Le décès par COVID-19 d’une jeune fille de 13 ans à Brampton souligne le caractère criminel de la politique canadienne de non-confinement

La mort tragique d’une jeune adolescente à Brampton, en Ontario, a fait prendre conscience aux parents de tout le Canada de la terrifiante réalité: malgré ce que leur dit l’establishment politique et médiatique, ils peuvent perdre leurs jeunes enfants à cause du COVID-19. Le 22 avril, Emily Victoria Viegas est devenue l’une des plus jeunes Canadiennes à mourir de cette maladie lorsqu’elle a été trouvée inconsciente par son frère dans la chambre qu’ils partageaient.

Dans un scénario qui n’est que trop commun pour les familles de la classe ouvrière à travers le pays, le COVID-19 s’est répandu dans la famille d’Emily. La mère d’Emily était sous oxygène à l’hôpital au moment de la mort de sa fille, et son jeune frère avait également contracté le virus. Le père d’Emily, Carlos Viegas, ouvrier dans un entrepôt, est le seul membre de la famille à ne pas avoir été testé positif au virus, mais les écoles et les entrepôts de Brampton ont été ravagés par les infections au COVID-19.

Emily Viegas, 13 ans (Facebook)

Parce que les unités de soins intensifs de la province sont submergées de patients atteints de COVID-19 et croyant à tort que la vie de sa fille n’était pas en danger, Carlos n’a pas cherché à faire soigner Emily à l’hôpital.

La mort tragique d’Emily, qui aurait pu être évitée, a déclenché un élan de colère envers l’élite politique et de solidarité avec la famille sinistrée dans tout le Canada. Une collecte de fonds pour soutenir la famille a recueilli des dons de plus de 112.000 dollars en quelques jours. Un médecin de famille rural a écrit sur Twitter: «PLUS DE LARMES DE CROCODILE. Une famille de Brampton a perdu son enfant de 13 ans. Sa mère est toujours à l’hôpital. Cette région durement touchée était censée être prioritaire pour les vaccins, mais les promesses ne sont pas des actes. Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, doit nous dire quelles mesures concrètes il prend maintenant ou démissionner.» Un parent a tweeté: «J’entends les appels à ne pas politiser la mort d’Emily Viegas. Mon fils est mort à cause de l’échec des mesures de santé publique. J’aurais désespérément souhaité que chaque politicien de ces cinq dernières années prenne la mort de Jude comme un appel à l’action afin qu’il n’y ait jamais une autre famille comme la mienne. Réparez ce qui est cassé».

La mort d’Emily Victoria Viegas n’est pas survenue dans le vide. Elle est le résultat direct des décisions politiques prises par le gouvernement libéral fédéral dirigé par Justin Trudeau, le gouvernement conservateur de l’Ontario et leurs homologues à travers le pays, à la demande de l’élite capitaliste canadienne. La plus conséquente de ces décisions a été de privilégier la protection des profits des sociétés au détriment des vies humaines, de maintenir l’économie et les écoles ouvertes à tout prix, et de refuser de fournir un soutien financier adéquat pour que des familles comme celle d’Emily puissent s’abriter chez elles en toute sécurité jusqu’à ce que la pandémie soit contenue.

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a été l’un des premiers politiciens à déclarer que la mort de l’adolescente était «déchirante» et qu’elle constituait un «rappel dévastateur de ce que ce virus peut faire».

On pourrait rétorquer qu’il s’agit également d’un rappel dévastateur de ce que la politique des gouvernements fédéral et ontarien, qui consiste à faire passer l’économie et les profits avant les gens, a fait aux travailleurs et à leurs familles.

C’est ce qu’a fait le refus d’accorder aux travailleurs essentiels de l’Ontario, comme Carlos, le père d’Emily Victoria Vegas, des jours de congé de maladie payés. C’est ce qu’a fait le refus de fermer les entrepôts et les usines comme Amazon qui sont des vecteurs importants de transmission. C’est aussi ce qu’ont fait les mensonges flagrants sur le fait que les enfants ne sont pas exposés au COVID-19.

Brampton fournit un exemple particulièrement frappant des conséquences dévastatrices de la stratégie de l’élite dirigeante qui fait passer les profits avant les vies. Avec ses nombreux chantiers industriels et entrepôts de distribution, la ville située au nord-ouest de Toronto a vu le virus se propager dans ses immeubles d’habitation surpeuplés, où vivent principalement des travailleurs à faible revenu et à l’emploi précaire. Le taux de positivité des tests dans la ville a récemment atteint le chiffre stupéfiant de 20 %.

Les nouveaux «variants préoccupants» de COVID-19 frappent les Canadiens jeunes et en bonne santé beaucoup plus durement que la souche originale. Selon un récent reportage du Toronto Star, depuis le 1er mars, 60.000 Ontariens âgés de 20 ans ou moins ont été infectés au cours de la troisième vague, soit 40 % de tous les nouveaux cas. Il s’agit d’une part beaucoup plus importante de l’ensemble des infections que ce que cette cohorte a connu lors des deux premières vagues.

