Le nombre de cas de coronavirus dépasse les 100.000, l’Organisation mondiale de la santé averti de la nécessité d’une réaction urgente

Le nombre de cas causés par la pandémie de Covid-19 a maintenant dépassé les 100.000, tandis que le nombre de décès est passé à près de 3.500. Elle est maintenant au moins 12 fois plus infectieuse et a tué plus de quatre fois plus de personnes que l’épidémie de SRAS de 2002-2003 et continue de se propager à un rythme alarmant.

«Ce n’est pas un exercice», a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, lors d’une conférence de presse jeudi. «Ce n’est pas le moment de chercher des excuses. C’est le moment de tout mettre en œuvre.»

Des élèves font la queue pour se désinfecter les mains afin d’éviter de contracter le coronavirus avant leur cours du matin dans un lycée de Phnom Penh, Cambodge, le 28 janvier 2020 [Crédit: AP Photo/Heng Sinith]

Le Dr Ghebreyesus a fait ses remarques alors que les nouveaux cas en Chine continentale atteignaient de nouveaux minimums tandis que les nouveaux cas à l’extérieur du pays continuaient à augmenter. Moins de 200 nouveaux cas se sont annoncés à Wuhan, l’origine de l’épidémie, au cours des cinq derniers jours, alors qu’auparavant plus de 2000 nouveaux cas se manifestaient chaque jour depuis le 2 mars. Si les tendances actuelles se poursuivent, le nombre total de cas hors de Chine dépassera le nombre de cas en Chine d’ici la fin du mois.

La propagation du virus a maintenant atteint 97 pays, ce qui a provoqué l’arrêt de nombreux événements sociaux et culturels majeurs. On a annulé la deuxième plus grande foire du livre d’Allemagne, qui se tenait à Leipzig, en raison des craintes suscitées par le coronavirus. Le festival annuel de technologie, de musique et de cinéma SXSW à Austin, Texas ne se tiendra pas non plus cette année. L’annulation coûtera à la ville des centaines de millions en termes de tourisme, de vente de billets et d’autres revenus. La semaine dernière, l’American Physical Society a annulé sa réunion annuelle avec seulement 34 heures de préavis. Cela a laissé une grande partie de ses 10.000 membres, dont de nombreux étudiants diplômés, avec le coût d’un billet d’avion gaspillé.

Cette situation a également poussé plusieurs médecins à travailler jusqu’à l’épuisement, voire à la mort. Le Los Angeles Times a rapporté qu’en date de lundi, 18 décès ont eu lieu parmi les travailleurs médicaux qui s’occupent de patients atteints de Covid-19. Cela inclut certains qui sont morts directement du virus et d’autres, comme le pharmacien Song Yingjie, 28 ans, qui a travaillé à un arrêt d’autoroute pendant 10 jours consécutifs. Elle est morte ensuite d’un arrêt cardiaque induit par l’épuisement. Dans un autre incident, le Dr Xu Hui «ne s’est jamais relevé» de son sommeil après avoir soigné des patients pendant 18 jours d’affilée. À ce jour en Chine, trois mille membres du personnel médical ont été infectés, et c'est aussi le cas de dizaines d’autres à travers le monde.

L’augmentation des nouveaux cas de coronavirus dans de nombreux pays, notamment en Corée du Sud, en Iran, en Italie et aux États-Unis, est particulièrement préoccupante. L’OMS a publié le rapport final de sa mission conjointe en Chine la semaine dernière. Elle a noté que si le taux de mortalité en dehors de la province de Hubei, où se trouve Wuhan, était de 0,7 pour cent, le taux de mortalité au début de la crise était de plus de 17 pour cent parce que les systèmes de santé locaux étaient totalement débordés.

Cela donne une indication sur le nombre de personnes qui mourront dans une zone touchée par le coronavirus dans une zone qui dispose d’hôpitaux et d’installations médicales adéquats d’un côté. Et, de l’autre, les personnes qui mourront dans les zones qui en sont dépourvues. En Italie et en Iran, le taux de mortalité est actuellement de 4,2 et 2,6 pour cent, respectivement, tandis qu’en Corée du Sud, il est de 0,65 pour cent. Ce dernier chiffre bas est dû, en grande partie, aux mesures énergiques prises par le gouvernement pour tester plus de 150.000 personnes à ce jour et pour mettre rapidement en quarantaine et traiter les personnes infectées.

