Le gouvernement espagnol PSOE-Podemos monte des camps de concentration pour migrants aux îles Canaries

Le gouvernement de coalition Podemos-Parti socialiste (PSOE) est en train d'ériger des camps de prisonniers pour migrants aux îles Canaries, un territoire espagnol à 100 kilomètres au large des côtes marocaines.

Vendredi dernier, le ministre de l'Inclusion, de la Sécurité sociale et de la Migration du PSOE, José Luis Escrivá, a annoncé que le gouvernement PSOE-Podemos avait l'intention de construire des camps de tentes capables d'accueillir 6000 migrants sur la chaîne d'îles d'ici la fin de 2020. 7000 places supplémentaires seront mises à disposition pour emprisonner les migrants dans des bâtiments plus pérennes. Des milliers de migrants actuellement hébergés dans des hôtels ou d'autres hébergements de fortune à travers l'archipel seront transférés dans ces camps d'internement.

Ces mesures brutales et anti-démocratiques font partie d'une campagne meurtrière de l'Union européenne (UE) contre les réfugiés. À l'instigation de l'UE, des camps de concentration ont été érigés à travers l'Europe, dont l'un des plus notoires se trouve sur l'île grecque de Lesbos.

Pablo Iglesias, le secrétaire-général de Podemos. (Image source: PODEMOS/Youtube)

Le gouvernement Syriza «populiste de gauche» a construit ces camps et les a supervisés pendant ses quatre années au pouvoir, jusqu’en 2019. Il a détenu des réfugiés dans des conditions infernales, envoyant des policiers anti-émeute attaquer ceux qui protestaient contre leur incarcération avec des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes.

Des milliers de réfugiés désespérés continuent d'être internés dans ces camps surpeuplés et insalubres, qui sont devenus des pièges mortels avec l'éruption de la pandémie de coronavirus. Les réfugiés sont détenus indéfiniment dans ces établissements, sans aucune chance que leur demande d'asile soit entendue par les autorités européennes, en violation flagrante du droit international. Le modèle de Lesbos est désormais suivi par le PSOE-Podemos aux îles Canaries.

Beaucoup des nouveaux camps d’incarcération créés aux îles Canaries seront installés dans d'anciennes casernes ou sur d'autres sites appartenant à l'armée espagnole. À Gran Canaria, un camp de tentes pour accueillir 650 migrants sera construit dans la garnison 50 de l'armée des Canaries, les premiers migrants devant y être détenus d'ici décembre. Ce site abritera à terme 1 150 personnes supplémentaires dans des cabanes préfabriquées.

Un camp de tentes pour 300 autres prisonniers sera érigé sur le terrain d'une ancienne école sur cette île, le Colegio León, tandis que 400 migrants supplémentaires pourraient être incarcérés dans le bâtiment même de l'école. La banque espagnole Bankia a également «fait don» d'un navire de 7 000 mètres carrés qui servira de prison à 500 autres migrants au large de Las Palmas, à Gran Canaria. Entre 200 et 250 migrants ont déjà été transférés vers un camp de tentes sur le site militaire de Barranco Seco depuis le port d'Arguineguín la semaine dernière.

Mardi dernier, la police espagnole a expulsé plus de 200 migrants d'un camp temporaire dans ce port, les laissant sans nulle part où aller et sans nourriture ni autres ressources. « Nous n'avons nulle part où aller », a déclaré un migrant à l'agence de presse Efe, tandis qu'un autre a ajouté: « nous ne savons pas où nous passerons la nuit ». Les migrants ont finalement été transférés dans un complexe de la ville de Maspalomas, à 12 kilomètres du port.

Un juge examinant une plainte officielle concernant le traitement des réfugiés dans le camp d' Arguineguín, Yanira del Carmen González, a dénoncé les conditions comme «tout à fait déplorables», mais a décidé qu'aucune acte criminel n'avait été commis.

À Tenerife, la plus grande des îles Canaries, une ancienne caserne militaire appelée Las Canteras est en cours de réaménagement pour emprisonner jusqu'à 1 800 migrants dans 10 bâtiments. Un autre camp de tentes sera établi dans une forêt connue sous le nom de Las Raíces, un site prêté au ministère de l'Intérieur par le ministère de la Défense, avec une capacité d'environ 1 500 migrants. De même, la caserne El Matorral sur l'île de Fuerteventura servira à interner jusqu'à 700 migrants.

Le ministère de l'Intérieur refuse d'autoriser le transfert de migrants bloqués sur les îles Canaries vers le continent espagnol, malgré les demandes des autorités régionales. Jusqu'à présent cette année, le ministère de l'Intérieur n'a autorisé que 1 800 transferts de ce type, soit environ un dixième des 16 à 18 000 personnes environ qui sont arrivées sur les îles en 2020. Le gouvernement PSOE-Podemos espère utiliser la menace d'une détention illimitée dans les camps de concentration de l’île pour dissuader les autres de faire la traversée.

