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Les discours prononcés aujourd'hui par les dirigeants et les partisans du Comité international de la IVe Internationale sont une condamnation des gouvernements, de la classe dominante et du système capitaliste.

En même temps, ils fournissent un programme et une perspective pour une riposte de la classe ouvrière internationale.

On a eu des intervenants de Nouvelle-Zélande, d’Australie, du Sri Lanka, du Royaume-Uni, d’Allemagne, de France, de Turquie, du Brésil, de Costa Rica, des États-Unis et – si, comme je l’espère, on arrive à joindre le camarade Keith – du Canada. Nous avons aussi eu des participants d’Inde, des Philippines, du Pérou, de Norvège, du Timor de l’Est, du Nigéria, du Japon, d’Italie, de Thaïlande, de Grèce, du Mexique et de nombreux autres pays.

En cela, notre rassemblement est absolument unique. Il incarne le principe fondamental du 1er mai: d’unifier les travailleurs du monde entier sur la base de leurs intérêts de classe communs.

Le coronavirus est un phénomène naturel. Cependant, il est apparu et s'est développé dans un contexte social et économique bien défini. Le nombre massif et croissant de morts, l'appauvrissement de dizaines de millions de personnes, la campagne pour un retour au travail dans des conditions dangereuses sont des produits de la société et non de la nature.

A chaque étape de cette pandémie, comme l'ont montré les discours d'aujourd'hui, les gouvernements ont réagi en tentant de sauver non pas les vies, mais les profits.

C’est ce qui a empêché une réponse scientifique, coordonnée au niveau mondial, rationnelle et humaine au COVID-19.

Pendant des décennies, l'élite patronale et financière a dévasté l'infrastructure sociale, démantelant tout ce qui entravait l'accumulation de richesse et l'exploitation de la classe ouvrière.

Cela n'est nulle part plus vrai qu'aux États-Unis, le centre du capitalisme mondial.

L’administration Trump a réagi à la pandémie d’abord en minimisant son importance. Mais sa déclaration que le virus ne ferait que «passer» n'était que l'expression la plus flagrante de son indifférence à l'égard du sort de millions de personnes.

Depuis des décennies, scientifiques et épidémiologistes pointent le risque d’une telle pandémie. Mais sous les démocrates comme sous les républicains, rien n'a été fait pour constituer des stocks d'équipements médicaux vitaux ou de tenues de protection pour les travailleurs médicaux.

L’élite patronale et financière préférait attaquer les infrastructures sociales, pour casser tout obstacle à l’accumulation de richesses par l’élite et à l’exploitation de la classe ouvrière.

En même temps, on dépensait des milliers de milliards sur les guerres qui ont dévasté des sociétés entières et transformé des millions de personnes en réfugiés vulnérables au coronavirus.

C’est l’administration Obama, en outre, qui a organisé le sauvetage de Wall Street après le krach de 2008, qui a servi d’essai à la politique menée actuellement au milieu de la pandémie.

Pendant les trois dernières années et demie, les démocrates ont déclaré que la plus grande menace pour la population américaine était Vladimir Poutine et la Russie. Toute l'opposition sociale au régime Trump a été subordonnée au programme réactionnaire des agences militaires et de renseignement, y compris la persécution de Julian Assange.

Les intérêts sociaux qui ont produit ces conditions sont les mêmes qui ont dicté la réaction officielle à la pandémie.

Tout en minimisant le danger, la classe dirigeante préparait et lançait une opération de pillage sans précédent dans l'histoire, dépassant même de loin celle d’après la crise financière de 2008.

Les montants remis à Wall Street sont, pour le commun des mortels, incompréhensibles. On les mesure en milliers de milliards de dollars. La Réserve fédérale verse aux riches 80 milliards de dollars chaque jour.

Il faudrait au travailleur moyen, qui gagne 31.000 dollars par an, deux millions cinq cent quatre-vingt mille ans (2.580.000) pour gagner la somme qu’on fournit chaque jour à Wall Street. Autrement dit, il faudrait trouver 2.580.000 travailleurs, à 31.000 dollars par an, pour travailler toute une année afin de gagner ce que Wall Street reçoit chaque jour.

