Le comité de sécurité des éducateurs du Royaume-Uni se réunit alors que Johnson met fin à un confinement national d'un mois

Le Comité de sécurité des enseignants de la base du Royaume-Uni s’est réuni samedi dernier, avant que Boris Johnson ne lève le confinement national d’un mois. Les infections quotidiennes restent à un niveau dangereusement élevé et Boris Johnson a l’intention de lever les restrictions restantes, inadéquates, au cours du mois de décembre, pour permettre les rassemblements de plusieurs ménages dans tout le pays à Noël.

La catastrophe imminente met à nouveau l’accent sur l’appel à la grève générale lancé par le comité pour fermer les écoles et les lieux de travail jusqu’à ce que le virus soit éradiqué et maîtrisé.

On a diffusé une courte vidéo produite par le comité au début de la réunion.

Le président de la réunion, Tom Pearce, correspondant pour le «World Socialist Web Site» et enseignant dans un lycée, a souligné les reportages montrant que les infections se propagent rapidement dans les écoles.

Tania Kent, enseignante spécialisée et membre du Parti de l’égalité socialiste, a fait le point sur la situation. Kent a déclaré que les écoles étaient un «vecteur majeur» pour le virus. «Les derniers chiffres du DfE [Département de l’éducation] montrent que trois lycées sur quatre ont des élèves qui ne s’isolent pas après un contact potentiel avec un cas confirmé de COVID-19 dans leur école».

«Le département estime qu’on n’a pas isolé 876.000 élèves la semaine dernière pour des raisons liées au COVID. Plus d’un élève du secondaire sur cinq était absent».

«Une école en Angleterre a testé au hasard 501 élèves et a trouvé 151 cas de COVID-19, ainsi que 15 membres du personnel».

Lorsqu’on lui a demandé ce qu’elle pensait de la politique du gouvernement de Boris Johnson en matière d’immunité collective et de la position du Parti travailliste et des syndicats, Kent a déclaré: «Le Parti travailliste continue de soutenir Johnson jusqu’au bout, et des sections du parti le dépassent à droite».

«Les travailleurs s’opposent massivement à cette mise en danger calculée de la vie humaine, mais le Parti travailliste et les syndicats s’efforcent systématiquement d’empêcher cette opposition de gagner une voix et une direction politiques».

«Les syndicats de l’éducation continuent à soutenir l’ouverture des écoles. Le syndicat de l’éducation nationale a abandonné toutes ses demandes de mesures de sécurité et fait maintenant appel à Johnson pour que les écoles restent ouvertes sur des rotations à temps partiel».

«Seule une mobilisation indépendante de la force de masse de la classe ouvrière peut permettre aux travailleurs de défendre leurs intérêts».

Kent a fait état du soutien de masse qui existe pour une telle lutte: «58 pour cent des parents interrogés soutiennent la fermeture des écoles. On a mis de nombreux groupes en place. Nous avons fait entendre notre voix sur le WSWS à travers plusieurs interviews sur les conditions pénibles et les choix que les familles sont obligées de faire. Le groupe BRTUS [Boycott Return To Unsafe Schools (Non à un retour dans des écoles dangereuses)] est l’un de ceux que nous avons identifiés comme un développement important et plusieurs membres ont participé à nos forums en ligne et nous ont accordé des interviews».

Cependant, a déclaré Kent, des efforts ont été faits pour empêcher les membres de ces groupes d’engager une lutte politique indépendante des syndicats et du Parti travailliste. Sous la direction des administrateurs de la BRTUS (désormais rebaptisée Parents United: Against Unsafe Schools – Parents unis contre les écoles dangereuses), «il y a eu un affaiblissement des revendications, et l’organisation ne demande plus la fermeture d’écoles au motif qu’un appel plus large est nécessaire. Ils ont maintenant bloqué les liens des membres de ce comité et des partisans du WSWS en raison des critiques formulées à l’encontre des syndicats».

Une lettre de protestation du Comité de sécurité des éducateurs de la base adressée à BRTUS/Parents United: Against Unsafe Schools, envoyée le 25 novembre, n'a reçu aucune réponse et est publiée ici.

«Alors que la classe ouvrière entre en lutte, la classe dominante et ses agences politiques dans la bureaucratie travailliste et syndicale, avec leurs complices de pseudo-gauche, interviennent en tout point pour tenter de neutraliser toute contestation indépendante qui vient d’en bas», résume Kent.

Renae Cassimeda, membre du Parti de l’égalité socialiste (États-Unis) et professeur d’histoire dans un lycée à San Diego, a fait le point sur les conditions de vie dans les écoles américaines:

«Tout d’abord, les conditions aux États-Unis sont sinistres alors que le pays entre dans une troisième vague. Les chiffres totaux ont atteint un niveau catastrophique, avec plus de 13 millions de cas signalés et plus de 260.000 décès. Ceci est le résultat direct de la politique d’immunité collective menée par les deux partis ainsi que par les syndicats».

«Le gouvernement Trump et le président élu Biden sont tous deux opposés à tout confinement coordonné au niveau national pour lutter contre la pandémie. Les deux principaux vecteurs d’infection, les écoles et les lieux de travail sont maintenus ouverts alors même que les travailleurs et les étudiants continuent de perdre la vie».

