LO tente d’étouffer l’opposition ouvrière à la politique d’immunité collective

Face à la montée de la colère des travailleurs et des jeunes contre la politique criminelle d’immunité collective et d’austérité de Macron et de l’UE, qui a fait près de 700.000 morts de COVID-19 en Europe, Lutte ouvrière (LO) applaudit l’appel à la grève du 4 février des organisations syndicales. Celles-ci ont salué le plan de relance européen, adopté en contrepartie de la politique d’immunité collective. Elles sont complices de sa mise en place dans le cadre du dialogue social.

LO tente d’étouffer l’opposition à la reprise du travail et la politique criminelle d’immunité collective en semant l’illusion que ses revendications donneront un contenu progressiste au plan de relance de l’UE. LO écrit, «Avec les 100 milliards du plan de relance, il est possible de créer plus de 2,7 millions d’emplois: il faut le contrôle des salariés sur l’argent public qui est encaissé par le grand patronat! Cet argent doit servir à garantir les emplois et les salaires et à embaucher dans les hôpitaux et les maisons de retraite!»

La pandémie a montré le mépris des institutions existantes pour les vies des travailleurs. En 2020, 70.000 personnes sont décédées de la Covid-19 en France, soit plus que le nombre de civils tués pendant une année durant la Seconde Guerre mondiale. Il y a eu plus de 700.000 morts en Europe.

Même avant que le virus n’arrive en Europe, les gouvernements étaient informés de la létalité du virus par leurs agences de renseignement et par les autorités chinoises. Mais ils ont longtemps refusé de prendre des mesures efficaces comme des confinements contre le virus. Les partis petit-bourgeois comme LO se sont rendus complices de cette politique réactionnaire.

Le chaos sanitaire qui règne nécessite une lutte des travailleurs et des jeunes pour l’arrêt du travail, sauf dans les secteurs essentiels, et l’arrêt des écoles dans des conditions sanitaires et matériels. Ceci nécessite l’expropriation de l’aristocratie financière, expropriation à laquelle LO est hostile, soucieuse que les appareils syndicaux et les classes moyennes aisées aient leurs parts du gâteau à la distribution des fonds européens aux grandes entreprises et aux marchés financiers. En effet, la CGT et les autres appareils syndicaux ont témoigné par écrit de leur soutien pour ce plan de relance.

La journée du 4 février appelé par la CGT, Solidaires et FSU a lieu dans un contexte de montée d’une vague de grève internationale contre la reprise du travail et la réouverture des écoles, responsables du chaos sanitaire. La colère contre la politique d’immunité collective monte, tout comme les grèves contre les licenciements massifs.

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, avait mis en garde le gouvernement en début de l’année que la colère sociale couve en France. Craignant d’être débordée par les travailleurs, LO dans sa déclaration sur la grève du 4 février, craint la radicalisation des travailleurs qui luttent contre les licenciements: « Beaucoup de travailleurs se défendent à l’échelle de leur entreprise. » LO évoque le cas de la raffinerie Total de Grandpuits et du voyagiste Tui, où les travailleurs contestent un plan social visant 600 emplois.

LO parle de la combativité des travailleurs en lutte et d’une contre-offensive de la classe ouvrière contre les «capitalistes qui mènent une offensive contre les travailleurs.»Cependant LO se range derrière les organisations syndicales: «Une telle mobilisation ne se décrète pas, bien sûr. Mais elle est nécessaire et possible. La CGT, Solidaires et la FSU appellent à une journée de mobilisation et de grève jeudi 4 février. C’est l’occasion d’affirmer, collectivement, que les travailleurs ont des objectifs et des perspectives à opposer à la bourgeoisie et à son gouvernement.»

LO indique qu’il faut une contre-offensive de l’ensemble de la classe ouvrière pour faire face aux licenciements, mais LO insiste juste après qu’une contre-offensive n’est pas possible. Cela ne fait que soulever la question: quand est-elle possible et qui peut la mener? La position démoralisée de LO est une tentative de bloquer la construction d’un parti révolutionnaire pour diriger une lutte politique révolutionnaire de la classe ouvrière contre Macron et l’aristocratie financière internationale.

Hostile à une orientation marxiste, LO subordonne les intérêts historiques de la classe ouvrière aux intérêts de la bureaucratie syndicale en la soutenant comme seule organisation à pouvoir décréter une mobilisation des travailleurs.

Il existe un gouffre entre la subordination de la lutte des travailleurs à la bureaucratie syndicale de LO et les aspirations des travailleurs qui viendront montrer leur opposition à la politique criminelle de Macron et de l’UE. Contrairement à ce qu’affirme LO, l’appel à une contre-offensive de l’ensemble de la classe ouvrière contre la restructuration de l’économie européenne dans le cadre du plan de relance qui s’accompagne de la politique d’immunité collective est nécessaire. Les travailleurs sont poussés vers une unification des luttes.

Les travailleurs de toute l’Europe sont victimes de la politique criminelle de Macron et de l’UE. Fin 2018, une éruption de vague de grèves et de manifestations a éclaté mondialement où les travailleurs et les jeunes cherchaient une alternative et une unification des luttes internationales dont la force motrice était la lutte contre les inégalités sociales en dehors des vieilles organisations.

En France, cela s’est manifesté par le mouvement des « gilets jaunes » qui s’est développé en dehors des organisations syndicales et des partis de pseudo gauche, discrédités par des décennies de trahisons. Ces organisations s’y sont montrées hostiles, le présentant comme un mouvement d’extrême droite.

Avec la pandémie mondiale, LO craint qu’un mouvement plus radicalisé et politique de la classe ouvrière ne se développe en dehors des organisations syndicales; c’est pourquoi LO prétend qu’une contre-offensive ne se décrète que par les appareils syndicaux.

La lutte urgente pour un confinement et contre l’austérité nécessite une rupture des travailleurs avec les organisations syndicales et la pseudo-gauche, dont LO, qui soutiennent la politique d’immunité collective de l’UE et la restructuration économique menée par l’UE. Les travailleurs doivent pour cela construire leurs propres organisations indépendantes dans les quartiers, les universités et leur lieu de travail, et le Parti de l’égalité socialiste en tant que direction révolutionnaire s’oppose aux satellites politiques des appareils syndicaux nationaux.

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