Stella Morris, la partenaire de Julian Assange, s’exprime: «Sa vie est en jeu»

Dans une vidéo YouTube publiée hier par WikiLeaks, Stella Morris, une avocate de 37 ans, a révélé qu’elle a une relation personnelle avec Julian Assange depuis 2015 et qu’ils ont deux enfants en bas âge ensemble.

Morris a puissamment défendu le fondateur de WikiLeaks, dont elle est la fiancée. Elle a parlé avec émotion du lien étroit qui unit leur jeune famille et a demandé la libération immédiate de Julian Assange de la prison de haute sécurité de Belmarsh, à Londres.

Dans les commentaires supplémentaires au Daily Mail, l’avocate d’origine sud-africaine a expliqué qu’elle s’exprimait publiquement pour la première fois, car la «vie d’Assange est en jeu». Elle a averti que «la mauvaise santé physique de Julian le met en grave danger, comme beaucoup d’autres personnes vulnérables, et je ne pense pas qu’il survivra à une infection par le coronavirus».

«Au cours des cinq dernières années, j’ai découvert que l’amour rend les circonstances les plus intolérables supportables, mais là c’est différent, je suis maintenant terrifiée à l’idée de ne plus le revoir vivant», a-t-elle déclaré.

Morris avait déposé le mois dernier une déclaration à l’appui d’une demande de libération sous caution d’Assange.

La juge Vanessa Baraitser a rejeté cette demande sans ménagement, bien que le fondateur de WikiLeaks n’ait pas été condamné pour un crime et qu’il souffre de nombreux problèmes de santé, notamment d’une maladie pulmonaire chronique. Cela signifie que la pandémie de COVID-19 constitue une menace imminente pour sa vie.

Actuellement, 150 membres du personnel de la prison de Belmarsh sont infectés par le virus ou s’auto-isolent. Il y a deux décès connus de détenus, mais Assange a dit à un ami la semaine dernière qu’il y avait eu d’autres décès.

Baraitser a également décrété que les audiences du tribunal de mai pour l’extradition d’Assange vers les États-Unis se poursuivront. Peu importe que la Grande-Bretagne soit en état de confinement national, que des décès massifs de coronavirus ont lieu et que le fondateur de WikiLeaks ne puisse consulter ses avocats. Cela souligne le fait que Baraitser travaille selon un calendrier prédéterminé dicté par ceux qui orchestrent l’envoi d’Assange aux États-Unis, où il risque la prison à vie pour avoir dénoncé les crimes de guerre américains.

Dans un geste particulièrement vindicatif, Baraitser a rejeté une demande des avocats d’Assange pour qu’on protège l’identité de Morris et de ses enfants. Ils avaient prévenu que Morris s’est déjà fait harceler en raison de sa relation avec Assange. Les appels lancés par de hauts responsables politiques et des agents des services de renseignement américains pour qu’Assange soit réduit au silence, voire tué, la mettent clairement en danger.

Baraitser est resté impassible. Elle a déclaré que c’était dans «l’intérêt public» de révéler l’identité des membres vulnérables de la famille d’Assange.

Dans la vidéo de WikiLeaks, Morris a expliqué qu’elle avait rencontré Assange pour la première fois en 2011, après avoir répondu à un appel de Jennifer Robinson demandant aux diplômés d’Oxford de rejoindre son équipe d’avocats. Parlant couramment le suédois, elle a participé à la défense d’Assange contre un coup monté d’inconduite sexuelle orchestré par l’État et le système judiciaire de ce pays, sans doute en collaboration avec les États-Unis.

Morris a travaillé en étroite collaboration avec Assange à l’ambassade de l’Équateur à Londres, où il a été forcé de demander l’asile politique en 2012. Elle a déclaré qu’ils se sont rapprochés et ont entamé une relation en 2015. «C’est la personne que je connais le plus au monde», a expliqué Morris. «Il est extraordinaire. Il est tendre et aimant.»

L’avocat a déclaré qu’ils avaient pris une «décision délibérée» de former une famille, alors qu’Assange était un réfugié politique dans le bâtiment de l’ambassade. Ils avaient voulu «abattre les murs autour de lui, voir une vie, imaginer une vie au-delà de cette prison». Pour beaucoup de gens, fonder une famille dans ces circonstances serait fou, mais pour nous, c’était la chose la plus saine à faire. C’est ce qui fait que les choses restent réelles… Quand il voit les enfants, cela lui apporte beaucoup de paix, d’attention et de soutien».

Morris a expliqué plus en détail: «Tout comme à la guerre, lorsque les gens tombent amoureux et décident de vivre leur vie, dans un acte de rébellion, je pense que tomber amoureux est une sorte d’acte de rébellion dans un contexte où beaucoup de tentatives de détruire votre vie et votre motivation de faire ce que vous faites ont lieu.»

Leur premier enfant, Gabriel, qui a maintenant deux ans, est né en 2017. Son frère, Max, a un an.

Morris a parlé de la «pression extrême» qu’elle et sa famille ont subie. Elle a fait remarquer qu’en raison du rôle d’Assange en tant que personnalité publique ciblée par de puissants gouvernements pour ses activités de publication, tout ce qui concerne la vie d’Assange est susceptible d’être «utilisé contre lui».

