Les preuves contre l’ancien officier de Minneapolis Derek Chauvin s’accumulent au quatrième jour du procès pour meurtre

De nouvelles preuves et de nouveaux témoignages présentés cette semaine dans le procès de l’ancien policier de Minneapolis, Minnesota, Derek Chauvin, l’impliquent davantage, lui et ses partenaires, dans le meurtre de George Floyd le 25 mai 2020.

Une nouvelle vidéo, composée d’images fournies par des caméras de sécurité et des caméras corporelles, a été diffusée mercredi et a montré ce qui s’est passé entre Floyd et les officiers avant l’arrivée des passants. Quelques secondes après s’être approché du véhicule dans lequel se trouvait Floyd, l’ancien officier Thomas Lane a pointé son arme sur Floyd et lui a demandé de sortir du véhicule.

Dans cette image de vidéo, le témoin Courteney Ross répond aux questions, alors que le juge Peter Cahill du comté d’Hennepin préside le procès de l’ancien officier de police de Minneapolis, Derek Chauvin. Le cliché était pris au palais de justice du comté d’Hennepin à Minneapolis, Minnesota. Chauvin est accusé de la mort de George Floyd, survenue le 25 mai 2020. (Court TV via AP, Pool)

Floyd, dans un état de panique, s’est immédiatement excusé et a dit aux officiers qu’il ne savait pas ce qui se passait. Floyd a supplié Lane de ne pas tirer sur lui, alors que celui-ci le faisait sortir du véhicule, le menottait et le plaçait au sol. Floyd ne s’est pas débattu, mais a exprimé son malaise et sa confusion.

Lorsque les agents ont tenté de faire monter Floyd à l’arrière de leur véhicule de police, Floyd a supplié les agents de lui parler de la situation, leur disant qu’il avait peur et qu’il était claustrophobe. Pendant qu’on le forçait à monter dans la voiture, Floyd a dit qu’il avait du mal à respirer parce qu’il avait déjà contracté le COVID-19. Avant que Chauvin n’arrive et ne le plaque au sol avec son genou, Floyd a dit aux officiers qu’il n’essayait pas de s’enfuir, mais qu’il voulait se mettre au sol.

Les vidéos réfutent l’argument selon lequel Floyd était agressif envers les officiers ou était un «dur à cuire» qui devait être mis à terre, selon les mots de Chauvin. Les agents ont rapidement et immédiatement fait escalader la situation et n’ont fait aucune tentative pour faire baisser la tension ou aider Floyd, qui était visiblement en détresse.

Le témoignage le plus accablant de jeudi est venu du propre officier superviseur de Chauvin. Le sergent David Pleoger, retraité de la police de Minneapolis, a témoigné que l’usage de la force par les officiers contre Floyd aurait dû cesser dès qu’il a cessé de résister.

Lorsqu’on lui a demandé quand l’usage de la force contre Floyd aurait dû cesser, Pleoger a répondu: «Lorsque Floyd n’offrait plus de résistance aux officiers, ils auraient pu mettre fin à l’usage de la contrainte».

Le procureur Steve Schleicher a demandé à Pleoger si ce moment était celui où Floyd se trouvait menotté et au sol. «Oui», a répondu Pleoger.

Pleoger a également témoigné que les officiers ne lui ont pas donné une explication correcte de ce qui s’est passé lorsqu’il est arrivé sur les lieux. Chauvin n’a pas immédiatement dit à Pleoger qu’il avait appuyé son genou sur le cou de Floyd. Lorsque Chauvin a divulgué l’information, il n’a pas dit pour combien de temps.

Lors du contre-interrogatoire de Pleoger, l’avocat de la défense, Eric Nelson, a développé son argument selon lequel les officiers se trouvaient préoccupés par les passants. L’avocat de Chauvin a soutenu que l’atmosphère créée par des témoins agités a «distrait» les policiers et a empêché ces derniers de s’occuper correctement de Floyd. Cependant, lorsque l’avocat de la défense Nelson a demandé si c’était plus important de s’occuper de la «menace immédiate» ou d’une urgence médicale, Pleoger a déclaré qu’il s’occuperait des deux simultanément.

