Macron prépare le déconfinement au mépris de la santé des travailleurs

Bien que le pic épidémique ne soit pas encore atteint et sur aucune base scientifique, le premier ministre Edouard Philippe prépare le déconfinement de la population comme il l’a annoncé mercredi à la mission d’information parlementaire. Ce n’est pas à un gouvernement totalement discrédité par les travailleurs et visé par de multiples plaintes de collectifs de médecins qui doit décider de la fin du confinement, mais aux travailleurs eux-mêmes.

Depuis deux semaines la population française est confinée comme des milliards d’être humains pour ralentir la propagation du COVID-19. Malgré ce confinement, en une semaine, le nombre de cas positif au COVID-19 dans le monde a franchi le cap du million et a fait 53.000 décès.

Initialement d’une durée de deux semaines, le confinement en France a été prolongé de deux semaines. Pierre-Louis Druais du conseil scientifique de Macron explique que «la dynamique actuelle de l’épidémie nous emmène sur une durée potentielle à six semaines à partir du 15 mars». Le nombre de victimes du coronavirus ne cesse d’augmenter exponentiellement. Le bilan a été porté à 60 000 cas et près de 5 400 morts à l’hôpital. A cela il faut ajouter le bilan «provisoire» de 884 décès de personnes âgées dans les Ehpad, dissimulé jusqu’à jeudi soir par les autorités.

Devant la mission d’information parlementaire composée des présidents des différentes commissions et des différents groupes politiques, Philippe et le ministre de la Santé Olivier Véran ont été interrogés sur «l’impact, la gestion et les conséquences de l’épidémie de Coronavirus-Covid2019». Edouard Philippe a expliqué que le pic de l’épidémie n’est pas encore atteint mais la question du «déconfinement» est «redoutablement complexe»: «D’abord parce qu’il n’y a pas de précédent, pas de processus écrit, pas de précédent éprouvé.»

Et de poursuivre : « Il est probable que nous ne nous acheminons pas vers un déconfinement qui serait absolu, partout et pour tout le monde. C’est une stratégie nationale qui devra être présentée et discutée. Nous espérons pouvoir avancer sur le sujet dans la semaine, les jours qui viennent, de façon à donner une perspective à nos concitoyens. ».

Le gouvernement ne dit pas qui pourra sortir du confinement. Est ce que seront des personnes qui auront déjà été contaminées ? Sont elles physiquement capable de reprendre le travail ? Combien de temps sont elles immunisées ? Combien durera cette période d’immunité? Les mesures seront elles prises pour assurer la sécurité des travailleurs qui n’ont pas été contaminés?

Philippe avoue que «Nous ne savons pas tout» avant d’expliquer que ses «décisions sont souvent prises sur le fondement d’informations incomplètes et contradictoires». Reconnaissant qu’il n’existe aucune base scientifique qui permette un déconfinement sans risque, le gouvernement de manière irresponsable va provoquer une accélération du nombre de cas car l’épidémie n’est pas maîtrisée.

Le gouvernement n’a aucune légitimité pour décider du déconfinement. Il a subordonné la vie des millions de personnes pour maintenir les profits des grandes entreprises et rassurer les marchés financiers. Les aveux de l’ex ministre de la santé, Buzyn que le gouvernement n’avait rien fait durant des semaines, tout en sachant que la pandémie arrivait en Europe engagent sa responsabilité politique et pénale ainsi que celle du gouvernement.

Qualifiant le COVID-19 de simple «gripette», le gouvernement a mis en plus de la population, les personnels soignants qui sont en première ligne en danger. Le système hospitalier manque de tout, il est saturé suite à des décennies d’austérités faisant face à une pénurie de masques FFP2 et le gouvernement a refusé un dépistage massif de la population comme le recommande l’OMS. Malgré la crise sanitaire, ce gouvernement et l’UE ont injecté des centaines de milliards d’euros sur les marchés financiers.

