Biden minimise faussement les dangers de COVID-19 dans les écoles

Mardi, s’exprimant lors d’une réunion de ville organisée par la mairie de Milwaukee et couverte par CNN, le président américain Joe Biden a fait une série de déclarations manifestement fausses sur la menace que représente le COVID-19 pour les enfants et leurs parents. Les fausses déclarations de Biden visaient à convaincre les éducateurs, les étudiants et les parents de reprendre l’apprentissage en personne, même si les écoles sont des vecteurs majeurs de la propagation de COVID-19.

Lors d’un échange à glacer le sang avec une élève de deuxième année qui craignait à juste titre d’attraper le COVID-19 et d’infecter ses parents, Biden a menti catégoriquement, affirmant: «Tu ne risques pas d’attraper quelque chose et de le transmettre à ta maman ou à ton papa».

Le président Biden répond à des questions lors d’un événement télévisé au Pabst Theater, le mardi 16 février 2021, à Milwaukee (AP Photo/Evan Vucci)

De nombreuses études scientifiques ont prouvé le contraire de ce que prétend Biden. Une étude publiée le mois dernier par la Dre Simona Bignami de l’Université de Montréal et le Dr John F. Sandberg de l’Université George Washington a révélé que les infections chez les enfants de 10 à 19 ans ont précédé l’augmentation des cas chez les adultes de 30 à 49 ans. Cela signifie que les enfants infectés ont infecté leurs parents, et non l’inverse. L’étude a conclu que «la transmission du COVID chez les enfants d’âge scolaire ne semble pas en être la conséquence, mais plutôt un déterminant important du niveau général d’infection dans les communautés environnantes».

Une autre étude récente du sud de l’Inde, publiée dans la revue Science le 6 novembre, a également révélé que les enfants se transmettent le virus entre eux et avec les adultes. Même les directives à motivation politique publiées la semaine dernière par les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) reconnaissent que les enfants et les parents peuvent se transmettre le COVID-19 entre eux.

Biden a encore menti, quand il a dit à un élève de deuxième année: «Les enfants ne contractent pas le COVID très souvent. C’est rare que cela arrive». Il a ajouté: «Vous faites partie du groupe de personnes le plus sûr au monde.»

En réalité, plus de trois millions d’enfants ont contracté le COVID-19 rien qu’aux États-Unis, ce qui représente 13 pour cent de tous les cas, et des millions d’autres l’ont contracté dans le monde entier. Ces dernières semaines, on a observé une augmentation inexpliquée du nombre de cas et de décès chez les enfants qui souffrent du syndrome inflammatoire multisystémique chez l’enfant (MIS-C) lié au COVID-19, la proportion de ces patients admis dans les hôpitaux qui nécessite des soins intensifs ayant augmenté jusqu’à 90 pour cent. Plus de 2.000 enfants ont souffert du MIS-C aux États-Unis, et 30 en sont morts, selon les chiffres du CDC.

On sait peu de choses sur les effets à long terme du COVID-19 sur les enfants, ce qui fait de la réouverture des écoles une expérience médicale impliquant plus de 50 millions d’élèves. Les dangers s’intensifient chaque jour, alors que des variants plus infectieux et plus mortels de COVID-19 se répandent largement sans être détectés dans la population, le variant britannique B.1.1.7 devant devenir la souche dominante aux États-Unis d’ici la fin mars.

Les déclarations mensongères de Biden servent un objectif politique. Les niveaux d’endettement sans précédent accumulés pendant la pandémie et la bulle boursière massive doivent être soutenus par l’exploitation de la classe ouvrière dans le processus de production. Comme cela a été le cas tout au long de la pandémie, l’objectif de la réouverture des écoles est de s’assurer que les parents retournent sur des lieux de travail dangereux afin de produire des profits pour la grande entreprise. C’est pour cette raison que la campagne de réouverture des écoles s’intensifie chaque jour et est devenue l’axe central de la lutte des classes.

Lors de l’événement de mardi, l’animateur de CNN, Anderson Cooper, a noté les déclarations faites la semaine dernière par la secrétaire de presse de la Maison-Blanche Jen Psaki que l’objectif du gouvernement Biden est de ne rouvrir les écoles qu’«au moins un jour par semaine». Biden a répondu: «C’était une erreur de communication», ajoutant: «L’objectif sera de cinq jours par semaine».