Que pourrait-il y avoir de plus obscène que le fait qu’au milieu des morts et de la dévastation économique, les milliardaires non seulement maintiennent mais augmentent leur richesse?

Après s'être gavée, l'oligarchie financière et ses pantins médiatiques réclament un «retour au travail», une politique qui conduira, et ils le savent, à des dizaines, voire des centaines de milliers de morts supplémentaires.

Considérez le fait, rapporté par le World Socialist Web Site aujourd’hui, que selon NBC News, les autorités américaines «ont passé une commande de plus de 100.000 sacs mortuaires pour les victimes du COVID-19» le mois passé. Et elles prétendent ensuite que les travailleurs peuvent rentrer au travail sans danger. C’est un mensonge.

Leur but est de «normaliser» la mort et la pandémie, c'est-à-dire d'acclimater la population à l’idée que beaucoup de personnes vont mourir; et que cette mort n'est qu'une réalité de la vie.

Pour eux, les travailleurs sont remplaçables. S'ils meurent, ce n'est que le coût des affaires. D'autres prendront la place de ceux qui mourront.

La classe dirigeante compte utiliser le désespoir social pour imposer la reprise du travail. Le chiffre de 30 millions de chômeurs aux États-Unis sous-estime la réalité. Des millions de gens n’ont pas accès à l’assurance-chômage.

Qui peut prétendre qu’il est difficile de verser des aides aux travailleurs, quand Wall Street reçoit d’emblée des aides de milliards de dollars? Personne n’attend devant les banques alimentaires ou sur des plateformes en ligne pour obtenir des milliards de la banque centrale.

Ceux qui refusent de travailler dans des conditions dangereuses se verront refuser toute aide sociale ou gouvernementale. Leur ligne sera: travaille ou crève.

En même temps, l'administration Trump et le Congrès font pression pour que les entreprises soient protégées de toute responsabilité juridique en cas de décès dus au coronavirus. En clair, l'État dit aux sociétés américaines: vous pouvez tuer vos employés sans conséquence.

Voilà la réalité du capitalisme, de la domination de classe, du diktat de l'oligarchie financière.

L’administration Trump, dans toute sa vulgarité, son indifférence envers les vies humaines, sa corruption et sa criminalité assumées, incarne ces intérêts de classe.

Mais on ne le répétera jamais assez, le Grand Hold-up de 2020, perpétré par Wall Street, a été cautionné par le vote unanime du Congrès américain. Tous les républicains et démocrates du Sénat, y compris le prétendu «socialiste démocrate» Bernie Sanders, ont voté pour.

L'adoption du «CARES Act» exprime, bien plus que les promesses creuses, les véritables intérêts de classe qui dictent la politique du gouvernement.

Qu’est-il devenu de Bernie Sanders? Au moment même où la réalité démontre la faillite du capitalisme, Sanders a déclaré que sa «révolution politique » était terminée et a proclamé son soutien inconditionnel à Biden, la personnification du Parti démocrate en tant que parti de Wall Street et de l'armée.

Il fait ce qui a toujours été le but de sa campagne: faire tout son possible pour que la colère sociale et politique ne déborde pas le Parti démocrate.

C’est vite dit.

En fait, les États-Unis sont mûrs, depuis trop longtemps, pour le socialisme, pour la révolution.

Avant la pandémie, alors que le Parti de l'égalité socialiste lançait sa campagne électorale, nous avions fait remarquer que la grande question des élections de 2020 était le socialisme. Dans un pays où l'anticommunisme a été une religion d'État, dans ce qu'on appelle le «pays des possibilités illimitées», on découvre que des millions de personnes sont hostiles au capitalisme.

L’année dernière, aux États-Unis, les travailleurs ont procédé à plus d'arrêts de travail qu'en près de deux décennies, au mépris des agences du patronat que sont les syndicats.

