Les enseignants appelés à entériner l’accord conclu entre la FAE et le gouvernement du Québec:

Votez non à l’entente pourrie de la Fédération autonome de l’enseignement !

Le World Socialist Web Site appelle tous les enseignants membres de la FAE (Fédération autonome de l’enseignement) à rejeter l’entente de trahison conclue entre leur syndicat et le gouvernement du Québec pour le renouvellement des conventions collectives échues le 31 mars 2020.

Il y a au moins quatre bonnes raisons pour rejeter cette entente.

1. Les méthodes de la FAE pour imposer l’entente sont grossièrement anti-démocratiques.

La FAE a voté pour interdire toute diffusion préalable du texte de l’entente qui aurait laissé aux membres le temps de l’étudier. Une version du texte, qu’un syndicat local aurait rendue publique par erreur, a été immédiatement retirée des réseaux sociaux sous les ordres de la haute direction syndicale.

Les enseignants appelés à voter sur l’entente cette semaine n’auront jamais eu ni l’occasion, ni le temps, d’étudier attentivement le texte et d’en discuter entre eux.

C’est seulement en assemblée générale qu’ils se feront présenter des «faits saillants» conçus pour cacher les détails fâchants. Ils seront bombardés de chiffres complexes à analyser sur le champ, accompagnés de fausses garanties des chefs syndicaux que l’entente contiendrait des «avancées significatives».

Dans ces conditions, les enseignants de la FAE sont tout à fait dans leur droit d’exiger le report des assemblées générales prévues cette semaine. Le texte complet de l’entente doit être diffusé à tous les membres, au moins une semaine avant la tenue d’un vote. Si cette demande raisonnable est refusée, ce sera une raison suffisante pour rejeter l’entente.

2. Les demandes des enseignants, notamment sur les conditions de travail, sont trahies.

La version de l’entente qui a fuité quelque temps sur les réseaux sociaux, et dont le WSWS a obtenu copie grâce à un enseignant qui l’avait conservée, démontre que la FAE a trahi toutes les revendications essentielles des enseignants.

L’entente ne contient absolument rien pour répondre à la demande de longue date des enseignants et enseignantes pour une réduction drastique de leur charge de travail. Sans cesse alourdie au fil des ans et des coupures budgétaires, cette charge est aujourd’hui intolérable. Et elle le demeurera si cette entente est acceptée.

Pour ce qui est des salaires, le gouvernement de la CAQ (Coalition Avenir Québec) n’a pas bougé d’un iota. La hausse salariale est limitée à 1,75%, 1,75% et 1,5% pour les trois années de la nouvelle convention collective (2020 à 2023). On parle bien d’un maigre 1% additionnel, mais il est hautement hypothétique, étant lié au PIB et à l’inflation.

Non seulement il n’y aura aucun rattrapage salarial après des années de reculs pour les enseignants, mais la plupart subiront une perte additionnelle de leur pouvoir d’achat. Et ce ne sont pas les ajustements mineurs à certains échelons inférieurs, ni les miettes consenties par le gouvernement en montants forfaitaires, qui vont changer ce portrait global qu’on peut résumer en un mot : appauvrissement.

3. Les enseignants sont divisés des autres travailleurs.

L’entente de la FAE maintient et prolonge le mur de division que toutes les centrales syndicales ont érigé, dès le début, entre les travailleurs du secteur public et avec les autres sections de la classe ouvrière.

Plus d’un demi-million d’enseignants, éducateurs, employés de soutien, préposés aux bénéficiaires, infirmières et autres employés sont déterminés à défendre leurs conditions de travail et à préserver les services publics auxquels a droit la population.

Mais cet immense réservoir d’opposition sociale aux compressions budgétaires et aux mesures d’austérité de l’élite dirigeante est saboté par les syndicats. Ces derniers séparent dans les écoles les enseignants des employés de soutien. Ils divisent le personnel scolaire du personnel médical.

À ces manœuvres de division syndicale, à ces invitations à faire bande à part au mépris des conceptions élémentaires de solidarité de classe, les enseignants peuvent opposer un puissant appel à l’unité de tous les travailleurs du secteur public – au Québec et dans tout le Canada – pour la défense des salaires, des conditions de travail et des services publics de tous.

C’est ce message de solidarité dans la lutte qui serait envoyé à tous les travailleurs, autant du secteur public que de l’industrie, par un rejet de l’entente pourrie de la FAE.

4. Les travailleurs se font menotter face à une pandémie de COVID-19 qui fait rage.

La raison peut-être la plus pressante pour rejeter cette entente est que son adoption rendrait plus difficile la lutte urgente qui doit être menée – sous l’initiative en particulier des enseignants – contre la politique désastreuse du gouvernement Legault face à la pandémie de COVID-19.

Sous le prétexte de garder «l’économie ouverte», c’est-à-dire de maintenir le flot continuel des profits, le premier ministre Legault insiste, de concert avec ses homologues provinciaux et le gouvernement fédéral de Justin Trudeau, pour garder ouvertes les écoles et les entreprises non essentielles, bien qu’elles soient devenues des foyers majeurs de contagion.

Le véritable souci de Legault et de Trudeau n’est pas de préserver la «santé mentale» des jeunes enfants. C’est plutôt de les renvoyer dans des salles de classe propices à la dissémination du virus mortel afin que leurs parents puissent se rendre au travail et générer des profits pour la grande entreprise et les marchés financiers.

Face à une troisième vague de COVID-19 qui déferle rapidement au Canada, alimentée par une forte hausse des infections et des hospitalisations sous l’impact de variants plus contagieux, seules les mesures sanitaires les plus énergiques peuvent sauver des milliers de vies et éviter une catastrophe humaine.

C’est pourquoi les enseignants doivent exiger la fermeture immédiate des écoles et des entreprises non essentielles, avec pleine compensation salariale pour les travailleurs et les parents forcés de rester à la maison pour garder leurs enfants. Cette mesure doit être combinée à l’allocation des ressources financières, logistiques et humaines requises pour un enseignement à distance de qualité pour tous les élèves.

Aucune entente ne devrait être signée avec le gouvernement Legault – ce qui enlèverait le droit légal de faire la grève – tant que ces mesures vitales pour stopper la pandémie ne sont pas appliquées.

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