Grand soutien international au combat mené par les enseignants de Chicago pour sauver les vies

Le WSWS continuera à compiler et publier des déclarations de soutien aux enseignants de Chicago, et nous invitons nos lecteurs à envoyer leurs déclarations ici.

Lundi soir, la Chambre des délégués du syndicat CTU (Chicago Teachers Union) a voté à 85 pour cent en faveur de l’accord meurtrier conclu avec les CPS (Chicago Public Schools) et la maire démocrate Lori Lightfoot, pour la réouverture d’écoles dans le troisième plus grand district scolaire des États-Unis. L’accord de principe est maintenant soumis à l’ensemble des membres, qui ont jusqu’à mardi minuit pour voter sur le projet.

L’accord est profondément impopulaire et le syndicat est de plus en plus discrédité aux yeux des membres de la base. Dans un effort pour étouffer l’opposition des enseignants et les forcer à accepter la réouverture des écoles, le CTU promeut le mensonge que les enseignants de Chicago sont isolés et qu’une grève ne changera rien.

Le président du CTU, Jesse Sharkey, a donné le ton à cette capitulation abjecte en déclarant dimanche: «Si nous rejetons [l’accord], nous regardons dans l’autre direction. Cela ressemble à être en lock-out et faire grève… Nous devrions être clairs sur le fait qu’il y a un risque dans cette voie. C’est une pandémie. Il fait froid. Ce ne serait pas une grève facile. Ce serait une grève dans laquelle l’administration scolaire appellerait les gens à travailler à distance. Il faut donc que vous sachiez que les gens pourraient franchir un piquet de grève en rentrant chez eux et en allant sur leur ordinateur».

Cherchant à intimider les enseignants pour qu’ils se soumettent, Sharkey a averti: «Nous pourrions très probablement avoir des répercussions juridiques. Dans ce cas, si la grève était déclarée illégale, les gens ne pourraient pas rattraper leur retard et l’administration pourrait imposer des amendes à la fois aux enseignants et au syndicat».

L’opposition à cette misérable capitulation est menée par le Comité de sécurité des enseignants de Chicago, qui se bat pour unir les enseignant de cette ville avec leurs camarades de classe dans tout le district, l’État et le pays. Dans une déclaration publiée lundi, le comité a noté: «La vérité est que nous avons le soutien de millions de parents, d’étudiants, d’éducateurs et de travailleurs – ici à Chicago, aux États-Unis et dans le monde entier – qui s’opposent au sacrifice de vies humaines pour les profits du patronat».

De la Pennsylvanie au Sri Lanka, en passant par la Finlande, la Chine, le Brésil, l’Allemagne, l’Australie et d’autres pays, les actions des enseignants de Chicago ont galvanisé les enseignants, les travailleurs et les jeunes. Non seulement ils sont inspirés par ce qui se passe à Chicago, mais ils ont envoyé des dizaines de déclarations de soutien au «World Socialist Web Site» pour les partager avec notre lectorat mondial.

Dans une puissante expression de solidarité au-delà des États, lundi soir, plusieurs éducateurs de Philadelphie ont envoyé au WSWS des déclarations de soutien aux enseignants de Chicago. C’était après avoir défié les diktats du maire démocrate de la ville, Jim Kenney, qui leur demandait de retourner en classe.

Julianna a écrit: «Sachez que nous sommes avec vous et que nous partageons largement avec notre famille et nos amis. Nous vous soutenons et vous remercions d’être des leaders dans la lutte pour la sécurité des écoles! Nous avons suivi votre exemple aujourd’hui et avons légèrement fait avancer les choses pour les élèves et les enseignants de Philadelphie. J’espère sincèrement que vous verrez bientôt de bons résultats! Nous vous suivrons et vous soutiendrons! Beaucoup d’amour, en solidarité!»

Joan, une autre enseignante de Philadelphie, a écrit: «L’apprentissage virtuel permet à tous de rester à l’abri de la menace d’une infection par le COVID. Ne revenez à l’apprentissage en personne que lorsque c’est sans danger». Barb a commenté, «Nous sommes avec vous et nous vous soutenons!» Beth écrit, «Je suis avec vous. Merci pour tout ce que vous faites».

Michael, un travailleur du New Jersey, écrit: «Merci de vous battre pour la santé et la sécurité des enseignants. Nous vous soutenons».

