Arrêtez l’hiver de la mort du Royaume-Uni! Pour une action d’urgence afin de sauver des vies!

On laisse la pandémie de coronavirus au Royaume-Uni échapper à tout contrôle. Le gouvernement conservateur du Premier ministre Boris Johnson mène une politique meurtrière qui met en danger des dizaines de milliers de vies. Il le fait avec la collusion politiquement criminelle du parti travailliste et des syndicats.

Selon les chiffres officiels, plus de 66.000 personnes sont déjà mortes de COVID-19 au Royaume-Uni. Un total plus précis serait les quelque 80.000 décès enregistrés cette année avec COVID-19 mentionné sur le certificat de décès. Le retour forcé des travailleurs sur les lieux de travail et des étudiants dans les écoles, les collèges et les universités a produit une catastrophe. Environ 25.000 personnes sont mortes de COVID-19 depuis la fin du premier confinement national en mai-juillet, toujours selon le gouvernement. Le taux de mortalité au Royaume-Uni est de 963 décès par million d’habitants, soit plus que les États-Unis.

Le pire est à craindre. Les infections, les hospitalisations et les décès vont monter en flèche au cours des mois de décembre, janvier et février, à moins qu’on ne prenne des mesures drastiques immédiatement.

L’impact mineur du confinement partiel de novembre a été effacé en l’espace de deux semaines. La moyenne des cas quotidiens sur sept jours s’élève désormais à 21.027.

Le 14 décembre, il y avait plus de personnes hospitalisées avec le COVID-19 qu’à n’importe quel autre moment depuis avril. Les trajectoires de chaque statistique sont nettement à la hausse. Au rythme actuel de l’augmentation, d’ici le Nouvel An, les hôpitaux anglais compteront plus de patients atteints de coronavirus qu’au plus fort de la première vague dévastatrice de la pandémie.

La situation réelle est plus grave que les projections. Entre le 23 et le 27 décembre, le gouvernement assouplit les restrictions afin de permettre à trois ménages au maximum, provenant de n’importe où dans le pays, de se mélanger et de rester sous un même toit. Une telle mesure entraînerait une explosion des infections à l’approche des mois d’hiver et la période de plus grand stress pour le service de santé, même au cours d’une année normale.

Les scientifiques et les organisations médicales professionnelles tirent la sonnette d’alarme. Le British Medical Journal et le Health Service Journal ont publié mardi un éditorial commun avertissent le gouvernement que «la détente de Noël va submerger les services» et lui demandant de «revenir sur sa décision irréfléchie d’autoriser le mélange des ménages» qui «coûtera de nombreuses vies».

En plus des personnes tuées par le COVID, écrivent les auteurs, une nouvelle poussée du virus «pourrait anéantir presque toutes les réductions des délais d’attente pour les procédures électives réalisées au cours des 20 dernières années… Il faudra des années pour s’en remettre, au prix de beaucoup de souffrances et de pertes de vies».

La Dr Claudia Paoloni, présidente de l’Association des consultants et spécialistes hospitaliers, a averti que les plans de Noël verront «des patients mourant inutilement et des milliers de cas critiques ne seront pas traités». Exposant la situation dans les termes les plus précis, le professeur Gabriel Scally, éminent spécialiste de la santé publique, a averti: «Il ne sert à rien de passer un Noël très joyeux et d’enterrer ensuite ses amis et ses relations en janvier et février».

Johnson et les dirigeants des gouvernements décentralisés d’Écosse et d’Irlande du Nord ont refusé catégoriquement de modifier leurs plans. Le Pays de Galles a été le seul à faire un amendement, même symbolique, en passant à «deux ménages plus une personne qui vit seule». Leur détermination à aller de l’avant est la preuve que même des décès d’une ampleur stupéfiante ne les obligeraient à prendre des mesures qui vont à l’encontre des intérêts des grandes entreprises. L’annonce par le gouvernement d’Irlande du Nord d’un confinement de six semaines immédiatement après Noël prouve qu’ils sont tous conscients des conséquences mortelles des jours à venir.

Plusieurs vaccins efficaces sont disponibles et commencent à être déployés. Pourtant, la soif de profits de la classe dirigeante est telle que des dizaines de milliers de personnes seront autorisées à mourir avant que le programme de vaccination n’entre pleinement en vigueur. Alors même que le gouvernement se livre à la pantomime de placer des millions de personnes supplémentaires au niveau le plus élevé des restrictions, en reconnaissance de la propagation rapide du virus, l’économie est gardée ouverte.