Depuis, la pandémie a accéléré considérablement la lutte des classes et la radicalisation politique. Il y a eu des grèves et des débrayages dans l'automobile, les transports, les postes, la construction, la transformation de la viande, et bien d'autres secteurs.

En fait, c’étaient les débrayages sauvages des travailleurs de l’automobile et ailleurs qui ont imposé la fermeture des usines.

Et comme nous l’avons vu, cela fait partie d’un processus international, de la France au Brésil, de l’Allemagne jusqu’en Turquie, de l’Australie au Mexique.

Ce n'est qu’un début. Les efforts de l'élite au pouvoir pour imposer un retour au travail – et la tentative de restructurer massivement les rapports de classe pour payer le sauvetage des riches – se heurteront à une énorme opposition de la classe ouvrière.

De grandes luttes révolutionnaires émergent à nouveau, aux États-Unis et dans le monde entier. La question est de savoir qui dirigera ces luttes.

Le Parti de l'égalité socialiste et le Comité international de la IVe Internationale insistent sur le fait qu'il n'y a pas de solution à la crise à laquelle l'humanité est confrontée à l'intérieur des frontières d'un État-nation. Tous les grands problèmes: la pandémie de coronavirus, le danger de guerre mondiale, la menace du changement climatique, les inégalités et l'exploitation sociales, la persécution de Julian Assange sont des problèmes mondiaux, nécessitant des solutions mondiales.

Nous insistons qu’il faut allouer des milliers de milliards non pas pour sauver Wall Street, mais pour mettre en œuvre un programme d’urgence pour construire des infrastructures médicales et donner des tenues de protection à tous les travailleurs essentiels.

Il faut effacer les prêts aux étudiants, les hypothèques et les autres moyens servant à rediriger les revenus des travailleurs vers les banques. Les travailleurs doivent tous continuer à recevoir 100 pour cent de leurs salaires tout au long de la pandémie, alors que la production non-essentielle doit rester à l’arrêt. Des soins de la plus haute qualité doivent être disponibles, gratuitement et également pour tous.

Ces mesures d’urgence pour défendre les intérêts de la classe ouvrière, aux États-Unis et à l’international, ne peuvent être obtenues au sein des appareils d’État existants.

Elles nécessitent un assaut direct contre le système capitaliste. Il faut saisir la richesse des oligarques financiers, et briser leur diktat sur le système social et économique en transformant les grandes banques et les grandes sociétés en entreprises publiques.

La mise en œuvre de pareilles mesures, essentielles pour sauver des vies, nécessite la mobilisation révolutionnaire de la classe ouvrière afin de prendre le pouvoir en établissant un État ouvrier – c’est-à-dire un gouvernement des travailleurs, par les travailleurs et pour les travailleurs – aux États-Unis et internationalement, pour mettre en œuvre la politique socialiste qui est nécessaire pour sauver l’humanité du désastre.

Lutter pour cette perspective révolutionnaire nécessite la construction d’une avant-garde dans la classe ouvrière.

Notre mouvement, le Comité international de la IVe Internationale, le mouvement trotskyste, a maintenu à travers son histoire les véritables traditions et la véritable perspective du marxisme. Nous avons combattu les mensonges et les trahisons des staliniens, des sociaux-démocrates, des réformistes, des bureaucrates syndicaux et des opportunistes de tout poil.

Ce sont ces traditions que nous mettons en avant dans les luttes d’aujourd’hui.

Les personnes voulant lutter pour le socialisme ne manqueront pas. Comme l’a souligné le camarade David au début de cette réunion, la crise objective pousse la classe ouvrière vers la révolution socialiste. Mais ce mouvement objectif a besoin de s’armer d’une stratégie qui unifie les luttes de la classe ouvrière en un mouvement mondial pour le socialisme.

Cette stratégie a été le contenu de ce rassemblement pour la journée internationale des travailleurs.

La conclusion essentielle qui ressort de toutes ces présentations, pour ceux qui nous écoutent aujourd’hui, c’est de vous décider à rejoindre et construire le Comité international de la IVe Internationale et le Parti de l’égalité socialiste.

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