Commentant l’impact de la poursuite d’Assange par les États-Unis sur leurs jeunes enfants, elle a déclaré: «Je pense qu’ils sont tous deux traumatisés par ce qui s’est passé ces dernières années. Je compare cela au fait d’être dans une zone de guerre. Des attaques constantes et incessantes. Qu’il y a des opérations en cours, et ce n’est pas une conspiration folle. Cela fait partie du contexte dans lequel tout ce qui concerne Julian existe».

Morris a conclu en déclarant qu’elle devait s’exprimer publiquement: «Parce que j’ai l’impression que la vie de Julian pourrait toucher à sa fin. Cela fait dix ans qu’on essaie de casser quelqu’un, de détruire sa vie, et c’est un schéma bien connu des lanceurs d’alerte, des gens qui dénoncent les puissants – ils les détruisent… D’une certaine manière, tout le monde a laissé tomber Julian, ils ont tous pris des positions négatives. Ils peuvent faire cela à n’importe qui».

En mai de l’année dernière, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, a constaté qu’Assange présentait des symptômes médicalement vérifiables de torture psychologique. Sa persécution a duré dix ans.

Un groupe de près de 200 professionnels de la santé, organisé au sein de l’organisation «Doctors For Assange», a averti à plusieurs reprises qu’Assange pourrait mourir derrière les barreaux. La raison est le refus du gouvernement britannique de lui fournir des soins médicaux adéquats. Ces dangers n’ont fait que s’aggraver avec la pandémie sans précédent qui sévit dans le système carcéral du pays.

Les commentaires de Morris exposent encore plus l’anarchie de ce traitement. Assange est non seulement un journaliste et un éditeur primé, mais aussi le père de deux enfants britanniques en bas âge.

De plus, les droits des deux garçons se sont déjà fait bafouer par les gouvernements et les services de renseignement. Morris a confirmé que des employés d’UC Global, une société espagnole employée par le gouvernement équatorien pour assurer la sécurité de l’ambassade de Londres, avaient comploté pour voler une des couches de Gabriel, afin de tester son ADN.

À l’époque, UC Global aurait secrètement travaillé en collaboration avec l’Agence centrale de renseignement américaine (CIA) pour espionner Assange. Morris l’a déclaré au Daily Mail: «Je savais que de l’espionnage existait, mais cela semblait impitoyable, si des limites n’existaient pas du tout. Ce n’était pas seulement une invasion de la vie privée de Gabriel, cela m’a fait penser qu’il n’était plus en sécurité».

Assange a rencontré pour la première fois le plus jeune enfant, Max, dans la prison de Belmarsh l’année dernière. Il n’avait pas pu voir le bébé alors qu’il était encore à l’ambassade équatorienne. La raison était les conditions répressives imposées par la nouvelle administration de ce pays au début de 2018, qui s’apprêtait à revenir sur l’asile politique du fondateur de WikiLeaks et à le livrer à ses persécuteurs.

La vidéo de la naissance de Max faisait partie des biens d’Assange qui se sont fait voler par les autorités équatoriennes, après qu’elles l’aient expulsé de l’ambassade en avril dernier. Avec tous ses autres biens, on l’a remis illégalement au gouvernement américain.

Les commentaires de Morris soulignent la brutalité de la poursuite prolongée d’Assange. Ils démontrent les enjeux immenses de la défense du fondateur de WikiLeaks, pour les droits démocratiques de la classe ouvrière, mais aussi pour sa jeune famille. L’intervention de Morris est une puissante réfutation des attaques incessantes contre Assange, qui visent à le déshumaniser et à légitimer l’abrogation de ses droits.

La vidéo a suscité une réaction chaleureuse de dizaines de milliers de personnes dans le monde entier. Comme on pouvait s’y attendre, un certain nombre de tabloïds ont publié des articles salaces. Ils présentent de manière absurde la décision d’un éditeur alors âgé de 45 ans d’entrer dans une relation personnelle et d’engendrer des enfants comme quelque chose d’inhabituel, voire de scandaleux.

Comme cela a souvent été le cas, les représentants du Guardian, l’organe interne de la classe moyenne supérieure britannique, ont adopté la position la plus méprisable.

L’une des reporters du journal, Hannah Jane Parkinson, a tweeté, sur une image particulièrement émouvante d’Assange avec Gabriel en nouveau-né: «Excusez-moi pendant que je vomis pour l’avenir prévisible.» Lorsque la mère d’Assange, Christine, a protesté, Jane Parkinson l’a bloquée.

Le journaliste du Guardian prétend être une autorité en matière de maladies mentales et de «complexités et contradictions de la maladie». C’est clair que sa sensibilité ne s’étend pas à un journaliste persécuté ou à son bébé.

Dans leur malice et leur vindicte sans limites, ces personnes révèlent qu’elles franchiront n’importe quelle limite pour servir les intérêts de l’élite des affaires et de l’État afin d’attaquer ceux qui remettent en cause le statu quo. Bien après que des personnes comme Jane Parkinson et ses semblables aient été oubliées, Assange continuera à être considéré par des millions de personnes comme un héros qui a tout risqué pour la vérité.

(Article paru en anglais 13 avril 2020)

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