Les lycéens mobilisés contre Macron et sa tenue du bac pendant la pandémie

Depuis lundi dernier, des lycéens se mobilisent contre le gouvernement Macron, qui veut maintenir le baccalauréat en présentiel en dépit de la pandémie. Les lycéens exigent l'annulation du baccalauréat et une validation du diplôme par contrôle continu.

Cette mobilisation fait partie d’une vague internationale de grèves et de manifestations de jeunes, alors que le gouvernement Macron a annoncé la fin des mesures de confinement partiel et la réouverture des écoles malgré le grand nombre de contaminations par COVID-19. L’année 2020 a vu une vague de mobilisations en Grèce et en Pologne contre les études en présentiel, et une vague de grèves pour exiger l’arrêt du travail dans les industries non-essentielles. Ce mouvement se poursuit et s’intensifie.

De nombreux lycées ont été bloqués la semaine dernière en France, y compris en région parisienne, à Toulouse, à Grenoble, à Annecy, à Bordeaux et à Bayonne. On a bloqué les principales entrées des établissements avec des grillages, des poubelles et des morceaux de bois, les lycéens s’étant donné rendez-vous sur les réseaux sociaux. Les blocages se poursuivent cette semaine, avec 200 lycées bloqués dans toute la France. Le gouvernement a répondu en envoyant des forces de l’ordre pour réprimer les lycéens.

Devant le nombre de lycées, on lit des pancartes «Le bac en continu» ou encore «La précarité tue.»

Vendredi, des lycéens ont organisé des blocus devant les lycées Charlemagne, Sophie-Germain et Victor-Hugo à Paris. Selon actu.fr, «des heurts ont éclaté au lycée Victor-Hugo, lorsque la police est intervenue pour déloger les lycéens qui bloquaient l’établissement avec des poubelles. Lacrymogènes, boucliers et matraques ont été utilisés pour repousser les lycéens.»

En Seine-Saint-Denis, le lycée d’Alembert à Aubervilliers, le lycée Jacques-Feyder à Epinay-sur-Seine et le lycée Flora Tristan à Noisy-Le-Grand ont vu des élèves se mobiliser.

«On n’est pas prêts, on n’a pas eu suffisamment de cours, que ce soit à distance ou en présentiel», raconte Adam, élève de première du lycée Flora Tristan. Il dit, «Sur le plan du contrôle continu, la plupart d’entre nous a vraiment une bonne moyenne, alors que si on nous met devant une copie, là, du jour au lendemain, on ne va vraiment pas être prêts à répondre à une question…»

Dans les autres grandes villes, des blocus se sont organisés devant les établissements scolaires. «Le lycée Bagatelle de Saint-Gaudens a été bloqué lundi 3 mai. Le lendemain, il était toujours bloqué, tout comme Pierre d’Aragon à Muret et le lycée Paul Mathou à Gourdan-Polignan», indique Paolo Carbonnel, responsable fédéral de l’Union nationale des lycéens (UNL) à Toulouse.

Un communiqué conjoint des syndicats UNL et Mouvement national lycéen (MNL) dit: «Depuis 14 mois maintenant, nous étudions dans des conditions calamiteuses avec cours à distance, annulations de cours et manque d’enseignants. … L’épidémie renforce les inégalités déjà présentes depuis des années au sein de l’école de la République. Des mois que le gouvernement navigue à vue, prenant des décisions au jour le jour, de semaines en semaines.» Ils exigent «l’annulation totale des épreuves pour tous les lycéens.»

Mercredi dernier, les syndicats lycéens et d’enseignants ont organisé une manifestation devant l'Assemblée nationale, à l'initiative, notamment, de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE). Le même jour, le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, a reçu des syndicats pour discuter d'éventuels aménagements supplémentaires.

A l’issue de la réunion, Blanquer a annoncé que le grand oral, épreuve phare qui doit avoir lieu pour la première fois cette année, serait maintenu. En revanche, pour l’épreuve de philosophie, la note de contrôle continu sera retenue si elle est meilleure que celle de l'épreuve écrite.

