Lors de sa réunion publique inaugurale, le Comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base appelle à la mobilisation de la classe ouvrière pour arrêter la troisième vague de COVID-19

Le Comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base (CSPPB) a tenu sa première réunion publique dimanche pour discuter d’une stratégie dirigée par la classe ouvrière pour arrêter la troisième vague de la pandémie. La réunion a réuni un panel international d’intervenants qui ont expliqué à un public attentif en ligne les demandes du comité concernant la fermeture des écoles et de la production non essentielle, et l’octroi d’un salaire complet à tous les travailleurs et à toutes les familles afin qu’ils puissent s’abriter chez eux.

La réunion s’est déroulée alors que le Canada se débat avec 73.447 cas actifs du virus COVID-19, le cap sinistre du million de cas ayant été franchi le 3 avril et 60.000 autres infections confirmées s’étant déjà ajoutées au total depuis cette date.

Des dizaines d’éducateurs, membres du personnel de soutien et d’autres partisans de la lutte visant à fermer les écoles et sauver des vies ont participé à la réunion de dimanche dernier. (Source: CSPPB)

La réunion était présidée par les reporters du World Socialist Web Site, Roger Jordan et Richard Dufour, et s’est déroulée en anglais et en français. Dans ses remarques introductives, Roger Jordan a souligné l’impact dévastateur de la politique meurtrière de l’élite dirigeante, qui consiste à maintenir l’économie et les écoles ouvertes, en notant que le nombre de morts dans le monde dépassera les 3 millions dans la semaine à venir. Ces décès ne sont pas le résultat inévitable du virus, mais le produit de la politique délibérée consistant à faire passer les profits des sociétés avant les vies humaines.

Laurent Lafrance, éducateur québécois et membre éminent du CSPPB, a présenté le rapport d’ouverture. Lafrance a expliqué comment l’explosion des cas au cours des dernières semaines avec le début de la troisième vague au Canada est directement liée à la réouverture des écoles. Passant en revue l’expérience des deux premières vagues de la pandémie, il a fait remarquer qu’une étude menée par la chercheuse montréalaise Simona Bignami a révélé que ce sont les enfants montréalais qui ont infecté leurs parents l’automne dernier, et non l’inverse.

«Maintenant, les autorités sont obligées de le reconnaître, dit-il, mais les écoles restent ouvertes.»

La campagne de vaccination, au lieu de contribuer à endiguer le virus, est maintenant le prétexte central invoqué par l’establishment politique pour justifier la levée de toutes les restrictions restantes, a-t-il ajouté.

Lafrance a cité des faits importants, notamment la propagation de nouveaux variants plus contagieux, qui démontrent que la pandémie au Canada est maintenant à son point le plus dangereux jamais atteint. Depuis février, par exemple, un Canadien sur 43 ayant contracté le virus est décédé, et à l’heure actuelle, le nombre de cas au Canada augmente 2,5 fois plus vite que la moyenne mondiale.

Lafrance a ajouté: «Contrairement aux États-Unis, où la situation n’a jamais été maîtrisée, le Canada a connu des vagues très nettes, qui étaient directement liées à la réouverture des écoles.»

Lafrance a également fait part de son expérience personnelle en tant qu’éducateur pendant la pandémie, ayant constaté de visu l’incohérence des mesures sanitaires, l’absence de directives claires et la mauvaise communication lors des épidémies de COVID-19 dans les écoles et autres lieux de travail. Il a relaté le refus de son syndicat de prendre toute mesure pour lutter pour la santé et la sécurité de ses membres. De hauts responsables ont même jugé irrecevable une motion présentée lors d’une réunion syndicale demandant une réunion d’urgence pour discuter de la manière dont les travailleurs peuvent protéger leur santé et leur vie.

Résumant la stratégie du CSPPB, Lafrance a déclaré en conclusion: «Il est essentiel de s’unir aux enseignants et aux autres membres du personnel de l’éducation d’autres pays. Les éducateurs au Canada doivent également comprendre qu’ils sont impliqués dans une lutte plus large visant à unir l’ensemble de la classe ouvrière. Pour être franc, la lutte à laquelle le personnel scolaire est confronté ne sera pas résolue par une lutte limitée au secteur de l’éducation. La pandémie, tout comme l’inégalité sociale et tous les problèmes sociaux, touche l’ensemble de la classe ouvrière.»

Le deuxième intervenant était Evan Blake, un rédacteur du World Socialist Web Site qui a joué un rôle de premier plan dans la formation de comités de base dans le secteur de l’éducation aux États-Unis.

Blake a rendu compte de la politique «d’immunité collective» aux États-Unis, que les administrations Trump et Biden, tout en utilisant une rhétorique différente, ont toutes deux mise en œuvre, et de la complicité des médias bourgeois et des syndicats dans la réalisation de ce programme axé sur le profit. Il a également souligné que ces politiques criminelles créent les conditions d’un soulèvement massif de la classe ouvrière. «Rien ne reviendra à la normale et la pandémie a profondément modifié la société», a déclaré Blake. «C’est une tragédie historique mondiale qui façonne la conscience de masse et fait évoluer les travailleurs à gauche partout. Il y a une énorme radicalisation en cours dans la classe ouvrière aux États-Unis, le centre du capitalisme mondial, de Wall Street et de l’impérialisme américain.»

Plusieurs travailleurs et éducateurs ont exprimé leur soutien au comité et ont apporté leur contribution à la réunion, dont deux enseignants de l’Ontario.

«Ceux d’entre nous qui espéraient que la gravité de la situation forcerait les gouvernements à agir pour sauver des vies sont frappés par une réalité qui donne à réfléchir: cette politique meurtrière ne disparaîtra pas», a déclaré un enseignant du secondaire de Toronto.

