Les directives politiquement motivées du CDC alimentent la campagne médiatique de réouverture des écoles américaines

Au cours du week-end, un blitz médiatique a montré clairement quel était l’objectif des dernières directives sur la réouverture des écoles publiées vendredi dernier par les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC). La campagne de propagande qui dure depuis des semaines et prétend faussement que les écoles ne sont pas des vecteurs de la propagation de la COVID-19 a maintenant l’entière approbation du CDC et s’intensifie rapidement afin de rouvrir les écoles dans tous les districts actuellement en enseignement à distance.

De nombreux articles et éditoriaux ont été publiés depuis vendredi dans la presse écrite, louant les lignes directrices pour leurs recommandations générales ou demandant qu’elles aillent encore plus loin.

Le New York Times a publié un article intitulé «Le CDC présente un plan de réouverture des écoles». Le Washington Post, propriété du PDG d’Amazon, Jeff Bezos, a publié un article intitulé «Le CDC propose une feuille de route pour la réouverture des écoles en toute sécurité». L’Associated Press a titré son article, «CDC: Des preuves solides que la scolarisation en personne peut se faire en toute sécurité». Le Wall Street Journal, le principal porte-parole de l’oligarchie financière, a intitulé son article principal, «Le CDC pousse les écoles de la maternelle à la 12e année à rouvrir».

Sarah McCarthy, enseignante à la maternelle, travaille avec un élève de l’école primaire Dawes à Chicago. (Ashlee Rezin Garcia/Chicago Sun-Times via AP)

Dimanche matin, la directrice du CDC, la Dre Rochelle Walensky, est apparue sur CNN dans l’émission «State of the Union», sur CBS dans l’émission «Face the Nation» et sur NBC dans l’émission «Meet the Press», invoquant les directives pour promouvoir partout la réouverture des écoles dans les jours et les semaines à venir.

À «Face the Nation», on a posé la question suivante à la Dre Walensky: «Les régions de ce pays où des cas de B.1.1.7 existent devraient-elles avoir des classes en personne?» Elle a répondu: «on a documenté plus de 1.000 cas de B.1.1.7… dans 39 États.» Elle a ajouté: «nous avons des projections selon lesquelles cette souche pourrait devenir la souche dominante d’ici la fin du mois de mars. Cela dit, la quantité de maladies à l’école est très liée à la quantité de maladies dans la communauté».

Sans fournir aucune preuve, la Dre Walensky a déclaré: «une transmission très limitée existe entre les élèves, et entre les élèves et le personnel». Là où cela s’est produit, elle a accusé le personnel scolaire d’être négligent et de propager le virus dans les écoles, disant que cela était dû à des «manquements au port de masque». Elle a souligné que «ce que nous préconisons vraiment maintenant, c’est… dans les zones de forte transmission, les zones rouges dont vous venez de parler, de faire revenir nos enfants de la maternelle à la cinquième année dans un mode hybride», c’est-à-dire en partie à distance et en partie en classe.

Au cours du week-end, les chercheurs ont découvert que plus de 99 pour cent de tous les enfants aux États-Unis résident actuellement dans ce que les directives du CDC classent comme des zones «rouges» en raison des niveaux élevés de transmission de COVID-19. Mais les directives stipulent explicitement qu’«à tout niveau de transmission communautaire, toutes les écoles ont la possibilité de dispenser un enseignement en personne» [c’est nous qui soulignons].

Dans les zones «orange» et «rouges», les lignes directrices recommandent: «l’apprentissage hybride ou à fréquentation réduite pour les écoles primaires» et «l’enseignement à distance seulement pour les collèges et les lycées, à moins qu’ils puissent mettre en œuvre strictement toutes les stratégies d’atténuation, et qu’ils aient peu de cas. Les écoles qui sont déjà ouvertes pour l’enseignement en personne peuvent rester ouvertes, mais seulement si elles mettent en œuvre strictement les stratégies d’atténuation et ont peu de cas».

Les surintendants, les gouverneurs et d’autres responsables dans tout le pays vont citer ces aspects des lignes directrices dans les prochaines semaines pour rouvrir les écoles et les garder ouvertes, même si de nouvelles épidémies des variants plus infectieux du virus se propagent dans les écoles. Ces dernières manquent de ressources pour fournir les mesures de sécurité et d’atténuation les plus élémentaires, sans parler de celles suggérées par le CDC.

Le CDC a publié ses lignes directrices jeudi dernier, au lendemain de la réouverture des écoles publiques de Chicago (CPS), après la trahison perpétrée par le syndicat des enseignants de Chicago (CTU) envers ses membres en faisant pression sur eux pour qu’ils acceptent le plan de réouverture mortel. L’opposition continue de croître à Chicago et dans d’autres districts scolaires comme Philadelphie et Montclair, dans le New Jersey, où les éducateurs continuent de résister aux ordres de rentrée des classes.

Le gouvernement Biden, enhardi par la trahison de la CTU, a chargé le CDC et l’appareil politique de passer rapidement à l’offensive dans un effort coordonné pour promouvoir ces directives non scientifiques et dangereuses et prendre l’initiative. Les événements de ces deux dernières semaines ont pris la forme d’une contre-attaque soigneusement orchestrée contre les éducateurs qui se battent pour sauver des vies.

Les éducateurs et les parents se sont tournés vers les médias sociaux pour dénoncer Biden et le CDC pour ce qui équivaut à une entreprise criminelle qui met leurs vies et celles de leurs communautés en danger. Dans des dizaines de groupes Facebook opposés à la réouverture des écoles à travers les États-Unis, les membres ont publié des centaines, voire des milliers de commentaires critiques.

