Malgré que le coronavirus continue de se propager on rouvre les écoles en France et en Italie

Les écoles ont rouvert hier en France et en Italie alors même que dizaines de milliers de cas continuent d’être identifiés chaque jour. Les systèmes hospitaliers sont toujours sérieusement malmenés par le nombre quasi record de patients en soins intensifs.

En France, les écoles primaires ont rouvert, tandis que les collèges et les lycées devraient reprendre dans la semaine du 3 mai. En Italie, les écoles ont rouvert pour l’enseignement en présentiel à tous les niveaux. La décision de procéder à la réouverture est une action criminelle prise dans l’intérêt des grandes sociétés françaises et italiennes afin d’éviter une restriction prolongée des opérations commerciales causée par la fermeture des écoles.

Un travailleur médical vérifie un tube après qu’un enfant ait subi un test salivaire COVID-19 à l’école Niederau à Strasbourg, dans l’est de la France, jeudi 11 mars 2021. (AP Photo/Jean-Francois Badias)

Le président français Emmanuel Macron avait annoncé la fermeture des écoles lors d’une allocution télévisée le 31 mars. Il n’a pas expliqué pourquoi le gouvernement prenait cette mesure, étant donné que sa politique officielle est que les écoles ne contribuent pas de manière significative à la propagation du coronavirus. Les écoles primaires n’étaient fermées que pendant une seule semaine avant les deux semaines de vacances, avec une semaine supplémentaire d’apprentissage en ligne pour les collégiens et les lycéens.

Le 6 avril, Macron a déclaré que le gouvernement s’engageait à maintenir ce calendrier, quel que soit le nombre de personnes tombées malades ou décédées. «C’est essentiel que nous reprenions les cours en présentiel» comme prévu, a-t-il déclaré. «Je n’ai conditionné la réouverture des écoles maternelles, primaires, collèges et lycées à aucun indicateur sanitaire.» En d’autres termes, les réouvertures des écoles ignorent tous les «indicateurs de santé» qui seraient les préalables à toute politique scientifique ; mais la lutte contre le COVID-19 n’est pas l’objectif, c’est la défense des profits de la classe capitaliste française.

Le 31 mars, au moment du discours de Macron, la moyenne sur sept jours des cas quotidiens s’élevait à 37.997. Pourtant, hier, à la réouverture des écoles, elle est restée à près de 30.000, un niveau qui, avant le 18 mars, n’avait pas été dépassé depuis novembre de l’année dernière. En revanche, lorsque les écoles ont été rouvertes l’année dernière à la suite de fermetures plus strictes, le nombre de cas quotidiens se comptait en centaines.

Par ailleurs, le nombre de personnes hospitalisées s’élève à 30.287 et est resté pratiquement inchangé depuis la fin du mois dernier. Le nombre de personnes dans les unités de soins intensifs est en fait plus élevé qu’à la fin du mois de mars, soit un peu plus de 6.000. C’est un niveau qui n’a pas été dépassé depuis le pic de la première vague l’année dernière. Le taux de tests positifs au niveau national, calculé sur une moyenne de sept jours, a augmenté depuis la fin du mois de mars, passant de 7,67 pour cent à 9,62 pour cent.

Dans la mesure où une réduction des cas au cours des trois semaines précédentes a eu lieu, elle est principalement due à l’impact de la fermeture des écoles et des vacances. Aujourd’hui, même cette mesure est abandonnée.

L’Élysée se prépare également à annoncer une nouvelle levée des restrictions de confinement à la mi-mai, y compris potentiellement la réouverture de la restauration en plein air. Le gouvernement devrait faire une annonce à ce sujet dans les prochains jours.

En Italie, les restaurants en plein air se trouvent déjà rouverts depuis hier, de même que les piscines, les musées et autres centres culturels. Le premier ministre Draghi a déclaré que c’était nécessaire de procéder à une réouverture et de prendre un «risque calculé» qu’elle entraîne une nouvelle recrudescence du virus.

Dimanche, le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer s’est exprimé dans l’émission «Grand Jury» de Radio France Internationale. «Il est indispensable que les élèves reprennent le chemin de l’école», a-t-il déclaré. «Je le dis depuis plus d’un an. (…) Nous devons prendre en compte tous les différents paramètres. Bien sûr, il y a le coronavirus. Mais il y a aussi d’autres choses».

