Darmanin fait campagne contre la construction d’une mosquée à Strasbourg

Alors que le gouvernement Macron s’attaque aux droits démocratiques de la population et mène une campagne contre les Musulmans, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a lancé une campagne contre la construction d’une mosquée de Strasbourg, en Alsace.

Le 22 mars, le conseil municipal de Strasbourg, dirigé par la maire Verte Jeanne Barseghian a voté une subvention de 2,5 millions d’euros pour la construction de la mosquée Eyyub Sultan.

Le lendemain, Darmanin a fait un tweet provocateur pour dénoncer «une fédération qui a refusé de signer la charte des principes de l’islam de France et qui défend un Islam politique.» Il a dit sur BFMTV: «J’ai eu l’occasion de dire à la maire de Strasbourg … que nous ne trouvions pas ça pour le moins amical avec les intérêts français.»

L’intervention du gouvernement Macron fait partie d’une attaque plus large contre les musulmans, qui a comme but de soutenir un mouvement d’extrême-droite et de justifier les attaques contre les droits démocratiques de la classe ouvrière. L’État français fait passer la loi «anti-séparatiste», qui accordant un énorme contrôle sur les associations et les cultes à l’État, sous prétexte de défense de la laïcité.

La construction à Strasbourg de ce qui serait la plus grande mosquée d’Europe a commencé dans les années 1990. Plus récemment la mairie à majorité verte a accordé 2,5 millions d’euros à la construction de la mosquée dont le coût total est estimé à 31 millions. Depuis 2008, la ville a déjà dépensé 22 millions d’euros pour le financement des lieux de culte des différentes religions. La dépense pour le culte musulman est inférieure à celle consacrée aux autres cultes.

En Alsace-Moselle, les pouvoirs publics peuvent légalement apporter des subventions publiques à hauteur de 10 pour cent du coût total des chantiers des bâtiments de culte. Cela est interdit ailleurs en France par la loi de 1905, mais celle-ci n’est pas appliquée en Alsace, qui était allemande quand la France a adopté loi de 1905.

Selon Darmanin, la Confédération islamique du Milli Görüs (CIMG), qui soutient le projet de construction, «a refusé de signer la charte des principes de l’islam de France et … défend un Islam politique.»

La «charte des principes» de l'Islam de France est un document rédigé par le Conseil français du culte musulman (CFCM), mais dont le contenu lui a été imposé par Macron et Darmanin, en violation flagrante de la séparation des églises et de l’État. Les dirigeants du CFCM n'ont même pas consulté les imams français et les musulmans pratiquants et ont préparé en urgence cette «commande» du gouvernement. Ceci a provoqué une crise au CFCM, qui risque d’éclater alors que plusieurs composantes refusent de signer le texte.

Pour le gouvernement Macron, la «charte» n’est qu’une tentative cynique de s’afficher en défenseur du principe d’égalité contre les musulmans, tout en réduisant leurs droits. Elle permet à la police d’imposer une opinion aux musulmans et de leur ôter la liberté d’expression politique. Elle dit: «D’un point de vue religieux et éthique les musulmans … sont liés à la France par un pacte. Celui-ci les engage à respecter la cohésion nationale, l’ordre public et les lois de la République».

Selon la charte, les devoirs des musulmans envers l’État l’emportent sur leurs conscience: «Aucune conviction religieuse ne peut être invoquée pour se soustraire aux obligations des citoyens.»

La «Charte de principes» interdit toute discussion politique dans les lieux de culte: «Nous refusons que les lieux de culte servent à diffuser des discours politiques ou importer des conflits qui ont lieu dans d’autres parties du monde. Nos mosquées et lieux de culte sont réservés à la prière et à la transmission des valeurs…». Ceci vise les critiques des guerres néocoloniales de l’impérialisme ainsi que de la répression policière à l’intérieur de la France, les actions terroristes étant déjà punies et encadrées par la loi.

Le gouvernement Macron dans sa déclaration incite la xénophobie. Evoquant la construction de la mosquée, Darmanin déclare son opposition «particulièrement à Strasbourg … des tentatives d’ingérence extrêmement fortes dans notre pays, de la part notamment de la Turquie …. Nous avons un certain nombre d’indices montrant que le gouvernement turc souhaite s’ingérer dans les histoires françaises et notamment religieuses ».

C’est surtout le gouvernement français qui est responsable «d’ingérences» à l’étranger. Depuis 2011, quand Sarkozy a lancé une guerre en Libye avec l’OTAN pour renverser le gouvernement de Moammar Kadhafi, les présidents français successifs ont soutenu des milices islamistes pour faire main basse sur le pays. Ceci a mené une destruction du pays.

En Syrie, la France et les États-Unis ont suivi la même procédure, soutenant des milices islamistes pour tenter de renverser le gouvernement de Bachar al-Assad. Cette guerre a déclenché une crise humanitaire dans toute la région, faisant presque un demi-million de morts et forçant plus de 10 millions de personnes à fuir leurs foyers.

L’intervention de Darmanin en Alsace fait partie d’une campagne du gouvernement Macron contre les droits des musulmans. En avance de l’élection présidentielle de 2022, le gouvernement Macron essaye de se positionner à la droite du Rassemblement National de Marine Le Pen.

En février, Darmanin a participé à un débat avec Le Pen, durant lequel il a reproché à cette dernière de «ne pas voter les textes», comme la loi antiterroriste de 2017, qui ont permis la fermeture de lieux de culte. Pour attaquer Le Pen sur sa droite, Darmanin a dit que Le Pen, «dans sa stratégie de dédiabolisation, vient à être quasiment un peu dans la mollesse. Il faut prendre des vitamines!»

Le 20 octobre 2020, Darmanin a dénoncé la présence dans des hypermarchés de rayons casher et halal. «Ça m’a toujours choqué de rentrer dans un hypermarché et de voir qu’il y avait un rayon de telle cuisine communautaire et de telle autre à côté [...] C’est comme ça, que ça commence, le communautarisme.» Cet appel à peine masqué à des sentiments antisémites et antimusulmans laisse entendre que ce sont les rayons alimentaires des hypermarchés qui entraîne la menace d’attaques terroristes.

Darmanin lui-même a été proche du parti d’extrême-droite royaliste L’action française. En 2008 il a rédigé des articles pour le mensuel La restauration nationale (proche de l’AF) et participé à un camp d’été royaliste. Lors de ses débuts en politique, Darmanin défendait une idéologie catholique traditionaliste et était attiré vers l’AF, qui au 20e siècle a été une matrice de l’antisémitisme politique et du fascisme français. Il a refusé de marier des couples homosexuels lors de son mandat à Tourcoing, et continue à réclamer la suppression du « mariage pour tous ».

L’effort du gouvernement de faire passer des lois liberticides, y compris la loi de «sécurité globale», est motivé par la peur d’une révolte de la classe ouvrière, qui déjà depuis trois ans lance grèves et manifestations, notamment celles des «gilets jaunes». La loi «sécurité globale», qui compte criminaliser la prise de photos des policiers, et a été dénoncée par les Nations Unies comme une atteinte aux droits démocratiques fondamentaux.

Macron a intensifié sa campagne antimusulmane au courant de la pandémie de Covid-19, qui a démasqué l’indifférence meurtrière du gouvernement envers la classe ouvrière. Sa politique, qui a permis au virus de se diffuser dans la population, a entraîné la mort de presque 100.000 personnes en France. Il continue manifestement à inciter les sentiments antimusulmans afin de diviser encore les travailleurs et de bloquer un mouvement uni des travailleurs contre sa politique mortifère.

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