Sur l’un d’eux, un éducateur a écrit: «Cela montre simplement que le système ne se soucie pas de la propagation du COVID et de l’hospitalisation, voire de la mort, des enseignants, des chauffeurs de bus, du personnel de la cafétéria et des autres personnes qui seront dans les bâtiments mal ventilés. Il ne se soucie pas non plus des étudiants, qui pourraient contracter le COVID et être asymptomatiques, mais qui l’apporteraient à la maison et tueraient leurs parents et grands-parents!»

Un autre commentateur a écrit: «L’intégrité du CDC a été complètement corrompue.» Un enseignant a commenté que la seule différence entre Trump et Biden était que Biden leur dit de retourner à l’école avec le sourire.

La publication des dernières directives du CDC a lieu juste avant que les États-Unis ne franchissent le triste cap des 500.000 décès dus au COVID-19 en moins d’un an. De nouveaux variants se répandent dans tout le pays sans être détectés. Une étude après l’autre a prouvé que les enfants sont souvent des porteurs asymptomatiques de la maladie et peuvent facilement en infecter d’autres. Les systèmes hospitaliers ne cessent d’être débordés et les travailleurs de la santé sont chroniquement épuisés et en détresse.

Le fait que la Dre Walensky approuve le renvoi des écoliers et des enseignants en classe alors que tant de variables inconnues sont en jeu représente la subordination complète de la science aux objectifs politiques du gouvernement Biden. Ce dernier a clairement fait part à plusieurs reprises de sa détermination à rouvrir la majorité des écoles de la maternelle à la huitième année d’ici la mi-avril.

Un tel mépris pour la sécurité publique devrait disqualifier la Dre Walensky en tant que chef d’un organisme scientifique. Mais c’est précisément pour son asservissement politique au Parti démocrate et à l’oligarchie financière qu’elle a été choisie pour ce poste, et non pour son adhésion aux principes scientifiques.

Un examen des références des lignes directrices indique qu’un grand nombre des études sélectionnées sont d’une importance limitée et utilisent des enquêtes biaisées réalisées dans une école spécifique sur une période de temps limitée. Nombre d’entre elles ne fournissent aucun contexte concret ni aucune compréhension de la manière dont le coronavirus passe par les enfants et les écoles dans le cadre communautaire.

Les lignes directrices mettent en évidence des études menées au début de la pandémie, lorsqu’on avait fermé les écoles du monde entier comme première réaction pour contenir la propagation, qui ont tiré des conclusions qui ne sont plus valables. Les lignes directrices acceptent sans critique les affirmations des études selon lesquelles les enfants n’étaient pas des vecteurs à la maison, tout en ignorant les mises en garde de leurs auteurs selon lesquelles leurs conclusions pourraient être erronées, car les enfants présentent rarement des symptômes.

Dans certains cas, des informations actualisées sur la séroprévalence des anticorps chez les enfants n’ont pas été citées. Cela invalide complètement leur revendication d’une révision scientifique approfondie. Ils n’admettent même pas qu’il existe des données qui réfutent leurs conclusions, un principe crucial dans la rédaction scientifique.

Dans un article d’opinion publié dans le San Diego Union-Tribune, le Dr Delano Wood, docteur en médecine, a déclaré succinctement: «Pour analyser l’exposition et la transmission dans les écoles, on doit, en fait, recueillir des données dans les écoles. La meilleure façon de collecter des données serait de faire des tests de surveillance pour tous les élèves chaque semaine… Malheureusement, ce type de données n’existe pas, car presque aucune école au niveau national ne fait de tels tests, ce qui rend impossible toute déduction sur l’étendue de la propagation de COVID-19 dans les écoles. La grande majorité des études disponibles montrent des preuves solides de la propagation dans les écoles du monde entier, et c’est fallacieux de dire que ce virus ne se propage que dans les foyers».

Les programmes nationaux de recherche des contacts sont terriblement limités, tandis que les institutions locales de santé publique manquent de fonds et de personnel. La collecte systématique de données précises s’est enlisée dans la corruption ou un manque de rigueur volontaire.

Les lignes directrices du CDC sont proposées à titre de suggestions et ne sont pas contraignantes. Les districts scolaires continueront d’avoir toute latitude pour décider de la réouverture ou non de leurs écoles et de la manière de la faire. Les lignes directrices fourniront aux conseils scolaires et aux hommes politiques un minimum de justification «scientifique» pour leurs politiques criminelles.

Fondamentalement, l’essentiel de ces lignes directrices est de veiller à ce que les écoles restent ouvertes pendant les transmissions communautaires, afin de faire pression sur les parents pour qu’ils retournent travailler dans des lieux dangereux. Les lignes directrices stipulent que «les écoles de la maternelle à la 12e année devraient être les dernières à fermer, et seulement après qu’on a employé toutes les autres mesures d’atténuation dans la communauté. Ces écoles devraient être rouvertes en premier lorsqu’elles peuvent le faire en toute sécurité».

Les éducateurs, les parents et l’ensemble de la classe ouvrière doivent comprendre l’ensemble des forces auxquelles ils font face, ce qui inclut le CDC sous Biden comme auparavant sous Trump. Les conclusions nécessaires doivent être tirées de l’année écoulée. Les éducateurs doivent s’organiser indépendamment des syndicats et des partis bourgeois et doivent créer des comités de la base dans chaque district et chaque État et préparer une grève générale à l’échelle nationale pour fermer toutes les écoles et les lieux de travail non essentiels.

(Article paru en anglais le 15 février 2021)

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