Lors d'une visite officielle au Maroc, le ministre de l'Intérieur du PSOE, Fernando Grande- Marlaska, a justifié le refus de Madrid de transférer des migrants vers le continent, affirmant que cela constituerait un facteur d'attraction pour les réfugiés cherchant à se rendre en Europe. «Nous devons lutter contre l'immigration clandestine et éviter d'établir des voies d'entrée irrégulières en Europe», a-t-il déclaré.

Les îles Canaries ont connu une augmentation de plus de 1 000 pour cent du nombre de migrants arrivant au cours de l'année dernière. Entre le 1er janvier et le 15 novembre 2020, au moins 16 790 migrants se sont dirigés vers les îles par voie maritime, selon le ministère de l'Intérieur, contre un total de 1 497 personnes au cours de la même période de 2019. D'autres estimations indiquent que plus de 18 000 migrants ont fait le déplacement cette année.

Alors que la Méditerranée devient de plus en plus une fosse commune, les réfugiés désespérés sont obligés de chercher d'autres moyens de fuir les guerres ou les privations économiques dans leur pays d'origine. L'UE et ses gouvernements membres ont délibérément ignoré les appels de détresse des migrants en Méditerranée, permettant à des milliers de personnes de se noyer dans ses eaux chaque année. Plus de 1 200 réfugiés sont morts jusqu'à présent en tentant de traverser cette mer cette année seulement.

La route vers les îles Canaries est mortelle. Selon les estimations de l'Organisation internationale pour les migrations, un réfugié sur 16 ne survit pas à la traversée. Le nombre de décès non signalés est extrêmement élevé, car les bateaux manquent souvent leur débarquement dans les îles et dérivent dans l'Atlantique.

Le gouvernement PSOE-Podemos a depuis longtemps mis en œuvre des politiques anti-réfugiés brutales causant des morts massives. Le gouvernement prétendument «progressiste» de l'Espagne est complice des actions de son homologue grec de droite comme en témoigne l'envoi de renforts de police (article en anglais) en Grèce plus tôt cette année pour aider le gouvernement conservateur de la Nouvelle Démocratie dans sa répression brutale des réfugiés.

Le mois dernier seulement, il a été révélé que le gouvernement PSOE-Podemos mettait en œuvre la politique barbare de séparation des enfants migrants (article en anglais) de leurs mères détenus dans les îles Canaries, une pratique brutale rendue tristement célèbre par le président fascisant américain Donald Trump.

La semaine dernière, la Cour constitutionnelle espagnole a confirmé une loi adoptée par le Parti populaire (PP), de droite, en 2015, autorisant l'expulsion sommaire ou «retour à chaud» des migrants d'Espagne, sans même un semblant de procédure judiciaire. Les seuls migrants exemptés de cette politique d'expulsion sommaire sont les mineurs ou les personnes considérées comme vulnérables – les personnes âgées ou les femmes enceintes.

Selon Escrivá, lors d'une visite aux îles Canaries vendredi dernier, «90%» des migrants arrivés dans l'archipel en 2020 «peuvent être expulsés vers leur pays d'origine». C'est là une promesse d'expulsions massives illégales.

Alors que Podemos et le PSOE ont tous deux prétendus s'opposer à certains ou à tous les aspects de cette pratique brutale et anti-démocratique, ces expulsions sommaires se sont poursuivies sans répit et ont en fait augmenté depuis que le PSOE est entré au gouvernement à la mi-2018 – d'abord avec le soutien de Podemos et puis en coalition directe avec ce parti.

En 2017, 607 «retours à chaud» ont été effectués sur des migrants détenus aux frontières de l'Espagne, passant à 658 en 2018. Aucun chiffre n'est disponible pour 2019: le gouvernement PSOE-Podemos a refusé de les publier.

Ces attaques brutales contre des migrants désespérés constituent une condamnation de Podemos et d’autres partis «populistes de gauche» petit-bourgeois de même acabit qui imposent dans toute l'Europe des politiques fascisantes anti-réfugiés qui ne se distinguent pas de celles de l'extrême droite. La classe ouvrière doit défendre inconditionnellement tous les migrants et demandeurs d'asile et leur droit de vivre et de travailler en sécurité où qu'ils soient. Cela nécessite de rompre consciemment avec les partis de la pseudo-gauche, dans le cadre d'une lutte contre les politiques réactionnaires de toute l'UE.

(Article original paru en anglais le 25 novembre 2020)

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