Les travailleurs ont le droit à l’information et à la liberté d’expression!

Qu'y a-t-il derrière l'attaque de l'UAW contre le World Socialist Web Site ?

Le Comité de sécurité de la base de Sterling Heights condamne les attaques du président de la section locale 1700 de l’UAW (Travailleurs unis de l’automobile) Louis Pahl, contre le «World Socialist Web Site» lors d’un podcast syndical la semaine dernière. Le WSWS et sa lettre d’information aux travailleurs de l’automobile sont largement respectés à [l’usine] SHAP [Sterling Heights Assembly Plant] et dans les usines automobiles du pays parce qu’ils disent la vérité et donnent aux travailleurs une voix et un moyen de se défendre, contrairement à l’UAW.

Le véritable objectif de Pahl est de faire taire les travailleurs et de nous empêcher d’obtenir les informations dont nous avons besoin pour nous protéger, nous et nos familles, de la propagation de COVID-19 dans l’usine. Nous avons déjà perdu au moins cinq frères et sœurs au SHAP dont, tout récemment, Mark Bianchi dans le département 3330. Samedi, Stevie Brown, un [travailleur temporaire à temps partiel] TPT de Warren Truck, est mort moins d’un mois après qu’on l’a embauché.

En ce qui concerne l’UAW et Fiat Chrysler, les travailleurs n’ont aucun droit à l’information ou à la liberté d’expression. La colère de Pahl contre le WSWS survient une semaine seulement après qu’il a envoyé un message de menace aux travailleurs sur Facebook, mettant en garde contre des représailles de la direction pour avoir publié des commentaires critiques sur les réseaux sociaux.

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Légende: Les travailleurs de la deuxième équipe à SHAP le 14 novembre

Alors qu’ils disent aux travailleurs de se taire et de continuer à travailler, l’UAW a retiré ses propres délégués syndicaux de l’usine et Solidarity House [la centrale du syndicat] travaille toujours à distance. Les responsables de l’UAW essaient de sauver leur peau, alors même qu’ils nous sacrifient aux profits de FCA.

«C’est un site web antisyndical qui cherche à détruire ou à discréditer le syndicat», a déclaré Pahl. «Ne croyez rien de ce que vous voyez ou lisez sur les réseaux sociaux. Surtout ce site web». Le syndicat, affirme Pahl, est la seule source d’information légitime que les travailleurs devraient croire.

Pahl ne montre pas un seul article inexact produit par le WSWS parce qu’il ne le peut pas. Quant à son affirmation que le WSWS cherche à «détruire le syndicat», il n’est guère nécessaire de rappeler à nos collègues que l’UAW fait l’objet d’une enquête criminelle pour avoir accepté des millions de dollars en pots-de-vin de la part de la société et volé l’argent des cotisations. Il y a longtemps que les gangsters qui ont dirigé l’UAW ont détruit ce qui restait de «syndicat» dans cette organisation. Aujourd’hui, ce n’est rien d’autre qu’un entrepreneur de main-d’œuvre à bon marché pour les patrons de l’automobile.

Une organisation qui représente vraiment les travailleurs nous obligerait-elle à rester au travail alors qu’une maladie mortelle sévit dans les usines? Est-ce qu’elle répandrait les mensonges de la direction selon lesquels les usines sont «sûres» alors même que des travailleurs sont en train de mourir?

Quel est le vrai bilan?

Depuis le début de la pandémie, le WSWS a publié des dizaines d’articles qui documentent la propagation de la maladie dans l’industrie automobile et les déclarations de comités de sécurité de la base, comme le nôtre, mis en place indépendamment de l’UAW. Pour ne citer que quelques exemples récents, il y a eu notre déclaration sur l’épidémie en cours à Sterling Stamping («Coronavirus spread out of control at Sterling Stamping Plant: A case study of infections in the US auto industry»); un rapport sur une épidémie d’au moins 100 cas à l’usine de transmissions de FCA à Tipton («Workers report dangerous outbreak at Fiat Chrysler transmission factory in Indiana»); le décès récent d’un travailleur à l’usine Warren Truck de FCA («With COVID-19 spreading through auto plants, workers report death at FCA Warren Truck Assembly Plant»).

