Kirk Douglas, acteur américain (1916-2020)

Kirk Douglas, acteur important du cinéma américain de la fin des années 1940 au début des années 1970, est mort de causes naturelles chez lui à Beverly Hills, en Californie, le 5 février à l'âge de 103 ans. L'un des principaux acteurs de l’après-guerre, il a également contribué à mettre fin à la liste noire anticommuniste en engageant et en ajoutant au générique le scénariste Dalton Trumbo pour le film Spartacus (1960).

Douglas a apporté son dynamisme reconnu à des dizaines de films, dont beaucoup de qualité, parmi lesquels Out of the Past (Jacques Tourneur, 1947), Champion (Mark Robson, 1949), Ace in the Hole (Billy Wilder, 1951), The Bad and the Beautiful (Vincente Minnelli, 1952), Paths of Glory (Stanley Kubrick, 1957), Spartacus (Kubrick, 1960), Two Weeks in Another Town (Minnelli, 1962) et Seven Days in May (John Frankenheimer, 1964).

Kirk Douglas et Lana Turner dans «The Bad and the Beautiful»

La carrière de l'acteur exprime certaines des forces résilientes du cinéma américain émergent suite aux purges anticommunistes maccartistes, et des limites imposées et acceptées par Hollywood suite à ce qui était essentiellement la criminalisation des idées de gauche au début des années 1950.

Douglas est né Issur Danielovitch en décembre 1916 – quatre mois avant l'entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale et 11 mois avant la révolution menée par les bolcheviks en Russie – à Amsterdam, New York, une petite ville industrielle de la vallée de Mohawk connue pour sa fabrication de tapis.

Dans son autobiographie, The Ragman's Son (1988), Douglas a raconté son enfance dans le «East End» d'Amsterdam, à l'opposé du quartier des riches de Market Hill. Lui, ses parents et ses six soeurs vivaient dans une «maison en bois grise délabrée, la dernière maison au bas d'une rue en pente, à côté des usines, de la voie ferrée et de la rivière Mohawk».

Dans cette même autobiographie, Douglas a écrit qu'il était «né dans une pauvreté abjecte. Mes parents sont venus ici de Russie, des immigrants illettrés». Les parents de Douglas étaient des Juifs qui ont émigré, son père en premier, aux États-Unis en 1908-1910 pour échapper à l'oppression et à la misère de la société tsariste.

Douglas décrivait son père, Herschel, né vers 1884, comme l'un de ces «paysans ignorants» qui, lorsqu'ils étaient enrôlés dans l'armée, «avaient du foin attaché sur une manche et de la paille sur l'autre, afin de pouvoir distinguer leur main droite de leur main gauche». Son père était ramasseur de chiffons et brocanteur à Amsterdam, travaillant à partir d'une charrette à chevaux.

Sa mère, née Byrna Sanglel, écrit Douglas, est «issue d'une famille de fermiers ukrainiens... Elle voulait que tous ses enfants naissent dans cette merveilleuse nouvelle terre, où elle pensait que les rues étaient littéralement pavées d'or». En Russie, la mère de Douglas avait vu un frère tué dans la rue par un de ces cosaques, «exalté par la vodka», qui «considérait comme un sport de galoper dans le ghetto et de fendre quelques têtes de Juifs».

Douglas a occupé divers emplois dès son plus jeune âge, bien qu'il ait réussi à aller à l'université, à St-Lawrence University, également dans le nord de l'État de New York.

Il a d'abord été encouragé par un professeur de lycée d'Amsterdam à poursuivre sa carrière d'acteur. Après avoir obtenu son diplôme universitaire, Douglas, comme beaucoup d'autres avant et après lui, s'est installé à Greenwich Village à New York. Il entre à l'American Academy of Dramatic Arts, qui lui offre une bourse d'études. L'une de ses camarades de classe, qui l'aidera plus tard à lancer sa carrière cinématographique, est l'actrice Lauren Bacall. Après avoir servi dans la marine pendant la Seconde Guerre mondiale, Douglas retourne à New York et commence à trouver du travail dans la radio et le théâtre.

