Lettre ouverte aux Parents unis contre les écoles peu sûres

La lettre suivante a été envoyée le 25 novembre dernier au groupe Parents unis contre les écoles peu sûres (anciennement: Boycottons le retour aux écoles peu sûres ou BRTUS), au nom du Comité de sécurité des éducateurs de base (Educators Rank-and-File Safety Committee). La lettre demande au groupe d’annuler immédiatement son interdiction de publier sur sa page Facebook des articles ou des liens faisant référence à des articles du World Socialist Web Site et de mettre fin au blocage des commentaires critiquant les syndicats pour avoir saboté l’opposition à la réouverture des écoles peu sûres. Aucune réponse n’a été reçue.

Nous appelons les lecteurs du WSWS et les partisans du Comité de sécurité des éducateurs de base à écrire des lettres de protestation pour défendre les droits démocratiques et permettre une libre discussion entre parents, jeunes et personnel scolaire sur la manière de protéger les vies.

Les lettres devraient être envoyées à l’adresse suivante: boycottunsafeschools@gmail.com

Des copies devraient être envoyées à l’adresse suivante: sep@socialequality.org.uk

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Au groupe Boycottons le retour aux écoles dangereuses (BRTUS)/Parents Unis,

Le Comité de sécurité des éducateurs de base demande au groupe BRTUS/Parents Unis d’annuler immédiatement l’interdiction faite à nos membres et sympathisants de publier des messages. Il s’agit d’un acte antidémocratique qui bloque le développement d’une discussion et d’un débat ouverts sur la manière de protéger les enfants et les éducateurs dans un contexte d’escalade massive du coronavirus au Royaume-Uni et dans le monde.

La suppression des messages puis le blocage des comptes ont commencé après qu’un parent, Kelly, a publié une réponse à la question d’un parent concernant la source qu’elle avait utilisée pour obtenir des informations sur la mort d’enseignants de COVID-19. Kelly a publié un lien sur un article du wsws.org contenant les informations pertinentes. Elle a ensuite reçu un message de l’administration qui indiquait qu’«aucun article du WSWS» ne serait autorisé. Son accès a été bloqué pendant 24 heures, puis définitivement retiré lorsqu’elle a critiqué un article qui faisait la promotion du Syndicat national des enseignants (National Education Union ou NEU). Elle a expliqué que le syndicat NEU avait refusé d’appeler à la grève alors qu’aucune de ses dix demandes pour accepter une réouverture des écoles n’avait été satisfaite.

Le groupe BRTUS n’a pas expliqué publiquement pourquoi le World Socialist Web Site (wsws.org) est interdit ou pourquoi les commentaires critiques à l’égard des syndicats ne sont pas autorisés. La séquence des événements établit cependant que cette mesure vise à censurer toute critique des bureaucraties travailliste et syndicale et de leur rôle criminel dans la répression de l’opposition à la réouverture dangereuse des écoles.

Le Parti de l’égalité socialiste (PES) a établi le Comité de sécurité des éducateurs de base en septembre pour mettre en place une action indépendante qui visait à empêcher la réouverture des écoles dangereuses. Le site wsws.org est le journal d’information en ligne du Comité international de la Quatrième Internationale, dont le PES est la section britannique. Le site wsws.org est le site web socialiste le plus lu au Royaume-Uni et dans le monde, avec plus d’un million de visites par mois. Depuis janvier 2020, il a écrit plus de 1.000 articles sur l’impact de la pandémie. Il a appelé à une action indépendante pour protéger les travailleurs et les jeunes. Il a donné la parole à de larges pans de la société, il a interrogé des centaines d’individus et il a soutenu la croissance de groupes d’action tels que BRTUS, en tant qu’expression d’une opposition indépendante croissante aux politiques criminelles d’«immunité collective» dans le monde entier. Il a créé des comités indépendants d’éducateurs et de travailleurs de l’automobile et des transports aux États-Unis, en Europe et en Australie.

Un grand nombre de vos lecteurs ont publié de manière indépendante des articles tirés du site wsws.org comme source d’information et d’éducation. Ces articles ont reçu de nombreux commentaires favorables et ont été republiés par vos partisans. Le wsws.org a interviewé Jennifer Jones, administratrice de BRTUS, à deux reprises, et a fait référence au site de manière positive dans des dizaines de nos articles. La création d’un forum permettant aux parents de protéger leurs enfants des effets mortels de la pandémie, en opposition à la réponse négligente du gouvernement, est un développement bienvenu.

