Les gouvernements dépensent des milliers de milliards de dollars en armement et prétendent qu’il n’y a pas d’argent pour les soins de santé.

Alors que les gouvernements du monde entier ont rejeté l’an dernier les mesures qui visent à contenir le COVID-19 au motif qu’il manquait l’argent pour les financer, le monde a dépensé des sommes sans précédent en armes nucléaires, chars et missiles.

Les États-Unis, qui dépensent plus pour leur armée que les dix pays qui les suivent réunis, ont augmenté leurs dépenses militaires de 4,4 pour cent par rapport à l'année précédente. Rien que l'année dernière, le pays a dépensé quelque 778 milliards de dollars pour son armée.

Un F/A-18E Super Hornet atterrit sur le pont d’envol de l’USS Ronald Reagan (CVN 76), alors que l’USS Nimitz (CVN 68) navigue à côté dans la mer de Chine méridionale, lundi 6 juillet 2020. (Spécialiste en communication de masse de 2e classe Samantha Jetzer/U.S. Navy via AP)

Ces données proviennent d’un rapport annuel de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), qui suit les dépenses militaires mondiales depuis plus de 30 ans.

Le total des dépenses militaires mondiales a atteint près de deux mille milliards de dollars l’année dernière, soit une augmentation de 2,6 pour cent par rapport à l’année précédente, après correction de l’inflation.

Il est stupéfiant de constater que cette croissance s’est produite alors que la production économique mondiale a diminué de 4,4 pour cent. En conséquence, la part des dépenses militaires dans l’économie mondiale a atteint son niveau le plus élevé depuis dix ans.

Le SIPRI a noté que l’augmentation massive des dépenses militaires américaines est attribuée à la politique – qui s’étend maintenant sur trois présidents, républicain comme démocrates – de renforcement massif des forces militaires et conventionnelles, pour préparer des «conflits de grandes puissances» avec la Russie et la Chine.

«Les récentes augmentations des dépenses militaires américaines peuvent être principalement attribuées à de lourds investissements dans la recherche et le développement, et à plusieurs projets à long terme tels que la modernisation de l’arsenal nucléaire américain et l’acquisition d’armes à grande échelle», a déclaré Alexandra Marksteiner, chercheuse au SIPRI.

«Cela reflète des préoccupations croissantes au sujet de menaces perçues venant de concurrents stratégiques tels que la Chine et la Russie», a-t-elle ajouté.

Cette tendance ne fait que se poursuivre. Au début du mois, le gouvernement Biden a demandé le plus gros budget militaire de l’histoire des États-Unis, réclamant 753 milliards de dollars de dépenses militaires annuelles. Le budget prévoit des dépenses supplémentaires pour les armes nucléaires, la modernisation de la flotte de sous-marins balistiques à capacité nucléaire du pays et le développement d’une toute une nouvelle gamme d’armes à longue portée visant la Russie et la Chine.

Après avoir pris ses fonctions en s’engageant à restreindre les armes nucléaires, le gouvernement Obama avait lancé un programme de «modernisation nucléaire» de plusieurs milliards de dollars, qui n’a fait que s’accélérer avec Trump et maintenant avec Biden. Il s’agit de développer toute une gamme d’armes nucléaires et les systèmes de lancement – des missiles de croisière aux missiles balistiques, en passant par les bombardiers et les sous-marins de haute technologie – qui les lanceraient en cas de guerre mondiale.

Cependant, l’augmentation des dépenses s’est étendue à toutes les puissances impérialistes. «Presque tous les membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ont vu leur charge militaire augmenter en 2020. Ainsi, 12 membres de l’OTAN ont consacré 2 pour cent ou plus de leur PIB à leur armée, l’objectif de dépenses indicatif de l’Alliance, contre 9 membres en 2019.»

Le rapport note que la France, dont le président Emmanuel Macron a déclaré que la population devait «apprendre à vivre avec» le COVID-19, «a franchi le seuil des 2 pour cent [de dépenses militaires] pour la première fois depuis 2009.» Les dépenses militaires du pays ont bondi de 2,9 pour cent en 2020.

Au Royaume-Uni, où le premier ministre Boris Johnson a déclaré en novembre dernier: «plus de pu***ns de confinements, que les corps s’entassent par milliers», les dépenses militaires ont également augmenté de 2,9 pour cent, plaçant le pays sur la liste des cinq pays dépensant le plus.

L’Allemagne, qui se réarme rapidement déclarant qu’elle devait redevenir une «grande puissance», a vu ses dépenses militaires augmenter de 5,2 pour cent, soit 28 pour cent de plus qu’en 2011.

Après que les États-Unis ont quitté le traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire l’année dernière, le monde s’est trouvé pris dans une course mondiale aux armements avec la Russie et la Chine, cibles du renforcement militaire des États-Unis et de l’OTAN. Les deux pays ont réagi en augmentant leurs propres dépenses militaires, bien qu’à un rythme plus lent que la moyenne mondiale.

L’Inde, qui s’est montrée totalement impréparée face à la pandémie de COVID-19, des milliers de personnes mourant dans les rues sans accès aux soins médicaux, a augmenté ses dépenses militaires de deux pour cent.

Le fait que précisément les gouvernements qui ont prétendu qu’ils manquaient «d’argent» pour financer des confinements et sauver des vies dans la pandémie de COVID-19, ont trouvé des milliers de milliards de dollars à distribuer aux fabricants d’armes, montre clairement quelles sont les véritables priorités du système capitaliste.

(Article paru d’abord en anglais le 27 avril 2021)

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