Avec la «troisième vague», les cas de COVID-19 explosent dans les hôpitaux français

Alors que le gouvernement français a adopté des mesures limitées et tardives de confinement, une hécatombe est annoncée en France comme à travers l’Europe. En prétextant l’arrivée des vaccins qui ne protègent pourtant pour l’instant qu’une partie limitée de la population, Macron veut rouvrir l’économie aussi rapidement que possible. La brièveté de la période de confinement annoncée par Macron, deux semaines au total, ne permettra pas de réduire les contaminations de façon importante.

L'épidémiologiste Dominique Costagliola s'est montré sceptique à l’égard du calendrier annoncé dans une interview à l'AFP: «Pour l'instant, c'est tôt pour pouvoir évaluer un impact», ajoutant: «en mai on n'aura pas du tout atteint les niveaux (de couverture vaccinale) qui permettent de relâcher les mesures de façon large. Si c'est pour se retrouver avec une quatrième vague, je pense que ce ne serait pas une bonne idée.»

Une étude, publiée mardi sur le site de l’Institut Pasteur, a aussi alerté qu’en raison du variant dit «anglais», il faudrait que 90 pour cent de la population adulte soit vaccinée avant de pouvoir revenir à une vie normale sans risque de rebond épidémique. Actuellement, 10 millions de personnes, soit environ 18,7 pour cent de la population totale du pays a reçu une ou deux doses. Du fait des retards et de la mauvaise organisation de la campagne, un grand nombre de personnes âgées ne sont toujours pas vaccinées.

La France va dépasser les 100.000 morts au courant du mois d’avril. Cette mort de masse est la nouvelle normalité que veut imposer la classe dirigeante pour extraire sans contrainte les profits du travail en France et en Europe. Cette politique exige que les travailleurs restent à leur poste de travail et que les écoles restent ouvertes afin que les parents puissent continuer à venir travailler. Elle s’oppose à tout confinement sérieux.

C’est la raison pour laquelle Macron a refusé obstinément de fermer les établissements scolaires, ce qui était demandé depuis des semaines par les professionnels de santé.

Malgré les dénégations de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’éducation nationale, les établissements scolaires étaient devenus les principaux lieux de propagation épidémique. La règle était de ne pas fermer les classes avant trois cas signalés. Avec les délais de remontée des cas, c’était ainsi des établissements entiers qu’on laissait s’infecter.

La politique d’immunité collective poursuivie délibérément dans le système scolaire n’a rencontrée aucune opposition sérieuse de la part des syndicats, qui soutenaient la politique d’enseignement en présentiel et la poursuite de l’activité économique à tout prix. Les actions de retraits et de grèves des enseignants ont été découragées.

C’est seulement quand il a été confronté aux parents en colère et aux enseignants qui exerçaient leur droit de retrait face à l’explosion des cas fin mars, que Blanquer a annoncé la fermeture des classes dès le 1er cas de covid. Cela a entraîné une hausse vertigineuse des fermetures de classes. Finalement Macron a dû annoncer le 31 mars que les crèches, maternelles et écoles seraient fermées jusqu’au 26 avril et les lycées et collèges jusqu’au 3 mai, ce qui inclue deux semaines de vacances.

C’est une durée insuffisante pour espérer contenir l’épidémie.

Du fait de la décision tardive de confinement, la barre des 30.000 malades du Covid-19 hospitalisés en France a été dépassée et se situe le 8 avril à 30.555 hospitalisations, proche du pic de la première vague (32.292) et de celui de la deuxième vague (33.466 cas). 5.705 malades sont en réanimation, bien au-dessus du pic de la deuxième vague atteint le 16 novembre, avec 4.903 malades. Lors de la première vague, le pic avait été de 7.000 personnes, en avril 2020.

D’après le quotidien Le Monde, au 1er avril, 7.900 lits étaient ouverts dans les services de soins critiques, occupés à 90 pour cent par des patients Covid-19 (soit 5.100 personnes à cette date) mais aussi par les non-Covid-19. Selon Macron, le nombre de «lits de réanimation» sera porté à 10.000 pour faire face à la troisième vague.

Les spécialistes de la réanimation estiment que les annonces du chef de l’État sont irréalistes. Djillali Annane, chef du service de réanimation à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches a déclaré que «Ce n'est pas possible, il y a une confusion entre les lits de réanimation, autour de 5.000 et qui n'augmentent pas davantage et les lits de soins critiques, créés de façon transitoire avec une marge de manœuvre, mais probablement pas au point de monter à 10.000.»

Ces lits provisoires sont obtenus en déprogrammant en masse d’autres soins urgents, ce qui n’est pas tenable dans la durée. Les personnels sont en outre épuisés par des mois de surcharge de travail liée au covid, surcharge qui n’a en fait quasiment jamais cessée depuis la deuxième vague de cas de fin 2020.

En l’absence de politique de confinement sérieuse prise dès le début du rebond épidémique, on aboutit à une catastrophe de santé publique. Le Pr Gilbert Debray, chef du service néphrologie à La Pitié-Salpêtrière, a par exemple déclaré: «Je ne peux pas accepter en tant que médecin 12 000 morts par mois, des centaines de milliers de covid-long, dont on ne parle pas, 80% de déprogrammation, et accepter le risque d'un variant qui nous remettrait à la case départ».

Le médecin critique le choix du gouvernement, et plus globalement de l'Union européenne. Il constate que les pays ayant adopté la stratégie Zéro-Covid «ont gagné sur le plan sanitaire, sur le plan sociétal et sur le plan économique». Une stratégie Zéro-Covid aurait pu être mise en place à la fin du premier confinement mais a été délibérément écartée par Macron.

Les médias pro-Macron se précipitent sur le moindre indice d’amélioration pour inciter à l’optimisme et défendre le calendrier annoncé. Avec le weekend de Pâques, les statistiques de nombre de cas de nouvelles contaminations de la semaine sont contradictoires et peu exploitables. Si quelques ralentissements ou stabilisations ont eu lieu dans certaines régions, la situation s’aggrave dans d’autres, comme dans les Bouches-du-Rhône, et les niveaux d’incidences restent de toute façon très élevés dans la plupart des régions.

La réouverture des écoles et le relâchement des mesures de confinement en place selon le calendrier annoncé, avec une circulation des cas qui serait encore supérieure à celle de la fin du deuxième confinement, ouvriraient la porte à une quatrième vague catastrophique.

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