Alors que les manifestations interrompent la production à l’usine de montage de Jefferson North

Exigez un arrêt de quatre semaines des usines automobiles pour contenir la propagation du COVID-19!

Le réseau des comités de sécurité de la base tiendra une réunion d’urgence le lundi19 avril, à 14h HAE / 13h Heure du centre, pour discuter de cet appel à l’action. Veuillez cliquer ici pour vous inscrire.

Avec un nombre record de cas de COVID-19 au Michigan et la propagation rapide des infections dans les usines automobiles, le Réseau des travailleurs de l’automobile des comités de sécurité de la base appelle à un arrêt d’urgence de quatre semaines des usines automobiles pour stopper la propagation de la maladie et de la mort. Nous exigeons que tous les travailleurs en chômage technique continuent de recevoir l’intégralité de leur salaire jusqu’à ce que la pandémie soit maîtrisée.

Travailleurs de l’automobile à l’usine de camions Warren à Warren, au Michigan, le 18 mai 2020 [Source: AP photo / Paul Sancya]

La situation dans la région de Detroit est particulièrement désastreuse. Un grand nombre de cas sont signalés dans les usines de Stellantis, notamment l’usine d’assemblage de Jefferson North (JNAP), Sterling Heights Assembly (SHAP) et Sterling Stamping. Mais alors que d’énormes usines automobiles continuent de fonctionner, les responsables de l’enseignement public de Detroit ont voté pour retarder le début de l’enseignement en présentiel jusqu’au 11 mai en raison du taux élevé de cas de COVID-19.

Cela se déroule alors que la gouverneure démocrate du Michigan, Gretchen Whitmer, a rejeté la recommandation des Centers for Disease Control and Prevention (Centres de prévention et contrôle des maladies) et des experts de la santé en faveur de confinements pour contenir l’énorme vague épidémique en cours dans l’État, qui menace de submerger la capacité des hôpitaux. Whitmer a tenté de justifier cette politique criminelle, dictée par les constructeurs automobiles et les intérêts de nantis de la grande entreprise, en insistant sur le fait que les travailleurs doivent assumer la responsabilité personnelle de se protéger eux-mêmes et de protéger leurs familles!

Selon les travailleurs qui se sont entretenus avec le World Socialist Web Site, les travailleurs du JNAP de l’atelier de finition ont organisé une manifestation vendredi pendant le quart de jour, arrêtant la production après qu’un travailleur a été renvoyé chez lui après avoir été déclaré positif au COVID-19. Le débrayage a également interrompu les chaînes de montage et tout le premier quart de travail a été renvoyé chez eux plus tôt. Le nombre de travailleurs malades ou mis en quarantaine est si élevé que le personnel administratif a été contraint d’assurer la production sur les chaînes de montage.

Des infirmations émanant de l’usine indiquaient que les protestations se poursuivaient vendredi soir. De nombreux travailleurs auraient utilisé également des jours de maladie et de vacances plutôt que de venir travailler et risquer une éventuelle infection, ce qui a exacerbé le manque de main-d’œuvre.

La direction a depuis longtemps abandonné les protocoles de sécurité partiels mis en œuvre au printemps dernier à la suite des grèves sauvages dans les usines automobiles. Plus tôt dans la semaine, les travailleurs de l’usine avaient protesté après que la direction n’ait pas fourni de masques au début de leur quart de travail.

Un travailleur de Jefferson nous a dit: «Nous voulons d’autres changements maintenant. Plus tard, il sera peut-être trop tard pour certains d’entre nous. Alors quoi que nous ayons à faire, je suis prêt. On a les mains liées derrière le dos et c’est comme si on se faisait gifler au visage et qu’on ne pouvait rien y faire parce qu’on a besoin de travailler. Je pense que nous devons arrêter l’usine.»

Pendant ce temps, le coronavirus devient hors de contrôle dans les usines automobiles du Michigan. Selon Bloomberg News, près de 10 pour cent de la main-d’œuvre du SHAP, soit 630 travailleurs, étaient absents mardi pour des raisons liées au COVID-19. Les effectifs de l’usine sont insuffisants au point qu’après des mois d’heures supplémentaires imposées, les travailleurs déclarent ne pas être autorisés à s’isoler même après une exposition directe à des personnes infectées.

Un travailleur de SHAP a déclaré: «Je [suppose] qu’environ 10% des travailleurs ici ont le COVID. Un de mes collègues m’a dit qu’il était passé par le processus de détection au travail, dont le résultat était négatif, mais qu’il ne se sentait pas bien. Il est donc allé chez le médecin et on lui a dit qu’il n’avait aucun problème et l’entreprise a donc refusé de le renvoyer chez lui. Il s’est senti si mal qu’il s’est arrêté à l’hôpital sur le chemin du retour du travail et a été admis: il avait le COVID.