Douglas apparaît dans son premier film en 1946, The Strange Love of Martha Ivers (réalisé par Lewis Milestone, d'après un scénario du scénariste de gauche, Robert Rossen). Il commence une carrière à Hollywood à une époque intéressante, au plus fort de l'ère du film noir, alors que le cinéma américain est à l'un de ses moments les plus réalistes et les plus critiques. Comme d'autres de sa génération (dont Burt Lancaster, William Holden et Robert Mitchum), Douglas – à 30 ans ou presque – apporte déjà à ses premiers rôles une certaine connaissance de la vie et de ses difficultés.

Kirk Douglas et Robert Mitchum dans «Out of the Past» (1947)

Après une autre œuvre «sombre» et troublante, I Walk Alone (Byron Haskin, 1948), le premier des sept films dans lesquels il a joué avec Lancaster, Douglas a joué dans le film Out of the Past de Tourneur, basé sur un roman de l'écrivain américain de gauche Daniel Mainwaring. Douglas joue le rôle d'un gangster, Whit Sterling, déterminé à retrouver son ancienne amante (Jane Greer), qui lui a tiré dessus et lui a volé 40.000 dollars. Le personnage de Douglas est inhabituellement menaçant, mais il est suave et bien articulé, ses tendances meurtrières étant cachées autant que possible.

La WSWS a commenté en 2015 que Out of the Past était une œuvre «moralement et psychologiquement forte». «Compte tenu de son sujet, il y a très peu de violence manifeste dans le film... Pour sa part, Whit sourit et plaisante, et n'élève presque jamais la voix. Il n'a pas à le faire, son argent et son pouvoir commandent automatiquement le respect».

Champion, de Robson, dans lequel Douglas joue le rôle principal d'un boxeur luttant impitoyablement pour atteindre le sommet, a permis à l'acteur de se faire connaître. Le personnage de Midge Kelly qu’interprète Douglas trahit sans vergogne ses amis, associés et femmes au cours de cette «histoire d'un homme qui,» comme le proclame l'ouverture du film, «partant de la pauvreté la plus sordide, est devenu champion du monde».

Arthur Kennedy, Kirk Douglas et Paul Stewart dans «Champion» (1949)

Ace in the Hole est l'un des films les plus acerbes de Wilder (et l'un de ses rares échecs commerciaux), influencé, on pourrait le supposer, par le rôle infâme des médias dans la propagation de l'hystérie maccartiste de la fin des années 1940 et du début des années 1950, bien qu'il n'aborde la question de la manipulation trompeuse de l'opinion publique qu'au moyen d'une allégorie.

Douglas, désormais une véritable «star de cinéma», incarne un journaliste cynique et malchanceux, Chuck Tatum, qui tombe sur le cas d'un homme piégé dans l'effondrement d'une grotte au Nouveau-Mexique. Tatum («Je suis un assez bon menteur. J'ai beaucoup menti en mon temps») fait tout ce qui est en son pouvoir pour manipuler un public crédule, trop désireux de se laisser mener par le bout du nez. Il conspire avec un shérif local corrompu et ambitieux pour faire en sorte que la malheureuse victime ne soit pas secourue immédiatement («Si seulement j'avais une semaine de ça...»), afin que l'histoire reste à la une des journaux du pays.

Kirk Douglas dans «Ace in the Hole» (1951)

Dans The Bad and the Beautiful, l'un des nombreux films de Douglas réalisé par Minnelli, l'acteur incarne, une fois de plus, un personnage relativement impitoyable, un producteur hollywoodien non conformiste, Jonathan Shields, «cynique, rusé et démoniaque», selon les termes d'un commentateur, basé sur plusieurs personnages célèbres d'Hollywood. Le mélodrame se déroule en flashbacks. Trois personnages, un réalisateur, un scénariste et une actrice, réunis dans un bureau d'Hollywood, expliquent essentiellement pourquoi ils refusent d'avoir quoi que ce soit à voir avec Shields, en se basant sur des expériences passées amères.

Un thème commun émerge clairement dans plusieurs de ces films, associé à la critique générale de l'après-guerre du «rêve américain» et de la poursuite de la réussite «à tout prix». (Bien qu'en fait, dans le cas de The Bad and the Beautiful, le personnage de Douglas sacrifie les autres et lui-même dans l'effort, au moins en partie, de libérer «le potentiel créatif de son réalisateur, de son scénariste et de son actrice principale», comme l'observe le critique et historien du cinéma Thomas Elsaesser).

