Près de 30.000  Américains sont morts de la COVID-19 au cours des 10  derniers jours

La politique d’immunité collective menée par le gouvernement des États-Unis et ses homologues dans le monde entier produit une mortalité massive et qui s'accélère. Plus de 28.895 personnes sont mortes aux États-Unis depuis le début de la nouvelle année.

Le nombre de vies perdues chaque jour augmente rapidement. Le nombre moyen de décès quotidiens le plus élevés enregistrés avant l’accalmie des fêtes de fin d’année était de 11.731 dans le monde. Ce nombre est maintenant passé à 12.680 et ne cesse d’augmenter. Une tendance similaire est observée aux États-Unis, où deux jours consécutifs à plus de 4000 décès signalés ont fait passer la moyenne hebdomadaire au-dessus de 3000.

L’ambulancier Giselle Dorgalli, deuxième à partir de la droite, regarde un moniteur tout en effectuant une compression thoracique sur un patient qui a été testé positif pour un coronavirus dans la salle d’urgence du Providence Holy Cross Medical Center dans la section Mission Hills de Los Angeles. (AP Photo/Jae C. Hong, Dossier)

À ce rythme, plus d’un quart de millions de personnes vont mourir dans le monde avant la fin du mois de janvier, dont plus de 60.000 rien qu’aux États-Unis. Les espoirs que les travailleurs et les jeunes du monde entier avaient de voir 2021 apporter un certain soulagement sont rapidement anéantis.

Ces sentiments se sont fait encore plus anéantir à la lumière de la nouvelle variante plus infectieuse de COVID-19 détectée pour la première fois en Grande-Bretagne. On estime qu’elle est environ 56 pour cent plus infectieuse et qu’elle s’est déjà répandue dans de nombreuses régions des États-Unis, d’Europe et d’autres parties du monde, soit 47 pays à ce jour.

On s’attend à ce que cette variante devienne la version dominante du coronavirus partout où elle apparaîtra. Une personne infectée par la variante déjà existante pourrait provoquer 39 nouveaux cas après un mois si la propagation du virus n’est pas contrôlée. Une personne infectée par la nouvelle variante pourrait provoquer 150 nouveaux cas, ce qui multiplierait presque par quatre l’augmentation inévitable de la maladie, des hospitalisations et des décès.

L’augmentation du nombre de cas met également encore plus à rude épreuve la distribution du vaccin. Le développement de plusieurs vaccins contre le coronavirus en moins d’un an est un triomphe de la science médicale moderne et ceux qu’on juge sûrs et efficaces devraient se trouver administrés et pris le plus largement possible. Mais l’absence totale de tout autre contrôle de la propagation du virus compromet gravement cette réussite. Les tests sont restés stagnants aux États-Unis, même si plus de 12 pour cent de tous les tests effectués au niveau national sont positifs. On a pratiquement abandonné la recherche des contacts.

« Nous sommes en train de perdre la course avec le coronavirus — il infecte les gens bien plus vite que nous ne pouvons leur injecter un vaccin, et il surmonte notre éloignement social », a déclaré au Los Angeles Times le biologiste Derek Cummings, de l’université de Floride, expert en pathogènes émergents. « Maintenant, il y a cette variante qui rendra cette course encore plus difficile. »

De plus, le déploiement de la distribution de vaccins a été un désastre complet. Après avoir initialement promis 100 millions de vaccinations d’ici la fin de 2020, le gouvernement Trump n’a finalement prescrit qu’environ 3 millions de doses d’ici la nouvelle année. Bloomberg estime qu’on a administré seulement 7,73 millions de doses dans tout le pays. Au rythme actuel, il faudra des années pour vacciner l’ensemble de la population. En attendant, des centaines de milliers de personnes vont mourir.

On a découvert de nouvelles variantes potentiellement plus infectieuses du coronavirus en Afrique du Sud, ainsi que chez des patients qui avaient voyagé du Brésil au Japon.

Jusqu’à présent, les premières recherches sur ces variantes ont permis de constater que les vaccins sont efficaces contre ces nouvelles souches du virus. Les scientifiques craignent toutefois de plus en plus que cela ne tienne pas. Chaque nouvelle infection transforme une personne en un incubateur potentiel pour une souche du virus résistante aux vaccins. Le Dr Mike Ryan, de l’Organisation mondiale de la santé, a récemment déclaré que la COVID-19 « n’est pas le pire ». Ce qu’on n’a pas dit, c’est que plus les infections sont nombreuses, plus le virus mute et plus il a le potentiel de devenir « le pire », de se transformer en une pandémie encore plus infectieuse et encore plus mortelle.