«Aucun protocole n’est respecté ici par Stellantis. Quelqu’un est testé positif, mais personne qui travaille à proximité de cette personne n’est testé ou mis en quarantaine. Personne n’est renvoyé chez lui, personne dans l’entourage général de ces travailleurs testés positifs au COVID n’a même la possibilité de se protéger et de protéger sa famille».

«Il n’y a pas beaucoup de différence entre Biden et Trump quant à la façon que la pandémie est gérée. Où sont les mandats? Les gens meurent tout autour de nous; le marché boursier est en hausse. La situation dans son ensemble me laisse perplexe.»

Les travailleurs rapportent que l’UAW (syndicat des travailleurs unis de l’automobile) utilise des menaces et de l’intimidation pour empêcher les travailleurs de signaler des maladies afin de ne pas créer de «panique». Pendant ce temps, les travailleurs qui sont déclarés positifs au COVID-19 ou mis en quarantaine doivent passer au travers une procédure bureaucratique pour être payés, poussant ainsi les travailleurs à venir travailler malades.

Le travailleur de Jefferson a déclaré: «Personne ne respecte aucune des recommandations pour assurer la sécurité de tout le monde. L’entreprise veut être ouverte, mais aux dépens de qui? Où sont mes deux mètres [distanciation sociale]? Je me fiche de savoir si les gens se font vacciner ou non. Tout le monde doit garder la distance les uns des autres. Nous n’avons même pas le temps de nettoyer nos postes de travail.»

«L’UAW nous dit de ne rien dire à personne si nous sommes malades! Qu’est ce que c’est que cette foutaise? Je me soucie de mes collègues! Je connais certains de ces gars depuis 20 ans. Je veux que mes collègues le sachent si je tombe malade! Nous devons nous faire tester!»

Un autre travailleur de Jefferson a décrit comment les usines deviennent un vecteur de transmission du virus. «Nous sommes à Detroit, le point chaud du COVID en ce moment. Donc, nous sommes en contact avec beaucoup de gens si nous devons aller à la station-service ou obtenir de la nourriture, ou voir nos membres de la famille. Donc, nous sommes tous en contact avec beaucoup de gens.»

«Nous devons fermer l’usine. Prendre le temps d’essayer de trouver les bons protocoles de sécurité. C’est le Michigan qui a le plus de cas: voilà une raison suffisante. Mais en plus de cela, être dans une usine avec d’autres personnes, des enfants de retour à l’école, on ne sait pas ce que tout le monde fait, ni où ils se trouvent – c’est tellement facile de l’attraper.»

La propagation rapide du variant mortel et plus contagieux du coronavirus B.1.1.7 dans le Michigan préfigure une nouvelle étape de la pandémie, qui sera reproduite dans d’autres régions du pays à moins que des mesures d’urgence ne soient prises maintenant. L’administration Biden et la classe dirigeante ont démontré qu’elles ne prendront pas les mesures sanitaires nécessaires pour contrôler la pandémie parce qu’elles sont redevables aux grandes entreprises.

En mars dernier, les travailleurs de l’automobile se sont rebellés contre les tentatives des syndicats et du patronat de maintenir la production pendant la première vague de la pandémie et ont mené une série de grèves sauvages dans des usines à travers le pays. Cela a forcé la fermeture de deux mois de l’industrie automobile en Amérique du Nord, sauvant d’innombrables vies tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des usines.

Aujourd’hui, comme c’était le cas il y a un an, seule l’action indépendante des travailleurs peut sauver des vies.

Le Réseau des comités de sécurité de la base des travailleurs de l’automobile exige:

  • Compte tenu des conditions dangereuses liées à la propagation incontrôlée du COVID-19, toutes les usines automobiles doivent être fermées pendant quatre semaines jusqu’à ce que les vaccinations soient disponibles et que la pandémie soit maitrisée, et ceci selon l’avis des experts de la santé indépendants.
  • Tous les travailleurs au chômage partiel doivent recevoir un revenu complet pendant la durée des fermetures sans obstacles bureaucratiques ni retards.
  • Nous appelons à l’expansion des comités de sécurité de la base, indépendants du syndicat UAW pro-patronat pour organiser la lutte pour sauver des vies.
  • Unissez les travailleurs de l’automobile avec les enseignants, les travailleurs d’Amazon, les travailleurs de la logistique et de la santé pour exiger une approche scientifique dans la lutte contre la pandémie, y compris l’arrêt de la production non essentielle. Organisez une lutte collective pour faire passer la vie humaine avant les profits de la grande l’entreprise.

(Article paru en anglais le 17 avril 2021)

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