Emily n’est pas la première jeune personne à subir une mort horrible ces dernières semaines. Un garçon de 16 ans a été victime du virus à Montréal au début du mois d’avril, devenant ainsi le plus jeune Canadien jusqu’alors à être décédé du COVID-19. Depuis, un enfant de 2 ans est décédé en Colombie-Britannique, qui connaît une recrudescence des cas de nouveaux variants, et il a été révélé qu’un bébé de cette province était mort du COVID-19 en janvier dernier. Le 26 avril, Sarah Strate, une étudiante albertaine de 17 ans en 12e année qui n’avait jamais eu de problèmes de santé, est morte subitement moins d’une semaine après avoir été exposée au COVID-19.

Les nouveaux variants préoccupants ont fait voler en éclats la propagande mensongère selon laquelle les écoles sont sûres et que les enfants ne risquent pas d’attraper la maladie et de tomber malades – sans parler d’une éventuelle mort. Bien qu’il se soit toujours agi de mensonges visant à fournir une justification à la propagande de l’élite dirigeante pour que les écoles restent ouvertes et servent d’enclos aux enfants afin que leurs parents puissent retourner au travail et faire des profits pour les grandes entreprises, le coût humain de cette tromperie augmente à mesure que la troisième vague progresse.

Non seulement les enfants souffrent, mais comme les autorités de la santé publique de Montréal et de la région de Peel, dont Brampton fait partie, ont été forcées de le reconnaître, les écoles ouvertes sont des vecteurs majeurs de transmission communautaire et ont largement contribué à la troisième vague dévastatrice de la pandémie au Canada.

Comme on pouvait s’y attendre, les syndicats de l’éducation ont clairement indiqué qu’ils n’avaient pas l’intention de faire quoi que ce soit pour protéger les enseignants et les jeunes contre les variants plus infectieux et mortels.

Ils n’ont joué aucun rôle dans la décision du gouvernement Ford, annoncée le 12 avril, au lendemain du jour où le ministre de l’Éducation Stephen Lecce avait promis que les écoles rouvriraient après la fermeture de la semaine de relâche, d’ordonner un retour temporaire et illimité à l’enseignement en ligne.

Et plutôt que de se battre pour que les écoles restent fermées et que les enseignants, les élèves et les parents disposent des ressources nécessaires pour relever les défis éducatifs, sociaux et psychologiques de l’enseignement en ligne, les syndicats d’enseignants se placent au premier rang des forces politiques qui exigent un retour aux classes dangereuses dès que possible. Comme l’a déclaré le président de la Fédération des enseignantes et des enseignants des écoles secondaires de l’Ontario, Harvey Bischof, dans une déclaration faite une semaine avant la mort d’Emily, «Nous croyons que les élèves apprennent et reçoivent les soutiens et les services les plus efficaces lorsqu’ils sont en personne à l’école, ce que le ministre de l’Éducation a répété à maintes reprises. Il est temps que ce gouvernement présente un plan clair basé sur des avis médicaux fondés sur des preuves pour permettre au personnel éducatif de première ligne d’avoir un accès immédiat aux vaccins et de garder les écoles ouvertes en toute sécurité.»

Le fait qu’un plus grand nombre de jeunes gens soient confrontés à des résultats plus graves au cours de la troisième vague de la pandémie, y compris une augmentation des décès prématurés, soulève de nombreuses questions auxquelles l’élite politique et les médias bourgeois ne donnent pas de réponses aux enseignants, aux parents et aux étudiants. Ford et Lecce vont-ils persister dans leurs tentatives téméraires de rouvrir les écoles de l’Ontario avant la fin de l’année scolaire actuelle, à la fin juin? Tous les enseignants et le personnel de soutien seront-ils entièrement vaccinés avant septembre? Tous les enfants de la maternelle à la 12e année seront-ils vaccinés au début de la nouvelle année scolaire?

L’augmentation de la souffrance et de la mort des enfants, des jeunes et des familles de la classe ouvrière souligne l’urgence de reprendre la lutte pour le programme pour lequel le Comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base se bat. Le CSPPB exige la fin immédiate de tout apprentissage en personne et l’arrêt de toute production non essentielle jusqu’à ce que la pandémie soit terminée, avec une compensation complète pour tous les travailleurs et les familles touchés. Ces mesures socialement nécessaires, qui sont impératives si l’on veut sauver des milliers de vies humaines au cours des semaines et des mois à venir, peuvent être financées par l’expropriation des biens mal acquis des milliardaires et de la classe dirigeante dans son ensemble, qui a largement profité de la mort de masse.

Nous encourageons tous ceux qui sont d’accord avec ce programme à participer à la prochaine réunion du CSPPB, qui aura lieu à 13h, heure de l’Est, le dimanche 9 mai. Écrivez-nous à cersc.csppb@gmail.com pour de plus amples renseignements.

(Article paru en anglais le 2 mai 2021)

Loading