Les salariés de Total sur le site de Grandpuits luttent pour défendre l’emploi

Depuis 3 semaines, les travailleurs de la raffinerie Total de Grandpuits en région parisienne sont en grève reconductible, bloquant la raffinerie contre la fin de l’activité de raffinage et la production d’agrocarburants. Ceci entraînerait selon les syndicats la disparition de 200 emplois directs et de 500 salariés d’entreprises sous-traitantes.

Depuis 54 ans, la raffinerie de Grandpuits raffine du pétrole. Elle a la particularité d’être la seule raffinerie de la région parisienne. Elle est essentielle pour alimenter les stations essences de la région ainsi que la ville de Paris. Mais en septembre 2020, lors d’un CSE extraordinaire et alors que le nombre de cas de Covid-19 en France et en Europe montaient, la direction de Total de Grandpuits a annoncé la fin des activités de raffinerie en mars 2021 pour faire de se site une «plateforme zéro pétrole» en 2024.

Raffinerie Total de Grandpuits

La reconversion par Total de la raffinerie de Grandpuits et la fin des activités de la raffinerie pour 2023 entre dans le cadre d’une restructuration de l’économie européenne sur la base de licenciements massifs et de plans d’austérité, financés par des milliers de milliards de deniers publics de l’UE dans des plans de relance adoptés sous couvert de la pandémie de Covid-19.

D’après le directeur Total Grandpuits, Total devrait investir 500 millions d’euros dans ce projet qui annonce aussi «la non-reconduction de 150 postes sur 400, sans aucun licenciement. Il y aura des départs à la retraite anticipés et des mobilités internes qui ne seront pas imposées, et j'insiste sur ce point.» Le directeur de Total est de mauvaise foi: la non reconduction de 150 postes sur 400 sans compter les entreprises sous-traitantes reste un licenciement qui ne veut pas être assumé.

Le 4 janvier les salariés de Total ont voté une grève reconductible mettant à l’arrêt la raffinerie qui tournait au ralenti depuis la première grève reconductible depuis décembre. Après s’être rendu devant le siège de Total dans le quartier de La Défense en octobre dernier et enfin mardi suite à un CSEC qui étudie un rapport d'expertise sur ce plan de reconversion, selon Adrien Cornet, délégué CGT de la raffinerie. Ce rapport «appuie toutes nos inquiétudes, en termes d'emploi, en termes de sécurité industrielle, en termes de maintenance», a-t-il assuré à l'AFP.

Selon la direction de Total, n'entraîne pas pour autant de perturbation dans l'approvisionnement des stations-service en carburant. la CGT a organisé des manifestations devant la préfecture de Melun le 12 janvier, depuis lundi 18 janvier, un barrage filtrant a été mis en place ce lundi matin devant la raffinerie de Grandpuits en Seine-et-Marne. Ils ont manifesté à Paris ainsi que devant le siège de Total à La Défense.

Comme le souligne le journal Le Figaro, «les grévistes se sont durablement installés devant les grilles de leur raffinerie et ont lancé un appel à la solidarité à travers une caisse de grève. Selon le syndicaliste, «une dizaine de milliers d'euros» ont déjà été récoltés pour soutenir le mouvement.»

Les travailleurs sont toutefois face à une attaque coordonnée lancée par Total et le gouvernement Macron, contre laquelle il faudra mobiliser bien plus largement les travailleurs en lutte.

Mi-septembre, Bridgestone a dit que la fermeture de l’usine de Béthune serait la seule option pour «sauvegarder la compétitivité de ses opérations en Europe». Après avoir reçu plusieurs millions du dispositif mis en place par le gouvernement PS pour améliorer la compétitivité de cette usine. Des dizaines de milliers d’emplois vont être supprimé dans l’automobile et l’aéronautique après avoir obtenu plusieurs dizaines de milliards pour maintenir la compétitivité de ces grandes sociétés.

Bien que le directeur évoque un problème technique sur le pipeline d'Ile-de-France (Plif), qui alimente la raffinerie en brut, Total souhaite aussi s’attaquer à une section combative de travailleurs qui ont plusieurs fois fragilisée les gouvernements précédents dans des luttes antérieurs.

Le site qui produit 5,7 millions de tonnes de produits pétroliers raffinés par an, est essentiel à l'approvisionnement de carburants de la capitale et des principaux aéroports parisiens, Orly et Roissy-Charles de Gaulle. Tandis que qu'une grève nationale contre la réforme des retraites de Sarkozy en 2010 bloquait la production de carburants et paralysait l'économie française, les autorités locales de Seine-et-Marne avaient ordonné la réquisition de la raffinerie de Grandpuits, forçant les travailleurs à mettre fin à leur grève sous peine d’emprisonnement et d’amende.

Les réquisitions de travailleurs sur le site de Grandpuits n’ont été possible sans la complicité des syndicat. Une vidéo diffusée en ligne montre un porte-parole de la CGT disant aux grévistes rassemblés: «Nous allons pratiquer, par l'intermédiaire d'un représentant de la direction, à une réquisition des salariés afin d'effectuer des manœuvres qui permettront de remplir, entre autres, des camions-citernes. Ces salariés vont travailler sous la contrainte, ces salariés vont travailler avec l'envie de faire la grève.»

Le vote de la grève reconductible qui dure depuis deux semaines souligne la volonté des travailleurs de la raffinerie de Grandpuits de lutter contre le groupe Total mais plus largement contre la politique de Macron et de l’UE de restructuration de l’économie européenne dans le cadre de la pandémie. La colère des travailleurs montent en Europe avec des grèves comme en Espagne, Italie et Portugal. En France bien que les grève soit isolée, Philippe Martinez avait averti le premier ministre Castex de la situation sociale explosive.

Cependant les travailleurs ne peuvent rien attendre des syndicats et de la CGT. Ceux-ci ont signé le plan de relance du duo Merkel-Macron faisant cadeau de 750 milliards d’euros aux banques et aux grandes entreprises. Ceci s’accompagne de l’imposition de la reprise du travail en pleine pandémie de Covid-19, exposant les travailleurs à un risque mortel.

Alors qu’une vague de licenciements a commencé le rôle des organisations syndicales y compris sur le site de Grandpuits est d’isoler les travailleurs de Total des autres travailleurs victimes du plan de relance de Macron et de l’UE. Les syndicats jouent sur la pression financière et la fatigue des travailleurs pour bloquer un mouvement plus large des travailleurs et ainsi faire accepter les licenciements et imposer la reprise du travail.

Les travailleurs doivent se tourner vers les autres travailleurs en lutte en France et à travers l’Europe contre le plan de relance l’UE. L’unification des luttes n’est possible sans une rupture avec les appareils syndicaux qui sont les agents du gouvernement Macron et de l’UE dans les entreprises. Les travailleurs doivent créer leurs propres organisations, les comités d’actions et de sécurité sanitaire pour unifier travailleurs en lutte et aussi lutter pour protéger les travailleurs contre la pandémie mondiale.

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