Plus de 14 millions de cas de COVID-19 en Asie du Sud

L’Asie du Sud, qui abrite un quart de la population mondiale, a connu une recrudescence des cas et des décès liés au COVID-19 au cours des dernières semaines. Le nombre total de cas s’élève désormais à plus de 14 millions, soit une augmentation d’environ 8 pour cent depuis le 20 mars. Sur la même période, plus de 195.000 décès ont eu lieu, soit une augmentation de 3,5 pour cent.

Les conséquences mortelles de cette maladie hautement infectieuse pour les quelque deux milliards d’habitants de la région sont le résultat des politiques criminelles des élites dirigeantes d’Asie du Sud qui font passer les intérêts des grandes entreprises avant la vie humaine.

Un agent de santé vérifie la température corporelle d’un électeur à l’extérieur d’un bureau de vote lors de la troisième phase des élections législatives à Gauhati, en Inde, le mardi 6 avril 2021. (AP Photo/Anupam Nath)

Ayant largement ignoré la pandémie de coronavirus au début de 2020, les gouvernements d’Asie du Sud – Inde, Pakistan, Bangladesh et Sri Lanka – ont été contraints de décréter des confinements en mars de l’année dernière. Ces mesures, mal préparées, ne prévoyaient toutefois pas de procédures efficaces de dépistage de masse, de recherche des contacts et de ressources financières adéquates pour les systèmes de santé publique sous-financés, ni de soutien social pour les millions de travailleurs qui ont perdu leur emploi et leurs revenus.

Comme leurs homologues internationaux, ces gouvernements ont commencé à donner le feu vert aux industries pour commencer à rouvrir à la fin du mois d’avril. En l’absence d’un véritable soutien financier, les employés ont été contraints de retourner sur leur lieu de travail, malgré des conditions dangereuses, ouvrant ainsi la voie à la vague actuelle de COVID-19.

L’Inde est désormais un épicentre régional de la pandémie, avec environ 88 pour cent du total des cas et 85 pour cent du total des décès en Asie du Sud. Dimanche, le nombre quotidien d’infections en Inde a atteint 100.000, un nouveau record, portant le total du pays depuis l’apparition du coronavirus à plus de 12,5 millions de cas et plus de 165.000 décès. Le premier ministre Narendra Modi a toutefois insisté sur le fait que son gouvernement n’imposerait pas un autre confinement national.

Dans une déclaration récente, le bureau de Modi a dit que le gouvernement central maintiendrait son «approche de type “mission” dans les États et les districts qui signalent des cas élevés afin que les gains collectifs de la gestion du COVID-19 au cours des 15 derniers mois ne soient pas gaspillés». Mais ces affirmations de Modi sur les «gains collectifs» sont une fraude: l’augmentation massive des cas de COVID-19 dans le pays est le résultat des politiques de son gouvernement.

La déclaration a affirmé qu’une «campagne spéciale» serait lancée «pour un comportement approprié au COVID» du 6 au 14 avril et qui mettrait l’«accent sur l’utilisation à 100 pour cent du masque, l’hygiène personnelle et l’assainissement dans les lieux publics, les lieux de travail et les établissements de santé». En d’autres termes, la responsabilité de la sécurité et de la salubrité des lieux de travail est confiée aux travailleurs ordinaires, tandis que les grandes entreprises maintiennent la production et les profits.

Le gouvernement Modi tente de dissimuler son incapacité à contenir la pandémie en affirmant qu’il mène le «plus grand programme de vaccination au monde». La réalité est que seulement cinq pour cent de la population indienne ont été vaccinés contre le COVID-19.

Le Maharashtra reste l’État indien le plus gravement touché. Dimanche, il a enregistré plus de 57.000 cas quotidiens de COVID-19, un nouveau record pour l’État. Mumbai et Pune sont les deux villes les plus touchées avec respectivement 11.206 et 12.472 nouveaux cas par jour.

Même si le ministre en chef du Maharashtra, Uddhav Thackeray, a été contraint de décréter un confinement, tous les bureaux gouvernementaux et autres unités industrielles, y compris les chantiers de construction, sont autorisés à maintenir la production à 50 pour cent de leur capacité. Cela démontre que le gouvernement du Maharashtra – une coalition constituée du Shiv Sena fasciste dirigé par Thackeray, du Congrès national indien et du Parti du Congrès nationaliste, soutenue par le Parti communiste indien (marxiste) et le Parti communiste de l’Inde – n’a aucune divergence avec la réponse criminellement inadéquate de Modi à la pandémie.