Le WSWS a fait connaître la grève des parents qui s’est tenue le 5 novembre et a appelé à un soutien massif des parents et des enseignants. Alors qu’on avait jusqu’à présent accepté la majorité des publications du Comité de sécurité des éducateurs de base, la situation a changé immédiatement après la publication d’un article sur le WSWS le 10 novembre intitulé: «La grève des parents au Royaume-Uni sabotée par les syndicats et le parti travailliste».

L’article a tiré les leçons de la grève et dénonçait le refus des syndicats de l’éducation de l’approuver. Il a noté qu’en dépit du fait que les écoles soient devenues un vecteur clé de la propagation mortelle du virus, les syndicats ont abandonné toutes leurs revendications de «sécurité» en juin et ont salué la réouverture des écoles. L’article a fait ressortir les points clés suivants: «Lorsque la grève fut déclenchée le 2 novembre, BRTUS a demandé au Syndicat national des enseignants (NEU) de soutenir la grève et de se tenir aux côtés des parents. Mais le NEU et d’autres syndicats d’enseignants ont refusé de soutenir la grève, dans un acte délibéré de sabotage politique. Comme leurs collègues des autres syndicats, les responsables du NEU, dirigés par Kevin Courtney et Mary Bousted, craignaient que toute promotion de l’action des parents ne déclenche le soutien actif des 450.000 enseignants membres du NEU».

«Deux jours plus tôt, le groupe BRTUS avait publié une déclaration, “Ensemble, nous sommes forts. GMB et Unite soutiennent BRTUS, c’est temps que le NEU se joigne à la riposte”. BRTUS n’a fourni aucune information sur le soutien offert par les deux syndicats. Mais ni Unite, le plus grand syndicat britannique, ni le GMB, qui compte parmi ses membres la majorité des aides-enseignants et du personnel de soutien, n’ont publié de déclaration de soutien sur leurs sites web, et encore moins appelé leurs propres membres à la grève».

«Au lieu de condamner les actions du NEU et de lancer un appel aux enseignants et au personnel de soutien, le groupe BRTUS a écrit le 31 octobre: “Le NEU doit collaborer avec les autres parties prenantes de l’école – les parents – en travaillant avec le groupe BRTUS: Parents Unis (la plus grande campagne menée par des parents au Royaume-Uni pour des écoles plus sûres )”. Dans la lignée de ce plaidoyer pour une reconnaissance officielle, le groupe BRTUS dilue ses appels au boycott des écoles dangereuses pour s’adapter à la fausse lutte du NEU contre le gouvernement Johnson».

«Le résultat de la collaboration du NEU avec le gouvernement conservateur a été catastrophique. Plus de 8.000 écoles ont été infectées par le COVID-19 et 148 membres du personnel éducatif sont morts. En Angleterre, entre le 1er septembre et le 23 octobre, les infections par COVID-19 ont été multipliées par 50 chez les enfants de 7 à 11 ans, passant de 40 à 2.010 cas. Les écoles, collèges et universités représentent plus de 50 pour cent de la transmission du virus au Royaume-Uni».

«Ces expériences contiennent des enseignements essentiels. Alors que la classe ouvrière entre en lutte, la classe dirigeante et ses agences politiques au sein de la bureaucratie travailliste et syndicale, ainsi que leurs complices de pseudo-gauche, interviennent à chaque point pour tenter de neutraliser toute contestation indépendante qui venait de la base. Mais ils n’ont rien à offrir à la classe ouvrière».

«La leçon principale de la grève des parents de la semaine dernière est que toute action efficace contre l’escalade de la pandémie COVID-19 – y compris des grèves et débrayages de masse pour s’opposer aux écoles et aux lieux de travail dangereux – nécessite une rébellion politique contre les syndicats procapitalistes et le parti travailliste».

Après la publication de cet article, un message a été immédiatement envoyé au WSWS par Jennifer Jones sous le titre «Un article sur le groupe BRTUS contient quelques inexactitudes». Elle a attiré l’attention sur ce qu’elle a qualifié de «déclaration de soutien» du GMB «envoyée dans le bulletin des membres», un don de 500 livres sterling à BRTUS, et «des déclarations vidéo ou écrites de soutien à BRTUS du député Grahaeme [sic] Morris, Blee [sic] Ribeiro Addy, Claudia Webbe… sur le site web du groupe BRTUS et sur des médias sociaux».

