Après l’attentat terroriste de Conflans, Macron lance une violente répression anti-musulmane

Après l’attentat terroriste de vendredi qui a tué Samuel Paty, enseignant dans un collège de Conflans-Sainte-Honorine, Macron déclenche une violente répression policière. Des centaines de personnes ont été expulsées du pays, plus de 50 associations musulmanes sont menacées de dissolution, et des dizaines d’individus n’ayant aucune relation avec l’attentat ont été arrêtés ou perquisitionnés. L’État tente de criminaliser des activités protégées par la liberté d’expression et de supprimer l’anonymat sur Internet.

La politique menée par Emmanuel Macron est pour l’essentiel impossible à distinguer des diatribes néofascistes de Marine Le Pen. L’établissement politique attise une hystérie anti-musulmane afin de pourrir l’atmosphère politique, renforcer les pouvoirs de police, et restreindre les droits démocratiques de la population.

Macron a donné le ton dimanche soir lors d’une réunion du conseil de défense, déclarant que «la peur» allait «changer de camp», et que «les islamistes ne doivent pas pouvoir dormir tranquilles dans notre pays.» Le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleu, a réagi en appelant ouvertement à la violence, en réclamant «des armes et non des larmes», et en attaquant Macron pour avoir «mené une bataille lexicale pendant qu’une partie du pays défie les valeurs fondamentales de la France.»

Le Rassemblement national de Marine Le Pen a demandé un recours à la «force», dénonçant les politiques «qui voudraient qu’on allume des bougies».

Dimanche, le premier ministre Jean Castex a annoncé l’expulsion de 231 personnes qui auraient déjà été surveillées par le renseignement à cause de leur radicalisation islamiste, mais qui n’avaient rien à voir avec l’attentat de vendredi.

Dans un entretien lundi matin, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé une série de mesures répressives et chanté les louanges de Marine Le Pen. «Depuis ce matin, à la suite du conseil de défense, des opérations de police ont lieu, et auront lieu dans les heures et jours qui viennent.» Celles-ci visaient «des dizaines d’individus, pas en lien forcément avec l’enquête», à qui «nous avons manifestement envie de passer un message—celui que le président de la République a passé au conseil de défense: pas une nuit de répit pour les ennemis de la République.»

Darmanin a ajouté que l’État avait déjà établi une liste de 51 associations pour les dissoudre légalement en tant qu’ennemis de la République. La liste n’a pas encore été publiée, mais elle inclurait le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), une organisation légale qui s’oppose aux discriminations contre les musulmans. Le gouvernement n’a fourni aucune preuve que le CCIF était lié au meurtre de Paty.

Paty, enseignant en géographie à Conflans, dans les Yvelines, a été attaqué à sa sortie du collège par Abdoullakh Anzonov, un jeune immigrant de 18 ans d’origine tchétchène né en Russie. Anzonov a poignardé Paty plusieurs fois avant de le décapiter dans la rue. Il semble avoir été motivé dans ce crime affreux par une campagne contre Paty sur les réseaux sociaux, dont des vidéos produites par le père d’une de ses élèves, qui l’accusait d’actions anti-musulmanes.

Paty avait montré une caricature anti-islamique à ses élèves dans le cadre d’un débat sur la liberté d’expression, après avoir averti les élèves qui pouvaient la trouver offensante qu’ils pourraient quitter la salle ou se tourner s’ils ne voulaient pas la voir.

Encore une fois, le caractère réactionnaire du terrorisme est démontré. La mort tragique de Paty sert à présent de prétexte à un assaut par la classe dirigeante contre les droits démocratiques de millions de travailleurs.

Le seul lien direct évoqué par Darmanin entre l’attaque et le CCIF, était que le père d’une élève avait appelé les gens à contacter le CCIF afin d’exprimer leur opposition à Paty. Darmanin a dit aussi qu’il «souhaite» dissoudre le CCIF parce que «c’est une association qui touche les aides d’État, les déductions fiscales, et dénonce aussi l’islamophobie d’État», et «parce que nous avons un certain nombre d’éléments qui nous permettent de penser qu’effectivement c’est un ennemi de la République.»

