Le NPA veut rouvrir les universités en pleine pandémie

Le 20 janvier, les jeunesses du Nouveau Parti Anti-Capitaliste (NPA) ont publié une déclaration sur le site web de la Révolution Permanente du NPA exigeant la réouverture immédiate des universités. Intitulée «Détresse étudiante, il y a urgence: des moyens pour pouvoir rouvrir les facs!», elle aligne le NPA sur la politique d’«immunité collective» menée par Macron. Elle déclare:

«La fermeture des universités depuis plusieurs mois doit cesser. L’isolement pérenne des étudiants, l’absence de rapports sociaux hormis sur Zoom plonge dans la détresse la majorité d’entre nous. Mais ce qu’a révélé le Covid, c’est que le manque de moyens dans les universités est un problème structurel qui indexe la réouverture des universités à l’embauche massive de personnels, à la réquisition de nouvelles infrastructures, et à la mise en place d’un dispositif sanitaire conséquent à commencer par des masques gratuits et des centres de dépistage dans chaque établissement. Et sans attendre les directives d’un gouvernement qui estime qu’ouvrir les fenêtres suffit pour maintenir les écoles ouvertes, nous devons élaborer collectivement des protocoles sanitaires conséquents avec personnels, enseignants et étudiants, à l’image de ce qu’ont fait les enseignants de nombreux établissements du secondaire en Île-De-France à la Toussaint.»

Des élèves quittent leur école à Cambo les Bains, dans le sud-ouest de la France, le jeudi 5 novembre 2020 (AP Photo / Bob Edme)

La mise en œuvre des recommandations du NPA provoquerait une explosion d’infections et de morts de Covid-19 parmi les étudiants et dans la population. La réouverture des écoles en France a été une catastrophe: les deux tiers des clusters sont dans des écoles ou sur les lieux de travail que Macron a gardés ouverts. Le résultat de cette politique, menée dans toute l'UE, est que 200.000 Européens contractent le COVID-19 chaque jour, et que 100.000 meurent toutes les trois semaines.

Le danger, y compris pour les étudiants, est accru par la propagation rapide de la variante B.1.1.7 («britannique»), plus infectieuse. Selon Santé Publique France, 47 personnes de moins de 30 ans sont mortes du COVID-19 et 35 autres personnes de cette tranche d'âge sont en réanimation en France. Les témoignages d'infirmières et de médecins au Royaume-Uni suggèrent que la nouvelle variante est plus mortelle chez les jeunes que les souches précédemment dominantes.

Des décennies d’austérité ont privé les universités de ressources nécessaires, mais l'augmentation du personnel et du financement ne les sécurisera pas. Des études scientifiques ont montré que même avec un équipement de protection adéquat et une distanciation sociale, une contagion importante dans les milieux éducatifs est inévitable. Même si les universités rouvraient avec toutes les «mesures supplémentaires» possibles, elles accéléreraient considérablement la contagion.

L'idée que lutter contre COVID-19 signifie avoir quelques masques supplémentaires fait écho aux mensonges du ministre de l'éducation Jean-Michel Blanquer. Blanquer a souvent nié les études scientifiques en déclarant que les écoles sont sûres. Cela a déjà fait de nombreux morts du virus. La réouverture des écoles et des lieux de travail après le déconfinement au printemps 2020, en France et dans toute l'Union européenne, a entraîné une vaste résurgence du virus.

La tentative de la NPA de justifier son soutien à la politique d’«immunité collective» de Macron en évoquant la détresse des élèves pue le cynisme et la mauvaise foi. Le 18 janvier, le NPA a publié un article intitulé 'Nouveau suicide étudiant. La politique du gouvernement est criminelle!' Cet article tentait d'exploiter les suicides tragiques de deux étudiants, après la publication des résultats des examens, pour justifier la politique meurtrière d’«immunité collective» du NPA:

«Elles étaient toutes les deux en études de médecine et leur décès concorde avec la période d’examens du premier semestre, particulièrement élitistes dans cette filière. De fait, la sélection accrue ces dernières années, d’autant plus depuis la crise économique et le spectre du chômage de masse, tend à aggraver le mal-être étudiant, en témoigne la détresse qui s’exprime depuis la rentrée de janvier où se déroulent les partiels.»

