Macron dénonce les appels des scientifiques à un confinement pour stopper la Covid-19

Alors que scientifiques et médecins appellent à un confinement strict pour faire face à la variante britannique plus contagieuse de Covid-19, Macron entre en conflit avec les autorités sanitaires, maintenant sa politique criminelle d’immunité collective.

L’Europe est dans une situation sanitaire désastreuse, avec plus de 750.000 décès depuis le début de la pandémie. Ce bilan devrait s’alourdir car les nouveaux variants qui circulent plus rapidement devraient être majoritaires en Europe et en France dans les prochaines semaines. A l’international, les milieux scientifiques et médicaux font pression pour imposer un confinement, comme en mars de l’année dernière, seul à même de stopper la contagion.

Lors du dernier conseil de défense, Macron aurait répondu aux appels des scientifiques et des médecins à un nouveau confinement en déclarant: «J’en ai marre de ces scientifiques qui ne répondent à mes interrogations sur les variants que par un seul scénario: celui du reconfinement … tout doit être fait pour éviter un reconfinement».

Sa politique inhumaine condamne à mort des dizaines de milliers de Français et des centaines de milliers de personnes à l’échelle européenne. La France a atteint la barre des 80.000 morts de la Covid-19. Sur la journée de mardi, 18.870 nouveaux cas ont été enregistrés, avec 439 décès à l’hôpital auxquels s’ajoutent ceux survenus dans les Ehpad. Les autorités sanitaires font état de 27.634 personnes hospitalisées en raison de la Covid-19, dont 3.332 qui se trouvent en réanimation.

En Île-de-France, la situation est alarmante, selon le chef du service infectiologie à l’hôpital Tenon, Gilles Pialoux. Invité sur la chaîne d’information BFMTV, il a déclaré: «On observe une poussée incroyable du variant anglais. On nous a dit, ‘ce n’est pas autant que l’Angleterre,’ mais l’Île-de-France est autour des 39 pour cent d nouvelles contaminations.» En France ce variant deviendra majoritaire, selon les estimations des scientifiques, début mars.

Après des mois durant lesquels les gouvernements ont appelé à rouvrir les écoles en affirmant faussement que le virus n’y circule pas, le ministère de l’Éducation Nationale a recensé le 5 février 934 classes fermées pour 12.520 cas de Covid-19 chez des élèves. 1.808 membres du personnel ont également été testés positifs. Pour le SNMSU-UNSA Éducation, «La circulation du virus en milieu scolaire, de la maternelle au lycée, chez les élèves comme chez les personnels, est de plus en plus forte, avec un nombre croissant de variants.»

L’épidémiologiste Arnaud Fontanet a contredit Macron et souligné la nécessité d’un confinement. Interrogé sur la possibilité de «contrôler l’épidémie hors confinement strict», il a répondu: «Les chances sont minces. Les Anglais, les Irlandais et les Portugais – certes pénalisés par la rencontre du variant anglais avec les fêtes de fin d’année – n’ont pas réussi à le faire.»

Fontanet a aussi souligné les risques énormes liés à la présence du virus dans les établissements scolaires fonctionnant en présentiel: «Il circule en tout cas, toutes les études le montrent. Un enfant en crèche ou scolarisé augmente votre risque d’infection».

Toujours selon le membre du Conseil scientifique, «le variant anglais progresse de 50 pour cent par semaine. On devrait arriver vers 30-35 pour cent à la mi-février et le variant anglais pourrait devenir majoritaire début mars. Le variant anglais est en train de progresser malgré des mesures fortes. Les mesures qui ont été prises n’ont pour l’instant pas permis d’enrayer sa progression.»

Face à cette situation catastrophique, Fontanet explique lors de son entrevue avec le JDD que «l’alternative aurait été un confinement tout de suite». Il a mis en avant l’efficacité d’une telle mesure en Irlande et au Royaume-Unis pour tenter de contrôler l’épidémie: «On peut s’étonner cependant de la rapidité avec laquelle le nombre de cas a baissé en Angleterre et en Irlande une fois le confinement installé, laissant entendre qu’il y a une marge de manœuvre.»

En refusant un confinement strict contre l’avis des scientifiques, le gouvernement Macron accepte de sacrifier des dizaines, voire des centaines de milliers de vies en France afin que les profits créés par les travailleurs continuent d’affluer aux banques. La réalisation de ces profits s’accompagne d’une banalisation par la presse capitaliste de morts totalement évitables. Interrogé par le JDD sur ce que lui inspire le haut plateau d’hospitalisation et de décès, Fontanet a répondu: «On a banalisé, on s’est habitué à un nombre très élevé de malades et de morts du Covid.»

Une vague internationale d’opposition parmi les médecins, les scientifiques et plus largement tous les travailleurs émerge contre cette politique criminelle d’immunité collective.

Jeudi, le BMJ (British Medical Journal), l’un des plus anciens et plus prestigieux périodiques médicaux, a publié un éditorial qui accuse les gouvernements du monde entier de «meurtre social» dans leur réponse collective à la pandémie: «Lorsque des politiciens et des experts disent qu’ils sont prêts à permettre des dizaines de milliers de décès prématurés au nom de l’immunité de la population ou dans l’espoir de soutenir l’économie, n’est-ce pas là une indifférence préméditée et irresponsable à l’égard de la vie humaine?

«Au minimum», écrit le BMJ, «le COVID-19 pourrait être classé comme du “meurtre social”», signalant l’utilisation de ce terme par le dirigeant socialiste Friedrich Engels pour «décrire le pouvoir politique et social détenu par l’élite dirigeante sur les classes ouvrières dans l’Angleterre du 19e siècle».

Ce «meurtre social» ne serait possible sans la complicité de la pseudo gauche, qui est alignée sur la politique du gouvernement et fournit une couverture à la politique criminelle d’immunité collective.

Invité sur France Info, Alexis Corbière s’est dit «défavorable à un confinement»: «Il faut évidemment prendre des mesures de sécurité, mais on ne peut pas imaginer une société qui, en permanence, se bloque,» a affirmé le député La France insoumise. Il appelle à l'instauration de jauges dans les salles de cinéma ou les restaurants: «Maintenant, nous devons organiser la société de manière à faire face à ce virus.»

Le site Révolution Permanente du NPA continue quant à lui à publier des articles qui réclament la reprise des cours en présentiel: « Il nous est apparu que l’une de nos tâches était de se rapprocher des professeurs. En mettant au centre l’initiative des professeurs, nous mettions au centre leurs revendications pour plus de moyens humains et matériels à l’université. Nous devons proclamer haut et fort que nous ne luttons pas seulement pour le retour en présentiel».

L’entrée en guerre de Macron contre la science et l’opposition des travailleurs et des jeunes à la reprise du travail et la réouverture des écoles souligne la lutte entre deux camps irréconciliables. D’un côté l’aristocratie financière fait une politique axée sur les profits et la mort. De l’autre, les travailleurs ont besoin d’une une politique socialiste axée sur une défense de la vie. Pour faire et financer la politique de confinement nécessaire pour stopper le virus, il faut exproprier les vastes fortunes mal acquises des capitalistes multimilliardaires français et européens.

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