Des enquêtes ont aussi été ouvertes, a dit Darmanin, pour «haine en ligne» contre 80 personne qui avaient «de façon apologique expliqué d’une manière ou une autre que ce professeur l’a bien cherché. Les interpellations ont déjà lieu depuis hier.»

Darmanin a ajouté que l’État porterait peut-être plainte contre des personnes pour avoir seulement affiché des critiques de Paty avant le meurtre, comme «commanditeurs» d’un attentat terroriste. «Je voudrais évoquer quand-même que je suis d’accord avec cette idée qu’il y a des commanditeurs par la haine en ligne des réseaux sociaux», a-t-il dit.

Darmanin a indiqué que cela fait partie d’une tentative plus large de criminaliser toute opposition à la persécution de longue date des musulmans en France. «L’Islam politique mène parfois au terrorisme, et … il faut combattre l’islam politique avec la même force que le terrorisme», a-t-il déclaré.

Le ministre de l’Intérieur a aussi répété plusieurs fois que le père de l’élève de Paty avait lancé une «fatwa» contre lui. D’un point de vue factuel, ceci est clairement faux, une fatwa étant un avis juridique non contraignant sur la loi islamique, fait par un individu qualifié, non pas une dénonciation publique lancée par quelqu’un qui se trouve être musulman. Mais Darmanin ne s’intéresse pas aux question de fait mais aux provocations anti-musulmanes. Il a puisé son «idée» directement dans l’arsenal de l’extrême-droite.

Deux jours auparavant, Jordan Bardella du Rassemblement National avait dénoncé la «fatwa» que subiraient selon lui des enseignants de la part de parents musulmans.

Le gouvernement de Macron suit la politique du Rassemblement national. Dans un échange extraordinaire qui souligne à quel point la classe dirigeante en France promeut les néofascistes, l’animatrice Sonia Mabrouk a dit à Darmanin qu’«il y a quelqu’un qui n’est pas encore au pouvoir, c’est Marine Le Pen, qui vous dit ‘stop à la politique de la bougie’, ‘stop à cette politique-là’. Est-ce qu’elle a tort?»

Darmanin a répondu en saluant Le Pen: «moi je respecte madame Le Pen comme tous les hommes et les femmes politiques». Il l’a ensuite critiquée pour ne pas avoir soutenu les mesures du gouvernement pour renforcer les pouvoirs de l’État.

«Elle chérit les causes qui la mèneront au pouvoir», mais «elle ne vote aucun des textes que nous proposons, aucun des renforcements des moyens des luttes anti-terroristes; elle refuse les mises sur écoute téléphonique lorsque nous les proposons au parlement européen», a-t-il dit. «Elle n’est pas au rendez-vous des lois de sécurité de renseignement intérieur.» Il a demandé d’elle «un peu de décence, un peu d’hygiène républicain et de soutien de mesures extrêmement fortes qu’évoque le Président de la République.»

Les attaques lancées contre Le Pen sur sa droite par Darmanin démasquent la prétention de Macron qu’il défend la démocratie et la liberté d’expression contre l’Islam. Macron qui, de façon infâme a salué Pétain comme un « grand soldat », promeut l’extrême-droite pour tenter de diviser la classe ouvrière et construire un État policier.

Après deux ans de grèves et de manifestations des «gilets jaunes», que la police a attaquées violemment, la classe dirigeante française se prépare à réprimer une explosion de colère contre sa réponse criminelle à la pandémie et à la crise sociale. Elle se tourne vers la dictature.

Ces évènements démasquent aussi la classe politique établie et sa prétendue «aile gauche», qui s’est rangée derrière Macron. Jean-Luc Mélenchon, le chef de La France Insoumise, a déclaré qu’il soutenait à présent la loi anti-musulmane de Macron contre le «séparatisme.» Alors que Macron adopte la politique du Rassemblement national, attaque les musulmans avec virulence et érige un État policier, Mélenchon dit aux jeunes et aux travailleurs de soutenir l’appel de Macron à un «bloc» national avec son gouvernement.

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