La pandémie de Covid-19 et la faillite du capitalisme européen

Alexandre Lantier, le secrétaire du Parti de l’égalité socialiste en France, est intervenu hier à une réunion en ligne du Sozialistische Gleichheitspartei (Parti de l’égalité socialiste allemand). Le WSWS reproduit ci-dessous son intervention.

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Je vous présente avec plaisir les salutations fraternelles du Parti de l’égalité socialiste au lancement de la campagne électorale du Sozialistische Gleichheitspartei. Alors que je vous présente ces salutations à distance, le coût humain effroyable de la pandémie pèse sur les esprits. Avant la fin février, l’Europe aura franchi le cap des 33 millions de cas de Covid-19 et des 800.000 morts.

Nous avons dit que cette pandémie est un événement déclencheur dans l’histoire, comme la Première Guerre mondiale qui déclencha la révolution d’octobre 1917. L’Europe et le monde se trouvent plongés dans la plus grande crise économique depuis la dépression des années 1930. En même temps, la pandémie met à nu devant la colère ouvrière la criminalité politique et la cruauté de classe des élites dirigeantes.

Depuis que l’Union européenne a levé les confinements adoptés pour stopper le virus au printemps de 2020, l’Europe a vu plus de 600.000 morts de Covid-19. Or, ces morts n’étaient pas inévitables. L’hécatombe que nous vivons est le résultat d’une froide décision par l’aristocratie financière de maximiser leurs profits aux dépens des vies humaines.

Plutôt que de prendre les mesures sanitaires nécessaires pour tracer et empêcher une résurgence du virus, l’Union européenne a imposé un retour au travail et à l’école. Le contraste avec les quelques États qui ont adopté les politiques recommandées par les scientifiques est saisissant. Depuis le 1er juin 2020, le nombre de morts recensées de Covid-19 est de 2 en Chine, 2 au Taïwan, et 35 au Vietnam. C’est 39 au total.

Sur cette même période, avec à peine le tiers de la population, l’Europe a confirmé plus de 600.000 morts. Le prestigieux Journal Médical Britannique (BMJ) a traité, avec raison, la politique européenne sur la pandémie de « meurtre social ».

En France, Emmanuel Macron, le « président des riches », refuse tout confinement malgré la progression des variants plus mortels du virus. Les deux-tiers des Français, selon les sondages, voulaient un confinement. Mais Macron a dénoncé les nombreux scientifiques qui appellent à un confinement: « J’en ai marre de ces scientifiques qui ne répondent à mes interrogations sur les variants que par un seul scénario: celui du reconfinement ».

Cette hécatombe ne démasque pas seulement le « président des riches », l’ex-banquier Macron. Elle révèle la faillite de tout l’ordre social. Elle met à l’ordre du jour une lutte des travailleurs pour le socialisme à l’échelle européenne et mondiale, et la nécessité de construire une nouvelle direction politique dans la classe ouvrière.

Les appareils syndicaux allemands et français ont signé le plan de relance européen négocié par Merkel et Macron l’été dernier. Ces manœuvres ont aspergé les banques et les grandes sociétés européennes de 2.000 milliards d’euros de liquidités. Les cours des bourses ont explosé. Bernard Arnault, l’homme le plus riche d’Europe, a vu son patrimoine augmenter de 30 milliards d’euros.

Pour faire croître les profits, il fallait maintenir sans relâche la production, même non-essentielle, et donc aussi garder les enfants à l’école. Ainsi l’enrichissement des parasites de la bourse a coûté des centaines de milliers de vies.

Dans tous les pays, les appareils syndicaux et politiques établis en ont été complices. En France, les syndicats ont isolé les grèves des enseignants contre la continuation de l’enseignement en présentiel en novembre. Macron a donc pu envoyer les forces de l’ordre briser leur grève et tabasser les profs en lutte pour stopper la contagion.

Le Nouveau parti anticapitaliste a proclamé « haut et fort » sa lutte « pour le retour en présentiel » dans les universités. En clair, les manifestations qu’il a organisées parmi les étudiants visaient à imposer une politique qui augmenterait la contagion.

Une lutte internationale pour le socialisme par la classe ouvrière est l’alternative à cette faillite du système capitaliste. La colère ouvrière gronde en France comme à travers le monde, avec les grèves des travailleurs du secteur public et des agriculteurs indiens, de la fonction publique italienne, et de l’automobile aux États-Unis. Mais ce n’est qu’à travers le programme international, historiquement fondé, du trotskysme que les travailleurs pourront lutter contre leurs ennemis de classe.

Face à la vaste colère sociale provoquée par sa gestion criminelle de la pandémie, la bourgeoisie française essaie de relégitimer l’héritage du fascisme.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, un ex-membre du parti d’extrême-droite l’Action française, fait adopter deux lois. La loi de « sécurité globale », interdirait de filmer la police, rendant aléatoire toute défense contre les violences policières en manifestation. La loi « anti-séparatiste » vise à casser la loi de 1905 sur la laïcité en rétablissant une police du culte musulman, et à faciliter la dissolution arbitraire des associations culturelles et des partis politiques par l’État.

Le Parti communiste français stalinien et La France insoumise, l’allié du parti Die Linke en Allemagne, ont voté de nombreux articles de la loi « anti-séparatiste » à l’Assemblée. Peu après, le gouvernement a annoncé une évaluation de l’acceptabilité idéologique de toutes les recherches universitaires en France. Cette proposition fascisante doit permettre de traquer l’«islamo-gauchisme» dans la culture française.

Mais le gouvernement Macron, aux aguets, ne pourra pas imposer un régime fascisant ni empêcher indéfiniment une lutte contre le coronavirus. Une vaste explosion internationale de la lutte des classes et de l’opposition politique au capitalisme se prépare. En lançant cette campagne, le Sozialistische Gleichheitspartei prépare le programme politique socialiste sur lequel la classe ouvrière pourra stopper la pandémie et prendre le pouvoir dans les luttes de classes qui sont à venir.

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