Les hôpitaux indiens, mal équipés, sont submergés par la vague actuelle de coronavirus. Le 1er avril, la BBC a rapporté que l’hôpital Kasturba, situé à quelque 80 kilomètres au sud-ouest de Nagpur dans le Maharashtra, l’une des villes les plus touchées de l’Inde, fait face à une crise massive. «L’unité COVID-19, avec ses 100 lits en moins, se remplit à nouveau rapidement: 170 patients ont été admis au cours des deux dernières semaines et l’unité de soins intensifs de 30 lits est pleine à craquer de patients très malades. Le nombre de décès augmente.»

Le Pakistan, qui a signalé 5.020 cas quotidiens de COVID-19 dimanche, a enregistré 692.231 cas au total et 14.821 décès l’année dernière. Le variant britannique, plus contagieux, est désormais dominant dans le pays. Le premier ministre Imran Khan n’a cependant toujours pas imposé un confinement national.

Dimanche, Khan a déclaré sans ambages que si le virus «continue à se propager de la sorte, il aura un impact très négatif et nous serons obligés de prendre des mesures strictes». Il n’a pas précisé quelles seraient ces «mesures strictes». Jusqu’à présent, les autorités sanitaires et administratives n’ont imposé qu’un confinement partiel des zones touchées dans la plus grande province du Pakistan, le Pendjab, et dans le nord du pays.

À Islamabad, la capitale pakistanaise, les patients infectés sont refusés dans les hôpitaux en raison du manque de lits. Le 1er avril, le journal Dawn a rapporté que l’Institut pakistanais des sciences médicales, qui recevait auparavant des patients en urgence de tout le pays, ne pouvait plus en prendre, faute de lits.

Le programme de vaccination actuel du pays ne couvre qu’une partie négligeable de la population. Au 1er avril, seules 800.000 doses avaient été administrées dans un pays de 220 millions d’habitants.

Au Bangladesh, le nombre total de cas de coronavirus s’élève à 637.364 et le nombre total de décès à 9.266. Vendredi, il a enregistré près de 7.000 cas quotidiens, le chiffre le plus élevé depuis le début de la pandémie, et 24 pour cent des personnes ont été déclarés positifs pour le COVID-19.

Le premier ministre Sheikh Hasina a été contraint de décréter un confinement d’une semaine à compter de lundi. Le ministre d’État à l’Administration publique, Farhad Hossain, a déclaré que «les industries et les usines resteraient ouvertes», qu’elles fonctionneraient par roulement et qu’elles suivraient des protocoles sanitaires stricts.

Le Bangladesh, dont les hôpitaux manquant de ressources sont aujourd’hui submergés par les patients atteints du COVID-19, n’a vacciné qu’environ 5,5 millions de personnes, soit moins de 3,5 pour cent de sa population.

Selon un éditorial du Daily Star de samedi, le Mugda Medical College Hospital, qui se consacre au traitement du COVID-19, refusait des patients parce qu’il n’avait pas de lits vacants. Le ministre de la Santé, Zahid Malik, a déclaré aux médias que si l’afflux se poursuivait, les hôpitaux bangladais ne seraient pas en mesure d’accueillir et de traiter les patients.

Le Sri Lanka a signalé 93.436 cas au total et plus de 581 décès au cours des 12 derniers mois. Il effectue actuellement un peu moins de 10.000 tests par jour, soit l’un des taux les plus bas de la région et moins que le taux quotidien précédent, lui-même insuffisant, qui se situait entre 15.000 et 20.000 tests, malgré la menace de propagation de nouveaux variants dans le pays.

L’augmentation des cas de COVID-19 est due au fait que le gouvernement Rajapakse affirme que les bureaux gouvernementaux et les industries, ainsi que les écoles, doivent rester ouverts. Le programme de vaccination du pays est chaotique: à peine plus de 900.000 personnes, soit moins de 4,5 pour cent de la population, ont été vaccinées.

(Article paru en anglais le 7 avril 2021)

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