La recrudescence des infections de COVID-19 au Canada met en évidence la criminalité de la campagne de retour au travail et de rentrée scolaire

Au cours des deux dernières semaines, les infections de COVID-19 ont fait un bond dans tout le Canada. L'augmentation spectaculaire du nombre de cas, qui dans certaines provinces est maintenant plus de trois fois supérieur à celui du mois d'août, est le produit direct des politiques criminelles de retour au travail et à l'école de l'élite dirigeante, qui visent à garantir les profits des sociétés, quel que soit le coût en vies humaines.

L'Ontario, la province la plus peuplée du Canada, a enregistré 425 cas lundi, son plus grand total quotidien en trois mois et demi. Ce chiffre fait suite à l'enregistrement de plus de 400 cas le vendredi et le samedi. Reflétant le fait que le virus se propage maintenant de manière incontrôlée, les autorités de l'Ontario ont admis à plusieurs reprises depuis plusieurs semaines qu'elles sont incapables de déterminer l'origine d'environ 50% des nouvelles infections.

Environ deux tiers des infections actuelles concernent des personnes de moins de 40 ans, ce qui confirme que la réouverture de l'économie par le gouvernement est la principale cause de ces infections. Plus de 400 personnes de moins de 20 ans sont actuellement infectées, dont beaucoup sont sans doute des écoliers. Deux écoles de l'Ontario ont déjà été contraintes de fermer des classes en personne, moins de deux semaines après leur réouverture pour la première fois en six mois.

Le virus atteint également l'establishment politique, les chefs du Parti conservateur et du Bloc Québécois, Erin O'Toole et Yves-Francois Blanchet, ayant été testés positifs ces derniers jours.

Face à la détérioration rapide de la situation, le premier ministre de droite de l'Ontario, Doug Ford, a tenu une conférence de presse samedi, au cours de laquelle il a cherché à faire porter la responsabilité de la catastrophe imminente à l'ensemble de la population. Il s'est plaint des «soirées débridées» et du laxisme dans le respect des règles de distanciation sociale, en annonçant que les rassemblements privés seront désormais limités à 10 personnes à l'intérieur et 25 personnes à l'extérieur. Toutefois, le gouvernement reste inflexible sur le fait qu'il ne limitera pas la taille des classes ni le nombre de travailleurs dans les usines et autres lieux de travail encombrés.

Le Québec voisin, qui a été l'épicentre de la pandémie au printemps dernier avec plus de 5.500 des 9.200 décès au Canada, connaît également une augmentation des cas de COVID-19, avec 587 nouvelles infections annoncées lundi. Plus de 400 infections ont été enregistrées samedi et dimanche, ce qui a obligé le gouvernement de droite de la Coalition Avenir Québec à annoncer de nouvelles restrictions sur les rassemblements à Montréal et à Québec.

Le directeur de la santé publique du Québec, Horacio Arruda, qui a joué un rôle de premier plan dans l'application de la réouverture des écoles fin août, a déclaré lundi: «Nous sommes dans la deuxième vague. La situation est grave. Le virus est partout au Québec».

Mais tout comme le gouvernement conservateur de l'Ontario, le premier ministre du Québec, François Legault, et son gouvernement sont déterminés à poursuivre leur campagne téméraire de «réouverture» de l'économie, et notamment des écoles, afin que les parents soient contraints de reprendre le travail et de recommencer à produire des profits pour les grandes entreprises.

L'affirmation des politiciens selon laquelle la résurgence des cas est le résultat d'un comportement irresponsable de la population est un mensonge diffamatoire. Alors qu'une petite minorité de personnes ignore la distanciation sociale et les autres mesures de santé publique, elles s'apparentent à de petits voleurs par rapport aux véritables criminels de l'establishment politique, qui ont très tôt déclaré leur soutien à une réouverture prématurée de l'économie et à une politique de laisser effectivement le virus se propager.

Fin avril, par exemple, Legault a affirmé que «l'immunité collective», c'est-à-dire permettre au virus d'infecter 70% ou plus de la population, est «le meilleur moyen de sortir de la pandémie actuelle». La ministre fédérale de la santé, Patty Hajdu, avait précédemment déclaré à la presse canadienne que la poursuite d'une politique d'«immunité collective» n'était pas nécessairement une mauvaise chose (voir: «La ministre de la Santé du Canada fait la promotion de «l'immunité collective» après avoir reconnu l'échec du gouvernement face au coronavirus»).

Le système de santé publique du Canada, chroniquement sous-financé et ravagé par des décennies d'austérité brutale, s'avère totalement inadapté pour faire face à l'augmentation du nombre de cas. Les centres de dépistage dans tout le pays, mais surtout en Ontario, sont débordés, les temps d'attente s'étendant régulièrement à six et même huit heures.

En juillet dernier, le gouvernement fédéral a fixé un objectif de 200.000 tests par jour. Deux mois plus tard, les provinces n'ont même pas réussi à atteindre le tiers de cet objectif, avec seulement entre 60.000 et 65.000 tests par jour.