Un élément important de la stratégie de la défense est de tenter de vilipender Floyd, en attirant toute l’attention sur des substances réglementées qui ont été trouvées dans son sang au moment de sa mort. Courteney Ross, la petite amie de Floyd depuis août 2017, a raconté jeudi comment elle et Floyd ont lutté contre une dépendance aux opioïdes qui a été déclenchée par une douleur chronique – une situation tragique que vivent des millions de travailleurs américains.

«Floyd et moi, notre histoire est une histoire classique de la façon dont nous sommes tous deux devenus dépendants aux opioïdes», a-t-elle témoigné. «Nous avons développé une dépendance et nous avons essayé très fort de briser cette dépendance à plusieurs reprises».

Floyd et Ross avaient tous deux des ordonnances et en sont devenus dépendants et ont commencé à en acheter à d’autres personnes à qui l’on avait prescrit des opioïdes contre la douleur lorsque les leurs étaient épuisés. Ross a expliqué qu’ils étaient capables de se débarrasser de la dépendance par intermittence, mais elle pensait que Floyd avait recommencé à consommer en mai 2020. Pendant le contre-interrogatoire de Ross, l’avocat de la défense de Chauvin, Nelson, a soutenu que Floyd était mort à cause de la consommation de drogues.

Jeudi, le deuxième à témoigner était l’ambulancier Seth Bravinder, qui a décrit ses efforts pour réanimer Floyd après son arrivée dans une ambulance. Floyd était en arrêt cardiaque complet lorsque les ambulanciers sont arrivés et n’a jamais eu de pouls. Bravinder a expliqué que des soins médicaux urgents étaient nécessaires en cas d’arrêt cardiaque complet.

«Dans le fond, si le cœur est inactif à ce moment-là, il ne pompe pas du sang. Ce n’est pas bon signe et c’est de mauvais augure», a-t-il dit.

L’avocat de la défense Nelson a interrogé Bravinder au sujet de la foule et lui a demandé si elle avait influencé la décision de déplacer Floyd vers un autre endroit. Bravinder a reconnu que la foule était responsable de la décision, mais il a ensuite expliqué que c’était impératif de faire monter un patient dans l’ambulance avec l’équipement médical.

L’auxiliaire médical de Hennepin EMS, Derek Smith, partenaire de Bravinder, a témoigné qu’il avait vérifié le pouls de Floyd pendant que trois officiers continuaient à le plaquer contre le trottoir, et qu’il n’en avait pas détecté.

«J’ai regardé mon partenaire et je lui ai dit: 'Je pense qu’il est mort, je veux qu’on le sorte d’ici et qu’on commence à le soigner à l’arrière'», a déclaré Smith, en prenant note de la foule agitée de spectateurs. «Chez une personne vivante, on doit trouver un pouls. Je n’en ai pas senti. Je soupçonnais ce patient d’être mort».

Le capitaine des pompiers de Minneapolis Jeremy Norton a témoigné que lorsqu’il est entré dans l’ambulance dans laquelle se trouvait Floyd, il a vu «un corps sans réaction sur un lit de camp». On avait appelé Norton sur les lieux et il était d’abord arrivé au petit supermarché Cup Foods, près de l’endroit où Floyd était cloué au sol, avant de retrouver Bravinder et Smith. Après avoir suivi l’ambulance jusqu’à l’hôpital, Norton dit avoir ressenti le besoin de faire un rapport à ses supérieurs.

«J’étais conscient qu’un homme avait été tué pendant sa garde à vue, et j’ai voulu informer mes supérieurs pour qu’ils préviennent les personnes appropriées au-dessus de nous dans la ville, dans le service d’incendie et autres, et puis j’ai aussi voulu informer mon adjoint qu’un pompier était hors service, qui était un témoin sur la scène», a-t-il ajouté.

(Article paru en anglais le 2 avril 2021)

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