Les déclarations de Biden montrent clairement le caractère central de la réouverture des écoles et les efforts que les élites dirigeantes feront pour poursuivre cette politique meurtrière. Même si Trump et les républicains sont ceux qui ont d’abord mené cette politique, Biden et les démocrates cherchent à la maintenir et finir le travail en essayant de rouvrir imprudemment la majorité des écoles de la maternelle à la 8e année d’ici le 1er avril. En fait, le gouvernement Trump avait été obligé de rétracter les mêmes mensonges qu’emploie actuellement le gouvernement Biden concernant la capacité des enfants à contracter et à propager le COVID-19.

L’événement de mercredi sur CNN était l’intervention la plus directe de Biden dans la campagne de réouverture des écoles qui a largement été mise en œuvre par les médias bourgeois et les responsables locaux du Parti démocrate, notamment la mairesse de Chicago Lori Lightfoot.

Depuis l’inauguration de Biden, la campagne de propagande pour la réouverture des écoles s’est rapidement intensifiée. Presque tous les jours, la presse écrite et audiovisuelle publie des éditoriaux, des articles et des reportages qui affirment faussement que la plupart des parents réclament la réouverture des écoles, dépeignent les enseignants comme des égoïstes et déforment la science pour justifier la réouverture des écoles.

En réalité, partout où les écoles ont rouvert, la plupart des parents ont choisi de ne pas renvoyer leurs enfants, sachant parfaitement les énormes dangers qu’ils courent. Les éducateurs se sont opposés à juste titre à la réouverture dangereuse des écoles, non pas par intérêt personnel, mais parce qu’ils comprennent que les écoles sont des vecteurs majeurs de transmission virale au sein de leurs communautés.

Un point d’inflexion dans la campagne de la classe dirigeante pour la réouverture des écoles est apparu la semaine dernière lorsque le syndicat des enseignants de Chicago (CTU) a réussi à faire passer son accord de capitulation avec la mairesse Lori Lightfoot qui a enclenché le processus de réouverture des écoles dans le troisième plus grand district des États-Unis. Après cette trahison hautement orchestrée – impliquant l’intervention directe du gouvernement Biden et de la présidente de la Fédération américaine des enseignants (AFT), Randi Weingarten – le CDC a publié vendredi dernier ses directives non scientifiques sur la réouverture des écoles, permettant aux écoles d’ouvrir «à tout niveau de transmission communautaire».

Maintenant, on met l’accent désormais sur Philadelphie, Los Angeles, Long Beach, Baltimore, Memphis, Detroit, Boston, Las Vegas, San Diego, San Jose, San Francisco, Seattle, Portland et d’autres grandes villes américaines dirigées par les démocrates qui n’ont pas encore complètement rouvert leurs écoles.

Chacune de ces villes est désormais un champ de bataille où les éducateurs et l’ensemble de la classe ouvrière affrontent des ennemis acharnés dans les médias bourgeois, le Parti démocrate et leurs alliés dans les syndicats d’enseignants. Comme le montre clairement la trahison abjecte du CTU, aucune confiance ne peut être accordée aux syndicats, qui sont totalement procapitalistes et intégrés au Parti démocrate.

Mercredi, le surintendant du district scolaire de Philadelphie, William Hite, a été contraint de repousser la date de réouverture du lundi 22 février au 1er mars au plus tôt, face à l’énorme opposition des enseignants et des parents.

Les éducateurs de Philadelphie doivent profiter pleinement de cette période et faire tout leur possible pour organiser l’opposition indépendamment de la Fédération des enseignants de Philadelphie (PFT), dont le président Jerry Jordan a clairement indiqué qu’il acceptait le cadre de base de la réouverture des écoles. Les enseignants devraient rejoindre et aider à construire «le Comité de sécurité des éducateurs de Pennsylvanie» (Pennsylvania Educators Rank-and-File Safety Committee).

Les éducateurs de Los Angeles, Detroit, San Francisco, Chicago, New York, Memphis, Baltimore, San Jose et San Diego devraient rejoindre les comités de la base qui existent déjà, et ceux qui travaillent dans d'autres districts devraient contacter le Parti de l'égalité socialiste pour former un comité dans leur district. De tels comités ont été formés dans le monde entier et se préparent à une grève générale pour fermer toutes les écoles et les lieux de travail non essentiels, afin de contenir la pandémie et sauver des vies.

La tâche la plus critique est de construire une direction révolutionnaire pour armer les luttes à venir d’un programme socialiste qui exigera l’expropriation des profiteurs de la pandémie et la réaffectation leurs vastes richesses à la fourniture de soins de santé universels; un enseignement à distance de haute qualité; un soutien financier pour que les travailleurs non essentiels puissent rester chez eux; et tous les autres besoins sociaux de la classe ouvrière.

(Article paru en anglais le 18 février 2021)

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