Les chauffeurs de bus de Londres lancent un comité de sécurité de la base pour combattre la nouvelle menace du COVID-19

La résolution ci-dessous établissant le Comité de sécurité de la base de chauffeurs d'autobus de Londres a été adoptée par une réunion de chauffeurs de bus le dimanche 13 Septembre. La création de ce comité fait suite aux décès tragiques de 33 travailleurs d’autobus de Londres dus au Covid-19 et à de nouvelles infections au dépôt de bus de Cricklewood, dissimulées par les compagnies d'autobus, Transport pour Londres (TfL) et le syndicat Unite.

Frères et sœurs,

Nous avons formé le comité de sécurité de la base de chauffeurs de bus de Londres pour mener le combat pour la protection de nos vies contre la propagation du COVID-19.

Les événements au dépôt de Cricklewood au cours de la semaine dernière montrent qu’on ne peut pas confier cette tâche aux compagnies de bus, Transport for London (TfL) ou au syndicat Unite.

Une fois de plus, nous avons été tenus dans l'ignorance d'un cas confirmé de COVID-19 affectant l'un de nos collègues et du risque de transmission qu'il présente.

Aucune réunion d’information n'a été organisée et aucun test de masse n'a été organisé. Ni Metroline ni Unite n'ont publié de déclaration pour alerter les plus de 500 chauffeurs du dépôt concernés. Au lieu de cela, la société a reçu un chèque en blanc pour décider quels chauffeurs seraient informés des infections par le COVID-19 et quand, afin d'éviter les «perturbations» et d'assurer «l'efficacité opérationnelle».

Au moins un chauffeur qui a reçu une lettre de «recherche des contacts» le 3 septembre a été contraint de travailler, malgré qu’il se soit porté malade. Lorsqu'il a défendu son droit, disant qu’il allait être absent de son poste, il a été menacé de perte de salaire, chargé d’organiser son propre test de coronavirus ; on l’a laissé poireauter pendant près de trois heures au dépôt de bus, malgré le risque d’exposer d’autres collègues au virus. Ces actes de négligence criminelle ont été soutenus par le délégué syndical pour la sécurité d’Unite. Le chauffeur de bus a finalement testé négatif, mais le mépris de la société pour la sécurité montre à quel point on nous met tous en danger.

Nous avons déjà perdu notre collègue respecté et ami Ishrat Ali, dont les enfants et la femme sont toujours en deuil. Ali est l'un des 33 travailleurs de bus décédés du COVID-19 entre mars et mai. Cela ne doit plus se reproduire!

Une mobilisation indépendante est nécessaire car les syndicats travaillent pour le compte des entreprises et du gouvernement pour réprimer l'opposition d'en bas. Au cours de la première vague de la pandémie, alors que le COVID-19 tuait des chauffeurs, Unite s'est associé à TfL et aux compagnies de bus, insistant pour dire que l'EPI n'était «pas recommandé», promettant «l'harmonie sociale». Les membres qui ont critiqué les actions d'Unite ont été suspendus du syndicat.

Comme nos frères et sœurs du Service national de santé (NHS), des chemins de fer et du métro de Londres, des supermarchés et de la transformation des aliments, des entrepôts et de la logistique, nous avons travaillé en «première ligne» pendant cette pandémie. Mais malgré les hommages bidons rendus aux travailleurs-clés de la part des politiciens et des médias, nous ne sommes pas «tous dans le même bateau». Nos vies sont considérées comme encore plus remplaçables que le diesel des bus. Nos corps sont épuisés par les longues et dangereuses équipes qui s’enchaînent et nous rendent vulnérables à l'infection et à la mort. Les chauffeurs précédemment protégés en raison de problèmes de santé sous-jacents sont contraints de retourner au travail, alors même qu’en Angleterre les taux d'infection doublent chaque semaine.

Notre lutte va au-delà du dépôt d’autobus. Les actions de Metroline et de TfL font partie du retour au travail du gouvernement Johnson et de la réouverture dangereuse des écoles qui obligent des millions de gens à emprunter des transports en commun bondés. Combien de ceux qui sont entassés aujourd'hui dans les bus, les trains et le métro finiront dans les semaines et les mois à venir connectés à un respirateur d'hôpital ou dans des morgues surchargées?

Nous disons: nos vies et notre sécurité ne sont pas négociables! Notre loyauté ne va pas aux actionnaires milliardaires qui possèdent les principales sociétés de transport, mais à nos collègues, à leurs familles et au public utilisant les transports dont la vie est mise en danger par la négligence des entreprises. Rien ne changera à moins que nous décidions de le changer, et pour que cela se produise, nous devons agir ensemble!

Le comité de sécurité de la base des chauffeurs de bus de Londres décide de lutter pour les revendications immédiates suivantes:

• Des tests immédiats sur place et la recherche des contacts pour tout le personnel du dépôt. Tout le personnel devant s'auto-isoler doit toucher un salaire intégral.

• Assez de camouflage! Divulgation immédiate de toutes les infections dès que l'entreprise en est informée, avec notification immédiate aux conducteurs par SMS et application de l'entreprise.

• Pas de persécution! Tous les employés doivent être libres de s'exprimer sur les problèmes de sécurité et de partager des informations avec leurs collègues, y compris sur les réseaux sociaux, sans représailles de la direction et des syndicats.

La situation à laquelle nous sommes confrontés se reproduit dans tout le pays dans les lieux de travail, les usines, les bureaux et les écoles. Une résurgence de la pandémie est en cours, préparée par la politique criminelle du gouvernement Johnson et résumée dans le terme brutal d' « immunité collective» [en anglais littéralement « immunité de troupeau »].

Nous ne sommes pas du bétail et nous ne serons pas sacrifiés pour protéger les profits des grandes entreprises et des banques qui ont fait fortune pendant la pandémie. Contre le gouvernement Johnson et ses partisans du Parti travailliste et des syndicats, notre appel s’adresse à la classe ouvrière.

Nous appelons nos collègues des compagnies d’autobus et des dépôts de transports de Londres et d'ailleurs à se joindre à nous dans ce combat. Participez à la construction d’un réseau de comités de base pour faire avancer cette lutte.

Résolution adoptée le 13 septembre 2020

(Article paru en anglais le 16 septembre 2020)

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