La Maison-Blanche condamne les conclusions de l’OMS après que des scientifiques aient démenti la théorie complotiste du «Labo de Wuhan».

La Maison-Blanche a exprimé sa «profonde inquiétude» concernant les conclusions d’une équipe internationale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) après qu’elle ait démenti les fausses affirmations du gouvernement américain que le COVID-19 provenait d’un laboratoire chinois.

L’ancien vice-président des États-Unis Joe Biden s’entretient avec des partisans lors d’une réunion publique organisée par la Coalition asiatique et latino de l’Iowa, au Plumbers and Steamfitters Local 33 à Des Moines, Iowa. (Wikimedia Commons/Gage Skidmore)

Le 15 janvier, le Département d’État américain avait publié une «fiche d’information» sur «l’activité de l’Institut de virologie de Wuhan». Il demandait à l’OMS d’enquêter sur la théorie de conspiration, fausse et discréditée, selon laquelle le COVID-19 a été mis en circulation à partir d’un laboratoire à Wuhan, en Chine. Le Département d’État avait écrit qu’un «accident de laboratoire pourrait ressembler à une épidémie naturelle».

Le document avait mis par écrit le mensonge de l’ancien secrétaire d’État, Mike Pompeo, selon lequel «il y a d’énormes preuves que c’est là que tout a commencé», lorsqu’on lui a demandé si le COVID-19 «provenait de ce labo de Wuhan».

Le mensonge colporté par Pompeo et les co-conspirateurs de Trump Steve Bannon et Peter Navarro, avait été initialement popularisé par le journal expatrié d’extrême droite «Chinese Epoch Times», associé au mouvement Falun Gong.

Une fois que la théorie du complot eut été ouvertement adoptée par le gouvernement Trump, elle a été blanchie par les médias de l’establishment, et elle a fait partie de la ligne politique officielle du gouvernement américain.

Le 5 février, le Washington Post, aligné sur les démocrates, publiait un éditorial reprenant la position du département d’État de Trump, selon laquelle «un accident de laboratoire ou une fuite» représentait une explication «plausible» de la pandémie.

Mais ces efforts bipartites pour prétendre faussement que le COVID-19 est sorti d’un laboratoire chinois – insinuant qu’il s’agit d’une arme biologique et d’une attaque militaire contre les États-Unis – ont reçu un coup fatal des enquêteurs de l’Organisation mondiale de la santé.

Ce 9 février, des chercheurs de l’OMS revenant d’une enquête sur les origines de COVID-19 ont démoli la théorie complotiste du «laboratoire de Wuhan», déclarant que l’OMS ne mènerait pas d’autres recherches sur ce sujet.

Le professeur Liang Wannian de l’université de Tsinghua, s’exprimant devant le panel de l’OMS, a clairement indiqué que la théorie selon laquelle «le virus avait été créé par des humains» avait «déjà été réfutée par l’ensemble de la communauté scientifique dans le monde».

Quant à l’affirmation que le virus s’était échappé d’un laboratoire par accident, a ajouté Liang, «dans tous les laboratoires de Wuhan, il n’existe pas de virus du SRAS-CoV-2. Si ce virus n’existe pas, il est tout à fait impossible de lui relier celui-ci».

Peter Ben Embarek, un expert de l’OMS en matière de sécurité alimentaire, a ajouté qu’«on n’avait recherché, identifié ou connu ce virus particulier nulle part auparavant».

Ces déclarations ont suscité une condamnation de la part du gouvernement Biden, qui a déclaré: «Nous sommes très préoccupés de la manière dont on a communiqué les premiers résultats de l’enquête COVID-19 et des questions concernant le processus utilisé pour les obtenir»

Soulignant que le gouvernement Biden avait stoppé l’annulation du financement de l’OMS par le gouvernement Trump, la Maison-Blanche a exigé une soumission politique en échange de ce financement. La déclaration menaçait : «réengager l’OMS signifie aussi la tenir aux normes les plus élevées» et exigeait que ses conclusions soient «libres de toute intervention ou altération par le gouvernement chinois».

La Chine a été le centre de la première épidémie à grande échelle de COVID-19, une maladie totalement nouvelle, jamais observée ailleurs dans le monde. Malgré cela, seules 4.636 personnes sont mortes du COVID-19 en Chine, soit environ autant que le nombre de morts aux États-Unis en un seul jour — le 12 juillet 2020.

Malgré des informations faisant état d’une volonté initiale de minimiser l’ampleur de la maladie, le gouvernement chinois a rapidement alerté la communauté scientifique internationale. Il a publiquement communiqué la séquence génétique de la maladie le 12 janvier, et a autorisé une équipe de l’OMS à voyager librement et à observer l’épidémie, ce qui a donné lieu au rapport du 16 au 24 février 2020 qui a guidé les scientifiques et les médecins du monde entier dans leur lutte contre la maladie.

Le rapport a clairement montré que la Chine a pu maîtriser la pandémie en mobilisant un vaste éventail de ressources sociales pour traiter les personnes infectées. Elle a suivi tous les contacts et prévenu la transmission au sein des communautés grâce à des mesures de confinement ciblées.

Les gouvernements des États-Unis et de l’Europe ont rejeté ces mesures parce que les autorités les estimaient trop coûteuses économiquement. Ils ont permis à la pandémie de se propager largement sans contrôle et n’ont jamais créé de réseau systématique de suivi de la maladie et de recherche des contacts, ce qui a entraîné la mort d’un demi-million de personnes aux États-Unis et de trois-quarts de million en Europe.

Malgré le rejet par les scientifiques de l’OMS de la théorie complotiste du «Labo de Wuhan» et leurs éloges à l’égard de leurs collaborateurs chinois, les médias américains ont déformé leurs propos pour prétendre que la Chine était engagée dans une opération de dissimulation.

Le 12 février, le New York Times a publié un article qui déclarait: «Lors du voyage de l’OMS, la Chine a refusé de remettre des données importantes».

L’article déclarait: «Les scientifiques chinois ont refusé de partager des données brutes qui pourraient permettre au monde de mieux comprendre les origines de la pandémie de coronavirus, ont déclaré vendredi des enquêteurs indépendants pour l’OMS».

Le zoologiste britannique Peter Daszak, qui faisait partie de la délégation de l’OMS, a fustigé l’article sur Twitter. «Ce n’était pas mon expérience sur la mission @WHO. En tant que responsable du groupe de travail sur les animaux/environnement, j’ai trouvé la confiance et l’ouverture avec mes homologues chinois. Nous avons eu accès à de nouvelles données critiques tout au long de la mission. Nous avons amélioré notre compréhension des risques de débordement».

Thea K. Fischer, autre membre de l’équipe, a ajouté: «Ce n’était PAS mon expérience non plus du côté [épidémiologique]. Nous AVONS établi de bonnes relations au sein de l’équipe épidémiologique chinoise et internationale! Le fait de permettre des discussions animées reflète un niveau d’engagement profond.... Nos citations ont été intentionnellement déformées, jetant des ombres sur des travaux scientifiques importants».

Daszak a ajouté: «Il est décevant de passer du temps avec des journalistes pour expliquer les principales conclusions de notre travail épuisant d’un mois en Chine, pour voir nos collègues mal cités de manière sélective pour arriver à un récit prévu avant le début du travail. Honte à vous @nytimes!»

(Article paru d’abord en anglais le 16 février 2021)

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