La politique d’immunité collective met le système sanitaire européen au bord du gouffre

Les mesures limitées annoncées par les différents gouvernements européens après les chiffres records publiés sur les nouveaux cas de contaminations au Covid-19 ne peuvent cacher le désastre provoqué par leur politique prématurée de reprise du travail et de réouverture des écoles.

Dimanche 25 octobre, des records ont été battus en Italie, en France et en Allemagne. 21.273 nouveaux cas en Italie ont été détectés dimanche et en Allemagne, selon les données rapportées par l'Institut Robert Koch (RKI) pour les maladies infectieuses 11.176 cas de plus que la veille. La France a enregistré 52.010 cas positifs signalés, contre 45.000 la veille.

Le personnel médical soigne un patient souffrant de COVID-19 au Nouvel Hôpital Civil de Strasbourg, dans l'est de la France, le jeudi 22 octobre 2020 (AP Photo/Jean-Francois Badias)

En France, le cap du million de cas confirmés depuis le début de la pandémie a été franchi. Le nombre de décès attribuables à la maladie s'est élevé à 116 pour la journée de dimanche, portant le bilan total depuis le début de l'épidémie à 34.761 morts. Le taux de positivité des tests poursuit sa progression, atteignant 17 pour cent, contre 16 pour cent la veille, et seulement 4,5 pour cent début septembre.

L’Espagne a signalé vendredi plus de 52.000 nouveaux cas ce week-end, et un indice cumulé dans la population de 361,66 cas pour 100.000 habitants diagnostiqués au cours des 14 derniers jours. Les cas confirmés augmentent à travers la péninsule et les îles Baléares. Vendredi, 231 décès supplémentaires ont été enregistrés portant à 34.752 morts le bilan officiel depuis le début de la pandémie. Le bilan réel, selon la presse espagnole, serait de plus de 55.000 morts.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé avoir enregistré samedi un nouveau record mondial de contaminations par le coronavirus pour la troisième journée consécutive, l'hémisphère Nord étant particulièrement touché. Selon les statistiques mondiales de l'OMS, 465.319 cas ont été confirmés samedi, contre 449.720 vendredi et 437.247 jeudi.

Face à la situation sanitaire chaotique en Europe, des mesures ont été prises comme en Italie qui va annoncé la fermeture des cinémas, théâtres, salles de gym et piscines, tandis que bars et restaurants devront cesser de servir après 18h. Un des pays les plus touchés, la Belgique, avance son couvre-feu à 22 heures; les activités culturelles et sportives sont interdites depuis le lundi 26 octobre.

En Espagne ou quelques 4.500 salles de classe soit 1,3 pour cent du total sont confinés, le premier ministre Pedro Sanchez instaure un couvre feu sur l’ensemble du territoire national à l’exception des Îles Canaries. L’état d’urgence sanitaire est déclaré.

Lors d’un discours après avoir rencontré son cabinet, Sanchez a déclaré: «La réalité est que l’Europe et l’Espagne sont plongés dans une deuxième vague de la pandémie. La situation que nous vivons est extrême». Toutefois, Sanchez a quand même exclu un nouveau confinement: «il n’y aura pas de confinement à domicile dans cet état d’urgence, mais plus nous restons à la maison, plus nous seront en sécurité. Chacun sait ce qu’il doit faire».

«Nous savons qu’il y a de nombreuses épidémies dans la sphère sociale, mais je doute que la plupart soient la nuit, surtout après minuit» explique Pedro Gullon, de la Société espagnole d’épidémiologie, se moquant doucement du couvre-feu installé en Espagne comme dans nombreux autres pays. Il a proposé un confinement et de rendre le télétravail obligatoire chaque fois que c’est nécessaire: «Là, on évite beaucoup de mobilité, que les gens doivent prendre les transports publics...».

