Perspectives

COVID-19: Près d’un demi-million de décès en Europe

Deux semaines avant Noël, la pandémie de COVID-19 fait rage en Europe. Jeudi, le nombre de décès dus au COVID-19 a de nouveau dépassé les 5.000. Le bilan européen atteint maintenant au moins 444.135 décès.

Jeudi, 887 personnes sont mortes du COVID-19 en Italie, 529 en Allemagne, 516 au Royaume-Uni, 562 en Russie, 292 en France et 470 en Pologne.

Si le nombre de décès reste à ce niveau, décembre sera le mois le plus meurtrier depuis le début de la pandémie, avec plus de 150.000 morts. En novembre déjà, on comptait plus de 123.000 décès, ce qui en fait le mois le plus meurtrier à ce jour. Aujourd’hui, dans les 10 premiers jours de décembre, plus de 50.000 personnes sont déjà mortes du COVID-19, soit une moyenne de 5.000 par jour.

La situation est particulièrement dramatique en Suède, où la stratégie d’«immunité collective», qui est appliquée en réalité par tous les gouvernements européens, a été conçue pour la première fois. Jeudi soir, on avait enregistré 7.354 décès et plus de 312.000 infections. Avec une population de seulement 10,6 millions d’habitants, cela signifie que près de trois pour cent de tous les habitants ont contracté le COVID-19. Dans les dernières semaines, le taux d’infection a doublé pour atteindre plus de 500 cas pour 100.000 habitants au cours des deux premières semaines de novembre. Jeudi, le gouvernement suédois a annoncé un nouveau record de 7.935 nouvelles infections dans une journée.

Depuis longtemps on a salué l’Allemagne dans les médias bourgeois comme un modèle pour la gestion du virus. Aujourd’hui, le pays est au centre de la pandémie de COVID-19 en Europe. Après avoir enregistré un nombre record de 622 décès mercredi, l’Allemagne a également fait état d’un record de nouvelles infections jeudi, avec 28.179 cas. Ce chiffre était bien plus élevé qu’en France (13.750), au Royaume-Uni (20.964) et en Italie (16.999), les pays de l’Union européenne où les taux d’infection et de mortalité sont les plus élevés.

Malgré l'aggravation de la catastrophe, les gouvernements européens de toutes allégeances refusent de prendre les mesures d'urgence nécessaires et fermer les écoles et les entreprises non essentielles pour éviter des centaines de milliers de morts. Au contraire, ils préparent déjà un nouvel assouplissement de leurs mesures inefficaces de «confinement léger». Celles-ci ont toujours eu pour but de dissimuler la responsabilité de la classe dirigeante dans la catastrophe puisqu'elle envoie les jeunes à l'école et les travailleurs au travail afin de maintenir les profits de l'aristocratie financière.

La plupart des pays européens ont maintenu les écoles et les universités ouvertes sans prévoir les moindres mesures de sécurité ni passer à l’apprentissage en ligne. Il n’y a aucune réglementation des transports publics utilisés par des dizaines de millions de travailleurs chaque jour, et même les mesures limitées de confinement du commerce de détail ont été supprimées pour ne pas empiéter sur les achats de Noël. Cela va inévitablement propager massivement le virus. Néanmoins, l’ordre du jour du sommet européen des 10 et 11 décembre indique que les gouvernements européens discuteront de «l’effort global de coordination en réponse à la pandémie de COVID-19, y compris… la levée progressive des restrictions».

Le soir du premier jour du sommet, le premier ministre français Jean Castex a annoncé que la population pourrait voyager librement dans toute la France à partir du 15 décembre. Un couvre-feu national sera imposé de 20 h à 6 h du matin pendant les vacances, à l’exception de la veille de Noël. Castex a déclaré que son gouvernement n’atteindra pas son objectif de réduire le nombre de nouvelles infections quotidiennes à moins de 5.000. Néanmoins, les écoles continueront à fonctionner normalement jusqu’au début des vacances de Noël, le 19 décembre, puis reprendront leurs activités comme prévu le 4 janvier.