Laura Tiernan, l’une des co-auteurs de l’article du WSWS, a répondu: «J’étais bien sûr au courant des déclarations de solidarité des députés affichées sur le site web de BRTUS et j’ai modifié le texte pour rendre encore plus clair le point que nous cherchions à faire valoir: que les députés travaillistes promus par le groupe BRTUS et Counterfire sont les ennemis politiques de tout combat véritable des enseignants et des parents».

«Il ne coûte rien aux députés de faire des déclarations de solidarité sur votre site web. Pas un seul d’entre eux – y compris [l’ancien leader travailliste Jeremy] Corbyn – ne s’est publiquement opposé au soutien criminel de [l’actuel leader du parti travailliste Sir Keir] Starmer à l’intransigeance du gouvernement Johnson pour garder les écoles ouvertes, et pas un seul n’a soutenu l’appel à la grève des parents et des enseignants pour sauver des vies».

«Notre article indiquait à juste titre que le syndicat GMB n’avait publié aucune déclaration sur la grève des parents sur son site web ou sur les comptes des médias sociaux. Vous pointez du doigt une seule lettre d’information envoyée par la branche du Yorkshire du GMB et un don de 500 livres sterling au groupe BRTUS. Le GMB compte 600.000 membres et dispose de fonds d’une valeur estimée à 79 millions de livres sterling. Le secrétaire général du syndicat, Tim Roache, reçoit 160.000 livres sterling par an en salaire. Cela va sans dire que 500 livres sterling sont négligeables pour eux».

«La grève des parents était un événement national. Si GMB, Unite et les syndicats de l’éducation avaient mis leurs ressources au service de la grève, celle-ci aurait bénéficié d’un soutien massif. Des grèves conjointes de parents, enseignants et personnel scolaire seraient également devenues un point de ralliement pour des sections plus larges de la classe ouvrière forcées de travailler dans des lieux de travail, des collèges et des universités dangereux, non seulement au Royaume-Uni, mais dans toute l’Europe».

«Mais les syndicats sont hostiles à toute lutte de ce type. GMB (y compris GMB Yorkshire) n’a pas appelé ses membres à se joindre à la grève. Ils ont passé des décennies à réprimer les grèves et à imposer la suppression des salaires, des emplois et des conditions de travail. Ils agissent comme des pompiers industriels pour le gouvernement et les entreprises afin de limiter et arroser toute éruption de lutte de la part des travailleurs».

«Le Parti de l’égalité socialiste et le World Socialist Web Site ont apporté leur soutien total aux parents qui entrent en lutte contre la réouverture criminelle des écoles par le gouvernement Johnson. Nous avons reconnu l’importance du groupe BRTUS et avons cherché à amplifier son message de solidarité entre parents et enseignants et son action pour protéger la sécurité et la vie des enfants et de leurs familles. Mais ce soutien n’implique pas une amnistie politique».

On n’a reçu aucune réponse à ce courriel. Au lieu de cela, d’autres messages de notre Comité et du wsws.org ont été bloqués et supprimés.

L’accélération du virus à l’échelle mondiale présente des risques immenses pour la santé et le bien-être de la société et soulève la nécessité d’une action urgente. Les syndicats et le parti travailliste sont complices d’un grand crime en cours. Ils bloquent la large opposition qui existe. Quelque 58 pour cent des parents interrogés, et plus de 50 pour cent des enseignants, sont favorables à la fermeture des écoles. Le fait qu’elles restent ouvertes est dû au rôle politique joué par le parti travailliste et les syndicats. Ils subordonnent la protection des vies aux intérêts du capitalisme. Si la discussion est bloquée sur ces éléments clés, alors le groupe BRTUS devient complice de cette opération criminelle.

On n’a censuré aucune autre tendance politique. Les publications du Parti travailliste, du NEU, du GMB et de Unison sont régulièrement mises en évidence. Les publications de tendances politiques telles que Socialist Worker (Ouvrier socialiste), Socialist Party (Parti socialiste), Counterfire (Contre-feu) et The People’s Assembly (l’Assemblée du peuple) sont toutes autorisées.

Les travailleurs et les parents doivent avoir le droit de décider quel programme et quelle perspective politiques ils souhaitent adopter ou discuter. Bloquer l'accès à ces publications par la censure est un outil réactionnaire pour faire taire l'opposition.

En conclusion, nous demandons à nouveau au groupe BRTUS d’arrêter immédiatement de bloquer et de censurer les membres et les partisans du Comité de sécurité des enseignants et du site wsws.org. Nous mènerons une vaste campagne auprès des partisans et des membres du groupe BRTUS autour de cette revendication.

Sincères salutations,

Tania Kent

Pour le Comité de sécurité des éducateurs de base

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