Wanda, une travailleuse du Connecticut, a déclaré: «Je soutiens pleinement les enseignants de Chicago et leurs familles. Les vies doivent devenir plus importantes que les profits des entreprises. Les enseignants, les enfants et le personnel ne peuvent pas être remplacés au sein de leur famille. Au cours d’une pandémie mondiale où plus de 400.000 personnes ont perdu la vie à cause d’un virus mortel, des conditions de travail EN SÉCURITÉ doivent être la PRIORITÉ!»

«Au XXIe siècle, pourquoi l’apprentissage à distance est-il un problème? Fournir aux écoles les ressources et les mesures de sécurité nécessaires pour s’assurer qu’on ne risque pas sa vie pendant cette pandémie. L’humanité avant les profits!»

Un technicien de Seattle a écrit: «Les enseignants de Chicago prennent une position courageuse pour défendre non seulement leur vie et celle de leurs élèves. L’action des enseignants est un paratonnerre qui incite l’ensemble de la classe ouvrière à une action de grève massive. Les enseignants montrent à l’ensemble de la classe ouvrière que pour sauver des vies, il faut une attaque frontale contre les mensonges antiscientifiques et à peine couverts, colportés par la classe dirigeante».

«Les enseignants font face à la plus vile forme de trahison de la part de “leurs” syndicats, et ils doivent résolument s’en séparer. L’État et les tribunaux ne sont pas leurs amis, mais leurs ennemis les plus acharnés. C’est vers la classe ouvrière — face à une catastrophe aux proportions bibliques — que les enseignants doivent se tourner. Je suis convaincu que les enseignants de Chicago l’emporteront».

Après l’apparition des premières infections à Wuhan, en Chine, la pandémie a été rapidement maîtrisée grâce à des mesures de confinement agressives, des tests et la recherche des contacts. Un travailleur de la ville de Tianjin, en Chine, a écrit au WSWS: «D’après notre expérience en Chine, il n’y a tout simplement pas d’autre moyen que de maintenir les écoles fermées pour vous protéger, vos élèves et la communauté au sens large, contre COVID-19».

«C’est précisément parce qu’on a fermé nos écoles et nos entreprises non essentielles jusqu’à la fin de l’épidémie ici que nous sommes maintenant en vie, en bonne santé et capable de mener une vie normale».

Il a ajouté: «La Chine a connu un total de 85.000 infections et environ 4.900 décès jusqu’à la fin de notre épidémie. Tandis que les États-Unis, avec leurs écoles et lieux de travail ouverts, ont 90.000 infections tous les trois ou quatre jours, et plus de 3.000 décès par jour! Les fermetures d’écoles ont été une des raisons principales de notre survie et pour qu’on vive pour raconter l’histoire. Ne laissez pas les médias capitalistes ou les politiciens capitalistes vous tromper! Ils savent comment la Chine a vaincu le virus. C’est l’argent, et non vos vies ou vos étudiants, qui les préoccupe».

Raimo, un travailleur finlandais, a écrit au WSWS: «La pandémie n’est pas sous contrôle, et les écoles montrent qu’elles jouent un rôle dans la propagation du virus à travers les communautés. La sécurité, étayée par la science, a la priorité sur le “retour à la normale”. Le personnel des écoles de Chicago a tout mon soutien».

Les travailleurs ont souligné non seulement le fait que les éducateurs de Chicago ont la science de leur côté, mais aussi que d’aller à l’école dans ces conditions ne permettra pas aux élèves de se socialiser comme il faut. Un agent de sécurité des écoles du CPS a noté que «l’école sera désormais gérée comme un centre de détention pour mineurs. Les élèves n’auront aucune interaction les uns avec les autres. Ils ne pourront pas parler de manière décontractée et devront s’aligner contre le mur en marchant dans le couloir. Les déjeuners se feront dans la salle de classe, où les élèves devront rester assis toute la journée, avec une fenêtre ouverte, et ils n’auront pas de pause gymnastique. Pourquoi risquer la vie des élèves? Avec l’enseignement à distance, tout le monde est en sécurité».

S’exprimant sur le potentiel qu’un enseignement à distance correctement financé pourrait offrir, Leonor a fait cette proposition: «Je crois depuis longtemps que les enfants ne devraient pas être exposés au COVID et que l’enseignement en ligne devrait être développé. Cela comprend les possibilités d’interaction récréative/sociale avec d’autres enfants pour compenser le contact direct. Davantage de ressources devraient être allouées aux écoles, en particulier aux écoles publiques, à cette fin. Nos enfants sont notre avenir, et nous devons prendre toutes les précautions possibles pour leur donner les meilleures chances de se développer».

