Macron prépare des attaques sur l’emploi face à la crise du COVID-19

Après avoir injecté des centaines de milliards d’euros sur les marchés financiers, les gouvernements européens imposent une reprise du travail prématurée aux travailleurs et comptent faire peser sur leur dos les dettes engendrées par la pandémie du COVID-19. Sur fond du plus grand coup d’arrêt de l’économie européenne depuis la dépression des années 1930, le gouvernement Macron compte imposer une contre-révolution, coordonnée avec les appareils syndicaux, visant les acquis sociaux obtenus par les luttes de la classe ouvrière au XXe siècle.

L’arrogance de classe de l’aristocratie financière est sans bornes. Déjà, elle s’abreuve de milliers de milliards d’euros, avec deux plans de relance de 750 milliards et 540 milliards d’euros de la seule Banque centrale européenne. Entre-temps, des centaines de milliers de travailleurs sont licenciés et des dizaines de millions au chômage technique à cause du ralentissement soudain de l’activité face au COVID-19. Pourtant, les ultra-riches accaparent ces richesses pour préparer de profondes attaques sur l’emploi et les acquis sociaux.

Rien que dans l’aéronautique, des licenciements massifs sont annoncés. Air France-KLM prévoit déjà 1.200 à 2.000 suppressions d’emplois, British Airways 12.000, SAS Scandinavian Airlines 5.000, Icelandair 2.000, ou encore Ryanair 3.000. Ce n’est pourtant qu’un avant-goût de ce qui est en préparation à travers l’Europe.

Les États européens eux-mêmes ont avalisé l’arrêt de la production et le confinement, exigés par les travailleurs face au COVID-19, en tant que nécessité sanitaire, mais ils veulent en faire porter le poids aux travailleurs. En France, 12,2 millions de salariés sont au chômage partiel, soit près de six salariés sur dix, en Allemagne plus de 10 millions. Bien que les mesures de chômage partiel aient été mis en place afin d’éviter des licenciements massifs, Macron ne compte pas l’étendre afin d’exercer une pression financière sur les travailleurs et les forcer à reprendre le travail.

Sur la chaîne d’information BFM-TV, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a dit que le dispositif du chômage partiel, par lequel l’État paie les salaires aux entreprises afin d’éviter des licenciements, n’irait pas au-delà du mois de juin: «La prise en charge va diminuer, le taux de remboursement des entreprises par l’État ne sera plus à 100 pour cent d'ici début juin. Quand une entreprise peut repartir, il faut réactiver le contrat de travail. L'Etat n'a pas à payer indéfiniment, ça n'a pas de sens.»

La ministre à aussi indiqué un assouplissement de la réglementation sur les contrats à durée déterminé, aujourd’hui limités à deux même si dans la réalité les entreprises, y compris publiques, vont au-delà, afin de précariser de larges couches de travailleurs. Pénicaud a dit, «Dans un cas où il y a des entreprises qui reprennent et où il y avait des CDD intérimaires qui étaient au chômage partiel. Nous avons prévu dans un texte de loi que de façon exceptionnelle jusqu'à la fin de l'année, s'il y a un accord majoritaire avec les partenaires sociaux, les entreprises puissent dépasser les deux renouvellements de CDD mais sans dépasser les 18 mois de durée totale.»

Depuis le début du confinement, le gouvernement Macron mais aussi les think-tank ou encore le Medef interviennent dans la presse et les médias, afin de prendre le pouls de la population et de l’inciter à «faire un effort pour un après difficile». Comme l’a souligné en mars un membre de l’entourage du Premier ministre Edouard Philippe, ce dernier avait «demandé à ce qu’une équipe interministérielle commence à travailler sur l’après. C’est un travail de préparation, de début de réflexion sur où en sera la France».

La semaine dernière, l’Institut Montaigne a été mis en avant dans les médias pour avoir publié une série de propositions allant dans le sens du patron du Medef. Préconisant de s’appuyer sur le dialogue social qui a permis la casse du code du travail par la loi travail comme la casse des 35 heures, le groupe de pensée propose d’augmenter la journée de travail jusqu’à 48h, de décaler le paiement des heures supplémentaires, RTT d’une année, et de supprimer le jeudi de l’Ascension.

Ces préconisations sont un avant goût de ce que Macron avec les syndicats et le patronat préparent. L’Insitut Montaigne a joué un rôle majeur dans l’ascension de Macron. En 2012, ce dernier est devenu Young leader de la French-American Foundation, dont Philippe Manière (directeur de l’Institut Montaigne où Macron a fondé En Marche) et Alain Minc (trésorier de la Fondation Saint-Simon, prédécesseur de la fondation Montaigne) sont administrateurs. Macron est ensuite devenu secrétaire général adjoint de la présidence de la République auprès de François Hollande, puis ministre de l’Économie en 2014.

Repris par le journal Libération dans l’article «‘Travailler plus’: le gouvernement prépare les Français à un ‘après’ difficile, la secrétaire d’état du ministre de l’économie, Agnès Pannier-Runacher, a dit que l’« effort » passerait par une augmentation du temps du travail : « il faudra probablement travailler plus que nous ne l’avons fait avant. Il faudra mettre les bouchées doubles pour créer de la richesse collective ».

Dans une interview pour le Figaro, Geffroy Roux de Bézieux est allé plus loin: «Il faudra bien se poser tôt ou tard la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise économique et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire.»

Les déclarations de membres du gouvernement et du patron du Medef sont des avertissements pour les travailleurs. Le gouvernement et le patronat comptent sur cette crise pour détruire les acquis sociaux obtenus par les travailleurs pendant la grève générale de 1936 avec la complicité des syndicats. Dans le cadre du dialogue social, les syndicats, patronat et gouvernement ont déjà commencé à préparer la généralisation de la casse des acquis sociaux obtenus en 1936 dans des secteurs stratégiques pour le capitalisme français comme l’aéronautique ou encore l’automobile en appliquant les souhaits du patronat.

S’appuyant sur la loi d’état d’urgence sanitaire, les syndicats ont imposé la reprise du travail en imposant les souhaits du patronat et de l’état comme chez Renault. Alors que la pandémie n’est pas maîtrisée et qu’il existe une menace de foyer de contamination dans les usines, quatre syndicats sur cinq ont signé un accord faisant abandonner un jour de congés aux salariés, une augmentation du nombre d’heures travaillés et un jour de travail en plus par semaine.

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