Alors que les grèves sauvages d’enseignants se poursuivent

Le gouvernement français intensifie sa dissimulation des infections de COVID-19 dans les écoles

Le 6 novembre, le ministère français de l’Éducation nationale a publié un communiqué de presse affirmant que seuls 3.528 élèves et 1.165 membres du personnel des écoles françaises avaient été testés positifs au COVID-19 cette semaine-là. Mais les statistiques du ministère de la Santé montrent qu’au cours des trois premiers jours de la semaine seulement, 25.151 personnes âgées de 0 à 19 ans ont été testées positives au virus.

La grande majorité des enfants de 0 à 19 ans étant des élèves d’âge scolaire et seulement 50.000 enfants étant scolarisés à domicile en France, l’écart entre ces deux chiffres indique une dissimulation systématique par le gouvernement de la transmission de COVID-19 dans les écoles françaises.

Et cela n’est pas tout concernant les cas d’élèves de la semaine dernière. Vu qu’on a signalé seulement près de la moitié des cas nationaux de la semaine jeudi et vendredi (58.046 et 60.486, respectivement), le nombre de cas d’élèves enregistrés dépassera probablement les 40.000 lorsque les données seront disponibles. En outre, avec un taux moyen de positivité des tests de plus de 20 pour cent au cours de la semaine écoulée, le taux réel d’infection est probablement encore plus élevé.

Le virus est maintenant hors de contrôle dans toute la France. Entre le 2 et le 6 novembre, on a enregistré plus de 190.000 tests positifs dans la population française. Samedi, on a détecté un nombre record de 86.852 cas. Soulignant le danger que représente le virus pour les écoliers, actuellement 182 personnes âgées de 0 à 19 ans se trouvent hospitalisées avec le COVID-19 dans le pays. Dans toutes les tranches d’âge, dans la semaine du 2 au 8 novembre, 3.420 personnes sont décédées des suites du COVID-19.

Des élèves quittent leur école à Cambo-les-Bains, dans le sud-ouest de la France, le jeudi 5 novembre 2020 (AP Photo/Bob Edme)

Les derniers mensonges du gouvernement se heurte à l’opposition de plus en plus militante des enseignants français. Dès lundi dernier et tout au long de la semaine, des milliers d’enseignants ont organisé des actions de grève indépendamment des syndicats pour s’opposer à la réouverture des écoles après la Toussaint. Dans tout le pays, les élèves se sont joints à la grève de leurs professeurs. À Paris, cela a conduit à de violentes attaques policières contre des adolescents en grève.

Les méthodes criminelles du ministère de l’Éducation nationale sont une réponse à ces grèves. Le but est de présenter les écoles comme étant sûres, d’avoir ainsi le soutien du public pour sa pression sur les enseignants, pour qu’ils retournent travailler dans des conditions meurtrières. Du point de vue de la classe dirigeante de toute l’Europe, les écoles doivent rester ouvertes afin que le profit puisse continuer à être extrait des centaines de millions de parents qui travaillent.

Cette tentative de dissimuler l’ampleur de la propagation de la maladie dans les écoles fait suite à des tactiques similaires utilisées par le gouvernement dans les écoles et les universités françaises le mois dernier. Le fait que deux organes officiels du gouvernement produisent des chiffres de COVID-19 contradictoires témoigne de la nature profonde de la crise de l’État français face à l’augmentation des décès et aux grèves d’enseignants.

Suite à ce communiqué de presse, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a persisté dans le récit de son ministère. Il a affirmé que le nombre de cas était «sous contrôle» et que la transmission au sein du système éducatif était «inférieure aux proportions constatées dans le reste de la population». Il a ajouté qu’il voulait que les écoles restent ouvertes «à tout prix» — un prix qui se compte en vies d’élèves et d’enseignants.

La manipulation de ces chiffres s’accompagne d’un protocole visant à limiter la connaissance des cas par les élèves et les enseignants dans les écoles. Lorsqu’un élève est confirmé COVID-19 positif, seul le chef d’établissement est informé. Malgré que les masques ne fassent que réduire le risque d’infection, si les personnes exposées portent un masque, elles ne sont même pas considérées comme cas contact et ne sont pas informées de leur exposition au virus. Lundi, Joe, un élève de collège, a tweeté: «À l’école aujourd’hui, six élèves ont testé positifs en sixième. La classe a continué comme si de rien n’était».

Eric Menonville, un professeur de sciences, a fait remarquer sur Twitter que les mêmes mensonges avaient été utilisés dans le but d’imposer un retour au travail: «Tout cela n’est qu’une blague. Le ministère du Travail nous a dit que moins de 1 pour cent des transmissions se font au travail et le ministre de l’Éducation nationale nous a dit qu’il y en a moins de 1 pour cent dans les institutions. Alors où se produisent les infections?»

La censure des nombres de cas au niveau local et national est un crime meurtrier contre la classe ouvrière. Combien de parents ont envoyé leurs enfants à l’école en croyant que l’école n’avait pas de cas? Combien d’enseignants sont allés travailler en croyant qu’ils étaient en sécurité? Combien d’élèves ont ensuite infecté leurs parents, grands-parents et amis parce qu’on ne les a pas informés de ce qu’ils avaient été exposés au virus? Combien de personnes vont mourir à cause de ces transmissions?

En réponse à la révélation des mensonges de Blanquer, des figures de la pseudo-gauche, dont Alex Corbière, député de La France Insoumise, ont seulement exigé que le ministre montre les vrais chiffres.

Cette réaction à contre-cœur ne fait ni appel aux milliers de personnes qui ont fait grève la semaine dernière, ni à l’arrêt nécessaire de l’enseignement en présentiel. De même, les syndicats ont refusé d’appeler à une grève nationale et ont activement isolé les groupes d’enseignants qui ont mené des actions indépendantes.

Cela ne fait que souligner le fait que les enseignants et les étudiants doivent former des comités de base indépendants des syndicats et des forces de pseudo-gauche. Sur la base d’une lutte contre la politique d’immunité collective de tous les gouvernements européens, leur objectif doit être d’étendre et de coordonner les grèves à travers le continent.

En plus de la fermeture immédiate des écoles, les grévistes doivent exiger la mise en place d’un confinement national qui inclut tous les établissements d’enseignement, les bureaux gouvernementaux et les entreprises, à l’exception des travailleurs de l’alimentation, de la santé et de la logistique. Cette mesure doit s’accompagner d’une extension rapide des capacités de dépistage et de traçage et de la mise à disposition de ressources adéquates aux familles et aux enseignants, afin de garantir un enseignement à distance de la plus haute qualité possible.

(Article paru d’abord en anglais le 11 novembre 2020)

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