Il convient de noter que Douglas, dont la vie à la Horatio Alger, de la misère à la richesse, était, selon ses propres termes, si clichée «qu'elle en était incroyable», a su reconnaître la nature problématique du cadre dans lequel sa propre vie était souvent présentée comme la preuve des possibilités illimitées de l'Amérique.

L'historien du cinéma et spécialiste Joseph McBride, dans sa courte biographie de Douglas en 1976, affirme avec éloquence que «le filon vital qui traverse pratiquement tous ses films est une critique fougueuse et angoissée de l'éthique du succès américain».

Deux processus semblent agir simultanément, et parfois à contre-courant, dans un certain nombre de films de Douglas: d'une part, la capacité (et la détermination) indéniable de certaines personnes en Amérique, y compris issues de l'immigration ou de milieux pauvres, à s'élever, économiquement et culturellement, en s'appuyant sur la position et les ressources puissantes du capitalisme américain; d'autre part, le caractère discutable et instable du succès obtenu, qui conduit souvent à l'angoisse, à la culpabilité ou au doute intense du personnage central.

On se souvient du commentaire du réalisateur Rainer Fassbinder sur les perspectives du romancier allemand Theodor Fontane (1819-1898): «Il vivait dans une société dont il reconnaissait les défauts et pouvait décrire très précisément, mais tout de même une société dont il avait besoin, à laquelle il voulait vraiment appartenir. Il rejetait tout le monde et trouvait tout étranger et pourtant il a lutté toute sa vie pour être reconnu au sein de cette société».

Dans une interview de 1960, citée par McBride, Douglas commentait: «Toute notre vie, on rêve de vouloir jouer, d'incarner des rôles. Puis, si on y parvient, on devient une grande entreprise. Une multitude de choses qu’on n’a jamais demandées nous arrivent. Tout d'un coup, on est balloté de toutes parts et on a de la chance si on a les bons conseils».

Bien sûr, il est assez facile d'affirmer que tout cela s'est déroulé dans le cadre de l'acceptation générale par l'acteur et le libéralisme hollywoodien de la «démocratie américaine», au service de laquelle Douglas s'est souvent illustré officiellement, notamment lors des tournées du département d'État et d'autres opérations politiques. (Lancaster, qui a travaillé avec des réalisateurs européens tels que Luchino Visconti [The Leopard, Conversation Piece] et Bernardo Bertolucci [1900] dans les années 1960 et 1970, et qui est également apparu dans des œuvres oppositionnelles comme Executive Action de David Miller-Dalton Trumbo, Last Gleaming de Robert Aldrich et Go Tell the Spartans de Ted Post, a adopté une ligne de conduite un peu plus ouvertement anti-establishment).

Mais là aussi, il faut distinguer l'artiste de l'acteur-public, avec sa carrière, ses succès financiers, ses conquêtes sexuelles sans fin et tout le reste. Douglas a eu l'honnêteté, en tant qu'artiste, de peindre et de laisser derrière lui des images peu flatteuses de la société américaine par ses interprétations et la vérité, en particulier, de ses émotions et de son «angoisse», quelle que soit la fonction qu'il ait pu exercer en tant que l'un de ses fidèles porte-parole pendant la guerre froide.

Les contradictions objectives qu'implique la réalisation d'un travail artistique sérieux dans des conditions où des pans entiers de la vie sociale étaient rendus inaccessibles par l'anticommunisme et l'autocensure de l'industrie cinématographique trouvent peut-être une expression particulière dans la qualité parfois excessive des performances de Douglas (dans Lust for Life [1956] de Minnelli par exemple), comme s'il fallait en faire trop avec si peu. Le critique Manny Farber, qui a fait la critique de Detective Story, a fait référence au «style de jeu de chien enragé» de Douglas et son «esprit de gymnaste».

Kirk Douglas dans «Lonely Are the Brave» (1962)

Dans son livre de 1976, McBride a noté que pour certains segments du public cinématographique, Douglas était «synonyme des personnages à la mâchoire en saillie, à la voix stridente et infatigablement pugnace qu'il joue habituellement à l'écran», des personnages dont les «gesticulations» et les «divagations» (selon l'expression de Farber) pouvaient être à la fois irritantes et gênantes. Dans le meilleur des cas, cependant, son «énergie et son intensité phénoménales» (McBride) ont donné vie à des conditions et des dilemmes contradictoires et dérangeants.

