Il y a 50 ans, le Sri Lanka Freedom Party remportait les élections avec le soutien du LSSP

Le 27 mai 1970, les élections tenues à Ceylan (aujourd'hui Sri Lanka) aboutirent à la victoire du Sri Lanka Freedom Party (SLFP), dirigé par Sirimavo Bandaranaike. Pour la deuxième fois en une décennie, Mme Bandaranaike forma un gouvernement bourgeois avec le soutien du Parti Lanka Sama Samaja (LSSP). Ce parti nominalement socialiste avait rompu avec le trotskysme dans le cadre de son appartenance à la tendance politique révisionniste connue sous le nom de pablisme, et avait soutenu le SLFP capitaliste.

L'élection a été une défaite majeure pour le Parti national uni (UNP), de droite. Malgré l’obtention d’une majorité des suffrages, environ 38 pour cent, l'UNP perdit 49 de ses sièges au Parlement, n'en conservant que 17. Le SLFP obtint 50 sièges, portant son total à 91 députés.

Pourtant, le SLFP n'était pas en mesure de former un gouvernement sans le soutien d'autres partis. Avant les élections, une coalition de «Front uni» s'était formée entre le SLFP, le LSSP et les staliniens du Parti communiste. Ce n'est qu'avec le soutien de ces partis, qui avaient encore une influence considérable dans la classe ouvrière, que Bandaranaike put devenir Premier ministre. En récompense, des membres du LSSP ont été nommés à d'importants postes ministériels, dont le chef du parti NM Perera, qui est devenu ministre des Finances.

L'élection de 1970 était la deuxième tentative de coalition entre le LSSP et le SLFP. La première avait eu lieu en 1964 lorsque le LSSP a voté pour accepter des postes au sein du gouvernement du SLFP. C'était la première fois dans l'histoire qu'un parti se faisant appeler trotskyste entrait dans un gouvernement capitaliste.

Dans une déclaration publiée en juillet 1964, le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) avait expliqué l'importance internationale de la trahison du LSSP: «L'entrée des membres du LSSP dans la coalition de Bandaranaike marque la fin de toute une époque de l'évolution de la Quatrième Internationale. C'est au service direct de l'impérialisme, dans la préparation d'une défaite de la classe ouvrière que le révisionnisme dans le mouvement trotskyste mondial a trouvé son expression. »

En 1964 et 1970, les coalitions SLFP-LSSP ont été formées dans le but d'étouffer les développements révolutionnaires dans la classe ouvrière. La classe dirigeante sri-lankaise espérait qu'en s'associant au LSSP et en proposant des réformes au compte-gouttes, elle pourrait rendre confuses et pacifier des masses laborieuses qui soutenaient de plus en plus un programme socialiste révolutionnaire.

Comme l'avait prédit le CIQI, une fois dans un régime de coalition avec le SLFP, le LSSP assumerait la responsabilité politique des politiques répressives anti-ouvrières de Bandanaraike. Cela s’avéra être le cas en 1971, lorsque le mouvement nationaliste petit-bourgeois Janatha Vimukthi Peramuna a tenté de renverser le gouvernement dans une rébellion armée. La coalition SLFP-LSSP a déclenché une répression impitoyable du soulèvement qui a tué plus de 15 000 jeunes des zones rurales.

Le gouvernement de coalition a également mis en œuvre des politiques visant à attiser les conflits communautaires entre les populations cinghalaise et tamoule. Ces mesures allaient inspirer la création d'organisations séparatistes tamoules armées qui allaient plonger le pays dans trois décennies de guerre civile.

(Article paru en anglais le 25 mai 2020)

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