Le NPA a conclu qu’«il est crucial de rouvrir les universités pour mettre fin à l’isolement forcé des étudiants». Il a ajouté que, puisque Macron a imposé l'enseignement en distanciel dans les universités, «le gouvernement a du sang sur les mains».

Le gouvernement a du sang sur les mains, mais pas à cause des quelques mesures limitées de distanciation sociale qu'il a adoptées. C'est qu’au printemps, Macron a mis fin prématurément et sans préparer le traçage des contacts, et a poursuivi la politique d’«immunité collective» de l'UE. Cela a entraîné plus de 75.000 décès en France, et 700.000 en Europe. Les scientifiques et les médecins ont voulu stopper la pandémie grâce à la distanciation sociale. La politique d’«immunité collective» de Macron a pu compter sur le soutien du NPA, qui a aussi du sang sur les mains.

Soulager le stress des étudiants et prévenir les suicides exige surtout de stopper la pandémie. Cela éliminera la peur constante de contracter et de mourir de COVID-19 et, en mettant fin à la récession économique actuelle causée par la pandémie, créera davantage d’emplois. Toutefois, cela nécessite avant tout de mettre fin à la politique meurtrière d’«immunité collective» préconisée par Macron et le NPA, qui ne fait que propager et prolonger la pandémie.

Stopper la pandémie nécessite la mobilisation politique des travailleurs et des jeunes en France, en Europe et dans le monde : des comités de base indépendants sur les lieux de travail, d'étudiants et de personnel dans les universités : de couper les chaînes de transmission et de lutter pour un confinement guidée scientifiquement. Toutefois, pour que ces organes soient efficaces, ils doivent être organisés en opposition non seulement aux gouvernements capitalistes comme celui de Macron, mais aussi aux partisans petit-bourgeois de l’«immunité collective» comme le NPA et les appareils syndicaux.

Obtenir les ressources nécessaires pour un confinement, qui proposerait à chaque membre de la société un salaire vital décent, stopper la résurgence du virus après le confinement, et reconstruire l'économie nécessitent une lutte révolutionnaire et socialiste pour exproprier l'aristocratie financière. La classe dirigeante s'est gavée de milliers de milliards d'euros de fonds publics accordés par l'UE et la Banque centrale européenne. 700.000 personnes sont mortes en Europe et des dizaines de millions sombrent dans la pauvreté, mais la richesse des milliardaires européens a explosé.

Les couches petite-bourgeoises aisées des appareils syndicaux, des universitaires et des cadres que représente le NPA ont, eux, tout à gagner de ces plans de relance. Les confédérations syndicales CGT, CFDT, FO, CFTC et UNSA ont publié une déclaration pour saluer expressément les plans de relance conçus par Macron et la chancelière allemande Angela Merkel en mai 2020. Ces confédérations ont sans doute reçu leur part des milliards d'euros de fonds de sauvetage recyclés dans les caisses des banques et des comités d'entreprise.

Cela sous-tend à la fois le soutien de la NPA à l’«immunité collective» et son indifférence maligne aux luttes ouvrières contre la politique sanitaire de Macron. Les syndicats ont isolé les grèves sauvages des enseignants en novembre, que les forces de l’ordre ont violemment attaquées.

Le cours de la pandémie a justifié les avertissements du Parti de l'égalité socialiste sur la nécessité de mesures de confinement et de distanciation sociale, guidées scientifiquement, et sur le caractère petit-bourgeois et réactionnaire du NPA. Le PES lance un appel aux travailleurs, aux étudiants et aux jeunes en lutte pour mettre fin au cauchemar de la pandémie de le soutenir contre le NPA et ses politiques d’«immunité collective».

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