Le confinement de la population a provoqué une chute de l’activité industrielle mondiale. En deux semaines, les Etats-Unis ont vu 10 millions de travailleurs être mis au chômage. Selon Bercy, la France fonctionne à 25 pour cent de ses capacités industrielles. 400 000 entreprises ont sollicité le ministère du Travail pour placer 4 millions d’ouvriers en chômage partiel.

L’État veut la reprise du travail pour que les travailleurs produisent des profits sur les sommes massives d’argent public fournies à l’aristocratie financière. Dans le cadre du «dialogue social», le gouvernement compte sur les ordonnances imposées après le vote de l’état d’urgence sanitaire pour lancer une attaque majeure sur les conditions de travail et salariales sous la pression d’un chômage de masse.

Renault se prépare à lancer la reprise de son activité en négociant avec la CGT le prélèvement aux salariés d’un jour de congé payé tous les cinq jours d’activité partielle; le passage à des semaines de 6 jours de travail dans la limite de 3 semaines par mois; une majoration des heures supplémentaires qui passerait de 25 à 10 pour cent; ou encore la remise en cause des congés d’été en limitant ceux-ci à 12 jours consécutifs.

Ce n’est pas au gouvernement ni aux directions des grandes entreprises et aux banques d’imposer la reprise du travail et sous des conditions qui n’ont plus été vues pour les travailleurs depuis le début du 20e siècle.

La décision de reprendre le travail revient à la classe ouvrière, mobilisée dans une lutte politique indépendante contre la pandémie et contre la classe capitaliste. Les travailleurs doivent créer leur propres comités d’action de base, indépendants des appareils syndicaux. Ces comités doivent exiger: la préservation de l’emploi, les pleins salaires payés pendant que les travailleurs sont forcés de s’isoler chez eux, la disponibilité pour tous – citoyens, immigrés ou réfugiés de soins gratuits et de qualité. Ceci nécessite la nationalisation de l’industrie, à l’échelle européenne et mondiale, afin de fournir en urgence les équipements nécessaires à lutter contre la pandémie.

Ces revendications ne peuvent être imposées sans un contrôle par les ouvriers de l’économie, ce qui pose donc la question d’une lutte pour la prise du pouvoir des travailleurs. Elles exigent donc une lutte politique non seulement contre Macron, mais contre les appareils syndicaux qui ont isolé la lutte des «gilets jaunes», ainsi que leurs alliés politiques de pseudo gauche, tels que la France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon.

Les syndicats vont participer à la négociation de l’application des ordonnances de Macron, dont LFI a voté la loi de finances à l’Assemblée. Le déconfinement voulu par Mélenchon est dicté par les besoins des marchés de retrouver les liquidités et la volonté de Macron de cacher la responsabilité écrasante de son gouvernement dans la gestion catastrophique de la pandémie.

Alors que des médecins déposent déjà une plainte pénale contre Philippe pour sa gestion de la crise, Mélenchon a dit à BFMTV que «je ne me préoccupe pas du passé pour pas faire d’histoire mais je me tourne vers le futur. C’est quand la fin du confinement? Quelles seront les conditions à réaliser pour la fin du confinement? Comment va t on l’organiser matériellement?»

La pandémie révèle le gouffre qui existe entre les travailleurs et les couches petite-bourgeoises représentées par LFI. L’orientation de Mélenchon vers une collaboration avec La République en Marche de Macron n’est pas surprenante mais fait partie d’une évolution internationale. En Espagne le partis-frère de LFI, Podemos, envoie l’armée dans les rues pour imposer le confinement et mène une politique austérité au côté des social-démocrates.

Les travailleurs doivent rompre avec les organisations syndicales et leurs alliés de la pseudo gauche. C’est la seule façon pour les travailleurs de prendre le pouvoir économique et politique afin de mener une politique rationnelle et scientifique face à la pandémie du coronavirus.

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