Deux millions de cas de coronavirus dans le monde et près de 30.000 décès aux États-Unis

Le nombre de personnes sur la planète infectées par COVID-19 a franchi le cap des deux millions mercredi, la pandémie ayant tué près de 8.000 personnes en une seule journée. La moitié d’entre elles se trouvaient en Europe, qui reste le continent le plus durement touché, tandis que le plus grand nombre de victimes en un seul pays se trouvait aux États-Unis, soit 2.482 personnes.

Près de 5.000 Américains sont morts du coronavirus au cours des deux derniers jours, mais ni le gouvernement américain ni les médias d’entreprise ne semblent s’en soucier. Lors du point de presse de la Maison-Blanche sur le coronavirus mercredi, Trump a fait part de ses griefs contre ses rivaux politiques et a menacé de faire fermer le Congrès. Cela, tout en n’offrant rien pour arrêter la propagation de l’infection ou sauver la vie de dizaines de milliers de personnes aujourd’hui menacées.

Les nouvelles des réseaux de télé américains ont à peine pris note du nombre record de morts mardi, et elles en ont dit encore moins lorsque ce chiffre s’est fait dépasser à son tour par celui de mercredi. Au lieu de cela, elles ont fait état des demandes croissantes (venant des grandes entreprises et de l’extrême droite) pour rouvrir l’économie et forcer les travailleurs à reprendre le travail, quels que soient les dangers pour leur santé et leur vie. Pendant ce temps, l’armée continue de construire des hôpitaux de campagne, non pas pour les patients d’aujourd’hui, mais pour accueillir le plus grand nombre encore à venir.

Quincaillerie dans le quartier de Benito Juarez à Mexico, mercredi 15 avril 2020 (AP Photo/Rebecca Blackwell)

La crise de COVID-19 est une crise mondiale, et le nombre de décès par habitant est encore plus élevé en Italie, en Espagne, en France et en Grande-Bretagne qu’aux États-Unis.

Mercredi, la pandémie a tué 1.438 personnes en France, 761 en Grande-Bretagne, 578 en Italie et 557 en Espagne, qui porte le nombre cumulé de décès dans ces quatre pays à 70.492, selon les chiffres publiés sur WorldoMeter. La Grande-Bretagne atteindra 100.000 cas de coronavirus aujourd’hui [jeudi], rejoignant ainsi la France, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne.

Un des pays les plus touchés, en termes de décès par million de personnes, est la Belgique, qui a subi 4.440 décès, bien plus que la Chine, qui compte 100 fois plus de personnes. L’Allemagne aussi, présentée comme un «succès» par rapport au reste de l’Europe, a perdu plus de ses citoyens que la Chine, où le coronavirus a fait son apparition en décembre dernier.

Les États-Unis comptent pour actuellement 30 pour cent des cas de coronavirus et l’Europe, environ 50 pour cent. Cependant, on observe une augmentation des cas au Brésil, en Inde, en Égypte, en Indonésie et dans d’autres pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Ces chiffres ne donnent qu’un aperçu de l’impact potentiel de ce fléau du XXIe siècle lorsqu’il atteint les pays les plus pauvres, dont les systèmes de santé publique et d’assainissement sont les plus faibles. La réponse de l’administration Trump, cependant, est de tourner le dos à la majorité de l’humanité en arrêtant sa contribution au financement de l’Organisation mondiale de la santé.

Contrairement aux prédictions d’un déclin de la maladie qui sont faites aux points de presse de la Maison-Blanche et d’après les modèles officiels, le nombre de nouveaux cas continue d’augmenter, et le nombre de décès par jour aux États-Unis a doublé en seulement neuf jours.

À ce terrible jalon de deux millions d’êtres humains infectés, il convient de rappeler la rapidité avec laquelle la pandémie s’est propagée, et l’incapacité totale des gouvernements capitalistes, tant en Europe qu’aux États-Unis, les sociétés les plus riches et les plus avancées technologiquement de la planète, à faire quoi que ce soit d’efficace pour l’arrêter.

Le 22 janvier, WorldoMeter a commencé à comptabiliser le nombre de cas dans l’épidémie dont l’épicentre se trouvait à Wuhan. Ce jour-là, 580 personnes étaient porteuses du coronavirus. Initialement appelé 2019-nCoV, on a officiellement baptisé le virus SRAS-CoV-2 et la maladie qui lui est associée est devenue le COVID-19 (Corona Virus 2019).

Le 24 janvier, le jour où les autorités chinoises ont mis en place un gigantesque état d’urgence de la ville de Wuhan et de la province d’Hubei, une quarantaine sans précédent dans une zone géographique étendue touchant près de 60 millions de personnes, le nombre officiel de personnes touchées s’élevait à un peu plus de mille. À cette date, on avait communiqué le code génétique du virus au monde entier et l’OMS avait fourni à tous les pays un test capable de détecter le virus. Six jours plus tard, l’OMS a publié un avis officiel d’urgence de santé publique de portée internationale.

