Les écoles rouvertes ferment dans toute la France en raison de la découverte du coronavirus parmi les élèves et le personnel

Deux semaines après la réouverture des écoles et la fin des restrictions de confinement en France le 11 mai, les écoles sont contraintes de fermer à nouveau après que des élèves et des enseignants ont été testés positifs au coronavirus.

La fermeture des écoles ne fait que souligner l’indifférence criminelle et l’imprudence de la politique de réouverture menée par le gouvernement Macron. Cette politique a le soutien des syndicats et de l’establishment politique, et correspond à ce que font les autres gouvernements d’Europe et d’Amérique.

Il n’y a pas de registre officiel du nombre total d’écoles qui ont fermé depuis leur réouverture le 11 mai. Le 8 mai, le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer a admis que 70 écoles avaient soit fermé soit reporté la réouverture après qu’un élève ou un membre du personnel a été testé positif. Comme les symptômes n’apparaissent le plus souvent que plusieurs jours après qu’un patient est devenu contagieux, un nombre incalculable d’autres membres du personnel et d’élèves ont donc été exposés au risque d’infection.

Après avoir admis le grand nombre d’écoles qui avaient fermé, Blanquer a déclaré avec insouciance que cela était «inévitable» et que «le fait d’être amenés à fermer une école ne [devait] pas inquiéter», puisque les premiers cas à la suite de la réouverture auraient dû être contractés avant la réouverture des écoles. Toutefois, cela ne fait que mettre en évidence le danger que les écoles deviennent un important propagateur du virus, à mesure que l’impact de la fin du confinement commencera à se faire sentir.

Après la réouverture des écoles élémentaires et des jardins d’enfants le 11 mai, les écoles secondaires ont ouvert leurs portes pour les élèves de 7e et 8e années le 18 mai, et les deux niveaux supérieurs reviendront au début du mois de juin. Depuis les déclarations de Blanquer, le gouvernement n’a pas fourni d’autres statistiques, mais des informations limitées publiées dans la semaine qui a suivi indiquent que de nombreuses autres écoles ont dû être fermées, dont trois écoles secondaires au cours de leur première semaine de réouverture.

Dimanche, le collège «François Mitterand» de Fenouillet, près de Toulouse, a annoncé sur son site internet qu’il fermerait jusqu’au 2 juin pour permettre un nettoyage des locaux après qu’un membre du personnel a été testé positif. Les autorités sanitaires procèdent actuellement à des tests des contacts.

Dans le centre-ville de Tours, le lycée «Jean-Philippe Rameau» a fermé ses portes après qu’un élève de septième année a été testé positif. L’annonce de l’école précise: «Après investigation de l’Agence Régionale de Santé et du médecin scolaire et dans l’attente des résultats des tests qui vont être réalisés sur les équipes enseignantes, les personnels de direction, les agents techniques du Conseil départemental et les élèves qui ont côtoyé le collégien cas positif, le Conseil départemental et la Direction académique de l’Indre-et-Loire prennent la décision de fermer le collège.» La fermeture est effective du 25 mai au 1er juin.

La semaine dernière, dans la même ville, on a décidé de fermer une école primaire après qu’un élève de cinquième année a été testé positif, après avoir partagé une classe avec quatre autres élèves et un enseignant les 14 et 15 mai. Toutes les classes de l’école ont été arrêtées le temps que le bâtiment soit désinfecté.

Une politique gouvernementale nationale exigeant la fermeture des écoles lorsqu’un cas est détecté n’existe pas: la décision est laissée aux autorités locales. Dans certains cas, elles ont fermé des écoles, mais dans d’autres, elles ont seulement demandé aux élèves de la classe de l’élève infecté de rester chez eux.

Mercredi dernier, le 20 mai, un membre du personnel administratif du lycée «Simone Veil» de Sablé-sur-Sarthe a été testé positif au coronavirus. Le personnel avaient participé aux préparatifs de la réouverture de l’école le 18 mai dernier avec d’autres enseignants. L’école n’a cependant pas été fermée. Le sous-préfet de la Flêche Jean-Michel Delvert a déclaré que «Sablé n’est pas un cluster, le collège ne sera donc pas fermé.» Un autre membre du personnel qui a travaillé dans le bâtiment avec le personnel et les élèves les 15, 18 et 19 mai a depuis été testé positif.

Les écoles secondaires qui ont ouvert le 18 mai peuvent avoir jusqu’à 15 élèves avec un enseignant dans une seule classe, ce qui rend impossible le maintien d’une distance sociale adéquate. Les enseignants ont également publié des messages sur des groupes Facebook pour protester contre le manque d’équipements de protection pour eux-mêmes et leurs élèves.

Un enseignant du secondaire a écrit sur Facebook: «J’ai vu les conditions d’hygiène dans les magasins ce week-end. Des masques sérieux pour les vendeuses, des murs de Plexiglas aux comptoirs, désinfection de tout, profusion de lingettes, du gel hydroalcoolique à disposition dès l’entrée, pas plus de 2 ou 3 clients par boutique, et le masque parfois obligatoire pour eux aussi. Les employés semblent nerveux malgré tout. Je viens de voir les retours en classe au collège. Un masque en tissu sans certification par demi-journée, le masque optionnel pour les élèves, jusqu’à 15 par salle avec les profs pendant des heures, pas de lingette mais un chiffon et du produit nettoyant, pas désinfectant, à utiliser sans gants. Il semble, aux infos, que les profs aient des appréhensions. Le Plexiglas est lui compensé par un mur du mépris sur les conditions de protection accordées aux profs par le ministère, bien relayé quel que soit le média.»

Le gouvernement Macron n’a fait aucune tentative pour rendre cohérent le fait que les élèves des classes contractent le virus avec les affirmations du gouvernement utilisées pour demander la réouverture des écoles, selon lesquelles les jeunes ne transmettent pas la maladie. En effet, sa politique ne repose pas sur un programme scientifique de lutte contre le virus. Au contraire, elle est dictée par la volonté de l’élite financière et des entreprises de forcer la population à retourner sur son lieu de travail afin que le flux des bénéfices des entreprises puisse reprendre. Les enfants sont envoyés dans les salles de classe pour que leurs parents puissent être libérés afin de travailler. Pour le gouvernement, la perte de milliers de vies supplémentaires n’est pas un sujet de préoccupation important.

Le gouvernement dépend entièrement du soutien des fédérations syndicales nationales pour réprimer l’opposition massive des enseignants à la réouverture obligatoire des écoles. Alors que les sondages montrent systématiquement que plus de deux tiers des enseignants s’opposent à la réouverture, les syndicats refusent d’appeler à la grève pour rejeter la campagne de réouverture. Au lieu de cela, ils s’efforcent d’isoler les enseignants, en insistant uniquement sur le droit individuel des enseignants de ne pas travailler s’ils sont personnellement contraints de le faire dans des conditions dangereuses.

(Article paru en anglais le 26 mai 2020)

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