSSE et candidat au parlement étudiant, a mis l'accent dans son rapport final sur le rôle central joué par l'Université Humboldt (UH) dans la banalisation des crimes nazis et la préparation idéologique à la guerre, ainsi que sur la lutte de l'IYSSE contre celle-ci.

 

«Ici, une semaine avant l'anniversaire de la libération d'Auschwitz, le professeur Jörg Baberowski a pu déclarer que Hitler ne se délectait pas de la cruauté et ne voulait rien savoir d'Auschwitz», a remarqué Wurm. «Et cette affirmation, qui provient directement de l'arsenal classique des négationnistes de l'Holocauste, a été publiée dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Ici, le politologue Herfried Münkler peut déclarer qu'il est à nouveau approprié de parler «le langage du pouvoir», et ici, la direction de l'université, dirigée par la politicienne sociale-démocrate Sabine Kunst, a pu, il y a plusieurs mois, faire démanteler par la police une assemblée d'étudiants qui protestait contre l'invasion de la Syrie par la Turquie.

Mais il y a aussi de la résistance à Humboldt, a poursuivi Wurm. «Chaque fois que nous organisons des événements ou des campagnes sur ces questions, nous avons rempli des salles de séminaire ou des amphithéâtres», a-t-il déclaré à son auditoire. «Comment se peut-il qu'une telle chose se produise dans une université allemande?» est la réponse la plus courante que nous entendons lorsque nous parlons des virages vers la droite à l'UH.

Wurm a expliqué que la classe dirigeante en Allemagne, tout comme en France et aux États-Unis, répond par la guerre et la dictature à la montée des conflits internationaux et à l'opposition politique généralisée de la population. Wurm a conclu en lançant un appel urgeant aux personnes présentes pour qu'elles en tirent les conclusions qui s'imposent. Il a appelé les étudiants à voter pour l'IYSSE, à mobiliser leurs amis et leurs camarades de classe pour qu'ils votent, à devenir membres de l'IYSSE et à se joindre à la lutte pour un avenir socialiste.

Après les discours, une discussion intensive a eu lieu, soulignant qu'une nouvelle génération de travailleurs et d'étudiants se radicalise et cherche une voie révolutionnaire pour sortir de la crise capitaliste. Parmi les sujets abordés figuraient le rôle de la classe ouvrière en tant que force révolutionnaire objective, le changement climatique et le socialisme, et les raisons pour lesquelles une direction révolutionnaire est nécessaire pour sensibiliser les masses et mener avec succès les luttes révolutionnaires à venir en s'appuyant sur les leçons tirées de l'histoire du XXe siècle.

(Article paru en anglais le 1er février 2020)

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