Une mosquée française vandalisée par un graffiti fasciste dans le cadre de la campagne antimusulmane de Macron

Les dégradations commises contre le centre culturel et mosquée d’Avicenne, dans la ville française de Rennes, au cours du week-end, soulignent les implications dangereuses de l’atmosphère antimusulmane entretenue par le gouvernement d’Emmanuel Macron et son caractère politiquement criminel.

Le gardien du centre a découvert les graffitis à 6h, dimanche, alors que les prières avaient lieu. Les graffitis comprenaient des slogans antimusulmans comme «Non à l’islamisation», ainsi que des déclarations fascistes et royalistes qui comprenaient: «l’immigration tue», «Les croisades vont recommencer», «Vive le roi» et «Le catholicisme religion d’État», ainsi que des croix catholiques et la fleur de lys royaliste.

Paris – Mosquée de Paris Moschee Camii (muratc3/Creative Commons)

Après qu’on a diffusé la nouvelle de l’attaque au niveau national, le gouvernement a émis une condamnation hypocrite. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a tweeté que «ces inscriptions antimusulmanes sont inacceptables.» Il s’est rendu à Rennes le dimanche après-midi, où il a déclaré que «le président m’a demandé d’informer les responsables de cette association (…) du dégoût que nous inspirent ces inscriptions. Toutes les maisons religieuses, tous les lieux d’inspiration religieuse sont les bienvenus dans notre pays et nous devons la protection à nos concitoyens musulmans comme à nos concitoyens chrétiens ou juifs.»

Ces déclarations ne devraient tromper personne. C’est la campagne antimusulmane du gouvernement Macron qui crée l’atmosphère politique qui a enhardi directement les forces ouvertement fascistes comme celles qui ont perpétré l’attaque de Rennes. Darmanin lui-même joue un rôle de premier plan dans cet effort.

Parmi les slogans d’extrême droite griffonnés sur la mosquée de Rennes figurait «Verts = traîtres», faisant allusion à la campagne en cours du gouvernement Macron contre un maire vert de la ville de Strasbourg, dans la région Alsace-Lorraine.

Le mois dernier, le maire a voté pour allouer 2,5 millions de euros à la construction d’une mosquée. La région Alsace-Lorraine n’est pas soumise à la loi sur la laïcité de 1905, qui interdit le financement par l’État des bâtiments religieux et qui est entrée en vigueur lorsque l’Alsace-Lorraine ne faisait pas partie de la France. La région a déjà alloué des fonds aux églises juives et chrétiennes, pour des montants plus importants.

Le 23 mars, Darmanin est intervenu pour construire une campagne politique nationale autour des dénonciations du financement de la construction d’une mosquée. Elle était centrée sur l’affirmation selon laquelle le conseil municipal dirigé par les Verts soutenait «l’islam politique» et permettait implicitement à des puissances étrangères, notamment la Turquie – qui a des liens avec l’association qui construit la mosquée – de faire de l’ingérence politique en France.

Darmanin a dénoncé les Verts comme «un parti complaisant envers l’islam radical». Marlène Schiappa, la ministre déléguée à la citoyenneté, a tweeté qu’«ici, clairement, il y a une irresponsabilité de la part des Verts. (…) Dans les faits, il y a une complicité avec l’islam politique en tout cas.»

Plus largement, le gouvernement Macron a mené une campagne toujours plus ouverte restreignant les droits de la population musulmane de France et favorisant une atmosphère antimusulmane. Vendredi, la police d’Angers a indiqué qu’elle avait arrêté un homme de 24 ans soutenant l’idéologie nazie, après un reportage selon lequel il avait menacé de mener une attaque contre la mosquée du Mans et de tuer plusieurs personnes. La police a découvert plusieurs armes chez lui, dont un fusil à pompe. Il a admis avoir proféré la menace et a déclaré qu’il avait une «haine des Arabes».

Macron cherche actuellement à faire passer la loi «anti-séparatisme», ainsi nommée pour faire référence au danger supposé du «séparatisme» islamique, qu’il a ensuite rebaptisée loi «de protection des principes républicains».

Cette loi établit une «Charte des principes» que les associations musulmanes sont juridiquement tenues de signer, en prêtant allégeance à l’État. Elle confère au gouvernement de vastes pouvoirs sur les associations religieuses et toutes les autres associations, telles que les associations politiques, y compris le pouvoir de les dissoudre sur la base de la conduite des membres individuels. La loi interdit les discussions politiques à l’intérieur des mosquées, et elle qualifie de diffamatoire toute déclaration qui dénonce l’État français comme étant raciste.

Le mois dernier, Amnesty International a dénoncé la loi «anti-séparatisme» comme étant incompatible avec les droits démocratiques fondamentaux. Katja Rouge d’Amnesty a déclaré que «conditionner le financement public des associations à leur acceptation des symboles fondamentaux de la République constitue une restriction illégale du droit à la liberté d’expression.» L’organisation a demandé la suppression de l’article 6 de la loi, qui prévoit un «contrat d’engagement républicain» auquel toute association doit se soumettre.

Le 30 avril, lors de sa première semaine de débat sur la loi «anti-séparatiste» adoptée par l’Assemblée nationale, le Sénat a voté pour modifier le projet de loi en interdisant aux enfants de moins de 18 ans de porter des vêtements religieux en public: une mesure qui vise clairement à interdire le port du voile par les jeunes femmes.

Au cours de l’année dernière, le gouvernement Macron a fermé plus de 70 mosquées, favorisant une atmosphère hystérique dans laquelle les mosquées sont constamment soupçonnées d’abriter potentiellement des sympathisants terroristes.

Dans une interview télévisée réalisée en octobre, Darmanin lui-même a dénoncé jusqu’à la présence d’aliments internationaux, tels que les aliments halal et casher, dans des allées séparées de supermarchés. À la suite de l’attentat terroriste islamiste qui a tué Samuel Paty, professeur de lycée, le 16 octobre, Darmanin a déclaré qu’il était «toujours choqué d’entrer dans un supermarché et de voir une allée avec la cuisine d’une certaine communauté et une autre de l’autre côté. C’est mon opinion: que c’est comme ça que le communautarisme commence».

Le contexte politique de la campagne antimusulmane de plus en plus hystérique du gouvernement Macron est la pandémie de coronavirus qui a considérablement intensifié les inégalités sociales et l’opposition de la classe ouvrière à la politique meurtrière que le gouvernement Macron mène en réponse au virus. Comme dans l’ensemble de l’UE, Macron a laissé le virus se propager dans la population, laissant les écoles et les lieux de travail non essentiels ouverts afin d’éviter toute restriction de la production et des bénéfices des sociétés. Près de 100.000 personnes sont mortes dans le pays à cause de cette politique.

La classe dirigeante française est consciente de la colère explosive suscitée par ces conditions et renforce les pouvoirs de l’État pour réprimer violemment l’opposition sociale. Ces deux dernières années, des bouleversements majeurs sont survenus, comme les manifestations des «gilets jaunes» contre les inégalités sociales, accueillies par la police antiémeute avec les gaz lacrymogènes et les balles en caoutchouc.

La campagne antimusulmane du gouvernement Macron vise à diviser un mouvement de la classe ouvrière selon des critères religieux et à promouvoir les forces d’extrême droite qui seront utilisées comme une division répressive de l’État contre l’opposition sociale.

(Article paru en anglais le 13 avril 2021)

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