Toute la production et la vente au détail non essentielles ont repris leur cours normal. Le gouvernement fait tout pour étouffer ces informations, mais on continue d’entendre parler d’éclosions dans des usines et des entrepôts à travers le pays. On a encouragé la clientèle de Noël à remplir les rues principales comme des sardines, surtout à Londres. Pour rattraper le temps perdu suite au confinement de novembre, le gouvernement a autorisé les magasins à rester ouverts 24 heures sur 24 jusqu’à Noël et janvier. Les pubs et les restaurants restent également ouverts dans de vastes régions du pays.

Le gouvernement est tellement déterminé à faire respecter cette «nouvelle normalité», dans laquelle des centaines de travailleurs meurent inutilement chaque jour, que le ministère de l’Éducation a menacé de poursuivre en justice plusieurs conseils de Londres en début de semaine pour empêcher les écoles de fermer plus tôt pour Noël. Les plans des conseils se sont traduits par trois jours supplémentaires de fermetures d’écoles face à ce que les dirigeants des conseils ont décrit comme une «croissance exponentielle» des infections.

L’annonce de dernière minute du gouvernement d’un retour échelonné dans les écoles secondaires en janvier est une farce cruelle. Ce délai est censé donner le temps aux écoles de mettre en place un système de tests de masse inapplicables pour les enfants, effectués par le personnel, qui servira de prétexte pour éliminer les derniers vestiges du système de quarantaine et d’auto-isolement.

Johnson a pu poursuivre son programme d’homicides grâce surtout à ses partenaires dans le crime, le parti travailliste et les syndicats. Suivant la voie tracée par son prédécesseur Jeremy Corbyn, le leader travailliste Sir Keir Starmer est aux côtés de Johnson depuis le début de la pandémie, sous la bannière de l’«unité nationale». Il s’est donné pour mission de soutenir la détermination du gouvernement conservateur à maintenir les écoles ouvertes. La réaction des syndicats face au virus a été d’entamer des pourparlers avec le gouvernement, puis de réprimer toute action des travailleurs concernant le danger du COVID-19.

Ces forces sont conjointement responsables de la mort massive infligée à la population.

Il est de la responsabilité de la classe ouvrière, organisée sur son propre programme politique indépendant, de mettre fin à la pandémie.

Le COVID-19 a touché de manière écrasante les travailleurs et leurs familles – tant en termes d’infections que de retombées économiques de la pandémie – tout en prouvant simultanément leur rôle de classe en tant que producteurs de toutes les richesses et fournisseurs de tous les services essentiels de la société. Le Parti de l’égalité socialiste (Royaume-Uni) leur demande de faire valoir les revendications suivantes:

Premièrement, toute production non essentielle doit être immédiatement arrêtée.

Les restrictions des contacts personnels, bien que nécessaires, sont tout à fait hypocrites dans des conditions où les travailleurs sont contraints de se rendre chaque jour sur leur lieu de travail, dont la plupart n’ont que peu ou pas de mesures en place pour protéger leur santé.

Dans les conditions de la pandémie, envoyer des personnes dans des usines, des entrepôts, des magasins et des bureaux n’est pas différent de forcer des personnes à entrer dans un bâtiment en feu. Les industries où le travail est essentiel pour arrêter le virus et maintenir le fonctionnement de base de la société doivent avoir les mesures de sécurité les plus strictes, supervisées par les travailleurs et les professionnels de la santé.

Deuxièmement, toutes les écoles et universités doivent être fermées à l’apprentissage en personne.

Des études récentes dans des pays aussi divers que les États-Unis, l’Autriche et la Corée du Sud, publiées dans des revues respectées comme Nature et Science, ont démontré que la fermeture des écoles a un impact significatif sur la propagation du coronavirus. L’augmentation exponentielle du virus dans tout Londres confirme que les établissements scolaires sont les principaux vecteurs de transmission dans la ville. Les taux d’infection chez les jeunes de 11 à 19 ans ont augmenté de 75 pour cent la semaine dernière.

À l’échelle nationale, le taux d’infection chez les élèves du secondaire a plus que quintuplé depuis la réouverture des écoles en septembre, pour atteindre 2,16 pour cent. Le taux pour les élèves du primaire est de 1,2 pour cent, plus élevé que celui des plus de 35 ans et comparable à celui des 25-34 ans. Les affirmations selon lesquelles les écoles sont des havres de sécurité et que les enfants ne peuvent pas propager le virus, qui sont utilisées pour justifier le maintien des écoles ouvertes comme des enclos pour que les parents puissent travailler et faire leurs courses, se trouvent en lambeaux.