De leur part, les syndicats ont dit que le gouvernement n'apportait pas de vraies solutions en appelant à une mobilisation des lycéens aujourd’hui. «Le mouvement va continuer, va s'amplifier. Vendredi, on était à 210 lycées bloqués, malgré toute la répression. On appelle dès lundi à la mobilisation des lycéens», a dit Antonin Nouvian, secrétaire général du Mouvement national lycéen (MNL) samedi matin sur Europe1.

En négociant avec Macron, les appareils syndicaux veulent éviter que le mouvement prenne de l'ampleur et s'oriente vers une lutte des travailleurs contre la politique meurtrière de «vivre avec le virus» prônée par l’élite dirigeante lors de la pandémie. Ils font tout pour contrôler le mouvement, en se focalisant sur la seule question du bac afin d’isoler le mouvement à l’intérieur de la France et le couper des travailleurs. D’ailleurs, ils n'appellent pas à la fermeture des écoles pour contenir le virus.

Le mouvement des étudiants, par contre, manifeste la colère qui monte à travers l’Europe et le monde face à la politique criminelle de la classe dirigeante sur la pandémie. Les syndicats travaillent étroitement avec l’État pour mettre fin aux mesures de confinement, après avoir négocié des milliers de milliards d’euros en sauvetages des banques et des grandes sociétés.

Cette politique délibérément poursuivie par les États bourgeois pour défendre les intérêts des banques et de grandes entreprises au détriment de la vie humaine a déjà coûté plusieurs millions de morts, dont plus d’un million en Europe.

Ces derniers mois, de nombreux pays en Europe et partout dans le monde ont vu des grèves des travailleurs, d’enseignants et d’étudiants. Les enseignants, y compris en France, en Angleterre et aux États-Unis se sont opposés au maintien de l’ouverture des écoles lorsque la propagation du virus était confirmée.

Pendant l'automne dernier, des élèves grecs soutenus par des enseignants et des parents ont occupé des écoles à travers la Grèce pour protester contre le retour dangereux dans les salles de classe pendant la résurgence du virus dans le pays. Des élèves en Pologne se sont également mobilisés contre la réouverture des écoles en pleine propagation du virus.

La manifestation lycéenne actuelle a lieu alors que le coronavirus se propage et que le nombre de cas reste élevé, les hôpitaux étant toujours débordés. Malgré les avertissements de plusieurs épidémiologistes concernant la circulation de nouveaux variants qui posent un énorme danger, Macron se prépare à lever des restrictions afin de poursuivre sa politique d’«immunité collective».

En refusant de fermer les entreprises et les écoles pour contenir le virus, Macron a répété plusieurs fois: «Nous allons vivre avec le virus». Il a dit que la société devait «prendre en compte les conséquences (sur) l’économie» des mesures visant à arrêter la maladie.

Alors que les lycéens expriment leur colère contre Macron, il s’agit de transformer cette colère en lutte politique contre le gouvernement Macron et l’Union européenne. Pour la mener, il faut se tournent vers la classe ouvrière et développer une discussion et une coordination large des luttes contre la politique de «vivre avec le virus» poursuivie par Macron.

Dans ce contexte, le Comité international de la IVe Internationale (CIQI) a souligné les tâches politiques posées aux travailleurs et aux jeunes. Le CIQI appelle à la formation de l'Alliance ouvrière internationale des comités de base dans le cadre de la perspective de la révolution socialiste mondiale. Cette lutte nécessite la mobilisation des jeunes et des travailleurs à l’échelle mondiale en s’appuyant sur une perspective révolutionnaire socialiste afin de mettre fin au capitalisme et d’avancer les mesures sanitaires nécessaires pour éradiquer la pandémie.

L’objectif de cette initiative mondiale est de développer un véritable mouvement de la base ouvrière à travers le monde, et d’encourager les travailleurs de tous les pays à rompre les chaînes dans lesquelles les enferment les syndicats existants, pro-capitalistes et contrôlés par l'État.

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