En Espagne, Podemos a délibérément minimisé le danger du COVID-19 à partir de janvier

Les révélations du quotidien conservateur ABC confirment que le gouvernement du Parti socialiste espagnol (PSOE) – Podemos connaissait les implications mortelles du COVID-19 dès la fin janvier. Au cours du mois et demi qui a suivi, alors qu’il minimisait les risques posés par la pandémie, le ministère de la Défense s’est employé à acheter, évaluer et contracter les derniers équipements de protection individuelle (EPI) de qualité militaire pour l’armée. On a signé au moins quatre contrats importants au cours de cette période.

En septembre dernier, le WSWS a noté que les révélations du célèbre journaliste Bob Woodward selon lesquelles le président américain Donald Trump aurait délibérément trompé le public sur la gravité de la pandémie COVID-19 avaient également démasqué Podemos. En tant que membre du gouvernement, il avait accès à des informations similaires à celles de Trump par le biais des services de renseignement espagnols. De plus, tout comme Trump, il a fait des déclarations trompeuses minimisant les risques posés par le virus.

Un article du journal conservateur ABC, titré «La Défense a signé quatre contrats pour se protéger afin de faire face au Covid avant l’état d’alerte», l’a confirmé. Comparer les informations présentées par les révélations de Woodward à celles d’ABC montre une chronologie claire qui implique criminellement Podemos.

Pablo Iglesias, secrétaire général de Podemos. (Crédit image: PODEMOS/Youtube)

Bob Woodward a révélé que le 28 janvier, le conseiller à la Sécurité nationale de Trump, Robert C. O’Brien, lui a dit «ce sera la plus grande menace pour la sécurité nationale à laquelle vous ferez face pendant votre présidence. ... Ce sera la chose la plus dure à laquelle vous serez confronté.»

Comme l’a fait remarquer le WSWS, cette information fut sans aucun doute partagée à l’époque avec le gouvernement PSOE-Podemos et le Centre national de renseignement (CNI), le principal service de renseignement espagnol. Le vice-premier ministre et secrétaire général de Podemos, Pablo Iglesias, siège à la commission qui dirige, supervise et contrôle les activités du CNI. Le CNI travaille en étroite collaboration avec la CIA et d’autres services de renseignement de l’OTAN. Il évalue les questions identifiées comme des menaces majeures pour la sécurité nationale espagnole – dont les pandémies, selon ses derniers documents stratégiques.

Le 1er février, quelques jours après qu’on eut informé Trump du danger du COVID-19, le ministère espagnol de la Défense a établi un contrat pour des produits de nettoyage et des produits jetables en prévision de la pandémie. C’était le premier de quatre contrats établis avant que le gouvernement PSOE-Podemos n’annonce l’état d’alerte et la politique d’abri à domicile le 14 mars, alors que les grèves se répandaient d’Italie au reste de l’Europe, y compris dans l’industrie espagnole des pièces automobiles.

Au moment du contrat cependant, on n’avait pas alerté le public des dangers du virus. On n’avait pas encore annulé des événements de masse comme le Mobile World Congress, avec une participation annuelle d’environ 100.000 personnes.

La veille, le 31 janvier, Fernando Simón, coordinateur des urgences sanitaires, déclarait que «l’Espagne aurait tout au plus quelques cas diagnostiqués», ajoutant qu’il espérait qu’il n’y aurait « pas de transmission locale et que dans ce cas, elle sera très limitée et très contrôlée».

Le jour du premier contrat fut détecté le premier cas confirmé de COVID-19 dans les îles Canaries. Pedro Sánchez a déclaré que l’urgence sanitaire «l’inquiétait», mais que «nous sommes en de bonnes mains». Il a ajouté: «L’Espagne dispose d’un système de santé solide et d’un réseau d’alerte et de détection avec des experts professionnels qui, dès la première minute, travaillent en suivant les recommandations de l’OMS».

Le 7 février, Trump a déclaré à Woodward que le président chinois Xi Jinping l’avait mis en garde contre le COVID-19: «C’est une substance mortelle. C’est aussi plus mortel que… même votre intense grippe… c’est 5 pour cent [taux de mortalité] contre 1 pour cent et moins de 1 pour cent.» Trump a ajouté: «Ça passe dans l’air, Bob. C’est toujours plus dur que le toucher».

Néanmoins, aucune mesure n’a été prise par les gouvernements espagnols du PSOE-Podemos. Les vols en provenance et à destination de l’Italie et de la Chine, deux points chauds, ont continué. En public, les Podemos, comme Trump, a minimisé le virus.

Le porte-parole de Podemos, Pablo Echenique, est également un scientifique du Conseil national de la recherche espagnol. Il a tweeté le 25 février que COVID-19 était «une grippe moins agressive que celle de chaque année» et qu’elle était «absolument contrôlée en Espagne». Il a attaqué le «pseudo-journalisme des reporters masqués» pour avoir mis en garde contre la menace de COVID-19. Il a donné comme exemple la «rigueur et le professionnalisme» du journaliste Lorenzo Milá, qui minimisait la gravité du virus.