Troisièmement, un confinement ne peut être efficace que dans la mesure où on indemnise pleinement les travailleurs et qu’on donne aux écoliers et aux étudiants un soutien éducatif et émotionnel.

On ne peut combattre le virus dans une société tellement dévastée par les bas salaires, le chômage et l’austérité que la situation a obligé l’UNICEF à fournir une aide alimentaire aux enfants britanniques pour la première fois de son histoire. Cette année, plus de 800.000 personnes ont perdu leur emploi. On a jeté des millions dans la pauvreté et le dénuement. Et ce, après une décennie au cours de laquelle «la santé s’est détériorée, l’espérance de vie a stagné et les inégalités en matière de santé se sont accrues» en raison des coupes budgétaires dévastatrices du gouvernement, selon un rapport du professeur Sir Michael Marmot, autorité en santé publique.

Ces conditions sont le fouet utilisé pour contraindre les travailleurs à des conditions dangereuses, par crainte de leur ruine financière et de celle de leur famille.

Les emplois de tous les travailleurs doivent être garantis. Ceux qui sont obligés de rester chez eux alors que la production non essentielle est fermée doivent bénéficier d’un revenu suffisant pour vivre. On doit mettre en place des installations pour permettre un enseignement à distance de qualité pour les écoliers et les étudiants. On doit investir des milliards pour développer massivement les services de santé mentale et d’aide sociale et les mettre gratuitement et largement à la disposition de la population.

L’affirmation selon laquelle l’argent n’existe pas pour mettre en œuvre de telles mesures est un mensonge. Le gouvernement Johnson et la Banque d’Angleterre ont injecté des centaines de milliards de livres dans les coffres des entreprises et des milliardaires depuis le début de la pandémie. Les milliardaires britanniques ont augmenté leur richesse de plus d’un tiers depuis le début de la pandémie. On a mis des centaines de milliers de personnes au chômage et pour ceux qui travaillent toujours, on a réduit les salaires et les heures de travail. Pourtant, chaque fois qu’un Richard Branson ou un Tim Martin demande un renflouement ou que l’armée demande une augmentation des dépenses, un «arbre magique d’argent» pousse.

La société a les moyens de contenir et d’éradiquer le virus sans perte majeure de vies humaines. Mais, la classe dirigeante super-riche monopolise ces ressources. Son impératif tout au long de la pandémie a été de protéger les profits, et non la vie humaine. Ses intérêts sociaux, qui déterminent la politique du gouvernement, ont transformé une menace de santé publique gérable en un massacre mondial.

L’action d’urgence nécessaire pour sauver des vies exige la pleine mobilisation industrielle et politique de la classe ouvrière. La multiplication des votes de grève dans tout le Royaume-Uni indique l’existence d’une opposition de masse. Mais, ces luttes ne peuvent se développer et réussir que par une rupture politique et organisationnelle conscience avec la mainmise exercée par le parti travailliste et les syndicats. La tâche consiste à organiser la classe ouvrière en tant que force indépendante pour imposer des fermetures, préparer une grève générale à l’échelle nationale, et exproprier l’oligarchie fabuleusement riche afin qu’on puisse utiliser leurs fortunes volées pour répondre aux besoins sociaux urgents.

Le Parti de l’égalité socialiste appelle les travailleurs à commencer à former un réseau interconnecté de comités de travail et de quartier, indépendant des syndicats traîtres, pour organiser cette lutte politique.

Les comités d’action au Royaume-Uni doivent organiser des initiatives communes avec les travailleurs de toute l’Europe, en s’affranchissant du nationalisme toxique dégagé par le conflit autour du Brexit. Dans un monde globalisé, aucune solution nationale à la pandémie n’existe. Seule une offensive combinée de la classe ouvrière européenne et internationale peut vaincre l’inévitable résistance des sociétés transnationales et de la finance mondiale.

Au cœur de cette offensive se trouve la lutte pour le socialisme – la restructuration de la vie sociale et économique pour répondre aux besoins sociaux, et non au profit privé.

Le Parti de l’égalité socialiste, avec nos partis frères du Comité international de la Quatrième Internationale, a été la seule tendance politique à défendre un programme indépendant pour les travailleurs dans la pandémie. Ce programme doit maintenant devenir réalité.

Les semaines et les mois à venir sont critiques. Les mesures que les travailleurs prennent maintenant peuvent sauver des dizaines de milliers de vies. Nous appelons les travailleurs et les jeunes à rejoindre notre parti et à construire la nouvelle direction socialiste et internationale dont la classe ouvrière a besoin.

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