Fin janvier, le nombre de cas était passé à plus de 10.000, plusieurs pays ayant confirmé des cas importés, dont la Corée du Sud, Taïwan, Singapour, la France, l’Australie, l’Allemagne, l’Italie, les Émirats arabes unis, l’Inde, la Russie, l’Espagne et les États-Unis.

Au niveau international, des scientifiques, des épidémiologistes et des virologistes se sont employés à élucider la nature de ce coronavirus apparenté au SRAS. Plusieurs publications ont décrit des expériences cliniques de l’infection et l’on a rendu ces rapports disponibles gratuitement dans des revues en ligne.

En pratique, il y a eu au début un large éventail d’expériences nationales avec le virus. Le confinement massif en Chine, combiné à la mobilisation du personnel de santé et des ressources économiques du pays – on a construit deux hôpitaux pour traiter les patients atteints de COVID-19 en quelques jours – a finalement semblé avoir un impact. Le nombre de cas dans la province de Wuhan et du Hubei s’est stabilisé, et le virus n’a pas beaucoup touché les autres régions de Chine due au confinement et l’interdiction de voyager.

À la mi-février, cependant, des rapports en provenance d’Iran ont suggéré que l’épidémie s’était développée de manière incontrôlée. Les sanctions américaines ont contrecarré les efforts déployés par divers gouvernements et groupes d’aide internationale pour orienter l’aide. Au cours de la même période, une cellule d’infection associée à une secte religieuse en Corée du Sud a connu une escalade rapide de la transmission communautaire, entraînant essentiellement l’état d’urgence dans la ville de Daegu. On a mis en place des tests en masse et la recherche des contacts, ce qui a permis de freiner considérablement la propagation.

En mars, cependant, le virus a explosé en Europe et aux États-Unis. Le 6 mars, le nombre total de cas a dépassé les 100.000. Le 9 mars, on a étendu le confinement de l’Italie à l’ensemble du pays puisque le nombre de cas avait rapidement augmenté. Cela s’est suivi par un nombre énorme de décès de médecins et de travailleurs de la santé italiens. Les vidéos de cercueils transportés par camion au milieu de la nuit ont eu un effet profond sur la conscience du monde.

Les premiers cas aux États-Unis, sur la côte ouest, ont entraîné le premier décès près de Seattle, dans l’État de Washington, et une cellule d’infection dans une maison de soins de la région de Seattle. L’administration Trump a créé son groupe de travail sur le coronavirus, et le vice-président Mike Pence a nommé à sa tête la Dre Deborah Birx, la coordonnatrice des interventions. À ce moment-là, le CDC n’avait effectué que quelques milliers de tests et la Maison-Blanche continuait à faire preuve de complaisance et d’indifférence. Trump n’a réagi que lorsque les reportages sur l’épidémie ont entraîné une chute brutale des marchés financiers.

Le 11 mars, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom, a officiellement désigné le coronavirus comme une pandémie, déclarant lors d’une conférence de presse: «Au cours des deux dernières semaines, le nombre de cas de COVID-19 en dehors de la Chine a été multiplié par 13 et le nombre de pays touchés a triplé. Il y a maintenant plus de 118.000 cas dans 114 pays, et 4.291 personnes ont perdu la vie».

Le 13 mars, avec un total de plus de 2.000 cas aux États-Unis, Trump a déclaré une urgence nationale qui a donné accès à 50 milliards de dollars de financement pour les États et territoires américains. État après État, les politiques d’isolement ont commencé, fermant d’abord les écoles, puis la plupart des entreprises. Bien que Trump ait promis que la capacité de dépistage augmenterait, il a déclaré à ceux qui ne présentaient pas de symptômes: «C’est totalement inutile. Ça va passer».

Ce n’est que le 17 mars, lors d’une conférence de presse tenue il y a exactement un mois aujourd’hui, que Trump a finalement demandé «à tout le monde de travailler à la maison, si possible, de reporter les déplacements inutiles et de limiter les rassemblements à 10 personnes maximum».

Une semaine plus tard, alors que le nombre de cas approchait les 100.000 aux États-Unis, la ville de New York se trouvant à l’épicentre de la pandémie, Trump a fait sa tristement célèbre déclaration, se plaignant que le coût financier était plus important que l’endiguement du nombre croissant de décès. «Il ne faut pas que le remède soit pire que le problème lui-même», a-t-il écrit sur Twitter.

Le 2 avril, le monde a franchi le seuil du million de cas. Le nombre de décès avait dépassé les 50.000 personnes. Deux semaines plus tard, ces deux chiffres ont plus que doublé.

Tout au long de ce processus, les médecins, les infirmières et les autres travailleurs de la santé ont travaillé héroïquement, en dépit de grandes difficultés et au péril de leur propre survie, pour sauver des vies. Les gouvernements capitalistes d’Europe et d’Amérique se sont préoccupés d’un problème différent: comment préserver et même accroître la richesse accumulée de la classe dominante capitaliste, aux dépens de la classe ouvrière, quel que soit le nombre de morts.

(Article paru en anglais 16 avril 2020)

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