En France la question d’un confinement local ou national est discutée au sein du gouvernement a indiqué ce dimanche Cédric O, le secrétaire d’État en charge de la transition numérique. Sur France Info, en réponse à une question sur un éventuel reconfinement, le secrétaire d’État a répondu: «Tout est possible». Macron doit réunir deux conseils de défense aujourd’hui et demain pour discuter de politique sanitaire.

Alors que l’accélération de la pandémie ravage le continent, O s’est borné à dire: «Il ne faut absolument rien écarter et voir en fonction de l'évolution de l'épidémie ce qu'il faut faire».

En fait, depuis des semaines Macron joue comme Néron pendant que la France brûle, et qu’un désastre menace l’Europe entière. Des lits en réanimation, plus du tiers en France et plus de 68 pour cent en Île-de-France sont déjà occupés par des patients Covid-19. En plus, le nombre de malades enregistrés double environ tous les dix jours. Même si un confinement strict et généralisé était imposé immédiatement, le nombre de malades continuerait a grimper pendant plusieurs semaines, débordant les hôpitaux.

Un médecin réanimateur a dit au Parisien: «Les patients sont à 15 dans les couloirs, on ne sait pas où les mettre. On fait des gardes jusqu’à 4h du mat’. Si on continue comme ça, on va au crash. Quand on a découvert le titre des Échos où le ministre dit que l’hôpital est plus solide qu’au printemps, on s’est étranglés. On était fous!»

Les bénéfices du confinement imposé en mars par les États européens sont perdus. Ce n’était que malgré leur volonté, face à une série de grèves sauvages qui avaient mis l’industrie italienne à l’arrêt avant de se répandre à travers l’Europe, qu’ils avaient adopté cette stratégie sanitaire indispensable. Ayant imposé un retour prématuré au travail et à l’école et refusé tout confinement, la classe dirigeante a impulsé un rebond de la contagion qui menace des millions de vies en Europe.

L’opposition des gouvernements et des banques à un reconfinement révèle leur mépris souverain pour les vies humaines en danger. Les dirigeants ont eu recours à des couvre-feu et autres mesures plus ou moins dérisoires surtout par crainte d’une éruption de la colère sociale qui monte à travers contre la politique de Macron de «vivre avec le virus.» La pandémie et les centaines de milliers de morts ont exposé la faillite de l’aristocratie financière à protéger les vies humaines.

Cette politique criminelle a été possible avec la complicité des organisations syndicales et de leurs alliés politiques «populistes de gauche», qui ont négocié la politique désastreuse de retour au travail et de réouverture des écoles. Ces forces n’ont pas été seulement des propagandistes de la politique d’immunité collective. Il l’ont mise en œuvre.

En Espagne l’un des pays les plus touchés dans le monde par la pandémie, le gouvernement est une alliance entre la sociale-démocratie et les «populistes de gauche» de Podemos. Ce parti a mis en place la politique d’immunité collective de l’UE et a soutenu durant l’été l’envoi de la police dans les quartiers populaires confinés de Madrid. A présent que la situation sanitaire en Espagne est désastreuse, le gouvernement dont fait partie Podemos refuse de confiner les travailleurs et les jeunes afin de continuer d’extraire les profits pour les banques sur les dos des travailleurs.

Ces événements donnent raison aux appels du Comité international de la IVe Internationale à former leurs propres comités de sécurité sanitaire, indépendants des syndicats, dans les écoles et sur les lieux de travail. Ceux-ci auraient comme tâche de veiller à la sécurité et l’information des travailleurs face au virus, et de préparer une lutte ouvrière pour imposer le confinement, seule méthode sanitaire à même de maîtriser la circulation du virus.

Les travailleurs des secteurs non essentiels et les jeunes doivent être confinés, et les milliers de milliards d’euros en plans de relance doivent servir non pas aux banques mais à mettre les travailleurs à l’abri dans des conditions dignes. Pour cela l’expropriation socialiste de l’aristocratie financière est nécessaire. Ceci signifie une lutte pour la prise du pouvoir de la classe ouvrière européenne et la réorganisation de la société suivant les besoins matériels des masses de l’humanité qui travaillent pour vivre.

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