L’Organisation mondiale de la santé confirme l’origine naturelle du coronavirus

Le 9 février, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a confirmé que le virus SRAS-CoV-2 a évolué naturellement, peut-être chez les chauves-souris du sud-est de la Chine, et qu’il est passé aux humains soit directement, soit par une autre espèce intermédiaire. Elle a écarté l’hypothèse que le virus aurait été fabriqué par l’homme et relâché dans la nature.

Ces résultats ont été présentés de façon préliminaire à un point de presse concluant la mission de 12 jours conjointe de l’OMS et de la Chine, qui visait à étudier les origines du SRAS-CoV-2, le virus qui a causé la présente pandémie. Cette mission comprenait 17 experts médicaux de 10 pays et faisait suite à l’enquête initiale de janvier 2020 sur les origines du virus ; elle a fourni plus de détails sur la voie de transmission des animaux aux humains.

Un travailleur portant une combinaison anti-matières dangereuses prend la température d’un passager à l’entrée d’une station de métro à Pékin, le 26 janvier 2020. (AP Photo/Mark Schiefelbein)

On a publié les résultats à un stade critique de la pandémie. En moyenne, plus de 12.000 personnes meurent chaque jour dans le monde et plus de 2,34 millions au total sont décédés à ce jour. On a confirmé plus de 107 millions de cas de coronavirus depuis le début de la pandémie en décembre 2019, et près de 26 millions de personnes ont connu des infections actives. De nouveaux variants du virus, plus infectieux et plus mortels, ont vu le jour en Grande-Bretagne, en Afrique du Sud et au Brésil, ce qui menace de relancer cette pandémie meurtrière.

L’équipe a examiné quatre voies d’apparition du virus: directement de la faune sauvage à l’homme; de la faune sauvage à l’homme par le biais d’un certain nombre d’hôtes intermédiaires; de la faune sauvage à l’homme par le biais de la nourriture et d’un laboratoire.

«Nos premières conclusions suggèrent que l’introduction par une espèce hôte intermédiaire est la voie la plus probable. Mais elle nécessitera davantage d’études et des recherches ciblées plus spécifiques» a déclaré le Dr Peter Embarek, spécialiste de la sécurité alimentaire et des zoonoses et chef de la délégation de l’OMS. «Tous les travaux qu’on a effectués sur le virus et qui tentent d’identifier son origine continuent de pointer vers un réservoir naturel» a-t-il ajouté.

Ces réservoirs naturels comprennent les fermes locales où les virus passent d’un animal à l’autre. La possibilité existe aussi d’une origine chez les animaux d’un autre pays d’Asie du Sud-Est.

La mission de l’OMS s’est également penché sur les préoccupations concernant la large circulation du virus avant sa détection. Embarek a noté qu’«aucune indication» ne permettait de dire que le virus circulait dans de larges parties du monde avant d’être détecté à Wuhan, fin décembre 2019. Les équipes épidémiologiques dirigées par Thea Fischer ont tout au plus découvert que le virus avait circulé en dehors des notoires marchés humides de Huanan, une indication qu’il y aurait potentiellement plus de voies utilisées par le virus pour commencer à infecter des humains.

Embarek a également précisé que «les résultats suggéraient que l’hypothèse d’incidents de laboratoire était extrêmement improbable pour expliquer l’introduction du virus dans la population humaine» et qu’elle ne serait plus considérée comme une piste d’étude.

Ces déclarations réfutent directement les allégations faites tout d’abord par les cercles dirigeants américains et européens l’année dernière. Ceux-ci insinuaient que le virus avait été fabriqué par les autorités chinoises et qu’il était un produit des programmes chinois de guerre bactériologique. Au centre de cette campagne il y avait l’accusation infondée que le virus avait été fabriqué et diffusé par l’Institut de virologie de Wuhan et que le gouvernement chinois avait dissimulé ce fait, tout en stockant des fournitures médicales pour résister à la tempête initiale.

C’est l’ex-président américain Donald Trump, qui a le plus massivement promu cette accusation, suggérant que la Chine était «sciemment responsable» de la pandémie. Les médias ont amplifié ce récit. Le Washington Post a par exemple publié à la une cette remarque incendiaire que le coronavirus était «propagé à partir de l’Institut de virologie de Wuhan», faisant remarquer que les chercheurs de cet institut «avaient mené des recherches sur les coronavirus des chauves-souris».

Même à cette époque, les preuves scientifiques montraient clairement que ces affirmations étaient fausses. Une étude rédigée par des biologistes américains et britanniques et publiée dans Nature déclarait sans ambages: «Nos analyses montrent clairement que le SRAS-CoV-2 n’est pas une construction de laboratoire ou un virus manipulé à dessein». Une étude différente d’un groupe de médecins américains a écrit dans le New England Journal of Medicine que «le CoV-2 du SRAS ne s’est pas échappé d’un bocal».

Ces mêmes médecins ont également noté que le coronavirus possédait «des séquences d’ARN ressemblant beaucoup à celles des virus qui circulent silencieusement chez les chauves-souris. Les informations épidémiologiques impliquent un virus d’origine chauve-souris qui infecte des espèces animales non identifiées, vendues sur les marchés chinois d’animaux vivants».

Ils ont en outre commenté la probabilité croissante de rencontrer des zoonoses. «Il a fallu 8 millions d’années au génome de l’espèce humaine pour évoluer de 1 pour cent. De nombreux virus à ARN animal peuvent évoluer de plus de 1 pour cent en quelques jours. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi nous assistons de plus en plus souvent à l’émergence de virus zoonotiques».

De plus, il est de notoriété publique que les autorités sanitaires chinoises ont réagi rapidement à l’émergence du nouveau coronavirus. La commission sanitaire municipale de Wuhan a signalé un groupe de cas de pneumonie le 31 décembre 2019. La Chine a informé les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies le 3 janvier et, le 7 janvier, a identifié le virus causant le COVID-19. Les autorités sanitaires chinoises ont mis l’OMS à jour et ont averti des dangers de la transmission interhumaine de la maladie.

Le 22 janvier, Pékin a confiné Wuhan et toute la province du Hubei pour contenir la propagation de la maladie. Cela a permis au pays de contenir et de supprimer le virus, à tel point qu’on n’a signalé aucune mort du coronavirus en Chine depuis mai dernier. Ce n’est pas une déclaration d’accord politique avec le gouvernement chinois que d’admettre ces faits.

C’est le contraire qui se produit actuellement aux États-Unis, au Brésil, en Europe et dans d’autres puissances mondiales. Face à l’émergence de variantes plus infectieuses, les mesures de confinement sont levées aussi rapidement et complètement que possible. C’est la circulation sans entrave du coronavirus chez les animaux qui lui a permis d’évoluer pour infecter l’homme en premier lieu. Mais c’est sa circulation sans entrave chez l’homme qui rend le virus plus meurtrier.

Lundi, le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a fait remarquer dans son discours : «ces résultats nous rappellent que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire la circulation du virus par des mesures de santé publique éprouvées». Il a de nouveau déclaré que les interventions non pharmaceutiques, qui comprennent la fermeture des écoles et des entreprises non essentielles, étaient essentielles. Cela permettait de «refuser au virus la possibilité de se propager, et celle de changer de manière à rendre les vaccins moins efficaces».

(Article paru d’abord en anglais le 10 février 2021)

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