Le monde a franchi une étape sinistre jeudi matin: 1,5 million de vies perdues à travers le monde entier à cause de la pandémie de coronavirus en cours. Plus de 10.000 personnes sont tuées chaque jour par cette maladie mortelle, soit 50% de plus qu’au sommet de la première vague de la pandémie en avril et plus du double du taux de mortalité quotidien au début du mois d'octobre.
Une autre mesure de la propagation de la pandémie est le nombre de cas confirmés de l'infection, qui vient de dépasser les 66 millions. Près de 600.000 personnes contractent le virus chaque jour, contre moins de 300.000 nouveaux cas quotidiens il y a deux mois. Le doublement du nombre de cas quotidiens et du nombre de décès quotidiens indique clairement que les gouvernements de tous les pays ont laissé le virus faire rage dans la population mondiale sans aucun contrôle.
En réponse à la recrudescence des cas dans le monde entier, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a averti lors d'un récent point de presse: «Ce n'est pas le moment de se reposer sur ses lauriers, surtout à l'approche des fêtes de fin d'année dans de nombreux pays et cultures.» Il a noté que si certaines régions du monde ont vu une réduction des nouveaux cas ces derniers jours, «les gains peuvent facilement être perdus et il y a toujours une augmentation des cas dans la plupart des autres régions du monde et une augmentation des décès.»
C'est aux États-Unis, où la situation demeure très grave, que cela est le plus vrai. On compte aujourd'hui plus de 14,7 millions de cas et 285.000 morts à travers tous les États et territoires, soit plus que dans tout autre pays du monde. Plus de 100.000 personnes sont hospitalisées à cause de la maladie. En moyenne, plus de 175.000 personnes sont nouvellement infectées chaque jour et près de 2000 en meurent. On prévoit que le taux de mortalité quotidien dépassera les 3000 ce mois-ci.
Comme l'a déclaré le président élu Joe Biden mercredi, «Je ne veux effrayer personne ici, mais comprenez les faits: nous allons probablement perdre 250.000 personnes de plus d'ici janvier.» Pourtant, au lieu d'appeler à un confinement national et à un arrêt d'urgence de toute production non essentielle pour sauver des vies comme l'une des mesures nécessaires pour mettre fin à la pandémie, Biden a déclaré: «Nous n'avons plus besoin de confinement.»
De telles déclarations sont en contradiction avec la réalité. Quarante-sept des 50 États du pays ont une «propagation incontrôlée» du coronavirus, selon le site web CovidExitStrategy. À l'échelle nationale, le nombre de personnes dont le test de dépistage du coronavirus est positif est supérieur à 1 sur 10. La recherche des contacts est essentiellement impossible, ce qui signifie que les personnes exposées à une personne infectée ne sont pas alertées et que les myriades de chaînes de transmission du COVID-19 restent intactes.
Le nombre de morts pour l'Europe dans son ensemble est encore plus élevé que celui des États-Unis, il s'élève actuellement à plus de 416.000. On dénombre plus de 5000 décès par jour sur le continent, ce qui signifie qu'au rythme actuel, le nombre de décès dus aux coronavirus en Europe atteindra 500.000 avant le jour de Noël. Le nombre de nouveaux cas dépasse désormais les 200.000 par jour, et le nombre total d'infections a dépassé les 18 millions vendredi.
L'Italie compte désormais une moyenne de plus de 700 décès par jour, soit à peine moins que le pic atteint en mars et avril. Le nombre de nouvelles infections, bien qu'en baisse en raison des récentes mesures de confinement, s'élève encore à plus de 20.000 par jour, soit environ quatre fois le nombre de cas quotidiens connus au plus fort de la première vague dans le pays.
De même, au Royaume-Uni, on compte encore plus de 400 décès par jour dans le pays. La politique de facto d'«immunité collective» du gouvernement Johnson, désormais adoptée par les gouvernements de tous les grands pays capitalistes, a porté le nombre total de morts à plus de 60.000. En outre, le nombre de «décès excédentaires» dans le pays, dont les recherches montrent qu'il donne une meilleure idée de l'ampleur réelle de la pandémie, dépasse largement les 70.000.
La Belgique est aujourd'hui le pays qui compte le plus grand nombre de décès par habitant au monde, avec actuellement 1467 décès par million d'habitants. Cette situation est due en grande partie à l'abandon par le gouvernement des soins médicaux pour les résidents des maisons de retraite en Belgique tout au long de l'épidémie de coronavirus. Parallèlement, le nouveau premier ministre, Alexander De Croo, a déclaré lors de son entrée en fonction en octobre qu'il n'envisagerait pas un confinement du pays, quel que soit le nombre de vies perdues. «Permettez-moi d'être très clair», a affirmé De Croo, «Notre pays, notre économie et nos entreprises ne peuvent pas faire face à un nouveau confinement général.»
Des pays d'Amérique du Sud connaissent également une deuxième vague de cas et de décès dus au coronavirus. On compte plus de 11,3 millions de cas sur l'ensemble du continent et plus de 330.000 décès. Plus de 74.000 nouveaux cas ont été enregistrés jeudi et près de 1300 décès.
Le pays le plus durement touché de l'hémisphère sud reste le Brésil, qui connaît un pic de cas similaire à celui qu'il a connu pendant l'été, où il y a eu plus de 40.000 nouveaux cas par jour. Le taux de mortalité quotidien du pays est actuellement de plus de 500 et ne cesse d'augmenter. Le nombre officiel de cas et le nombre de morts, chiffres que le président fascisant Jair Bolsonaro a tenté de censurer, s'élèvent respectivement à 6,5 millions et 176.000.
Une catastrophe comparable continue de se produire en Inde, qui compte plus de 9,6 millions de cas et a subi près de 140.000 morts. Un comité récemment nommé par le gouvernement a toutefois estimé que ces chiffres sont bien inférieurs à la réalité, et qu'il est probable qu'au moins la moitié de la population indienne, qui compte 1,3 milliard de personnes, aura été infectée par la contagion d'ici février.
Le fait que la pandémie se soit tellement enracinée dans chaque ville, État et pays du monde témoigne des véritables priorités de chaque gouvernement. Les mesures de santé publique nécessaires pour mettre fin au coronavirus sont connues et se sont avérées efficaces dans le nombre limité de cas où elles ont été appliquées. Cependant, à la place – depuis les États-Unis, jusqu’à l'Europe, l'Amérique du Sud, l'Asie du Sud et au-delà – les bénéfices des sociétés et les dividendes des marchés boursiers sont placés au-dessus des vies humaines.
Le Dr Tedros a déclaré: «La pandémie nous a amenés à un carrefour» et «nous ne pouvons pas – nous ne devons pas – revenir aux mêmes modèles de production et de consommation exploiteurs, au même mépris pour la planète qui soutient toute vie, au même cycle de panique et de négligence, et aux mêmes politiques de division qui ont alimenté cette pandémie.»
Bien que cela soit vrai, on ne peut pas le faire en lançant un appel aux dirigeants mondiaux et au système social qui a permis au coronavirus de devenir si mortel. Le capitalisme lui-même s'est révélé totalement incapable de répondre aux besoins sociaux les plus fondamentaux et les plus urgents de l'heure. La solution à la pandémie n'est donc pas un nationalisme bourgeois renouvelé, mais la lutte pour le socialisme international menée par la seule force révolutionnaire de la société, la classe ouvrière.
(Article paru en anglais le 4 décembre 2020)