«Une augmentation importante des cas de COVID-19 a eu lieu dans les écoles depuis leur réouverture en juillet. Le COVID Monitor fait état de plus de 148.242 cas liés aux écoles de la maternelle à la 12e année, dont environ 58.000 membres du personnel. Des centaines d’employés d’écoles sont morts des suites de COVID depuis le mois d’avril. Au moins 50 éducateurs et élèves sont morts depuis la réouverture des écoles en juillet».

«L’élite financière célèbre une véritable manne financière en poussant les travailleurs à reprendre le travail et en ouvrant les écoles. Les milliardaires aux États-Unis ont gagné plus de mille milliards de dollars depuis le début de la pandémie. C’est l’accumulation la plus rapide de mémoire récente. La classe ouvrière est mise à mort pour le profit».

Gregor Link, qui s’exprimait depuis l’Allemagne au nom de l’International Youth and Students for Social Equality (IYSSE), a participé à la réunion: «La semaine dernière, le COVID-19 était la première cause de décès en Europe avec près de 3.000 décès par jour. Rien qu’en Allemagne, il y a maintenant des dizaines de milliers de nouvelles infections chaque jour, et plus de 400 personnes en meurent».

«Sur le “World Socialist Web Site”, nous avons montré que les infections dans les écoles sont camouflées et ne sont pas divulguées au public. Les enseignants critiques sont intimidés, et les administrateurs des écoles sont soumis à une pression massive. Les camarades de classe des élèves infectés ne sont pas testés et des mesures de quarantaine ne sont pas imposées».

«Dans toute l’Allemagne, dix fois plus de jeunes de 10 à 19 ans sont infectés aujourd’hui qu’au printemps. Bien sûr, ces élèves peuvent ensuite potentiellement infecter leurs parents et leurs grands-parents sans qu’ils le sachent».

«Les syndicats soutiennent cette politique en appuyant la propagande du gouvernement selon laquelle les enfants ne jouent aucun rôle dans la pandémie. En revanche, le principal virologiste allemand, Christian Drosten, a récemment précisé une fois de plus qu’il n’y a pas de différence entre les groupes d’âge en termes d’infectiosité».

Link a poursuivi: «Contre cette politique d’infection délibérée, un mouvement massif commence à se développer en Allemagne, tout comme dans de nombreux autres pays d’Europe».

«L’IYSSE se bat pour étendre ces actions à toute l’Europe et au-delà. Nous disons qu’une grève scolaire à l’échelle européenne doit être organisée pour préparer le terrain à une grève générale. Les écoles et les usines doivent être temporairement fermées jusqu’à ce que la pandémie soit maîtrisée et vaincue».

Danny Knightley, un étudiant et représentant de l’IYSSE au Royaume-Uni, a décrit la situation dans les universités britanniques. Il a déclaré: «Il y a plus de deux mois, le gouvernement conservateur a annoncé son intention de pousser tous les étudiants à retourner sur les campus. Il a affirmé qu’“il n’y a pas de base scientifique pour dire que l’enseignement en face à face est dangereux tant que des plans de sécurité COVID sont en place”. On a utilisé cette affirmation pour justifier le retour de plus d’un million d’étudiants et de travailleurs universitaires sur les campus et s’est depuis révélée être un mensonge».

«Depuis septembre, le nombre de cas de coronavirus au Royaume-Uni a plus que quadruplé, en raison de la migration massive des étudiants à travers le pays. Les infections universitaires s’élèvent maintenant à plus de 47.000…»

«Nous [l’IYSSE] appelons tous les étudiants et éducateurs à former leurs propres comités de sécurité indépendants, pour lutter pour des conditions de travail et d’étude sûres. Ces comités doivent également veiller à ce que les étudiants rentrent chez eux en toute sécurité, sans augmenter le risque de transmission. Les comités de sécurité des campus doivent ensuite s’assurer, avec l’aide de scientifiques et d’experts médicaux, qu’il n’y a pas de retour dans les collèges et les universités tant que le virus n’est pas véritablement supprimé et que des mesures de sécurité adéquates n’ont pas été mises en place».

Claire, une lycéenne de 15 ans, qui a récemment donné une interview à la WSWS avec sa mère, a parlé lors de la réunion. Elle a décrit comment elle a contracté le virus il y a environ un mois et on l’a encouragée à ne pas quitter l’école même après avoir ressenti des symptômes de type COVID. Pendant son séjour à l’hôpital, une des infirmières a dit à Claire que, depuis le confinement actuel, ce sont surtout les enfants et les adolescents qui ont contracté le virus. Claire a raconté que dans son école non ventilée, des assemblées sont toujours organisées avec jusqu’à 200 élèves et membres du personnel présents.

Soulignant les expériences et les tâches communes qui unissent les élèves et le personnel de l’école au niveau international, Link a fait remarquer que ce que Claire avait décrit était similaire à ce que les élèves signalaient aux Comités de sécurité des enseignants de la base en Allemagne.

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(Article paru en anglais le 3 décembre 2020)

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