Dans le même temps, l’Italie a testé 23.345 personnes, alors que les États-Unis, qui ont actuellement un taux de mortalité de 5,1 pour cent, n’ont testé que 1500 personnes. Le vice-président Mike Pence a déclaré que «nous n’avons pas assez de tests aujourd’hui pour répondre à la demande que nous prévoyons pour l’avenir». Hier encore, Trump a engagé 8,3 milliards de dollars pour lutter contre la propagation de la maladie, tout en regrettant sans doute qu’il aurait pu acheter huit nouveaux bombardiers furtifs B-2 à capacité nucléaire pour ce prix.

De plus, les cas officiellement confirmés dans des zones très fréquentées comme Los Angeles et New York City sont en augmentation. Ceci indique que le virus se propage depuis des semaines dans ces zones pratiquement sans être détecté, surtout si l’on tient compte de la période d’incubation de deux semaines de l’infection.

Si, par exemple, le virus se développe à New York et infecte un million de personnes, les résultats seraient catastrophiques. On estime que 200.000 de ces patients auraient besoin d’une unité de soins intensifs et que 64.000 autres auraient besoin de respirateurs et d’oxygène. Les infrastructures médicales supplémentaires nécessaires pour gérer une telle crise n’existent pas dans tout le pays, et encore moins dans une seule ville. Le nombre de décès qui en résulterait serait de l’ordre de dizaines de milliers.

Jeudi, l’organisation professionnelle des infirmières (NNU — National Nurses United) a publié un sondage qui indique le manque désastreux de préparation au virus aux États-Unis. Le NNU a interrogé 6500 de ses membres, afin d’étudier la capacité du système de santé américain à traiter et à contenir les cas de ce nouveau coronavirus.

En bref, la majorité des hôpitaux et des cliniques ne sont absolument pas préparés à une épidémie. Moins des deux tiers d’entre eux ont pour politique de poser des questions sur les antécédents de voyage ou d’exposition si un patient présente des symptômes du coronavirus. Seuls 29 pour cent ont un plan pour isoler et traiter un patient atteint de Covid-19. Seulement 14 pour cent ont un plan de débordement pour obtenir du personnel supplémentaire afin de fournir les soins nécessaires pour lutter contre la maladie. Et un peu moins d’un hôpital sur cinq a mis en place une politique d’informer ses employés des cas connus ou suspectés d’exposition au virus.

L’enquête a également demandé aux infirmières si elles disposaient d’un équipement adéquat. Seulement 63 pour cent ont déclaré avoir accès à des masques N95 haut de gamme et seulement 27 pour cent des hôpitaux disposent de respirateurs électriques purificateurs d’air, une forme de combinaison de protection contre les matières dangereuses. Enfin, moins d’un tiers des infirmières indiquent qu’elles disposent de suffisamment de masques, de combinaisons, de gants, de blouses et de lunettes pour traiter leurs patients en toute sécurité.

Les universités américaines sont également largement sous-équipées pour traiter le coronavirus. L’université de Washington, qui compte 50.000 étudiants dans la région métropolitaine de Seattle, s’est tournée uniquement vers les cours en ligne, car elle craint que l’infection ne se propage sur les campus. Ces mesures resteront en place pour le reste du trimestre d’hiver et il n’est pas certain que les cours reprendront normalement au printemps.

À l’université d’État du Montana, l’administration a officiellement annulé tous les voyages en Italie le 6 mars. Cependant, ses étudiants qui étudient à l’étranger dans ce pays ont reçu l’ordre de ne pas partir avant le 10 mars afin de terminer les cours. Ils sont également obligés de supporter les frais de modification de leur plan de vol. Ils ne vont pas pouvoir se faire rembourser l’argent qu’ils ont dépensé pour participer au programme d’études à l’étranger. L’université ne facilitera pas non plus les tests pour le virus parmi les étudiants ou les professeurs à leur retour, ouvrant la probabilité qu’elle devienne la plaque tournante des cas de coronavirus dans la région.

Comme le coronavirus continue de se propager, il est devenu évident que l'on peut empêcher sa propagation. Les mesures de quarantaine sont efficaces, comme cela a été démontré en Chine, et l'on a conçu en quelques semaines des tests efficaces pour détecter le Covid-19, même si la personne ne présente aucun symptôme.

Le problème de stopper cette maladie n’est pas d’ordre scientifique, mais politique. Un grand fossé existe entre le vaste potentiel de la médecine moderne et l’irrationalité d’une société fondée sur le profit privé et la division du monde en États-nations. Ce fossé ne peut être comblé que dans le cadre de la lutte urgente pour le socialisme.

(Article paru d’abord en anglais 7 mars 2020)

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