Un tel résultat rend d’autant plus urgent le besoin de mettre en œuvre toutes les mesures possibles pour contenir la pandémie. Les mesures mises en place, qui consistent principalement à limiter les grands rassemblements, se sont révélées totalement inadéquates. Avant tout, les écoles, les entreprises et les productions non essentielles doivent être fermées, avec une indemnisation complète des personnes touchées. Les travailleurs ne doivent pas être contraints de choisir entre sacrifier leurs moyens de subsistance et leur vie et celle de leurs proches. Les fermetures et les vaccinations doivent être associées à la mise en œuvre d’un programme de tests de masse pour détecter le virus et à une recherche sérieuse des contacts pour dépister les cas.

Les ressources nécessaires à cette fin doivent être tirées des gains mal acquis des grandes banques et des sociétés géantes qui ont reçu collectivement au moins 6000 milliards de dollars en renflouements l’année dernière. On pourrait utiliser ces fonds, combinés à un moratoire sur les loyers et les remboursements d'emprunts, pour fournir à chacun dans le pays deux mille dollars par mois pendant six mois, tout en fournissant plus de deux mille milliards de dollars pour les fournitures et le personnel nécessaire pour soigner les malades et mettre fin à la pandémie aux États-Unis et dans le monde.

Le fait qu’on a versé de telles sommes à Wall Street et qu'on ne les a pas utilisées pour mettre fin à la pandémie en mars dernier témoigne de l’orientation politique et sociale des républicains et des démocrates. Après les fermetures d’usines en mars et avril, l’élite dirigeante s’est trouvée finalement forcée par les travailleurs eux-mêmes qui se sont mis en grève à fermer les usines, malgré Trump et ses semblables. Ces derniers ont tenté de toutes leurs forces d'éliminer toute restriction à la réouverture des entreprises et des écoles.

Ils ont été aidés et encouragés par les démocrates, qui prétendent à tort que les écoles et la production non essentielle peuvent être ouvertes « en toute sécurité » pendant une pandémie.

De telles affirmations sont absurdes à première vue. Les États-Unis ont subi près de 23 millions de cas confirmés du virus. Même en multipliant par cinq le nombre total de cas, en supposant qu’on n’a pas signalé les autres cas, cela indique que 217 millions de personnes ne l’ont pas contracté. En utilisant cette même estimation, dans le monde environ 450 millions de personnes ont contracté le virus et environ 7,4 milliards de personnes ne l’ont pas contracté. On doit faire tous les efforts pour qu’elles restent en bonne santé.

Outre les décès en masses qui se sont produits au cours des onze derniers jours, la tentative de coup d’État fasciste du 6 janvier ne peut être ignorée. La pandémie a exacerbé ce qui était déjà une crise sociale massive qui existait à la fin de 2019 et a produit une catastrophe encore plus grande. Les États-Unis ont toujours 9,8 millions d’emplois de moins qu’au début de la pandémie. À ce moment-là, les États-Unis ont connu le déclin de l’emploi le plus rapide de leur histoire, même si on le compare à la Grande Dépression. Des millions d’autres personnes se retrouvent sans abri et dans le dénuement.

Tout autant Trump que les démocrates sont pleinement conscients que des niveaux d’inégalité sociale aussi stupéfiants sont incompatibles avec les droits sociaux et démocratiques. En même temps, ils sont conscients que la seule façon de maintenir le pouvoir capitaliste est de maintenir de tels niveaux d’inégalité par des formes de pouvoir de plus en plus autoritaires. La dictature présidentielle, établie sous Donald Trump, est une option.

Que Trump réussisse ou non à mener à bien un coup d’État, ce qui est encore une possibilité, c’est le produit du glissement vers la droite de la politique américaine officielle qui se poursuit depuis des décennies. La croissance des forces fascistes au sommet même de l’État américain est le résultat du déclin prolongé du capitalisme américain dans son ensemble.

En tant que tel, c’est contre cet ordre social et ce système économique que les travailleurs et les jeunes doivent s’orienter. Cela a pris une forme embryonnaire dans les grèves des travailleurs aux États-Unis et dans le monde entier contre la réouverture des écoles et des usines. Ainsi que, dans les nombreux comités de sécurité de la base créés avec l’aide du Parti de l’égalité socialiste et du « World Socialist Web Site ».

Aujourd’hui, ces actions revêtent une urgence accrue. La lutte contre la pandémie n’est pas avant tout une question médicale ou scientifique, mais une question politique. L’année dernière a démontré que le capitalisme est incapable de contenir la maladie, et en fait, la recherche du profit favorise la propagation du virus mortel par le biais de politiques dites d’immunité collective quasi-universelles.

(Article paru d’abord en anglais le 11 janvier 2021)

Loading