La classe dirigeante fait tout ce qu’elle peut pour écarter la possibilité d’une grève à Chicago. Elle est pleinement consciente qu’elle pourrait être l’étincelle qui met le reste de la classe ouvrière en mouvement.

Graeme, un employé du gouvernement australien, a commenté cet aspect crucial de la lutte à Chicago. «Les enseignants de Chicago montrent la voie. La lutte contre COVID-19 n’est pas un combat industriel, c’est un combat politique pour les intérêts de toute la classe ouvrière. Luttez pour étendre la grève au-delà des enseignants, à tous les travailleurs américains et internationaux. Luttez pour une grève générale afin de fermer les écoles et la production non essentielle avec un salaire de subsistance complet pour tous les travailleurs déplacés!»

Un autre travailleur, Toby, a écrit: «En tant que HÉROS du front qui s’occupent des cerveaux de notre avenir, vous êtes une inspiration pour tous! Soyez forts, épaule contre épaule, et sachez que vous avez le soutien des travailleurs du monde entier. Merci pour vos services et pour avoir rassemblé des voix!!»

Les enseignants de Chicago bénéficient d’un énorme soutien, tant au niveau international que dans leur propre ville. Si l’accord de principe est rejeté mardi et que le CPS décide de punir les enseignants, ils doivent continuer en sachant qu’ils ont le soutien de la puissante classe ouvrière de la troisième plus grande région métropolitaine des États-Unis.

Un assistant de classe d’éducation spéciale (SECA) dans les écoles du CPS a écrit avec force: «Luttons jusqu’au bout».

Alison, une habitante de Chicago, s’est engagée à prêter directement son aide aux enseignants en cas de grève. «Je suis habitante de Chicago, mais je n’ai pas d’enfants, et j’ai eu le privilège de travailler à distance depuis le début de la pandémie. Je soutiens pleinement les mesures prises par les enseignants et les travailleurs de Chicago pour protéger leur santé, leur sécurité et leur vie. Je me demandais si le comité allait mettre en place un réseau d’entraide au cas où les salaires des enseignants et des travailleurs continueraient à être retenus? Si oui, j’aimerais montrer mon soutien en apportant de la nourriture, des fournitures ou autant d’argent que je peux».

Justine, une ancienne enseignante de secondaire, a fait écho aux sentiments de beaucoup en rappelant aux enseignants de Chicago qui détient vraiment le pouvoir. «En tant que fantassins de l’éducation, les enseignants de base sont les troupes élémentaires qui poussent les officiers corrompus (dirigeants syndicaux et politiciens) hors de leurs positions de pouvoir – afin que les enseignants réguliers puissent ensuite rapidement mettre en place une politique humaine saine qui vise à ramener la charge virale à zéro en appliquant le principe de précaution via l’apprentissage à distance».

«Plutôt que de permettre aux responsables de l’éducation de faire des martyrs des mentors et de leurs protégés avec leur maigre atténuation (justifiée uniquement par l’argent), l’action des enseignants pour mettre fin à une maladie endémique est au contraire le SEUL moyen compatissant et efficace de surmonter la COVID-19. J’applaudis, je porte un toast et je danse sans réserve pour mes camarades combattants de l’action éclairée: éduquez le système, mes pairs éduqués. C’est leur dernier test, et c’est le succès ou l’échec».

Elizabeth Castillo est originaire de Lakewood, en Californie. «Chers enseignants de Chicago, je suis une infirmière diplômée de Californie et j’exhorte tous les enseignants de Chicago à tenir bon. Il ne faut pas laisser les dirigeants politiques et les patrons syndicaux de Chicago vous forcer à retourner à l’école pendant la dangereuse pandémie qui fait rage».

«En tant qu’infirmière bien consciente des dangers d’être infecté par le COVID-19, les enseignants ne seront pas en sécurité tant que le virus ne sera pas complètement maîtrisé et que l’immunité collective ne sera pas atteinte en vaccinant au moins 50 à 90 pour cent de la population, y compris les enfants. Le parti démocrate et les syndicats sont complices de ce meurtre social de la classe ouvrière au nom des profits, mais sachez que les infirmières sont avec vous et qu’elles vous soutiendront dans ce combat. En toute solidarité».

Tous les efforts doivent être faits pour élargir la lutte de Chicago à l’ensemble des États-Unis et au niveau international. C’est le fer de lance d’un puissant mouvement de défense des vies humaines contre les profits. Le WSWS continuera de publier des déclarations de soutien aux enseignants de Chicago, et nous invitons nos lecteurs à envoyer leurs déclarations ici.

(Article paru d’abord en anglais le 9 février 2021)

Loading