Une déclaration envoyée au comité par un enseignant de l’Ontario a également été lue lors de la réunion. L’enseignant a exprimé sa colère face à l’absence de mesures prises par les syndicats d’enseignants pour protéger les travailleurs, et a expliqué que la pandémie a mis en évidence l’opposition des syndicats à toute lutte.

«Le message que les enseignants ont reçu est fort et clair. Quelle que soit la gravité de l’épidémie dans votre école, nous n’interviendrons jamais au nom des membres», peut-on lire dans le communiqué, en référence à l’attitude des syndicats. «Nous ne pouvons pas vous aider parce que le gouvernement dit que c’est illégal. C’est de ce carcan que les travailleurs doivent se libérer.»

Le troisième intervenant était Gregor Link, rédacteur pour le World Socialist Web Site et membre du Réseau de comités d’action pour une éducation sécuritaire en Allemagne.

Link a fait le point sur l’état de la pandémie en Europe, où près d’un million de personnes sont mortes du virus et où 25.000 personnes meurent actuellement chaque semaine. En Allemagne, comme au Canada, de nouveaux variants mortels se propagent de manière exponentielle, mais le gouvernement fédéral et les gouvernements des États refusent unanimement de fermer les écoles et les entreprises pour contenir la pandémie.

«À notre avis, il est d’une importance cruciale de s’organiser indépendamment des syndicats et d’atteindre les travailleurs du monde entier», a déclaré Link. «Nous avons l’intention de lutter pour une grève générale qui inclut et unit les travailleurs à travers l’Europe et au-delà pour fermer les écoles et la production non essentielle. Tous les travailleurs et propriétaires de petites entreprises touchés doivent être entièrement indemnisés. Les richesses obscènes de l’élite patronale doivent être saisies et les billions de fonds publics, repris afin de financer un programme d’action rationnel et coordonné au niveau international contre la pandémie.»

Au cours de la période de discussion qui a suivi les discours, une enseignante du secondaire de la région de Peel a demandé quelle était la position du comité sur les allégations selon lesquelles la santé mentale et le développement social des enfants seraient affectés par l’enseignement en ligne.

En réponse à la question de l’enseignant, Jordan a expliqué que la fermeture des écoles était une décision d’urgence motivée par la nécessité d’arrêter la mort en masse. «Un autre aspect essentiel du programme que nous défendons est l’indemnisation complète de toutes les familles et de tous les travailleurs qui sont touchés par la pandémie, a-t-il ajouté, ce que la classe dirigeante refuse de faire, même si elle dispose de vastes ressources.»

«Il suffit de regarder la somme d’argent que les seuls milliardaires canadiens ont gagnée pendant la pandémie, ou les centaines de milliards qui ont été remis offerts, dans un seul pays – le Canada –, aux banques et aux sociétés au début de la pandémie.» Ces fonds, a-t-il poursuivi, pourraient être utilisés pour fournir un soutien social et de santé mentale aux enfants et aux familles.

La réunion s’est terminée par une allocution de Keith Jones, secrétaire national du Parti de l’égalité socialiste du Canada, qui a fait remarquer que nous sommes maintenant confrontés à «la situation la plus périlleuse de toute la pandémie».

Le secrétaire national du PES a souligné que cet état de fait désastreux était le résultat de la priorité donnée par la classe dirigeante aux profits des sociétés sur les vies humaines. Il a également dénoncé les syndicats qui renvoient les travailleurs dans des écoles et sur des lieux de travail dangereux alors que le virus sévit. Lorsque les travailleurs de l’usine de conditionnement de viande Cargill à High River, en Alberta, où l’on a enregistré plus de mille infections et trois décès, ont fait pression pour que des mesures soient prises contre un retour prématuré au travail, leur syndicat, le United Food and Commercial Workers, leur a ordonné de reprendre le travail, dénonçant une grève comme étant «illégale» et réitérant son engagement envers le système de relations de travail pro-employeur, appliqué par l’État, a déclaré Jones.

«Sur la page d’accueil du Congrès du travail du Canada, on peut lire: Au Canada, nous avons résisté à la pandémie en nous serrant les coudes et en nous appuyant les uns les autres», poursuit-il. «C’est ainsi que les bureaucrates syndicaux privilégiés, avec leurs salaires à six chiffres, parlent d’une crise qui a démontré et approfondi l’énorme fossé de classe au Canada, comme partout dans le monde. À vrai dire, les syndicats, l’élite capitaliste et ses gouvernements se sont serré les coudes, élargissant la collaboration corporatiste qui a vu les syndicats qui, dans une période antérieure, étaient associés aux luttes de la classe ouvrière, se transformer en partenaires juniors du patronat et de l’État.»

Jones a insisté sur le fait qu’un réseau de comités de la base doit être mis en place dans les écoles et sur les lieux de travail à travers le pays, sous la direction du CSPPB, afin de lutter pour l’arrêt de tout enseignement en classe et la fermeture de toute production non essentielle jusqu’à ce que la pandémie soit stoppée.

«La lutte pour ces revendications, dans le cadre de la lutte contre une pandémie qui ne respecte ni frontières ni passeports, soulève inévitablement la nécessité d’une lutte plus large», a-t-il déclaré.

Tous les enseignants, le personnel scolaire, les élèves et les parents sont encouragés à se joindre à la lutte pour stopper la propagation de la pandémie et sauver des vies. Si vous souhaitez vous joindre au Comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base, visitez notre page Facebook ou contactez-nous à l’adresse suivante: cersc.csppb@gmail.com. Les travailleurs des autres secteurs sont encouragés à nous contacter pour obtenir des informations sur la mise en place d’un comité de la base sur leur lieu de travail.

(Article paru en anglais le 14 avril 2021)

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