Alors qu’Echenique ridiculisait la pandémie mortelle et que le ministère de la Santé de son gouvernement ne prenait aucune mesure significative pour arrêter sa propagation, le ministère de la Défense signait trois autres contrats. ABC rapporte: «Les quatre contrats attribués avant l’état d’alerte concernent l’achat de matériel de différents types. Dans tous les cas, il s’agit d’éléments utiles pour éviter les contagions, ou du moins les prévenir: des kits ÉPI susmentionné aux produits de nettoyage jetables en passant par le gel hydroalcoolique ou les substances désinfectantes».

Alors que l’armée se dotait d’ÉPI et d’autres équipements de protection, les travailleurs de la santé affronteraient bientôt le virus pratiquement les mains vides; beaucoup tomberont malades et mourront. Les chiffres publiés en juillet montrent que l’Espagne avait l’un des taux d’infection les plus élevés parmi les travailleurs de la santé – 51.849, selon la Fédération européenne des médecins salariés. Ce chiffre est plus que le double du nombre de travailleurs de la santé infectés en Italie (24.683) et en France (25.727) réunis. Soixante-trois sont morts en Espagne pendant la pandémie.

Le 24 février, l’Espagne a détecté ses premiers cas de COVID-19 sur le continent, dans les villes densément peuplées de Madrid, de Catalogne et de Valence. Le 2 mars, le ministère de la Défense a signé un autre contrat pour des ÉPI. Néanmoins, deux jours plus tard, le Conseil national de sécurité espagnol minimisait encore la menace posée par le virus, considérant une pandémie comme l’un des 15 scénarios de risque les moins probables envisagés. Iglesias a participé à cette réunion.

L’OMS, qui avait déjà averti que le virus s’était propagé en Espagne a été ignorée. A l’époque, les écoles italiennes étaient déjà fermées.

À l’époque, Podemos était concentré sur sa création, le projet de loi sur la liberté sexuelle, pour définir tous les rapports sexuels non consensuels comme des viols et établir des tribunaux spéciaux pour traiter les délits sexuels. Début mars, il a lancé des appels répétés à la participation à la prochaine marche féministe lors de la Journée internationale de la femme, le 8 mars. À cette date, on comptait déjà 17 décès confirmés et près de 600 infections enregistrées. Contre l’avis de l’OMS, le gouvernement espagnol a laissé la manifestation se tenir, avec 120.000 participants, dont les ministres du PSOE et de Podemos.

Le 10 mars, le gouvernement PSOE-Podemos a adopté des mesures limitées, comme l’interdiction de manifestations sportives et des vols vers l’Italie — alors le pays européen le plus touché par le COVID-19. Pendant ce temps, le ministère de la Défense a signé deux autres contrats, le 11 mars et le 13 mars. C’était un jour avant que le gouvernement n’adopte un brusque changement de politique devant une vague de grèves dans toute l’Europe. Le 13 mars, le Premier ministre Pedro Sánchez a soudain annoncé un confinement national.

La conspiration de Podemos contre les travailleurs et les jeunes se poursuit à ce jour. La priorité du gouvernement espagnol reste d’obliger les travailleurs à reprendre le travail et les enfants à retourner à l’école afin de générer des profits, alors que des milliards d’euros sont versés aux banques et aux grandes entreprises dans le cadre des plans de renflouement de l’Union européenne (UE). Iglesias lui-même siègera à la commission pour distribuer 140 milliards d’euros aux super-riches.

Cette politique a provoqué plus de 70.000 décès et plus de 1,8 million d’infections en Espagne. Dans le monde entier, le nombre de décès s’élève maintenant à plus de 1,7 million et des infections à près de 78 millions. Comme la plupart des pays européens, l’Espagne est aujourd’hui confrontée à une troisième vague, sans avoir jamais contrôlé la seconde.

Une réponse à la crise sociale et de santé publique à laquelle des millions de personnes font face ne peut être trouvée qu’en s’opposant à la politique «populiste de gauche» de Podemos et en luttant pour un mouvement internationaliste et socialiste de la classe ouvrière européenne et internationale.

Il est essentiel d’assimiler l’expérience de Podemos en Espagne et au niveau international. C’est un avertissement que ses alliés internationaux — la DSA aux États-Unis, Die Linke en Allemagne, La France insoumise, et Syriza en Grèce — mettront également en place une «immunité collective», s’ils étaient au gouvernement. Issus de la classe moyenne aisée et basés sur la politique identitaire de la race et du genre, ces partis sont entièrement orientés vers la protection des privilèges qu’ils tirent du système capitaliste.

(Article paru d’abord en anglais le 23 décembre 2020)

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