Aucun des faits révélés par le WSWS n’a pas même été publiquement reconnu par l’UAW. La section locale 1700 n’a même pas signalé la mort de Mark Bianchi avant qu’elle soit annoncée par un parent sur Facebook, puis rapportée dans le WSWS.

Après plus de huit mois, la section locale 1700 publie maintenant seulement quelques statistiques sur le virus dans l'usine. Mais nous savons, grâce à une fuite à l'usine Jefferson North Assembly de FCA à Detroit (signalée uniquement par le WSWS), que la direction a toujours fourni à l'UAW des rapports détaillés sur la propagation des infections dans les usines. Alors que le WSWS a rapporté les informations auxquelles nous avions accès, l'UAW s'est jointe à la direction pour les dissimuler.

La plus grande crainte de l’UAW, depuis l’UAW International jusqu’au niveau local, est que les travailleurs de la base tirent la conclusion qu’il leur faut prendre des mesures collectives pour se protéger. Les articles du WSWS comme «Les travailleurs doivent arrêter la production pour contenir l’épidémie de coronlvirus à l’usine de montage de Sterling Heights!» ont largement circulé et les travailleurs demandent des actions de grève pour fermer la production non essentielle et arrêter la propagation de la maladie.

Dans le podcast, Pahl a insisté pour dire qu’une telle action n’était permise que si elle était sanctionnée par l’UAW international. «La section locale ne peut pas se contenter de dire “c’est un débrayage légitime, nous vous faisons débrayer à cause de a, b, c, d”, on doit nous donner la permission, nous devons soumettre cela à l’International et au BIE pour qu’ils prennent une décision. Toute autre décision serait une grève sauvage, et nous ne soumettrions jamais nos membres aux... conséquences résultant de ces actions».

De qui pense-t-il se moquer? Gamble et Cindy Estrada, qui perçoivent leurs 215.000 dollars de salaires plus les primes dans le confort de leur foyer, ne feraient jamais rien qui puisse saper les profits de FCA. Depuis le début de la pandémie, Gamble & Co. ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour embobiner les travailleurs et les maintenir sur les chaînes le plus longtemps possible. Gamble a déclaré que son objectif était de «maintenir l’économie en mouvement» et le 16 mars, le syndicat a rejoint un «groupe de travail sur le coronavirus» pour «collaborer» avec les entreprises automobiles.

Alors que près de 30 travailleurs de l’automobile mouraient et que la demande de fermeture des usines devenait écrasante, Gamble a publié une déclaration «exigeant» une fermeture de deux semaines dans la matinée du 17 mars. Le lendemain soir il l’avait déjà abandonnée et a annoncé un accord pour maintenir les usines ouvertes. En quelques heures, nous, les travailleurs de SHAP, avons réagi en débrayant et en déclenchant une vague de grève à l’échelle nationale, qui a en fait fermé l’industrie. Cette manifestation d’unité de classe a sauvé d’innombrables vies.

Dès le début, le WSWS a fait tout ce qu’il pouvait pour encourager l’initiative indépendante des travailleurs de fermer la production non essentielle pour stopper la pandémie. Le 14 mars, alors qu’il y avait moins de 3.000 cas confirmés aux États-Unis, le WSWS publiait une déclaration «Fermez l’industrie automobile pour stopper la propagation du coronavirus!», qui est devenu virale.

Depuis la fin des fermetures cet été, le WSWS a aidé les travailleurs à lutter contre la collusion syndicale en aidant les travailleurs à former des comités de sécurité de la base. Il a publié des dizaines de déclarations de comités du monde entier composés de travailleurs de l’automobile, d’enseignants et de travailleurs des transports publics.

En fin de compte, les commentaires lamentables des responsables de la section locale 1700 ne font que révéler leur crainte que les travailleurs trouvent une nouvelle voix et une nouvelle organisation pour défendre leurs intérêts. Notre comité refuse de se laisser intimider, et nous demandons instamment à tous nos frères et sœurs de prendre la décision aujourd’hui de rejoindre le comité de sécurité de la section locale 1700 de SHAP.

Rejoignez la page Facebook parrainée par le WSWS pour discuter de la situation dans les usines en dehors des yeux indiscrets des espions des syndicats et des entreprises, et contactez-nous à autoworkers@wsws.org pour savoir comment vous impliquer.

(Article paru d’abord en anglais le 25 novembre 2020)

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