Blanquer a déclaré qu’il préférait qu’un pour cent des classes soient fermées en raison d’infections au coronavirus chez les élèves et les enseignants plutôt que de fermer toutes les écoles. Au cours de la dernière semaine de mars, le gouvernement a modifié son protocole scolaire afin que les classes soient fermées après un seul cas confirmé, et non plus trois comme auparavant, reconnaissant ainsi que le virus se propageait largement sans entrave dans le système éducatif. Plus de 11.200 classes ont dû être fermées du 29 mars au 2 avril, soit trois fois plus que la semaine précédente.

On lui a posé la question de savoir si la position du gouvernement était que la réouverture des écoles n’entraînerait pas une augmentation significative de la propagation du virus. Il a répondu que «l’école n’est pas l’endroit où nous devons concentrer toute notre attention… Cela signifie que l’école n’est pas responsable de la pandémie. Elle ne représente qu’une petite partie». L’agence sanitaire statistique du gouvernement fait état d’une baisse importante du nombre de cas chez les jeunes depuis la fermeture des écoles. Les baisses sont: 19 pour cent chez les 6-10 ans, de 23 pour cent chez les 11-14 ans et de 19 pour cent chez les 15-17 ans.

L’augmentation du nombre de cas chez les étudiants se trouve également accélérée par la présence de variantes plus contagieuses du virus. La variante britannique est responsable de la quasi-totalité des cas en France. Samedi, le Premier ministre Jean Castex a tenté d’écarter le danger de la propagation de la variante brésilienne, affirmant que «les variantes ne sont pas nombreuses et ont tendance à diminuer». Les données publiées par Santé publique France montrent au contraire que le variant brésilien représente désormais 4,8 pour cent de l’ensemble des cas.

La politique de réouverture des écoles du gouvernement Macron est si effrontément dictée par de purs intérêts de classe et elle est si antiscientifique qu’il serait impossible de la poursuivre si ce n’était grâce au soutien actif des syndicats. Les syndicats de l’éducation nationale ont collaboré avec Macron pour imposer la réouverture des écoles tout au long de l’année. La France a gardé les écoles ouvertes plus longtemps que tout autre pays d’Europe. Selon l’UNESCO, de mars 2020 à mars 2021, la France n’a connu que 10 semaines de fermeture des écoles, contre 28 en Allemagne.

En réponse à la réouverture d’hier, les syndicats ont maintenu leur politique qui consiste à offrir des critiques utiles sur les absences les plus flagrantes de mesures de protection dans les écoles, tout en s’opposant à toute action qui vise à fermer les écoles et en ne proposant aucune action même pour imposer des conditions plus sûres.

Le syndicat de l’éducation FSU-SNES a publié un communiqué hier, dénonçant principalement le gouvernement pour «avoir peu de discussions avec les syndicats qui, une fois de plus, découvrent les principales mesures de la réouverture via les médias. Cela provoque une grande confusion alors que les informations arrivent très tard. Dès le lendemain de la fermeture des écoles, la FSU avait insisté pour que le retour aux cours en présentiel soit anticipé».

Cela souligne que si on doit prendre des mesures pour s’opposer à la politique du gouvernement Macron qui laisse le virus se propager dans les écoles, c’est aux éducateurs et aux élèves eux-mêmes de les prendre. Les écoles doivent refermer et de vastes ressources doivent être mises à disposition pour l’apprentissage en ligne, y compris la fourniture d’un accès à l’Internet à haut débit et à un ordinateur pour chaque enfant; les parents doivent recevoir un salaire afin de pouvoir rester à la maison. Le travail non essentiel doit être arrêté, les travailleurs et les petites entreprises doivent se trouver pleinement indemnisés.

Le développement d’une telle lutte nécessite la formation d’organisations de lutte indépendantes dans les écoles et sur les lieux de travail. On doit former des comités de travailleurs sur le lieu de travail. Les travailleurs eux-mêmes doivent les contrôler. Ils doivent fonctionner indépendamment des appareils syndicaux.

Ce samedi 1er mai, le «World Socialist Web Site» organise un Rallye international en ligne du 1er mai qui lancera l’appel à la création d’une Alliance internationale des comités de base des travailleurs (AIT-CB), afin de fournir une base à la classe ouvrière pour lancer sa propre contre-offensive internationale contre les politiques meurtrières de la classe capitaliste. Nous demandons instamment à tous les éducateurs et étudiants de s’inscrire au rallye et de prévoir d’y assister.

(Article paru d’abord en anglais le 27 avril 2021)

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