Avant le sommet de Bruxelles, la chancelière allemande Angela Merkel a résumé la position de la bourgeoisie européenne en déclarant devant le Bundestag mercredi: «La leçon que nous avons tirée du printemps est que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour maintenir les crèches et les écoles ouvertes». Merkel a proposé que les élèves ouvrent les fenêtres des écoles dans le froid hivernal, car une bonne «aération fait aussi partie de ce qu’il faut faire pendant les mois d’hiver». Elle a ajouté: «C’est tout simplement parce que nous avons des conditions particulières».

Cela ne pourrait être plus clair. Bien que la «deuxième vague» de la pandémie ait déjà fait plus de victimes que la première et que des études scientifiques aient montré que les «fermetures strictes» du printemps ont sauvé des millions de vies, les gouvernements européens ont convenu que cette fois-ci, il n’y aura pas de mesures globales pour contenir le virus.

Dans son discours, Merkel a évoqué les intérêts sociaux et politiques qui se cachent derrière cette politique meurtrière. Il s’agit des intérêts économiques et géostratégiques impérialistes dans la lutte entre les grandes puissances. «Cette pandémie est quelque chose qui va certainement réorganiser l’équilibre des pouvoirs dans le monde, tout d’abord économiquement, mais peut-être aussi sociopolitiquement», a-t-elle déclaré, «ce qui signifie que nous devons établir quelle est notre place dans le contexte mondial».

Merkel a fait remarquer que l’économie allemande, tout comme l’économie américaine, s’effondrera de quatre à six pour cent cette année. Elle a déclaré que l’Allemagne est loin derrière des pays comme la Chine, «qui sortira de ces années avec une croissance de 1,9 pour cent». L’Allemagne doit «faire tout son possible pour que la voie de la reprise que nous avons engagée au troisième trimestre après un effondrement massif au deuxième trimestre puisse être poursuivie». Les entreprises allemandes doivent «suivre le rythme de la concurrence internationale» et «on doit tout faire pour que nous puissions maintenir la force de l’Allemagne, et pas seulement dans le domaine économique».

Les gouvernements capitalistes européens refusent de fermer les écoles et les usines – principaux vecteurs de la pandémie – parce qu’ils ont l’intention d’extraire sans relâche la plus-value et les profits de la classe ouvrière.

Les travailleurs doivent payer pour les centaines de milliards d’euros distribués à travers les fameux plans de sauvetage durant la pandémie, principalement à l’oligarchie financière, aux grandes entreprises et aux banques. Merkel a déclaré: «Nous devons aussi toujours nous rappeler ce que signifie la dette publique. Elle signifie, bien sûr, la charge sur les budgets futurs, elle signifie la nécessité de la rembourser, et elle signifie des restrictions sur les dépenses futures et sur les générations futures».

La propagande des gouvernements européens qui prétend que ces derniers ont réagi de manière plus responsable à la pandémie que le gouvernement Trump est discréditée. Comme aux États-Unis, la population européenne est confrontée à une classe dirigeante impitoyable qui se nourrit littéralement de mort et de misère. Alors que les taux d’infection et de mortalité montent en flèche et que les hôpitaux européens sont au bord de l’effondrement, les cours des actions montent en flèche, enrichissant considérablement une petite couche de la société.

Cet hiver de mort en Europe montre la faillite du capitalisme. Si l’on veut sauver des centaines de milliers de vies, la classe ouvrière doit intervenir de manière indépendante dans la vie politique. Elle doit s’opposer au système social qui a conduit à cette horrible catastrophe en bloquant une politique rationnelle et scientifique. La lutte contre la pandémie, mais aussi contre l’inégalité sociale, la guerre et la dictature, exige l’expropriation de l’oligarchie financière et la transformation de la société sur une base socialiste.

Partout en Europe, la classe ouvrière et la jeunesse se radicalisent, organisant des grèves et des manifestations contre la propagation de la pandémie et les attaques contre l’emploi et les salaires. La question de la stratégie et de la perspective est cruciale. Les sections européennes du Comité international de la Quatrième Internationale et son groupe de sympathisants en Turquie se battent pour construire un réseau de comités d’action indépendants. C’est le premier pas afin de préparer une grève générale à l’échelle européenne pour imposer la fermeture des écoles et des industries non essentielles. Dans la lutte pour le pouvoir politique, la classe ouvrière doit exproprier l’oligarchie financière et remplacer l’UE réactionnaire par les États socialistes unis d’Europe.

(Article paru en anglais le 11 décembre 2020)

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