La menace d'une augmentation spectaculaire du nombre de décès est d'autant plus probable que rien n'a été fait par l'establishment politique pour préparer les hôpitaux délabrés du Canada et fournir aux travailleurs de la santé surchargés les ressources supplémentaires dont ils ont besoin pour lutter avec succès contre la pandémie. Lundi, par exemple, le Globe and Mail a rapporté que le gouvernement de l'Ontario n'a pas donné suite aux recommandations que le spécialiste des maladies infectieuses a formulées dans un rapport de juin «pour mettre en place des mesures de prévention et de contrôle des infections dans les établissements de soins de longue durée de la province».

Les professionnels de la santé ont fait les frais de cette gestion calamiteuse de la pandémie. L'Institut canadien d'information sur la santé a révélé dans un rapport publié au début de ce mois que, fin juillet, près de 20% des infections à coronavirus au Canada concernaient des travailleurs de la santé, ce qui est bien supérieur à la moyenne internationale.

La crise des soins de santé crée également de sérieux problèmes dans le traitement d'autres problèmes de santé. Samedi, la section pédiatrique de l'Association médicale de l'Ontario a lancé une pétition pour protester contre l'absence de toute préparation pour assurer la distribution des vaccins antigrippaux aux enfants avant le début de la saison de la grippe. «Nous voudrions exprimer nos préoccupations urgentes concernant une crise imminente dans la vaccination contre la grippe», déclare la pétition. «Actuellement, la santé publique semble s'attendre au statu quo des années passées, lorsque les cabinets médicaux individuels et les cliniques de vaccination contre la grippe dispersées donnaient des vaccins antigrippaux».

Alors que la santé et les services sociaux essentiels ont été contraints de s'en sortir avec des budgets serrés, les riches et les super-riches du Canada n'ont jamais été aussi bien lotis. Selon une étude récente du Centre canadien de politiques alternatives, les 20 milliardaires les plus riches du Canada ont vu leur richesse combinée augmenter d'un montant stupéfiant de 37 milliards de dollars au cours des six mois qui ont suivi le début de la pandémie. D'autre part, les dernières statistiques sur la population active ont montré que 1,1 million de Canadiens de moins qu'avant la pandémie avaient un emploi et que 713.000 autres étaient toujours employés mais avaient perdu plus de la moitié de leurs revenus.

Galen Weston, qui possède la plus grande chaîne d'épicerie du Canada, Loblaws, a vu la richesse de sa famille augmenter de 1,6 milliard de dollars pour atteindre 10,8 milliards de dollars pendant la pandémie. La décision prise par Weston en juin de soutirer aux commis d'épicerie, pour la plupart mal payés et travaillant à temps partiel, la prime de 2 dollars de l'heure instituée à la fin du mois de mars pour lutter contre la pandémie, a sans aucun doute contribué à cette augmentation.

Mille quatre cents travailleurs de Dominion Foods, une filiale de Loblaws à Terre-Neuve, sont sur le point d'entamer leur cinquième semaine de grève pour obtenir des augmentations de salaire plus élevées et la sécurité de l'emploi. Dans un contrat provisoire, approuvé par Unifor, mais rejeté de manière décisive par les travailleurs de la base de Dominion, Loblaws leur a offert une maigre augmentation de salaire d'un dollar de l'heure sur trois ans.

Le fossé social toujours plus profond entre l'élite capitaliste et la grande majorité de la population est le résultat des politiques menées par l'ensemble de l'establishment politique. En mars et avril, la principale préoccupation du gouvernement libéral fédéral et de toute l'opposition, des conservateurs aux néo-démocrates, était d'assurer un sauvetage sans précédent des grandes banques et de l'oligarchie financière. Sous la supervision de Trudeau, plus de 650 milliards de dollars ont été acheminés par le gouvernement, la Banque du Canada et divers organismes d'État vers les marchés financiers, les banques et les grandes entreprises afin de soutenir la fortune des riches et des super-riches.

Dès que le renflouement a été achevé, une campagne téméraire menée par le gouvernement Trudeau et approuvée par la bureaucratie syndicale et les médias du patronat a été déclenchée pour forcer les travailleurs à revenir à des conditions de travail dangereuses. La crise sociale créée par les misérables 2.000 dollars par mois versés par le gouvernement au titre de la Prestation canadienne d'urgence (PCU) a été exploitée à cette fin, de nombreux travailleurs n'ayant d'autre choix que de risquer de s'infecter et d'infecter les membres de leur famille s'ils voulaient éviter la ruine financière.

La réouverture des écoles est un élément clé de la campagne de retour au travail, qui s'est déjà avérée être un accélérateur de la résurgence de la pandémie. L'objectif des libéraux de Trudeau, des gouvernements provinciaux de droite et des syndicats, qui ont refusé d'organiser une quelconque opposition des enseignants à la réouverture des écoles, est de faire en sorte que les enfants puissent retourner en classe afin que leurs parents soient «libres» d'être impitoyablement exploités pour accroître les profits des entreprises.

(Article paru en anglais le 22 septembre 2020)

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