Douglas a eu la chance de travailler avec de nombreux réalisateurs de studio parmi les plus sérieux dans les années 1940, 1950 et 1960, en plus de ceux déjà mentionnés, dont John M. Stahl (The Walls of Jericho, 1948), Joseph L. Mankiewicz (A Letter to Three Wives, 1949), Michael Curtiz (Young Man with a Horn, 1950), Raoul Walsh (Along the Great Divide, 1951), William Wyler (Detective Story, 1951), Howard Hawks (The Big Sky, 1952), Richard Fleischer (20.000 lieues sous les mers, 1954, et The Vikings, 1958), Henry Hathaway (The Racers, 1955), King Vidor (Man Without a Star, 1955), André de Toth (The Indian Fighter, 1955), Robert Aldrich (The Last Sunset, 1961), Otto Preminger (In Harm's Way) et Anthony Mann (The Heroes of Telemark, 1965)

Les années les plus marquantes de Douglas s'étendent de 1957 à 1963, où il fait partie des 25 vedettes de cinéma les plus populaires chaque année.

Paths of Glory, qui se déroule pendant le massacre de la Première Guerre mondiale, est l'une des œuvres les plus importantes de Douglas. Il y incarne un officier français, le colonel Dax, obligé de mener une mission suicide contre les lignes allemandes planifiée par l'état-major français, qui sait qu'elle ne peut aboutir. La hiérarchie militaire est tout à fait prête à voir le massacre de ses propres hommes. Après qu'une unité ait refusé d'avancer sur la voie du feu meurtrier allemand, le général Mireau (George Macready), pour détourner l'attention de son propre rôle dans le fiasco, décide de faire passer en cour martiale 100 hommes pour lâcheté. Ce seront finalement trois hommes qui écoperont.

Dax, avocat dans la vie civile, défend les trois soldats dans une procédure qui est une farce d'un point de vue juridique. La condamnation est prédéterminée. Dans son résumé, Dax dit au tribunal: «L'accusation n'a présenté aucun témoin. Il n'y a jamais eu d'acte d'accusation écrit contre les accusés. Et enfin, je proteste contre le fait qu'aucune sténographie de ce procès n'a été conservée. L'attaque d'hier matin n'a pas entaché l'honneur de la France... et n’a certainement pas fait la honte des combattants de cette nation. Mais cette cour martiale est une telle souillure et une telle honte. Les accusations portées contre ces hommes sont une moquerie de la justice humaine. Messieurs de la cour, déclarer ces hommes coupables serait un crime, qui vous hantera tous jusqu'à votre mort.» Mais c'est précisément ce que fait le tribunal, et trois hommes sont exécutés.

Dans l'une des dernières scènes, le général Broulard (Adolphe Menjou), membre de l'état-major, informe Mireau qu'il sera le bouc émissaire de toute l'affaire et offre ensuite le commandement de Mireau à Dax. Dax-Douglas répond: «Monsieur, voulez-vous que je vous suggère ce que vous pouvez faire de cette promotion?»

Lorsque Broulard exige des excuses, Dax répond avec fureur, dans l'une des meilleures scènes de Douglas: «Je m'excuse de ne pas avoir été tout à fait honnête avec vous. Je m'excuse de ne pas avoir révélé mes véritables sentiments. Je m'excuse de ne pas vous avoir dit plus tôt que vous êtes un vieil homme dégénéré et sadique. Et vous pouvez aller en enfer avant que je ne vous présente mes excuses maintenant ou à jamais!»

Kirk Douglas and Woody Strode dans «Spartacus» (1960)

Stanley Kubrick (après le licenciement d'Anthony Mann 10 jours après le début du film) a réalisé Spartacus, l'histoire épique de la révolte des esclaves dans la Rome antique, au premier siècle avant Jésus-Christ. Le film a été réalisé par la société de Douglas, Byrna Productions, qui porte le nom de sa mère. Le scénario, comme indiqué, a été écrit par Dalton Trumbo, figurant sur la liste noire, adapté du roman de 1951 de l'auteur de gauche Howard Fast, commencé en prison où Fast purgeait une peine de trois mois pour avoir refusé de fournir des noms au Comité des activités antiaméricaines de la Chambre des représentants.

Il y a des séquences intrigantes et puissantes dans Spartacus. Pour les créateurs, la révolte des esclaves dans le monde antique a clairement des parallèles avec la révolte des opprimés dans les temps modernes, y compris le mouvement des droits civiques en cours. Selon McBride, Douglas a souligné que son personnage principal «était un mélange complexe de l'animal et du spirituel, commençant comme un sous-homme brutal et brutalisé pour finalement trouver une conscience et devenir une figure de légende héroïque».

Kirk Douglas dans «Spartacus» (1960)

Dans une scène célèbre, après la défaite de la révolte des esclaves, les officiels romains tentent de localiser le chef des rebelles en promettant aux survivants qu'ils éviteront «la terrible punition de la crucifixion à la seule condition que vous identifiez le corps ou la personne vivante de l'esclave appelé Spartacus». Dans une scène désormais célèbre, chacun des survivants s'écrie: «Je suis Spartacus!»

Two Weeks in Another Town, basé sur un roman d'Irwin Shaw, est un examen plus approfondi de l'industrie cinématographique réalisé par Vincente Minnelli. Douglas est une ancienne vedette, Jack Andrus, frappé d'alcoolisme, qui se rend à Rome pour jouer un petit rôle dans un film qui sera réalisé par son ancien mentor, Kruger (Edward G. Robinson), et qui met en scène une jeune vedette du cinéma (jouée par George Hamilton). À la fin, après que Kruger ait subi une crise cardiaque débilitante, Andrus prend en charge la réalisation du film et le termine avec succès. Au lieu de la gratitude, il est confronté à la jalousie et à l'accusation qu'il a tenté de miner Kruger. Une atmosphère d'amertume et de désillusion imprègne les événements quasi décadents qui se déroulent.

Dans Seven days in May, fixé dans le futur, en 1974, un général de l'armée de l'air malhonnête décide d'organiser un coup d'État en opposition à la signature par le président américain d'un traité de désarmement avec l'Union soviétique. Lancaster incarne le général semi-fasciste James Mattoon Scott et Douglas, un colonel des Marines «Jiggs» Casey, tandis que Fredric March joue le rôle du président plutôt inapte Jordan Lyman.

Kirk Douglas et Burt Lancaster dans «Seven days in May» (1964)

Le roman à succès de Charles W. Bailey II et Fletcher Knebel a été inspiré par les activités du général Edwin Walker, une figure fasciste qui a démissionné en 1961 après qu'il ait été révélé qu'il endoctrinait les troupes sous son commandement avec ses opinions politiques d'extrême droite et avait décrit l'ancien président Harry Truman, l'ancien secrétaire d'État Dean Acheson et l'ancienne première dame Eleanor Roosevelt comme des sympathisants communistes. Bailey et Knebel ont également interviewé un autre réactionnaire extrême du haut commandement militaire américain, le général Curtis LeMay, l'une des inspirations des personnages du Dr. Strangelove de Kubrick (1964).

Dans le film de Frankenheimer, Casey apprend que Scott et le reste de l'état-major interarmées prévoient de mettre en scène une prise de contrôle militaire du gouvernement américain, en destituant Lyman et son cabinet. Selon ce plan, une unité secrète prendra le contrôle des réseaux de radio, de téléphone et de télévision du pays. Lyman et Casey s'efforcent de contrecarrer les plans de Scott, sans toutefois révéler leur existence au public américain. Le film comporte de nombreux aspects effrayants et visionnaires, et met en évidence la croissance cancéreuse et sinistre du «complexe militaro-industriel» au début des années 1960 et la fragilité de la démocratie américaine au plus fort de la prospérité d'après-guerre. Et que reste-t-il de cette démocratie six décennies plus tard?

La confrontation finale entre Lancaster-Scott et Douglas-Casey se déroule ainsi, où Scott lance:

- Vous êtes un propagateur, colonel. Vous vendez des informations. Connaissez-vous suffisamment votre Bible pour savoir qui était Judas? ... Je vous ai posé une question.

- Êtes-vous en train de m'ordonner de répondre, monsieur ?

- Oui.

- Oui, je sais qui était Judas. C'était un homme pour qui je travaillais et que j'admirais... jusqu'à ce qu'il déshonore les quatre étoiles de son uniforme.

Bon nombre des films de Douglas vont durer. Il avait l'énergie, l'intelligence et le talent nécessaires pour éclairer la vie américaine d'une manière qui encourage la critique et la pensée indépendante.

(Article paru en anglais le 10 février 2020)

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